Le Western italien

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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hellrick
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Re: Le Western italien

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PARMI LES VAUTOURS

Enième épisode de la saga Winnetou, PARMI LES VAUTOURS introduit un nouveau personnage, Old Surehand, joué par la star hollywoodienne (sur le retour) Stewart Granger.
L’intrigue débute lorsque les cowboys Martin Baumann Sr (Walter Barnes, figure familière du cinoche populaire) et Jr, de retour d’une chasse à l’ours en compagnie du chef apache Winnetou, découvrent leur ranch détruit par (ce qui semble être) une attaque indienne. Martin Sr, dit Chasseur d’Ours, s’en prend à Winnetou pour la mort violente de son épouse et de sa fille, rendant tous les Peaux Rouges responsables. Convaincu de l’innocence de son peuple, Winnetou s’associe à un de ses vieux amis, Old Surehand. Ensemble, ils découvrent que les exactions attribuées aux Indiens sont, en réalité, le fait d’une bande de bandits surnommés les Vautours menés par le redoutable Preston.

Après une première salve composée de LE TRESOR DU LAC D’ARGENT, LA REVOLTE DES INDIENS APACHES, LES CAVALIERS ROUGES et LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES, la Rialto poursuit ses adaptations de Karl May avec ce PARMI LES VAUTOURS dans lequel Old Shatterhand (campé par Lex Barker) est remplacé par Old Surehand (joué par Stewart Granger). Celui-ci reviendra dans deux autres films : L’APPAT DE L’OR NOIR et OLD SUREHAND. Par la suite, Lex Barker reviendra dans WINNETOU III, WINNETOU AND THE CROSSBREED et WINNETOU AND SHATTERHAND IN THE VALLEY OF DEATH. Un autre “vieux cowboy”, Old Firehand, vint encore tenir compagnie à Winnetou dans TONNERRE SUR LA FRONTIERE. A croire que pour être ami du chef indien il faut avoir un certain âge. Winnetou, pour sa part, est toujours incarné par Pierre Brice qui le joua onze fois sur les grands écrans.

La trilogie avec Granger se voulait plus mature et violente que les épisodes précédents (passant d’ailleurs d’une classification « tous publics » à une « interdiction aux moins de 12 ans »), du moins selon les standards de l’époque. Toutefois, à la différence de Barker qui interprétait très sérieusement Old Shatterhand, Granger, inoubliable héros bondissant du cape et épée (LES CONTREBANDIERS DE MOONFLEET, SCARAMOUCHE, LE PRISONNIER DE ZENDA), opte pour le second degré et apparait très décontracté au cours de cette aventure.
Cependant, il démontre ses talents et prouve, en effet, qu’il a la « main sûre » durant la grande scène dramatique au cours de laquelle Surehand demande le jugement de Dieu (ou plutôt de Manitou) pour prouver sa bonne foi. Le cow-boy grisonnant se retrouve alors attaché à un poteau de torture tandis que les trois meilleurs archers Indiens sont chargés de le transpercer de leur flèche. Mais Surehand triomphe de l’épreuve : il brise d’une balle la première en plein vol (pas mal !), esquive la seconde et détruit l’arc du troisième guerrier avant qu’il ne puisse frapper.

Aux côtés de Brice et Granger, Elke Sommer (LISA ET LE DIABLE) apporte l’atout charme nécessaire et Terence Hill (sous son véritable nom de Mario Girotti) apparait dans un rôle secondaire (il n’est plus ici le lieutenant de cavalerie vu dans LE TRESOR DES MONTAGNES BLEUES).

Grand spécialiste des adaptations d’Edgar Wallace, Alfred Vohrer (qui réalisa deux autres opus de la franchise « Winnetou ») propose une mise en scène solide qui donne la priorité à l’aventure avec quelques belles scènes d’action (comme toujours dans la saga) et un rythme alerte.

L’intrigue, elle, est sympathique quoique pas particulièrement originale : comme souvent de méchants bandits très vilains cherchent à accuser de gentils Indiens plein de sagesse de leurs crimes et Winnetou doit défendre l’honneur de son peuple. Cependant, le chef Indien, héros des précédents volets, se voit ici placé largement en retrait : Stewart Granger lui vole la vedette et sert de moteur principal aux évènements tandis que Winnetou assure le lien entre les séquences disparates ainsi que la cohérence du récit.

Comme les autres volets de la saga, le film est donc plein de bons sentiments, très manichéen, mais, au final, agréable à suivre : il s’agit clairement d’un long-métrage « familial » destiné à une vision du samedi soir. Aucune prise de tête à redouter devant ce spectacle fort sympathique.

Si ce n’est pas le plus palpitant des « Winnetou », PARMI LES VAUTOURS reste un plaisant divertissement, bien joué et réalisé, qui tire admirablement parti des paysages grandioses de Croatie. Le tout se regarde donc avec des yeux d’enfants, entre naïveté et émerveillement.
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Message par hellrick »

DJANGO, A BULLET FOR YOU

Nous sommes ici au tout début de la « Django-exploitation » bien que rien, dans cette petite production, ne rappelle le célèbre pistolero campé par Franco Nero. Le titre original se réfère d’ailleurs à un autre héros populaire, succédané de Zorro, appelé le Coyote. Encore une fois nul Coyotte dans cet agréable western espagnol qui se réfère à la tradition américaine et rappelle davantage les séries B d’outre-Atlantique que les long-métrages de la Péninsule.

Un as de la gâchette, Sam Foster, est amoureux de la belle Mary dont le frère, Jim, veut jouer au dur en fréquentant une bande de hors-la-loi patibulaires. Sam tenter de le dévier de cette mauvaise voie et finit par l’arrêter. Evidemment Jim va s’échapper pour prévenir ses anciens complices, lesquels l’accueilleront… à coups de révolver ! Comprenant qu’il n’a rien à attendre ni des bandits ni de sa compagne (qui le trompe effrontément), Jim se ranger finalement du côté de Sam.

Cette intrigue des plus classiques égrène les conventions du western américain : le pistolero au cœur tendre qui prend sous son aile un jeune homme tenté par la vie facile des bandits, les retournements de situation et d’alliance, l’inévitable romance contrariée, les hors-la-loi retors et même les Indiens qui apparaissent durant le dernier acte pour augmenter le quota d’action. Bref, rien de bien neuf mais un film mouvementé qui se suit sans déplaisir en dépit de ses défauts : nous sommes à la croisée des genres, entre la tradition « classique » du western d’outre-Atlantique et les futurs excès de la manière italienne.

James Philbrook, acteur de télévision reconverti dans le bis européen, joue ici les substituts de Randolph Scott (que l’on l’imagine très bien dans ce rôle de cow-boy dur à cuire aux allures de mentor !) et le besogneux artisan du bis Leon Klimovsky (complice de Paul Naschy sur de nombreux films d’épouvante comme LA FURIE DES VAMPIRES mais également réalisateur de quelques plaisants westerns comme LE COLT DU REVEREND) maintient un bon rythme, bien aidé, il est vrai, par une durée restreinte à 87 minutes (ramenée à 80 dans certaines versions aujourd’hui disponibles) et de nombreuses fusillades plus enthousiastes que réellement convaincantes.

Véritable petite rareté, DJANGO A BULLET FOR YOU n’est certainement pas un incontournable du western européen mais demeure un petit produit certes fauchée mais pas désagréable par son utilisation des principales figures imposées du genre. Le tout se regarde distraitement mais saura contenter les inconditionnels.
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Message par Addis-Abeba »

Killer Caliber 32 de Alfonso Brescia (1967)

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Je ne sais pas si certains ici l'ont vu, mais c'est plutôt une bonne surprise, loin des excès de certains spaghett bas de gamme, donc plus digeste, même si du coup un peu trop sage :)
Musique sympa avec un générique qui copie un peu Les mystères de l'ouest, l'histoire assez banale
Spoiler (cliquez pour afficher)
Silver, un chasseur de primes, chargé d'éliminer sept bandits pilleurs de banque, découvre que ses employeurs ne sont autres que les bandits en question, qui l'utilisent pour régler leurs comptes...
n'a rien de transcendante, mais la réalisation fonctionnelle du toujours sympathique et souvent intéressant Alfonso Brescia fait qu'on ne s'ennui jamais vraiment.
Surtout que Peter Lee Lawrence est vraiment parfait dans ce rôle et l'actrice française Hélène Chanel est ici magnifique, des yeux de toutes beautés !
Bref dans la catégorie Western italien il y a mieux mais surtout pire, il lui manque juste un soupçon de folie, que l'on associe souvent à ces Westerns, sans être obligé de tomber dans la caricature pour autant.
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Re: Le Western italien

Message par Addis-Abeba »

Deux salopards pour une mine d'or de Demofilo Fidani (1973)

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Ce deux salopards est plus dans la catégorie du Western comique, c'est amusant au début mais vite lourd.
Ma femme en passant devant l'écran, m'a demandé pourquoi c'était si mal réalisé, euh...Je ne pense pas que Demofilo Fidani pouvait faire mieux, s'en rendait compte, ou tout simplement voulait faire mieux, choisir la bonne case.
Apparemment on l'appelait le Ed Wood du Western ?
Tout n'est pas à jeter, une BO assez entraînante et la présence du charismatique Gordon Mitchell.
Après voilà c'est réalisé avec les pieds, pas trop mal joué, monté n'importe comment, un peu drôle, souvent navrant, un film assez bas de gamme mais quand même regardable pour tout amateur de spaghett.
Dernière modification par Addis-Abeba le 9 nov. 17, 14:32, modifié 1 fois.
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Message par Addis-Abeba »

Mallory "M" comme la mort: de Mario Moroni (1972)

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Joué par l'acteur Américain Robert Wood (pratiquement toute sa carrière en Italie) dés le générique de début , le film surprend par la superbe composition de Roberto Pregadio, musique qui revient toutes les deux minutes, et heureusement par ce que je ne crois pas que j'aurais tenu plus de 30 minutes.
C'est affligeant il faut le dire, c'est mou, horriblement réalisé, plusieurs scènes n'ont aucun sens,peut-être que la version que j’ai vu est cut.
Le pitch est correct, mais sans originalité :
Fin de la guerre de sécession, le colonel nordiste Topp Hasper rentre au pays à la tête d’un troupeau. Son but est de récupérer son ranch qui a été réquisitionné au début du conflit.
La dernière demi-heure est quand même plus sympa, avec un héro loin d'être invincible et enfin un peu d'action, bref c'est tout juste passable, à peine sauvé par sa BO et quelques scènes sur le final.
J'avoue ne pas trop connaitre ce réalisateur, juste vue Le trésor des tsar et Le brigand de la steppe, pas beaucoup de souvenir d'ailleurs.
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Message par Addis-Abeba »

Chaco: de Gino Mangini (1971)

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Bon je vais arrêter pendant quelque temps de regarder du spaghett, à part les plus connus, difficile de trouver une perle dans cet océan de médiocrité.
Sur les 4 derniers vus, seul Killer calibre 32 est sympa.

Ce Chaco est lui aussi sans grand intérêt, le spitch:
"Un mexicain solitaire se retrouve accusé de meurtre. Pourtant complètement innocent, les circonstances jouent contre lui et il est envoyé en prison. Un soir, il s'en échappe et avec l'aide d'un chasseur de prime, part à la recherche du véritable assassin."

Bref rien de novateur dans l'histoire, surtout que c'est raconté sur un mode comique, qui n'est en rien comique, donc forcément ça s'annule et on se fait chier.
Enfin pour être honnête pas complètement, il y a deux ou trois chansons et danses fort sympa, typique du folklore Mexicain et la présence du toujours immense George Eastman, que j'adore (comme tout amateur de bis de ma génération qui a vu Antropophagus).
Mais qui ne peut rien faire malgré son charisme habituel pour sauver ce film.
A noter comme d'hab ce talent incroyable des compositeurs italiens à nous accrocher immédiatement à la BO au bout seulement de deux notes de musique, et ce dés les premières secondes du générique, exactement comme pour Mallory. Ah si seulement la plupart des réalisateurs de western Italien avaient eu autant de talent que leurs compositeurs...

J'avoue ne pas connaitre ce réalisateur, et à noter aussi une photographie au dessus de la moyenne pour ce genre d'"oeuvre".
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Message par bruce randylan »

Je vends cher ma peau / Vendo cara la pelle (Ettore Maria Fizzarotti - 1968)

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Des années après le massacre de sa famille, un homme revient dans sa région natale pour les venger. Après avoir tué quelques hommes de mains, il est blessé et est secouru par un jeune garçon qui vit seule avec sa mère.

Je l'ai toujours pas vu mais l'ombre de Shane semble fortement planer sur ce petit western italien jusqu'au patronyme du héros courroucé !
Le plus gênant est qu'il faut se farcir le morveux rapidement insupportable, quoique particulièrement risible, qui décide immédiatement de faire de Shane son nouveau copain comme s'il s'agissait d'un ami imaginaire ou d'un chiot recueilli. La VF n'aide de plus pas à empêcher les rires moqueurs devant l'approche assez tendancieux qui en ressort. Sans parler de la veuve de 30 ans "vieille mais encore jolie" qui se pavane devant le pistolero un peu niais quand il s'agit des sentiments.
Quant il ne s'agit pas des sentiments, il s'avère un peu flippant Shane avec un regard plein de furie, de folie et de haine. Le genre de mec qui te fait changer de trottoir quand tu le croises, même s'il est le fils caché Franco Nero et Terence Hill.

D'un point de vue de spectateur, curieusement, on notera une certaine préférence pour la partie vengeresse que celle avec le mouflet relou. Pour le réalisateur Ettore Maria Fizzarotti, je suis pas sur qu'il préfère une section plus qu'une autre. Devant la médiocrité du scénario, il s'est uniquement concentré sur la réalisation sans vérifier si ça apportait quelques choses aux pages du scénario. On est dans le pure exercice de style entre profondeur de champ à la Leone, doubles focales à tout bout de "champ" et autre grand angles. Fizzarotti ne ménage pas sa peine et fait preuve d'une efficacité indéniable mais c'est tellement déconnecté des enjeux du script que ça ne sauve pas grand chose au final. Cela dit, on ne s'ennuie pas non plus entre règlements de compte, effets de style, gros plagiat musical (plus le thème passé en boucle) et ménages à trois grotesques.
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Re: Le Western italien

Message par Rick Blaine »

Le fossoyeur (Sono Sartana, il vostro becchino, Giuliano Carnimeo- 1969)

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J'avais bien aimé le premier Sartana, malgré un récit un peu confus, grâce évidemment à son personnage marquant, son efficacité et une ironie mordante. Je m'attendais, qui plus est avec un changement de réalisateur, - Parolini préférant se consacrer à la série des Sabata - à une baisse de niveau, avec des suites reprenant simplement la matrice originale avec pauvreté, gardant simplement la force du personnage. Je ne sais pas ce qu'il en sera des épisodes suivants, mais ce deuxième opus fait tout le contraire. Avec une ligne scénaristique plus maitrisée et plus claire, le film enchaine les séquences mémorables et les punchlines efficaces comme une sorte d'orgie infernale créant un divertissement incroyable de bout en bout, alternant brillamment entre action et ironie. Le cadre semble mieux posé, permettant au cinéaste de se balader plus aisément entre trame principale et succulentes digressions, dont une scène de diligence absolument mémorable avec Klaus Kinski de retour dans un second rôle savoureux. Cerise sur le gâteau, Carnimeo est loin d'être un manche, Le fossoyeur est mis en scène avec élégance et style, et le cinéaste se permet plusieurs plans très audacieux, tout en donnant un dynamisme certain aux scènes d'actions. Le fossoyeur est un film qui a particulièrement bien intégré les mécanismes du western italien, les exploitants pour notre plus grand plaisir, multipliant les entrées théâtrales, les fusillades intenses et les répliques qui font mouche, sans jamais tomber dans le pastiche, la parodie et la lourdeur. Évidemment, les réfractaires au genre passeront leur chemin, mais pour les autres voilà un film absolument réjouissant, un divertissement majuscule qui ne se prive pas d'une certaine ambition formelle, et qui nous fait passer un excellent moment.
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Message par hellrick »

UN DOLLAR ENTRE LES DENTS

L’acteur américain Tony Anthony (né en 1937) campe pour la première fois l’Etranger dans ce western tourné par Luigi Vanzi à la grande époque du genre (1967). Ce personnage s’apparente à un décalque de l’Homme sans nom incarné par Clint Eastwood et, vu le succès, il revint dans trois séquelles, le très classique UN HOMME, UN CHEVAL ET UN PISTOLET, le déjà plus étrange LE CAVALIER ET LE SAMOURAI et le complètement délirant et anachronique PENDEZ LE PAR LES PIEDS. Vanzi réalisa les trois premiers volets tandis que Ferdinando Baldi s’occupa du dernier opus, bien plus tardif (filmé en 1975). Tony Anthony reste également célèbre pour son personnage de pistolero aveugle inspiré de Zatoïchi dans le déjanté BLINDMAN LE JUSTICIER AVEUGLE du même Baldi dans lequel il affronte Ringo Starr. Enfin, au début des années ’80, en plein éphémère revival de la 3D, Baldi et Anthony se retrouvèrent pour deux productions en relief, LA VENGEANCE IMPITOYABLE et LE TRESOR DES QUATRE COURONNES. Bref une poignée de titres saugrenus qui firent (et font encore) le bonheur des bisseux.
Beaucoup plus traditionnel, UN DOLLAR ENTRE LES DENTS reprend un scénario rachitique fortement inspiré par les deux premiers Leone. Le bandit mexicain Aguilare (Frank Wolf, en roue libre), déguisé en militaire, s’empare d’une forte somme d’or envoyée par le gouvernement des Etats-Unis avec l’aide d’un mystérieux Etranger se faisant passer pour un capitaine de l’armée US. Mais très vite, le gourmand Etranger réclame la moitié du butin et le Mexicain refuse. Le combat est inévitable…
Tony Anthony, pas toujours très crédible en tueur impitoyable, s’en prend plein la figure pendant toute la première moitié du film qui aligne les figures imposées : passages à tabac, violences gratuites, etc. L’acolyte du méchant, façon dominatrice sadique (Gia Sandri, vue dans LES NUITS EROTIQUES DE POPPEE et DEUX PISTOLETS POUR UN LÂCHE) fouette même le héros en jubilant avant de se jeter sur lui avec empressement. Niveau brutalités on note encore deux passages jadis censurés réintégrés dans cette version intégrale : un prêtre noyé par l’adjoint d’Aguilare et un bébé menacé à l’aide d’un couteau.
Malgré cette bonne volonté, le long-métrage pâtit d’un budget misérable. Quasiment aucun figurant, des costumes pouilleux (la tenue d’Anthony calquée sur celle d’Eastwood semble issue d’un magasin de déguisement à bas prix), des erreurs flagrantes (le bébé change de visage d’un plan à l’autre, une protagoniste décédée est revue chevauchant avec les bandits un peu plus tard, les impacts de balles précèdent les tirs de mitrailleuse, etc.). La musique de Benedetto Ghiglia, pour sa part, se limite à quelques lignes mélodiques certes plaisantes mais réutilisées jusqu’à l’épuisement. Et les décors, notamment la fameuse carrière des alentours de Rome, ont déjà été vus et revus.
Quelques notes d’humour fonctionnent cependant (le méchant n’arrête pas de questionner ses hommes sur ce qu’il est et ceux-ci lui répondent invariablement « un homme droit ») mais le rythme s’avère terriblement lent. Le cinéaste semble avoir confondu longueurs et ambiances (n’est pas Leone qui veut) ce qui donne à l’ensemble un côté très longuet en dépit d’une durée réduite à 85 minutes. Heureusement, le dernier tiers, plus nerveux et efficace, récompense le spectateur de sa patience et offre un bel affrontement, complètement improbable et déséquilibré, entre l’Etranger, armé d’un fusil deux coups à canon court, et toute la bande de méchants équipés de six-coups et même d’une mitrailleuse Gatling.
Prototype du western spaghetti de série à tout petit budget, UN DOLLAR ENTRE LES DENTS permettra aux inconditionnels du genre de passer un bon moment, notamment grâce à sa distribution de « gueules ». Les autres, moins fanatiques de l’Ouest à l’italienne, se tourneront plus volontiers vers des titres plus réputés.
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Re: Le Western italien

Message par Arn »

Belle surprise avec Les tueurs de l'ouest (El precio de un hombre / The Bounty Killer) d'Eugenio Martin.

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J'ai pris le BR Artus surtout pour Milian, sans trop d'attente quant au film, sinon celui d'un petit western spaghetti sympathique.
En soit le film n'est pas beaucoup plus que cela, on voit vite des moyens assez limités. Mais l'ensemble prend la forme d'un très chouette divertissement qui s'élève au dessus du tout venant. Riche en rebondissements (je n'avais pas lu le résumé au dos de la jaquette, donc j'étais d'autant plus dans l'inconnu), et avec un super Tomas Milian, tout en ambiguïté. S'il tient la vedette il est tout de même bien entouré notamment avec Halina Zalewska. Il n'est pas exempt de défaut par ci par là, mais c'est assez secondaire par rapport à la tension qui règne du début à la fin. La mise en scène, sans être de haute volé, a ses quelques beaux moments, bien supporté par la compo entêtante de Stelvio Cipriani.
Bien content de mon craquage donc :)
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Message par Jeremy Fox »

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Message par Rick Blaine »

hellrick a écrit : 13 juil. 19, 15:45 UN DOLLAR ENTRE LES DENTS

L’acteur américain Tony Anthony (né en 1937) campe pour la première fois l’Etranger dans ce western tourné par Luigi Vanzi à la grande époque du genre (1967). Ce personnage s’apparente à un décalque de l’Homme sans nom incarné par Clint Eastwood et, vu le succès, il revint dans trois séquelles, le très classique UN HOMME, UN CHEVAL ET UN PISTOLET, le déjà plus étrange LE CAVALIER ET LE SAMOURAI et le complètement délirant et anachronique PENDEZ LE PAR LES PIEDS. Vanzi réalisa les trois premiers volets tandis que Ferdinando Baldi s’occupa du dernier opus, bien plus tardif (filmé en 1975). Tony Anthony reste également célèbre pour son personnage de pistolero aveugle inspiré de Zatoïchi dans le déjanté BLINDMAN LE JUSTICIER AVEUGLE du même Baldi dans lequel il affronte Ringo Starr. Enfin, au début des années ’80, en plein éphémère revival de la 3D, Baldi et Anthony se retrouvèrent pour deux productions en relief, LA VENGEANCE IMPITOYABLE et LE TRESOR DES QUATRE COURONNES. Bref une poignée de titres saugrenus qui firent (et font encore) le bonheur des bisseux.
Beaucoup plus traditionnel, UN DOLLAR ENTRE LES DENTS reprend un scénario rachitique fortement inspiré par les deux premiers Leone. Le bandit mexicain Aguilare (Frank Wolf, en roue libre), déguisé en militaire, s’empare d’une forte somme d’or envoyée par le gouvernement des Etats-Unis avec l’aide d’un mystérieux Etranger se faisant passer pour un capitaine de l’armée US. Mais très vite, le gourmand Etranger réclame la moitié du butin et le Mexicain refuse. Le combat est inévitable…
Tony Anthony, pas toujours très crédible en tueur impitoyable, s’en prend plein la figure pendant toute la première moitié du film qui aligne les figures imposées : passages à tabac, violences gratuites, etc. L’acolyte du méchant, façon dominatrice sadique (Gia Sandri, vue dans LES NUITS EROTIQUES DE POPPEE et DEUX PISTOLETS POUR UN LÂCHE) fouette même le héros en jubilant avant de se jeter sur lui avec empressement. Niveau brutalités on note encore deux passages jadis censurés réintégrés dans cette version intégrale : un prêtre noyé par l’adjoint d’Aguilare et un bébé menacé à l’aide d’un couteau.
Malgré cette bonne volonté, le long-métrage pâtit d’un budget misérable. Quasiment aucun figurant, des costumes pouilleux (la tenue d’Anthony calquée sur celle d’Eastwood semble issue d’un magasin de déguisement à bas prix), des erreurs flagrantes (le bébé change de visage d’un plan à l’autre, une protagoniste décédée est revue chevauchant avec les bandits un peu plus tard, les impacts de balles précèdent les tirs de mitrailleuse, etc.). La musique de Benedetto Ghiglia, pour sa part, se limite à quelques lignes mélodiques certes plaisantes mais réutilisées jusqu’à l’épuisement. Et les décors, notamment la fameuse carrière des alentours de Rome, ont déjà été vus et revus.
Quelques notes d’humour fonctionnent cependant (le méchant n’arrête pas de questionner ses hommes sur ce qu’il est et ceux-ci lui répondent invariablement « un homme droit ») mais le rythme s’avère terriblement lent. Le cinéaste semble avoir confondu longueurs et ambiances (n’est pas Leone qui veut) ce qui donne à l’ensemble un côté très longuet en dépit d’une durée réduite à 85 minutes. Heureusement, le dernier tiers, plus nerveux et efficace, récompense le spectateur de sa patience et offre un bel affrontement, complètement improbable et déséquilibré, entre l’Etranger, armé d’un fusil deux coups à canon court, et toute la bande de méchants équipés de six-coups et même d’une mitrailleuse Gatling.
Prototype du western spaghetti de série à tout petit budget, UN DOLLAR ENTRE LES DENTS permettra aux inconditionnels du genre de passer un bon moment, notamment grâce à sa distribution de « gueules ». Les autres, moins fanatiques de l’Ouest à l’italienne, se tourneront plus volontiers vers des titres plus réputés.
http://www.sueursfroides.fr/critique/un ... dents-3697
Je suis globalement en ligne avec toi, le film souffre pour moi essentiellement de la faiblesse de son interprète principal, peu crédible dans le rôle, et de son manque de moyens flagrant qui nous fait tourner en rond dans un décors qui semble faire 10m2 et qui induit les erreurs que tu soulignes. Toutefois Vanzi semble quand même avoir quelques idées intéressantes pour en tirer profit, par exemple la fusillade lors du partage, dans le noir, fait son petit effet en même temps que le procédé cache la misère. Le fait que le film soit très peu dialogué fonctionne bien aussi, pour le coup ça donne une ambiance crépusculaire au film cohérente avec le minimalisme de la production. Et comme tu l'écris, le final est plutôt réussi. C'est certes un peu long, mais je n'ai pas trouvé ça ennuyeux pour autant. Je ne sais pas ce que valent les séquelles, mais celui là, s'il n'est pas mémorable, fait passer une soirée agréable malgré ses défauts. A condition d'être client du genre bien sur, sinon il faut passer prestement son chemin.
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

Bon je sais que certains pensent encore ainsi mais le bouquin « Le western » publié chez Gallimard sous la direction de Raymond Bellour, y allait franco:

« nous avons pris le parti d’ignorer par purisme le western italien dont les films pullulaient ».

« tout western non américain a été impitoyablement banni »

« cette production dévastatrice ne brille que par sa nullité et sa malhonnêteté (…) de tristes films, des marchandises frelatées dont l’amateur de western doit particulièrement se défier ».

:fiou:
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Re: Le Western italien

Message par Rick Blaine »

C'est assez risible quand même.
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

Le livre n'est pas inintéressant (j'ai picoré dans les notules sans le lire de A à Z) mais c'est l'époque (1966) - et aussi un certain élitisme des textes *- qui voulait ça (j'ai la seconde édition de 1989 enrichie mais rien de changé pour l'Italie)

* - genre: "l'analyse du processus de dégradation continuelle que la problématique de la temporalité, s'interposant comme un écran entre l'homme et l'absolu, a déclenché dans le roman vaut également pour les sur-westerns contemporains" nous dit Bernard Dort...heureusement tout n'est pas de ce style :fiou:
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