Les films de Kung-fu old school

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Shin Cyberlapinou
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Re: Les films de Kung-fu old school

Message par Shin Cyberlapinou »

https://purecinemapodcast.libsyn.com/ku ... -tarantino

Gros podcast (plus de 2 heures) de Tarantino sur le genre (anglais only bien sûr, plus une qualité sonore moyenne pour QT, en mode webcam car actuellement en Israel).

C'est forcément intéressant/enthousiaste mais compte tenu des goûts du cinéaste et/ou de la perception grindhouse/public afro-américain (le Wu Tang Clan, tout ça) du genre aux USA on est vraiment dans les petits films un peu branques notamment venus de Taiwan, et les intervenants passent *beaucoup* plus de temps sur un Wang Yu (Le Bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante et Dieu de la guerre sont ainsi dépeints en classiques certifiés) que sur mettons Liu Chia Liang, peut-être trop "digne" par rapport à une certaine image d'Epinal faite d'idées outrées, recadrages sauvages et doublages à la truelle (image qui colle avec les titres édités à l'époque par Bach Films). Ca pose d'ailleurs un problème pour qui veut se mettre en quête des films en question, un Fatal Needles vs. Fatal Fists (porté aux nues sur le site du New Beverly il y a quelques semaines) est tout simplement introuvable dans un DVD convenable (copie pas trop moche au format et VOST, on ne demande même un Bluray 4K). Bref la vie est dure mais l'écoute reste conseillée.
bruce randylan
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Re: Les films de Kung-fu old school

Message par bruce randylan »

Les 2 premiers ont été vu il y a une plusieurs mois à une soirée Bis à la Cinémathèque

Les invincibles de shaolin aka les invincibles bâtons de Shaolin aka Shaolin invincible sticks (Lee Tso Nam – 1978)

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Un maître d'arts-martiaux décide de décimer les unes après les autres les écoles concurrentes afin d'être le seul champion de sa discipline : le maniement du bâton. Or le neveu de son rival principal est un oisif préférant courir les filles, au point d'être bientôt chassé par sa famille pour son faible niveau.

Cette productions indépendante est composée de tellement de troisième voire de quatrième couteaux du cinéma d'arts-martiaux qu'on la jurerait être taïwanaise. Ce n'est pourtant pas le cas mais ça explique sans doute pourquoi le film est seulement sympathique et ne peut se hisser au niveau des fleurons du genre, surtout pour l'époque, malgré sa volonté de sortir un peu des sentiers battu puisque 90% des combats utilisent des bâtons et dérivés : lances, double bâtons, triple bâtons...
Autant le dire d'emblée, on est très loin du niveau d'un Liu Chia-Liang et les chorégraphies sont régulièrement sommaires et manquent de variété, de dextérité et rapidité. La grande majorité des affrontement pourraient être interchangeables malgré les différentes armes utilisées. De plus les acteurs manquent de charisme, d'agilité et se révèlent peu doués pour la comédie à en juger les affligeants intermèdes humoristiques tel la préparation d'un repas et surtout le rejeton d'un professeur de kung-fu cabotinant sans retenue. Par chance (dira-t-on), la VF pousse les potards à 11 dans les libertés prises ou pour le ton des dialogues à l'image d'un échange entre clients d'un restaurant qui résument la progression du méchant avant que l'un des interlocuteurs ne mette fin à la conversation par un savoureux « Mais qu'est-ce que t'en as à foutre? ». Sans oublier le héros qui s'appelle Kou-Young !! :lol:
Parmi les réels points positifs, il faut heureusement saluer son rythme globalement soutenu avec facilement 2/3 du récit constitués de combats, quelques passes d'arme honorables, essentiellement dans sa seconde moitié, et un réalisateur qui essaie de ne pas être un simple tâcheron. On sent qu'il cherche à varier les extérieurs et les lieux de tournages ou encore à rendre sa caméra assez mobile. On peut même dire que le final est assez réussi avec un duel au milieu d'une petite clairière d'une fôret de bambou où l'espace est bien utilisé et mis en valeur par le montage et la réalisation. Mais c'est dommage que le film soit assis entre 2 chaises avec son histoire d'écoles d'arts-martiaux et récit initiatique qui ne peut rivaliser avec les scènes d'apprentissage des kung-fu comedy des nouveaux maîtres. Ca explique peut-être pourquoi le film mis presque 18 mois à sortir à Hong-Kong.


Karatéka erotica aka Trail of the Dragon (Lau Chan & Tony Liu Chun-Ku - 1974)
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Une grosse rareté assez obscur à priori (aucun note imdb, pas d'avis sur hkmdb). Tout laisse à penser qu'il s'agisse de la première réalisation de Tony Liu qui sera quelques années plus tard un excellent artisan de la Shaw Brothers puis après l'un des maîtres du Girls with guns.
Également scénariste, il se donne le rôle principal, à savoir un tueur à gage, contraint d'extorquer une somme d'argent à un banquier véreux. L'histoire est assez incompréhensible avec retournement, trahison, twist sorti du chapeau et seconds rôles improbables. La encore, la VF est assez gratinée et n'aide pas à mettre le scénario en valeur
On devine en tout cas assez rapidement que l'un des réalisateurs est attaché aux scènes de dialogues, d'expositions et de manière plus générale aux intérieur qui sont d'un platitude gênante tant le rythme y est absent et la réalisation d'un amateurisme flagrant. Le pire est atteint dans les 2-3 séquences vaguement érotiques qu'on jurerait imposées/rajoutées par les producteurs et distributeurs tant elles ne servent à rien et sont encore plus tristement photographiées que le reste, dejà peu glorieux.
Ca se réveille dès qu'on passe aux scènes d'action qui sont toutes en extérieur et qui font preuve de davantage de dynamisme. Elles sont pour ainsi toutes absentes de la première moitié mais s'enchaînent assez bien par la suite jusqu'à un long final découpé en plusieurs actes. Comme souvent à l'époque, c'est assez peu chorégraphié pour privilégier un côté « bourre-pif » assez hargneux où les acteurs ne se ménagent pas. A commencer par Tony Liu lui-même (navrant dans les passages naratifs) mais qui n'hésitent à se mettre en feu lors d'une attaque de bikers.
Une des raisons qui contribuent à la bonne tenue de ces scènes d'actions provient aussi des choix de tournage qui alternent terrains vagues d'usines désaffectées, quartiers en plein construction ou encore morgue abandonnée et autres enchevêtrements de bateaux de pêche, comme si le film mêlait (sans doute involontairement) l'ancien et le nouveau dans un Hong-Kong en pleine mutation. Sur ce point, c'est assez passionnant et on trouve des paysages et des lieux qui ont rapidement disparus.
Connaissant la suite de carrière de Tony Liu, j'ai envie de penser que c'est lui qui s'est occupé des scènes d'action et son confrère du reste (lui aussi à son rôle important en tant qu'acteur). Détail amusant, les 2 ont de nouveaux co-réalisé l'excellent Angel Terminator 2 presque 20 ans plus tard (sachant que Chan Lau n'aura à son crédit qu'une maigre carrière de cinéaste et de chorégraphie).
La relative vitalité du dernier acte, avec acteurs bondissants, caméra à l'épaule, adversaires teigneux et ses décors bien exploités, fait quitter la projection avec une bonne impression au final, d'autant que ça vire à un savoureux jeu de massacre nihiliste et ironique.
De quoi vouloir avoir davantage d'informations sur cette œuvre schizophrène en diable dont les conditions de tournage et de productions durent être rocambolesques.


La chaîne infernale de Ka Tang aka One by one aka Kung Fu Powerhouse (Chien Lung – 1973)

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Deux détenus parviennent à s'évader mais leur fuite est compliquée par le fait qu'il enchaîné l'un à l'autre. Et par le fait qu'ils croisent policiers, des mafieux rivaux et qu'ils ne sont pas particulièrement en bonne entente

Autre découverte en 35mm (mais dans un cadre privé 8) ) : une petite série B taïwanaise qu'on avait envie de qualifier de « magique » à la fin de la projection (le réalisateur nous avait déjà bien amusé avec La reine du karaté / Kung-fu mama que j'évoque en première page du topic)
Il y a tout d'abord une question de rythme excessivement endiablée, notamment la première demi-heure particulièrement réjouissante où les combats se suivent sans temps mort avec une belle énergie et vitalité, à défaut d'être très inventive en terme de chorégraphies ou de précisions dans ses impacts (qui sont souvent très loin des visages ou des corps). Peu importe car la mise en scène, caméra à l'épaule, nous plonge au milieu des mêlées d'autant plus nerveuses qu'avec ce procédé de personnages attachés l'un à l'autre, les affrontements sont souvent du 2 contre 8 ou 10. Mais ça n'empêche pas de proposer du 1 vs 1 puisque que les 2 évadés ne peuvent s'empêcher de s'affronter fréquemment. Il faut dire que Chin Kang (dans son premier rôle pour un habitué du genre dans les 70's) passe son temps à courir après Yasuaki Kurata (dans l'un de ses premiers rôles également) qui le soupçonne d'être un flic.
C'est simple par moment, on a presque l'impression d'être devant du Tex Avery quand le loup passe d'un véhicule à l'autre pour échapper à un Droopy tenace. Ici, Kurata s'enfuit à pied, en voiture, en charrette, à moto et même petit chariot de chemin de fer. :mrgreen: De plus dans, le dernier tiers inverse la situation et on a droit à une excessivement longue et surréaliste poursuite entre motos entre Chin Kang et une douzaine d'autres motos/voitures/camion dans une succession de dérapages, demi-tour, impasse, chemin en gravier franchement absurde à laquelle il ne manque que la musique de Benny Hill pour ainsi dire. On perd en arts martiaux ce qu'on gagne en crise de rire involontaire : course de haie au dessus des motos et autres routes finisssant dans des parkings où tout le monde tourne en rond jusqu'à plus soif. De quoi oublier que le final dans une carrière aurait pu mieux exploiter son décor (malgré quelques idées de cadrage intéressant dans les collines de graviers à gravir).
Au milieu de cela, un stupéfiant intermède comique de 10 minutes totalement hors sujet (encore que ça sert à justifier à la fin pourquoi Chin Kang garde sa menotte).
Si on résume : du rythme, de la hargne, des bastons en veux-tu en voilà, un Kurata charismatique, un concept pas nouveau mais atypique dans le cinéma de kung-fu et un côté cartoon qui relance la machine dans le dernier tiers. :D

Ps : Certains ont reconnus Pierre Arditi comme doubleur !
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bruce randylan
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Re: Les films de Kung-fu old school

Message par bruce randylan »

Encore une petite découverte en 35 mm :)

Le chinois au bras de fer aka Chinese Iron Man (Joseph Kuo - 1973)

Un correct rip off de La fureur de vaincre , bien que profondément inégal.
Le souci majeur vient de son comédien principal, Wen Chiang-Long, qui non seulement n'a aucune présence ni charisme mais dont les compétences martiales ne peuvent rivaliser avec les meilleures de l'époque, même en oubliant Bruce Lee. Il donne pourtant de sa personne d'autant que dans certains combats, Joseph Kuo opte pour des prises étonnement longues. Il y a même 2-3 plans vraiment travaillés avec travellings passant d'une pièce à l'autre et une certaine précision dans les entrées/sorties de champ des protagonistes qui font preuve d'un réel sens de l'espace.
Pour le reste, c'est très routinier, voire cheap, avec une poignée de décors qui constitue la moitié du film comme le restaurant où travaille le héros qui meuble quasiment la première moitié. A côté de ça, les méchants japonais n'ont aucune personnalité, pas plus que les gentils d'ailleurs.
Les chorégraphies sont pour la majorité totalement interchangeables d'une scène à l'autre et dans l'ensemble sans valeur ajoutée par rapport à la moyenne de l'époque. C'est surtout quand on sort des poings/pieds que les combats proposent des des passages plus nerveux et travaillés comme les sabres japonais ou lorsque le héros utilisent une corde pour s'en servir comme une sorte de fouet/nunchaku. Par contre, et comme souvent avec Joseph Kuo, c'est vraiment généreux en action, ce qui évite qu'on s'ennuie malgré une poignée d'affrontements anonymes et un final décevant avec son duel sur un ring avec des câbles mal utilisés et des inserts sur une foule en délire rapidement lassant.

Pour l'anecdote, le visionnage a peut-être gagné en qualité avec 2 bobines interchangées, ce qui dynamise un peu la narration le temps qu'on essaie de raccrocher les wagons et de comprendre qui sont les nouveaux personnages.
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