Spike Lee

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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El Dadal
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Re: Spike Lee

Message par El Dadal »

Joshua Baskin a écrit :Naaaaan je te rappelle que j'ai mis un 7/10 à Premières vacances avec Jonathan Cohen et Camille Chamoux.
Rappel à la réalité brutal mais ô combien efficace :o
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7swans
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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

Depuis cette note désastreuse mise à la saison 1 de High Maintenance, je vois Joshua d'un autre oeil.
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primus
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Re: Spike Lee

Message par primus »

La saison 4 de High maintenance est un bon cran en dessous des 3 précédentes.
Pour revenir au sujet, je constate la baisse qualitative de la filmo de Lee comme celle de Burton ou Tarantino (si si). Trois exemples de réalisateurs que je trouve surcotés depuis plusieurs années. Et toujours hors-sujet, Netflix c'est quand même globalement du tuyau à caca.
Demi-Lune a écrit : 14 oct. 21, 15:27Ah par contre je suis affirmatif, monfilm = primus.
Je suis également Julien, Soleilvert, Nicolas Brulebois, Riqueunee, Boris le hachoir, Francis Moury, Yap, Bob Harris, Sergius Karamzin ... et tous les "invités" pas assez bien pour vous 8)
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Spongebob
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Re: Spike Lee

Message par Spongebob »

El Dadal a écrit :
Joshua Baskin a écrit :Naaaaan je te rappelle que j'ai mis un 7/10 à Premières vacances avec Jonathan Cohen et Camille Chamoux.
Rappel à la réalité brutal mais ô combien efficace :o
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Moi aussi j'ai mis 7/10 à Premières vacances :oops:
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Joshua Baskin
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Re: Spike Lee

Message par Joshua Baskin »

7swans a écrit :Depuis cette note désastreuse mise à la saison 1 de High Maintenance, je vois Joshua d'un autre oeil.
Fais pas le malin toi !
Spoiler (cliquez pour afficher)
7swans a écrit : (o) Veep - Saison 1 : 3/10
Cela dit je trouve que pour l'instant la saison 2 de high maintenance est nettement supérieure à la première.
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Joshua Baskin
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Re: Spike Lee

Message par Joshua Baskin »

Spongebob a écrit :
El Dadal a écrit : Rappel à la réalité brutal mais ô combien efficace :o
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Moi aussi j'ai mis 7/10 à Premières vacances :oops:
Mais oui il est super ce film.
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7swans
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Re: Spike Lee

Message par 7swans »

primus a écrit :La saison 4 de High maintenance est un bon cran en dessous des 3 précédentes.
Pour revenir au sujet, je constate la baisse qualitative de la filmo de Lee comme celle de Burton ou Tarantino (si si). Trois exemples de réalisateurs que je trouve surcotés depuis plusieurs années. Et toujours hors-sujet, Netflix c'est quand même globalement du tuyau à caca.
Encore une fois, Lee revient de loin. Il était ultra has been il y a encore 3 ans. Certains de ses films ont moins de 1000 notes sur IMDb. 700 notes pour Pass Over par exemple, c'est vraiment peu (même si c'est une captation de pièce de théâtre. D'ailleurs matez le, c'est sur Amazon Prime Video). Il est passé par du crowdfunding (pour un résultat vraiment pourri), par de l'auto financement (pour un résultat plutôt sympa), etc... Tarantino et Burton (même s'il est sec artistiquement) ont pas touché le fond à ce point. D'ailleurs globalement, Tarantino n'a encore jamais "traversé de désert" (même si je n'aime pas vraiment son cinéma post Jackie Brown).

Sinon je suis d'accord pour un petit cran en dessous pour High Maintenance.
Je dirais 2>3>1>4. Sans fausse note.

Et aussi d'accord pour Netflix. Avec de très rares exceptions.
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Kiké
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Re: Spike Lee

Message par Kiké »

Da 5 Bloods

Comme la majorité du forum, il me semble, impression très mitigée.
Je l'ai surtout ressenti comme un film de "professeur", où tout doit être sur-expliqué et illustré par des images d'archive et citations de personnages iconiques. Même les personnages se sentent obligés de balancer des noms de héros oubliés au milieu de conversation, sans raison particulière (ça m'a même fait penser à du Tarantino).
Sur le fond, c'est très intéressant, j'ai appris pas mal de choses alors que je pensais avoir fait le tour de la question du Vietnam. Par exemple, le personnage de "Hanoi Hannah", journaliste vietnamienne qui faisait de la propagande radio pour les afro-américains, c'est énorme!

Le problème, c'est que tout cet emballage ne s'incarne pas vraiment dans les personnages et laisse une petite impression d'artificialité, qui est devenue très embêtante quand le film veut suivre explicitement la trace d'Apocalypse Now et sa descente aux enfers.

C'est dommage, il y avait sûrement mieux à faire avec un sujet si riche...
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Papus
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Re: Spike Lee

Message par Papus »

Kiké a écrit :Da 5 Bloods (ça m'a même fait penser à du Tarantino).
Ca ne m'étonnerait pas que ce soit voulu quand on se remémore la réaction de spike lee à la sortie de Django Unchained.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pour autant, j'ai de mon côté aussi fait le rapprochement avec Apocalypse Now (comment ne pas le faire, Wagner, descente de fleuve et aux enfers, folie collective crescendo) mais pas avec le cinoche de QT, je serais curieux que tu développes.

Echange entre Lee et Chadwick Boseman concernant le chemin à suivre quant à son jeu d'acteur: "tu vois Denzel ? Essaye de faire pareil ok ?"
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Kiké
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Re: Spike Lee

Message par Kiké »

Papus a écrit :
Kiké a écrit :Da 5 Bloods (ça m'a même fait penser à du Tarantino).
Ca ne m'étonnerait pas que ce soit voulu quand on se remémore la réaction de spike lee à la sortie de Django Unchained.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pour autant, j'ai de mon côté aussi fait le rapprochement avec Apocalypse Now (comment ne pas le faire, Wagner, descente de fleuve et aux enfers, folie collective crescendo) mais pas avec le cinoche de QT, je serais curieux que tu développes.

Echange entre Lee et Chadwick Boseman concernant le chemin à suivre quant à son jeu d'acteur: "tu vois Denzel ? Essaye de faire pareil ok ?"
Ma comparaison avec QT se faisait uniquement par rapport à cet aspect de digression/citation dont je parle plus haut. Les vétérans de Da 5 Bloods préparent leur chasse au trésor, et puis l'un d'eux lance, sans véritable raison, une digression sur Rambo et le compare avec un "vrai" héros du Vietnam qui mériterait un film (il y a plein d'autres exemples, Chuck Norris, Marvin Gaye, Mohammed Ali, ...). Cela me fait inévitablement penser aux gangsters de Reservoir Dogs qui dissertent sur Madonna et à tous les autres personnages amateurs de digression pop-culture chez Tarantino.
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Papus
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Re: Spike Lee

Message par Papus »

Je capte et en effet c'est une remarque qui fait sens. Même si encore une fois je n'ai pas fait ce lien, je le vois maintenant plus comme un pied de nez qu'un clin d'oeil de la part de Lee à QT genre "moi je me sers de l'histoire (noire) pour mettre en avant nos vrais héros, pas pour remixer les faits en me servant de notre coolitude "mainstreem" petit con de blanc du tennessee illégitime".
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Re: Spike Lee

Message par Kiké »

Papus a écrit :Je capte et en effet c'est une remarque qui fait sens. Même si encore une fois je n'ai pas fait ce lien, je le vois maintenant plus comme un pied de nez qu'un clin d'oeil de la part de Lee à QT genre "moi je me sers de l'histoire (noire) pour mettre en avant nos vrais héros, pas pour remixer les faits en me servant de notre coolitude "mainstreem" petit con de blanc du tennessee illégitime".
C'est une interprétation qui tient la route! Effectivement toutes les références vont dans le sens de réhabiliter ceux et celles qui ont été oubliés ou délaissés par l'Histoire.
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Re: Spike Lee

Message par Jeremy Fox »

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Re: Spike Lee

Message par Zelda Zonk »

Un Blow Up d'Arte particulièrement réussi sur les génériques de Spike Lee, un des domaines où il excelle particulièrement.
Celui de Do the right thing, par exemple, est absolument imparable (8 heures de tournage, quand même !).

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Profondo Rosso
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Re: Spike Lee

Message par Profondo Rosso »

Jungle Fever (1991)

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Flipper Purify est un architecte brillant dont la vie n'est que réussite. Il est un homme marié et comblé. Lorsqu'il rencontre Angela, sa nouvelle secrétaire intérimaire, sa vie bascule. Il tombe amoureux et entretient une liaison. Son amour se heurte aux différences sociales et au racisme : il est noir, elle est blanche, leur union est des plus compliquées pour leur entourage...

Cinquième film de Spike Lee, Jungle Fever est une photographie des clivages raciaux d’alors au Etats-Unis, sous un angle jusque-là peu traité dans le cinéma américain à savoir la romance mixte. Les unions mixtes furent interdites au Etats-Unis jusqu’en 1967, mais le cinéma s’intéressa au sujet bien plus tôt. Des mélodrames comme L’Héritage de la chair (1949) d’Elia Kazan, Cœurs Insondables (1951) de Robert Stevenson ou Mirage de la vie de Douglas Sirk (1959) s’y risquèrent, mais avec l’hypocrisie en coulisse d’engager des actrices blanches pour interpréter des femmes noires. Le tabou n’était d’ailleurs accepté que dans cette dynamique femme noir/homme blanc, comme une réminiscence implicite de l’époque de l’esclavage. En effet, les maîtres blancs ne se gênaient pas pour disposer des « négresses » à leur gout, tandis que la possibilité qu’une femme blanche puisse avoir une relation avec un noir était considéré comme une souillure - élément brillamment abordé dans le sidérant Mandingo de Richard Fleischer (1975). Même une œuvre progressiste comme Devine qui vient dîner de Stanley Kramer (1967) n’autorisait qu’un timide baiser à son couple, et les couples mixtes étaient à la marge du sous-genre de la Blaxploitation dans les années 70.

Il y a clairement des relents de tous ces tabous dans le postulat de Jungle Fever. Dès son générique où les noms apparaissent sous forme de panneaux de signalisation, les clivages raciaux fonctionnent aussi selon une dimension géographique. Le héros Flipper (Wesley Snipes) et sa famille habite dans le quartier de Striver’s Row à New-York, cadre abritant la classe moyenne afro-américaine naissante. Angie (Annabella Sciorra) vit quant à elle dans la partie italo-américaine du quartier populaire de Bensonhurst. Le seul espace où ils sont susceptibles de se croiser est le cadre du travail, un cabinet d’architecte, qui constitue à leur échelle le symbole d’une certaine ascension sociale (il est architecte et elle est secrétaire). Spike Lee les montre volontairement (Flipper et son militantisme noir latent dans l’engagement de sa secrétaire) ou contraint (Angie forcée de cuisiner pour les hommes de sa famille en rentrant du travail) comme fermement ancrés dans leurs communautés respectives, et dessine quelques personnages satellites subissant sous une autre forme cet environnement sociogéographique. Gator (Samuel L. Jackson) frère ainé toxicomane de Flipper, représente un des maux majeurs des afro-américains dans les années 80, et sous la bourgeoisie noire naissante délimite la frontière du quartier menant vers les ghettos toujours bien existants où végètent les exclus (sordide incursion dans un squat de crack). Paulie (John Turturro), petit ami d’Angie, est quant à lui un garçon sensible et éduqué qui dénote face au machisme latent du mâle italien dont il subit les railleries.

Loin des regards biaisant forcément leur comportement, Flipper et Angie le temps de quelques soirées d’heures supplémentaires ensemble finissent par développer une complicité et attirance (le changement d'atmosphère, le cocon s'illustrant par le halo de la photo d'Ernest R. Dickerson) qui va mener à une aventure. Le simple drame adultère possible conduit ainsi à une véritable photographie du racisme et des préjugés toujours bien vivaces. S’il reste à ce principe révoltant de souillure et d’impureté pour la femme blanche dans la réaction violente et primaire de l’entourage « prolo » d’Angie, la description du racisme noir est encore plus intéressante. Drew (Lonette McKee), l’épouse de Flipper sans plus révoltée par le fait que la tromperie ait eut lieu avec une femme blanche plutôt que l’acte en lui-même. Spike Lee montre une discussion féminine crue et triviale durant laquelle ce débat a lieu, la souillure versant féminin étant à la fois économique (les hommes noirs qui réussissent choisissant une blanche plutôt qu’une femme de leur communauté) et étonnamment proche des critères primaires des racistes blancs (les femmes blanches lorgnant les noirs pour leur supposée virilité exacerbée). Spike Lee manie avec brio des concepts naissant que l’on ne verra creusés avec une même causticité que bien plus tard dans le Get Out de Jordan Peel (2017), tout en remettant en question aussi l’idéal d’une certaine fierté noire avec le père religieux, obtus et rigoriste de Flipper incarné par Ossie Davis.

Le constat s’avère en définitive assez désabusé puisque Spike Lee refuse à la romance naissante de Flipper et Angie de réellement se concrétiser. On peut ainsi se demander si la conclusion amère repose sur une opinion (chacun doit rester à sa place dans sa communauté) ou une vision lucide des possibilités de pareille relation à l’époque. Le message est ambigu mais une scène cruciale permet sans doute de clarifier où se situe Spike Lee. Revenant de dîner, Angie et Flipper chahutent dans la rue et l’improbabilité qu’ils soient en couple incite le voisinage à alerter la police pour agression. La séquence est choquante dans la forme par le chaos et l’urgence de la mise en scène de Lee jurant avec l’élégance posée du reste du film, et dans le fond puisque Flipper ne connaissant que trop bien ces situations se rabaissent et nie être en couple avec Angie quand celle-ci va violemment invectiver les agents.Le fossé de leur vécu s’avère insurmontable à ce moment-là particulièrement, pour Flipper bien plus craintif, car risquant sa vie en plus du "déshonneur" (Spike Lee s'inspire du fait divers qui vit en 1989 Yusuf Hawkins, adolescent de 16 ans lynché pour avoir été soupçonné d'une aventure avec une italo-américaine), à défier son monde. C’est donc dans les figures satellites qu’il faut chercher l’espoir avec le beau personnage de Paulie que les évènements auront incités à prendre courage face à son milieu. Une œuvre passionnante qui sera un des grands succès critiques et commerciaux de Spike Lee, avant le geste plus revendicateur de Malcolm X (1993). 5/6
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