Peter Weir

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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G.T.O
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Re: Peter Weir

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Fearless

Redécouverte de ce grand film orphelin des années 90, au sein d’une filmographie elle-même mésestimée. Moins médiatisé que son acolyte George Miller, Weir reste un cas de réalisateur bizarrement oublié, souffrant d’une trop grande discrétion stylistique. On ne sait si de son style diffus extrêmement fluide, perceptif, refusant les effets, ou de son attachement à une forme de narration classique, est l’obstacle majeur à une reconnaissance plus grande.

Parmi les plus grandes réussites les moins connues de Peter Weir, il y a donc le cas du film, Fearless (Etat Second). Film sorti dans l’anonymat de l’année 1993, méditation étrange ur la décade, qui, déclinant la figure du héros weirien du poisson hors de l’eau, en décalage avec son environnement, doté d’un casting prestigieux (Jeff Bridges, Rosie Perez, Isabella Rossellini, John Turturro, Tom Hulce, Benicio Del Toro, excusez du peu ! ) se glisse dans l’esthétique glacée des années 90, et des valeurs matérialistes de l’american way of life, pour y faire jaillir, à travers l’histoire de ce personnage en crise, la possibilité d’un mode de vie alternatif, fondée sur l’authenticité et une liberté retrouvée. Un contre mythologie.

De cette liberté retrouvée lors du crash, consistant en une certaine attitude face à la mort, va naitre la nouvelle conscience de Max. Une sorte de névrose qui, jugeant du confort de sa vie, va l’en éloigner. La fiction névrotique de cet illuminé permet à Weir de faire procès à l’american way of life, à ses valeurs; à son matérialisme notamment auquel s'oppose la spiritualité de Max. Il y a un "manque à vivre", un oubli à vivre. Aussi l'événement du crash ramène t-il Max à l'essentiel, à rebours de cet endormissement; l'avion n'étant que la métaphore de la vie moderne. Le fait d'oublier de vivre revenant alors à oublier de se remémorer la scène de l'accident. Rarement un film n'aura fait du souvenir une question de vie ou de mort, réaffirmant, dans un final aussi beau que tétanisant, un magnifique "Je me souviens"que "je vis" .
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Alexandre Angel
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Re: Peter Weir

Message par Alexandre Angel »

G.T.O a écrit :Moins médiatisé que son acolyte George Miller
...qui sortira un an plus tard un tout aussi méconnu Lorenzo, avec Nick Nolte et Susan Sarandon.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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G.T.O
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Re: Peter Weir

Message par G.T.O »

Alexandre Angel a écrit :
G.T.O a écrit :Moins médiatisé que son acolyte George Miller
...qui sortira un an plus tard un tout aussi méconnu Lorenzo, avec Nick Nolte et Susan Sarandon.
Exact. Assez méconnu ce Lorenzo. Très beau film, assez dur à regarder.
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Supfiction
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Re: Peter Weir

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
G.T.O a écrit :Moins médiatisé que son acolyte George Miller
...qui sortira un an plus tard un tout aussi méconnu Lorenzo, avec Nick Nolte et Susan Sarandon.
Question de périodes. Du milieu des années 80 jusqu’aux années 2000, il me semble que Peter Weir avait bien davantage la cote que George Miller.
Mais depuis le délire collectif sur Fury Road forcément..
mannhunter
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Re: Peter Weir

Message par mannhunter »

Supfiction a écrit :
Alexandre Angel a écrit : ...qui sortira un an plus tard un tout aussi méconnu Lorenzo, avec Nick Nolte et Susan Sarandon.
Question de périodes. Du milieu des années 80 jusqu’aux années 2000, il me semble que Peter Weir avait bien davantage la cote que George Miller.
Pour "Witness" "Le cercle" "Truman show" ok mais pas sûr que "Mosquito Coast" "Fearless" "Les chemins de la liberté" voire "Master and commander" aient été si soutenus par la presse ici, sans parler de leur échecs commerciaux.
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Alexandre Angel
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Re: Peter Weir

Message par Alexandre Angel »

mannhunter a écrit :voire "Master and commander"
C'est peut-être le seul, des derniers cités, qui ait eu un accueil critique favorable assez unanime, je crois me souvenir.
En tout cas, je sais pas ce qu'il m'a fait ce film, mais je l'adore!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Major Tom
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Re: Peter Weir

Message par Major Tom »

Vous voulez voir une guillotine à Piccadilly ?
- NOOOON !
Vous voulez que Napoléon soit votre roi ?
- NOOOOON !
Que vos enfants chantent la Marseillaise ?
- NOOOOOOON !


:mrgreen:

Dans les années 80/90, je confirme, Weir restait laaaargement plus connu et crédible que George Miller. Il n'a jamais été été une grande star non plus bien sûr, mais son Cercle des poètes disparus, en dépit de son propos niais et simpliste (si on accepte les cédilles/accents, l'anagramme de "carpe diem" donne "ça déprime" :fiou:), lui a au moins accordé une certaine popularité quand même. Ses films, y compris les échecs publics comme Mosquito Coast, passaient en première partie des soirées Whirlpool. J'ai même eu un cours dédié intégralement à Witness aux Beaux-arts (je n'ai pas fait d'école de cinéma mais j'avais des cours de filmologie portés en majorité sur des films relativement peu méconnus, et que je connaissais déjà, mais bon).

C'est aujourd'hui que Weir sombre injustement dans l'oubli alors que Miller éclate grâce à Fury Road.
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Boubakar
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Re: Peter Weir

Message par Boubakar »

G.T.O a écrit :
Alexandre Angel a écrit : ...qui sortira un an plus tard un tout aussi méconnu Lorenzo, avec Nick Nolte et Susan Sarandon.
Exact. Assez méconnu ce Lorenzo. Très beau film, assez dur à regarder.
Qui sortira en Avril en blu-ray chez Elephant ; j'ai hâte de le revoir :) !
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G.T.O
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Re: Peter Weir

Message par G.T.O »

Major Tom a écrit : Dans les années 80/90, je confirme, s'il n'était pas non plus célèbre, Weir restait laaaargement plus connu et crédible que George Miller. J'ai même eu un cours dédié à Witness aux Beaux-arts (je n'ai pas fait d'école de cinéma mais j'avais des cours de filmologie portés en majorité sur des films relativement peu méconnus).

Aujourd'hui, Weir sombre injustement dans l'oubli alors que Miller a éclaté grâce à Fury Road.
Doublement injuste: à la fois pour Weir bien sûr, mais aussi pour Miller, réduit à Fury Road petit arbuste qui fait oublier les superbe Lorenzo ou Babe 2. Mais de manière générale, je trouve Miller beaucoup moins éclectique que Weir, disposant d’une filmographie moins intéressante.
Miller, ça restera les 4 Mad Max, Babe 2, Lorenzo, Les Sorcières d’Eastwick, Happy Feet 1&2. Weir, c’est Les Voitures ont mangé Paris, Picnic à Hangking Rock, La Dernière Vague, Gallipoli, l’année de tous les dangers, Witness, Mosquito Coast, Le Cercle des poètes disparus, Green Card, Fearless, Truman Show, Master and Commander et les Chemins de la liberté.
La comparaison parle d’elle-même. La mode n’est jamais bonne conseillère en matière de goût cinématographique.
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Alexandre Angel
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Re: Peter Weir

Message par Alexandre Angel »

Major Tom a écrit :Vous voulez voir une guillotine à Piccadilly ?
- NOOOON !
Vous voulez que Napoléon soit votre roi ?
- NOOOOON !
Que vos enfants chantent la Marseillaise ?
- NOOOOOOON !


:mrgreen:
Il faut savoir galvaniser ses hommes!
Rompez Major.
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Re: Peter Weir

Message par Major Tom »

G.T.O a écrit :les Chemins de la liberté.
Tiens c'est vrai, il faut que je le vois celui-là.

Et Lorenzo dont je viens de découvrir l'existence...
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Re: Peter Weir

Message par Rick Deckard »

Alexandre Angel a écrit :
mannhunter a écrit :voire "Master and commander"
C'est peut-être le seul, des derniers cités, qui ait eu un accueil critique favorable assez unanime, je crois me souvenir.
Il avait été descendu en flammes par Le masque et la plume. Avec toute leur mauvaise foi habituelle. Les français étant les méchants du film, ça leur avait pas plu. :roll:
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Re: Peter Weir

Message par Zelda Zonk »

Major Tom a écrit :
G.T.O a écrit :les Chemins de la liberté.
Tiens c'est vrai, il faut que je le vois celui-là.
Excellent film, dont je n'attendais pas grand chose et qui m'avait vraiment emballé à l'époque !

J'apprécie beaucoup Weir. Picnic à Hanging Rock est dans mon top 100, et je considère Witness et Master and Commander comme des grands films.

je dirais que si on fait abstraction des cinéphiles et qu'on interroge le grand public, il va ne citer sans doute qu'un seul film : Le cercle des poètes disparus (et éventuellement Truman Show)

Et il faut donc, pour ma part, que je découvre Fearless (État second est le titre français, il me semble, ce qui n'est d'ailleurs pas exactement pareil).

Merci G.T.O.
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Re: Peter Weir

Message par Watkinssien »

G.T.O a écrit :
Major Tom a écrit : Dans les années 80/90, je confirme, s'il n'était pas non plus célèbre, Weir restait laaaargement plus connu et crédible que George Miller. J'ai même eu un cours dédié à Witness aux Beaux-arts (je n'ai pas fait d'école de cinéma mais j'avais des cours de filmologie portés en majorité sur des films relativement peu méconnus).

Aujourd'hui, Weir sombre injustement dans l'oubli alors que Miller a éclaté grâce à Fury Road.
Doublement injuste: à la fois pour Weir bien sûr, mais aussi pour Miller, réduit à Fury Road petit arbuste qui fait oublier les superbe Lorenzo ou Babe 2. Mais de manière générale, je trouve Miller beaucoup moins éclectique que Weir, disposant d’une filmographie moins intéressante.
Miller, ça restera les 4 Mad Max, Babe 2, Lorenzo, Les Sorcières d’Eastwick, Happy Feet 1&2. Weir, c’est Les Voitures ont mangé Paris, Picnic à Hangking Rock, La Dernière Vague, Gallipoli, l’année de tous les dangers, Witness, Mosquito Coast, Le Cercle des poètes disparus, Green Card, Fearless, Truman Show, Master and Commander et les Chemins de la liberté.
La comparaison parle d’elle-même. La mode n’est jamais bonne conseillère en matière de goût cinématographique.
George Miller, il n'a rien demandé, hein! :mrgreen: Mad Max: Fury Road petit arbuste, non mais n'importe quoi! :wink: 8)

Peter Weir est un des plus grands cinéastes issus des années 70, sa filmographie est sacrément passionnante, il y a une élégance, une sophistication, une érudition remarquables. La plupart des collaborateurs qui parlent de Weir le mentionnent souvent comme un cinéaste-professeur. Son cinéma est tout sauf didactique, mais pendant le tournage, Weir est connu pour palabrer sur le sens de ce qu'il filme pour partir dans des cours magistraux sur l'art, la société, l'Histoire, la géographie, la logistique. Et en un sens, c'est ce qui rend ses films intrigants, car nous ressentons une vraie intelligence du propos sans nous marteler de pédanterie.
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mannhunter
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Re: Peter Weir

Message par mannhunter »

G.T.O a écrit :La mode n’est jamais bonne conseillère en matière de goût cinématographique.
Rick Deckard a écrit :
Alexandre Angel a écrit : C'est peut-être le seul, des derniers cités, qui ait eu un accueil critique favorable assez unanime, je crois me souvenir.
Il avait été descendu en flammes par Le masque et la plume. Avec toute leur mauvaise foi habituelle. Les français étant les méchants du film, ça leur avait pas plu. :roll:
Voilà, sans parler de son échec commercial...heureusement il lui reste au moins un inconditionnel de longue date à Weir :) qui s'étonnait à l'époque de l'accueil critique français juste poli de "Master and commander" et donc, dans cette vidéo, à partir de 1h17, de l'oubli concernant également "l'année de tous les dangers"..."Peter Weir n'est pas plébiscité comme il devrait l'être"...:

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