Le projet d’un James Bond cérébral qui conjugue péripéties internationales, méchant mégalo (Branagh, vaste blague avec son accent caricatural de l'est), romance, le côté ludique ( une gageure chez ce cinéaste ), et « haute conceptualité » est un échec total. Il y a un réel manque d’adresse chez Nolan à vouloir ainsi multiplier les couches (géographies, niveaux de l'action, personnages) alors qu'il arrive à peine à construire une progression dramatique, à caractériser avec économie, à faire passer une idée visuellement, et ainsi se reposer autrement que sur du dialogue mal écrit. Tout comme ses involontaires qualités procèdent de ses lacunes : l’absence de charisme du protagoniste ( John David Washington, transparent) et de son acolyte ( Pattinson, bof) sur fond d’intrigue nébuleuse a pour conséquence de virtualiser l’humain (effet Michael Mann, référence ultime de Nolan) au profit d’un arrière plan confus, cryptique, que certains ont pris pour de l'expérimentation, voire une sémiologie, gage de sa modernité. Aspect guère nouveau, en partie remarqué dans sa lourdingue trilogie Batman. Reste au film, une fois considéré son échec à discourir vainement sur des enjeux qu'il fait mine de dresser, à se rabattre sur sa caution romantique, grain de sable qui aimerait faire dérayer la locomotive. Que le film ramasse en une image, d'un meurtre à décoder. Après James Bond, le whodunit. L'assaut final monté dans une catastrophe de montage parallèle, aussi mauvais que celui de Dark Knight, se déroulant dans des ruines post 9/11, l'enquête sur une image qui se conclut sur une apologie du hasard. Venant de Nolan, cela ne manque pas de sel. Derrière la machinerie, une pauvre femme à bout de nerf va tuer son mari. Comme Inception parlait aussi, derrière ses images inconscientes, et ses immeubles qui se déplient, d'un drame amoureux. Là aussi en idée, on pense à Mann mais sans le tact, la force, les failles. Rosebud romantique. Délice de film et ironie de ce cinéma terriblement affecté, verrouillé, mécanique, qui se rêverait libre, inattendu, unique, mais qui pantoufle sur des ruines de cinéma d'action, d'espionnage, sans la moindre subversion ni réinvention, et qui ressort, cartouches tirées, des genres comme pour faire oublier sa petitesse et vacuité. Fragilité du monumentalisme de Nolan, véritable chateau de cartes de cinéma, petit glacis qui fait pschitt.
Tenet (Christopher Nolan - 2020)
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Confirmation que le cinéma de Nolan, excepté Interstellar, m'intéresse peu, voire incarne l’une des pires tendances actuelles : soit le pendant cérébré et prétentieux des comics, conneries de Marvel, Dc comics. N’échappant pas à la règle, Tenet est un pur objet d'intentions, de vouloir dire. Sorte de long et fastidieux discours sur le temps, volontiers jargonneux, partiellement acquis au Z, à peine interrompu par de molles et maladroites scènes d'action (mention à la sur-scène de casse avec l'avion), baignant dans une si lourde et funeste atmosphère de fin de règne. Post-actionner misérable.
Le projet d’un James Bond cérébral qui conjugue péripéties internationales, méchant mégalo (Branagh, vaste blague avec son accent caricatural de l'est), romance, le côté ludique ( une gageure chez ce cinéaste ), et « haute conceptualité » est un échec total. Il y a un réel manque d’adresse chez Nolan à vouloir ainsi multiplier les couches (géographies, niveaux de l'action, personnages) alors qu'il arrive à peine à construire une progression dramatique, à caractériser avec économie, à faire passer une idée visuellement, et ainsi se reposer autrement que sur du dialogue mal écrit. Tout comme ses involontaires qualités procèdent de ses lacunes : l’absence de charisme du protagoniste ( John David Washington, transparent) et de son acolyte ( Pattinson, bof) sur fond d’intrigue nébuleuse a pour conséquence de virtualiser l’humain (effet Michael Mann, référence ultime de Nolan) au profit d’un arrière plan confus, cryptique, que certains ont pris pour de l'expérimentation, voire une sémiologie, gage de sa modernité. Aspect guère nouveau, en partie remarqué dans sa lourdingue trilogie Batman. Reste au film, une fois considéré son échec à discourir vainement sur des enjeux qu'il fait mine de dresser, à se rabattre sur sa caution romantique, grain de sable qui aimerait faire dérayer la locomotive. Que le film ramasse en une image, d'un meurtre à décoder. Après James Bond, le whodunit. L'assaut final monté dans une catastrophe de montage parallèle, aussi mauvais que celui de Dark Knight, se déroulant dans des ruines post 9/11, l'enquête sur une image qui se conclut sur une apologie du hasard. Venant de Nolan, cela ne manque pas de sel. Derrière la machinerie, une pauvre femme à bout de nerf va tuer son mari. Comme Inception parlait aussi, derrière ses images inconscientes, et ses immeubles qui se déplient, d'un drame amoureux. Là aussi en idée, on pense à Mann mais sans le tact, la force, les failles. Rosebud romantique. Délice de film et ironie de ce cinéma terriblement affecté, verrouillé, mécanique, qui se rêverait libre, inattendu, unique, mais qui pantoufle sur des ruines de cinéma d'action, d'espionnage, sans la moindre subversion ni réinvention, et qui ressort, cartouches tirées, des genres comme pour faire oublier sa petitesse et vacuité. Fragilité du monumentalisme de Nolan, véritable chateau de cartes de cinéma, petit glacis qui fait pschitt.
Le projet d’un James Bond cérébral qui conjugue péripéties internationales, méchant mégalo (Branagh, vaste blague avec son accent caricatural de l'est), romance, le côté ludique ( une gageure chez ce cinéaste ), et « haute conceptualité » est un échec total. Il y a un réel manque d’adresse chez Nolan à vouloir ainsi multiplier les couches (géographies, niveaux de l'action, personnages) alors qu'il arrive à peine à construire une progression dramatique, à caractériser avec économie, à faire passer une idée visuellement, et ainsi se reposer autrement que sur du dialogue mal écrit. Tout comme ses involontaires qualités procèdent de ses lacunes : l’absence de charisme du protagoniste ( John David Washington, transparent) et de son acolyte ( Pattinson, bof) sur fond d’intrigue nébuleuse a pour conséquence de virtualiser l’humain (effet Michael Mann, référence ultime de Nolan) au profit d’un arrière plan confus, cryptique, que certains ont pris pour de l'expérimentation, voire une sémiologie, gage de sa modernité. Aspect guère nouveau, en partie remarqué dans sa lourdingue trilogie Batman. Reste au film, une fois considéré son échec à discourir vainement sur des enjeux qu'il fait mine de dresser, à se rabattre sur sa caution romantique, grain de sable qui aimerait faire dérayer la locomotive. Que le film ramasse en une image, d'un meurtre à décoder. Après James Bond, le whodunit. L'assaut final monté dans une catastrophe de montage parallèle, aussi mauvais que celui de Dark Knight, se déroulant dans des ruines post 9/11, l'enquête sur une image qui se conclut sur une apologie du hasard. Venant de Nolan, cela ne manque pas de sel. Derrière la machinerie, une pauvre femme à bout de nerf va tuer son mari. Comme Inception parlait aussi, derrière ses images inconscientes, et ses immeubles qui se déplient, d'un drame amoureux. Là aussi en idée, on pense à Mann mais sans le tact, la force, les failles. Rosebud romantique. Délice de film et ironie de ce cinéma terriblement affecté, verrouillé, mécanique, qui se rêverait libre, inattendu, unique, mais qui pantoufle sur des ruines de cinéma d'action, d'espionnage, sans la moindre subversion ni réinvention, et qui ressort, cartouches tirées, des genres comme pour faire oublier sa petitesse et vacuité. Fragilité du monumentalisme de Nolan, véritable chateau de cartes de cinéma, petit glacis qui fait pschitt.
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Projection d'un premier week end US à 20,2 millions de dollars (Labor Day week-end + avant-premières); sur 2 800 écrans environ.
Precisons que le film n'a pas ouvert a New York, Los Angeles, San Francisco, Miami, Seattle, etc.
Et que les cinémas de plein air type drive-in n'ont pas pu ouvrir dans de nombreux endroits.
Dans le monde : + 78,3 millions en 2e semaine --> Total à 146,2 millions de dollars.
La Chine apporte 30 millions $ en trois jours.
Precisons que le film n'a pas ouvert a New York, Los Angeles, San Francisco, Miami, Seattle, etc.
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
C’est intéressant que ce problème de fluidité dans la narration, cet aspect cryptique que tu évoques à propos du film se retrouve également dans ce petit texte. Une sorte de synecdoque - palimpseste intéressante en fait
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Merci Coxwell.
Sinon, je n’ai pas vu ta note sur le film ? T’en penses quoi ?
Sinon, je n’ai pas vu ta note sur le film ? T’en penses quoi ?
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
C'est dingue comme je n'ai absolument AUCUNE envie de m'appesantir de nouveau sur ce film. Aucune envie de jouer au jeu des petites théories, tant tout ça me paraît ennuyeux au possible, au moins autant que le film en lui-même. Je me suis déjà tapé ces 150 minutes interminables et indigestes, ce n'est pas pour continuer d'y passer des heures à tenter d'y comprendre quoique ce soit (je soupçonne d'ailleurs que même avec explications, le film reste très peu intéressant sur le fond).
Alors je n'empêche évidemment personne d'y jouer, mais toutes ces interprétations et théories personnelles, qui sous-entendraient que le script de Nolan serait d'une richesse à tomber par terre (le mec est décidément trop intelligent pour la majorité d'entre nous) et qu'il FAUT aller voir ce film plusieurs fois pour en comprendre les clés...ce sera sans moi.
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
La première partie du message de Shubby n'est pas vraiment une interprétation mais un "résumé" du film.
Sinon pour ceux qui sont arrivés à digérer Primer, Tenet devrait glisser tout seul
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Je ne sais pas, je n'ai même pas ouvert les balises spoiler.Jack Griffin a écrit : ↑7 sept. 20, 15:28 La première partie du message de Shubby n'est pas vraiment une interprétation mais un "résumé" du film.
Je n'avais pas vraiment compris Primer non plus, mais celui-ci m'avait semblé bien plus digeste et au final, oui : ludique.Jack Griffin a écrit : ↑7 sept. 20, 15:28Sinon pour ceux qui sont arrivés à digérer Primer, Tenet devrait glisser tout seul
J'avais pris du plaisir à me perdre dans ces méandres scientifiques, et je peux vous dire qu'en tant que littéraire, j'ai dû parfois bien bien m'accrocher.
Mais rien d'aussi pesant et poseur que chez Nolan, vraiment pas.
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
C'est marrant les deux films pourraient appartenir au même univers
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Trop aimable.
Sans interprétation aucune, il l'est déjà.
De fait.
On ne m'y oblige en rien, mais j'y retourne ce soir.
Voilà.
Primer, faut que je le vois, oui. Man From Earth aussi.
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Eh dis donc, on dirait tenia!
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You know my feelings: Every day is a gift. It's just, does it have to be a pair of socks?
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Probablement un des membres de la secte.Mosin-Nagant a écrit : ↑7 sept. 20, 16:34Eh dis donc, on dirait tenia!
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
C'est clairement pas mon Nolan préféré, mais je lui trouve quelques qualités, notamment dans ce côte bancal et cryptique justement. L'expérimentation narrative n'est pas aussi intéressante et chiadé que dans Dunkirk (surtout dans cette capacité à déjouer la limitation technique/financière pour représenter l'ampleur d'un pareil conflit (impliquant de faire la guerre avec tous les fronts et du numérique) et de produire à la place une écriture multiscalaire avec quelques lieux et temporalités très circonscrits), le casting - et l'écriture - de certains personnage paraissent beaucoup plus discutables mais il a un côté abrupt et repoussant qui est assez attirant. Difficile à formuler, mais c'est un drôle d'objet pour lequel j'ai une certaine affection. Je ne suis pas objectif cela dit quand on parle de Nolan, j'aime beaucoup son cinéma démiurgique, assez désaffecté et virtuel quant aux personnages représentés. Et c'est aussi un talentueux magicien du cinéma, un artisan malin qui aime l'art du plateau, un des rares promoteurs de belles images et de beaux feux d'artifices pleins de matériaux et de matières minérales et organiques.
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Je serais curieux de connaitre le budget qui a servi à tourner la séquence des catamarans. La logistique mise en place et le temps de tournage pour même pas 3/4 minutes dans le film.
La scène est très esthétique, ça la dessus il n'y a rien a en dire. Mais elle n'a absolument aucune fonction, aucune "utilité" autre que son esthétisme.
Et tout cela pour illustrer un échange de quoi ? 4 lignes au maximum qui ne racontent rien. 4 lignes de textes qui ne font avancer ni l'intrigue ni les personnages et qui pourraient être mis en scène sur un quai de métro.
La scène est très esthétique, ça la dessus il n'y a rien a en dire. Mais elle n'a absolument aucune fonction, aucune "utilité" autre que son esthétisme.
Et tout cela pour illustrer un échange de quoi ? 4 lignes au maximum qui ne racontent rien. 4 lignes de textes qui ne font avancer ni l'intrigue ni les personnages et qui pourraient être mis en scène sur un quai de métro.
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Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Quand on parle de rapport logistique/temps à l'écran...The Boogeyman a écrit : ↑8 sept. 20, 12:10 Je serais curieux de connaitre le budget qui a servi à tourner la séquence des catamarans. La logistique mise en place et le temps de tournage pour même pas 3/4 minutes dans le film.
La scène est très esthétique, ça la dessus il n'y a rien a en dire. Mais elle n'a absolument aucune fonction, aucune "utilité" autre que son esthétisme.
Et tout cela pour illustrer un échange de quoi ? 4 lignes au maximum qui ne racontent rien. 4 lignes de textes qui ne font avancer ni l'intrigue ni les personnages et qui pourraient être mis en scène sur un quai de métro.
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Tout ça pour moins de 15 secondes dans le montage final.