Quelque chose en effet empêche ce film de "prendre" réellement même s'il est très bon, parfois excellent - et très cruel, peut-être trop. Ce qui gêne, c'est le portrait du groupe de jeunes en question : ils sont pleins de vie mais je ne vois pas quel spectateur peut les prendre en réelle sympathie ne serait-ce que quelques instants. Et pour cause, à de rares instants près ces gamins sont exécrables : tout dans leur façon d'être respire la morgue satisfaite - que ce soit leur arrogance nonchalante à l'égard des adultes, leur totale insouciance, la beauté physique soigneusement entretenue de chacun d'eux, leur cynisme, leur versatilité de caractère tranquillement assumée voire recherchée, leur culture et enfin cette manière typiquement germanopratine de s'écouter baîller ("et si j'allais combattre auprès de Castro?" murmure l'une des filles avant d'aller cuver sa cuite). On l'a compris, ce n'est pas précisément le monde de Pialat ni même celui de Rohmer, mais le tableau des manières d'une toute autre classe sociale : la haute bourgeoisie. Ce qui me permet une remarque à l'égard de la chronique par ailleurs excellente de Profondo Rosso : je doute fort que ces jeunes-là soient le simple produit de l'euphorie liée au boom économique, ce sont d'abord des enfants gâtés comme on peut en voir aussi dans la petite fiesta des Tontons Flingueurs, et qui méritent d'abord un bon coup de pied aux fesses (et, pourquoi pas, une bonne guerre !)dans le topic Ugo Tognazzi, Jeremy Fox a écrit :Si le film se suit sans déplaisir grâce surtout à un génial et très drôle Tognazzi (pléonasme) en ingénieur macho, je n'ai ressenti aucune empathie pour ces jeunes oisifs pas même pour Catherine Spaak sauf à quelques rares moments comme lors d'une magnifique séquence de slow ; et pourtant je suis très friand des films sur la jeunesse. Mais là je ne les ai que rarement senti exister comme s'ils n'avaient pas eu d'autres fonctions que de s'amuser au dépens de leur aîné. Superbe 10 minutes finales, plus amères et très touchantes. Dommage que le film ne m'ait pas plus profondément happé avant ça.Jeremy Fox a écrit :Elle est terrible de Luciano Salce par Justin Kwedi. Un film sorti en DVD chez SNC/M6 Video.
Bien alléchant comme film, surtout pour quelqu'un comme moi qui ai toujours eu un faible pour Catherine Spaak.
Des gens à baffer au cinéma, ce n'est pas ce qui manque ni n'empêche les grandes oeuvres pourvu que l'on surmonte ses appréhensions. Le problème ici, c'est que le réalisateur semble vouloir travestir cette appartenance sociale en inscrivant le portrait de ce petit groupe jovial dans la ferveur de l'été et en leur ôtant l'argent nécessaire pour acheter de l'essence et une bouteille de whisky (ce qu'ils demanderont au brave ingénieur), comme si leur bohème pouvait être celle de n'importe qui... Cela fausse le sens du film à mon avis, car dès lors ce n'est plus à la seule jeunesse que se heurte le personnage d'Ugo Tognazzi, mais à une génération un rien désabusée typique de ce début des années 60, et qui nargue en lui avec raison le vieux beau, mais aussi le laborieux et le bourgeois de condition sans doute inférieure.
Soit trois sujets différents les uns des autres : la jalousie du barbon (que Risi reprend dans "Dernier amour", bien plus réussi), le conflit de deux générations, et enfin, le petit bourgeois humilié par les grands. Cela fait beaucoup pour 1h45.