
Une fois n'est pas coutume, ce film nous amène du côté du conte de fée avec un croisement entre Le Haricot magique, les 5,000 doigts du Dt T et le magicien d'oz. Ca s'adresse fortement au enfant mais la direction artisitique très expressionniste et graphique risque d'attirer le regard des plus grands. Les décors sont excellents, avec un esthétisme studio qui fait penser à du Tim Burton ou Henry Selick. C'est très bien mis en valeur avec de jolis cadres et quelques mouvements de caméra virtuose.
C'est très rudimentaire, mais à l'instar des costumes des créatures maléfiques bricolées et presque ridicules, leur impacts visuel est assez réussis et se raccroche immédiatement à des figures enfantines.
C'est assez génial tant que le film présente de nouveaux décors et personnages mais ça a un peu tendance à tourner en rond durant le dernier tiers dont les péripéties et l'univers n'apportent plus grand chose d'inédit, reproduisant même certains aventures deux fois (la graine attaquée par en-dessous).
C'est ce qui est étonnant, c'est que me film peut se voir comme un pur conte de fée pour enfant avec monstres, évasion, professeur loufoque, magie etc... comme il peut se voir comme un manifeste forcément communiste alors en guerre. Il y a vraiment pas mal de références : invasions extérieures, esclave devant s'affranchir de ses maîtres, valoriser la terre et ses racines, armes surpuissances...
Celà dit, ce n'est pas si prononcée et le film peut s'apprécier au premier degré, un peu comme le Baron de Munchhausen produit par la UFA.
Dernier détail curieux, Serguei Eisenstein est crédité pour avoir supervisé le projet. Je me demande quelle est sa part d'influence sur la réalisation. Reste que le premier tiers possède quelques cadrages et effets de lumières très travaillés qui pourraient porter sa trace. Mais ce n'est que de la pure spéculation.
Mashenka (Yuli Raizman - 1942)

La jeune Mashenka, fonctionnaire dans un service de télégraphe, rencontre un chauffeur de taxi. Amoureux l'un de l'autre, ils ne l'osent se l'avouer ce qui créent plusieur malentendus d'autant que la guerre approche.
Encore une superbe découverte que ce mélodrame dont la première moitié est un petit miracle de justesse et de sensibilité, portée par une Valentina Karavayeva rayonnante et radieuse dans le rôle principale. La relation entre les deux personnages centraux est très belle, pleine de délicatesse, d'observation et d'une pudeur contenue.
On vibre en même temps que ces derniers quand ils apprennent à se connaître et que leur timidité enfouisse leur sentiments pour mieux développer une complicité. Le film possède une poésie et une douceur (un peu idéalisée dans l'attachement "noble" de tous les hommes envers Mashenka) qui réchauffent immédiatement le cœur.
Si les acteurs y sont pour beaucoup, Yuli Raizman à la réalisation mérite d'être loué pour son aisance à rendre son film extrêmement vivant par sa capacité à réussir les scènes de groupe. L'effervescence autour de bureau où travaille l'héroïne est particulièrement brillante comme le sont les séquences dans le foyer pour hommes, la soirée où les amoureux se brouille ou encore la taverne sur le front. Il parvient ainsi à à créer un pleine proximité avec ses personnages et rendre existant tous les seconds rôles.
L'alchimie du film se construit ainsi dans l'alternance des scènes en tête à tête et les moments où ils sont noyés dans la foule, devant changer leur comportement quitte à emprunter une posture qui contredisent leur sentiment.
Ainsi la seconde moitié qui se déroule durant la guerre évite en bonne partie les situations conventionnelles du mélodrame et du film de propagande en restant centré sur des figures humaines, loin des champs de bataille, des ennemis (invisibles) et autres sacrifices. On regrette presque que certaines péripéties ne soient pas plus développés tant leurs potentiels ne manquent pas de magie à l'instar de cette lettre que les soldats apprennent par cœurs et se transmettent à tour de rôle en espérant qu'elle croisera son destinataire ou Mashenka finissant par devenir presque une icône populaire. De jolies idées qui résument bien l'humanisme du scénario et du cinéaste, mais un peu écourtée voire précipitée du dernier tiers ; sans doute à cause de la guerre elle-même et des conditions de tour puisque le film ne dure qu'une 1h15.