Jacques Rozier

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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NotBillyTheKid
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Re: Jacques Rozier

Message par NotBillyTheKid »

Tu as vu Les naufragés de l'ile de la tortue ? De loin, mon préféré dans le coffret. Les accusations "d'amateurisme" tombent devant la beauté des cadrages, etc.
Le court "rentrée des classes" est parfait également.
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Flol
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Re: Jacques Rozier

Message par Flol »

Soirée Jacques Rozier ce dimanche 3 février sur Cine+ Star :
20h45 : Adieu Philippine
22h35 : Du côté d'Orouet
1h10 : Les Naufragés de l'Île de la Tortue

Et c'est plutôt cool, je vais enfin pouvoir découvrir ces films.
Amarcord
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Re: Jacques Rozier

Message par Amarcord »

Si tu accroches à ces films-là (surtout les incroyables Naufragés de l'Île de la Tortue et Du côté d'Orouet), alors tu pourras, sur ta lancée, voir (et aimer ?) les premiers films du pote de Rozier (Pascal Thomas), avec lequel Rozier partage (sur le fond) une certaine aptitude à capter le temps (qu'il soit suspendu ou qu'il passe) au sens large... la vacance, en quelque sorte. Même si, sur la forme, c'est sans doute plus ramassé chez Thomas. Il y a davantage un côté "chemin de traverse" chez Rozier (qui peut rebuter), qui personnellement, me convient (et convainc) plus, un peu dans le style de ce que j'adore retrouver chez mon cher Rivette.
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Flol
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Re: Jacques Rozier

Message par Flol »

C'est marrant, parce qu'il y a quelques années, je confondais justement les 2.
En tout cas, je découvrirai plus vite Rozier que Thomas. Et il me tarde de voir ça.
bruce randylan
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Re: Jacques Rozier

Message par bruce randylan »

Le court-métrage Dans le Vent dispo pendant une semaine :wink:
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Thaddeus
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Re: Jacques Rozier

Message par Thaddeus »

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Adieu Philippine
Nous sommes en 1962. Michel est stagiaire à l’ORTF et s’apprête à effectuer son service militaire en Algérie. Son ami Dédé en revient, taiseux, la mine assombrie, conscient que nul ne saurait comprendre son expérience. Sans jamais éluder cette toile de fond menaçante, Rozier prend la tangente et suit les pas de son protagoniste, accompagné des deux donzelles qui se sont entichées de lui, dans une ultime virée insouciante, en attendant la mobilisation. Toute son entreprise vise à capter, avec une attention vériste et poétique à la fois, les gestes et les mots du quotidien, dans leur volatilité et leur beauté la plus éphémère : sauterie yé-yé dans la chaleur du soir, chamailleries incongrues et promenades ensoleillées sur les routes et les plages de Corse. Un instantané précis de la France de l’époque. 4/6

Du côté d’Orouët
C’est sur la côte vendéenne et les gloussements intarissables de trois copines pétillantes de vitalité, bientôt rejointes par un grand nigaud attachant emmanché d’un long cou (Bernard Menez, génial), que Rozier construit ce délicieux et intime carnet de vacances. L’improvisation contrôlée, la création de personnages en état de disponibilité totale, la confiance en l’allongement des séquences au gré des accidents de tournage fournit au film ses éclats de rire homériques, ses engueulades impromptues, ses moments de creux, sa détresse passagère qui finit par affleurer sous la bonne humeur, lorsque l’on prend conscience de l’été qui s’achève, de la solitude qui ne dit pas son nom ou des blessures passagères du cœur. On en sort heureux et mélancolique à la fois, les joues ensablées et les narines perlées d’embruns. 5/6
Top 10 Année 1971

Les naufragés de l’île de la Tortue
Les vacances, encore et toujours. Mais c’est dans un imaginaire de bacs à sable que le cinéaste nous convie cette fois. Le secret précieux de Rozier est de traiter le burlesque avec la plus grande rigueur et un sens du détail infaillible, en l’habillant des couleurs de l’enfance en retour et du plaisir du jeu, dans ce qu’il a de plus lunaire et de plus mythomane. Pierre Richard, organisateur dépassé d’une aventure ubuesque qui vire très vite à la douce mutinerie, saborde allégrement cette équipée insensée, où chaque péripétie est traitée en épopée drolatique : d’une folle liberté, le film enchante par ses égarements, son excentricité, son éloge de l’inattendu et de la bifurcation intempestive. A la fin, heureux le spectateur qui, comme Bonaventure, Petit Nono et toute leur colonie de Robinsons en herbe, aura fait un bien beau voyage. 5/6
Top 10 Année 1976

Maine Océan
On retrouve la même poétique dans cette nouvelle échappée buissonnière : l’art du décalage azimuté, le goût des alliages insolites, le don inné pour croquer des portraits hauts en couleur dont l’incroyable fantaisie semble façonnée dans le quotidien le plus prosaïque… Difficile de décrire par des mots ce ton tendre et loufoque, cette philosophie de la joie de vivre qui sont ceux de Rozier : pour le comprendre, il faut avoir été témoin des prises de bec entre une Brésilienne, une avocate maladroite et des contrôleurs de la SNCF tatillons, avoir vu notre héros échoué dans un banc de sable, une valise à la main et de l’eau jusqu’en haut des bottes, tandis qu’il s’échine de rejoindre son train, ou avoir été saisi par cette euphorie passagère, lorsque dans une salle municipale toute la troupe s’accorde, heureuse d’être ensemble, et improvise une samba enguirlandée. Le bonheur, quoi. 5/6
Top 10 Année 1986


Mon top :

1. Du côté d’Orouët (1971)
2. Maine Océan (1986)
3. Les naufragés de l’île de la Tortue (1976)
4. Adieu Philippine (1962)

Auteur à la personnalité unique, inventeur d’un comique de situation et du comportement mû par une tendresse profonde pour ceux qu’il filme, Rozier a développé un cinéma de l’évasion, de la fantaisie, de l’insolite, en puisant dans le quotidien le plus banal mille raisons de s’en émerveiller.
Cinéfil31
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Re: Jacques Rozier

Message par Cinéfil31 »

Je viens enfin de découvrir Adieu Philippine. Je me promettais de voir ce film depuis la sortie du coffret Jacques Rozier en 2008... L'article de Phylute le défend très bien et avec talent. Après visionnage cependant, je reste mitigé : le début est vraiment enlevé et plaisant, avec en arrière-plan une présentation du petit monde de la télévision et de la publicité assez savoureuse. Voir Jean-Christophe Averty en action, piquer ses crises de colère tant redoutées, n'a pas de prix [petite parenthèse à ce propos : le nom exact de l'émission dont nous voyons le tournage est "JAzz Memories" :wink: ]. Le côté "documentaire" du film, témoignage d'une époque et d'une mentalité, et le comique burlesque de Rozier, jouent en sa faveur.
En revanche, j'ai regretté comme d'autres forumeurs certaines baisses de régime dans la seconde partie, après le départ pour la Corse, et pour moi aussi, le personnage de Michel est parfois assez agaçant, voire antipathique par moments. La fin est heureusement plus réussie. Je m'étonne par ailleurs qu'aucun des jeunes comédiens débutants n'ait poursuivi sa carrière sur grand écran.
7swans
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Re: Jacques Rozier

Message par 7swans »

Blue Jeans, court métrage de Jacques Rozier de 1957 a été restauré et est visible gratuitement sur Henri (la plateforme de La Cinémathèque) :
https://www.cinematheque.fr/henri/film/ ... zier-1957/

L'occasion de refaire un tour sur les lieux du tournage :
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
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Heliurl
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Re: Jacques Rozier

Message par Heliurl »

Ayant vu et étant tombée sous le charme "Du côté d'Orouët" notamment pour le personnage de jeune homme maladroit en diable et souvent à côté de la plaque interprété par le légendaire Bernard Menez, je me faisais une joie de découvrir "Maine Océan".
C'est chose faite et je suis moins enthousiaste. Sans doute car je m'identifie moins aux personnages mais aussi les envolées du marin-pêcheur Petitgas sont à la limite de l'audible, du compréhensible et oui on rit de bon coeur mais à force on se laisse ...
Après faire une comédie de ce genre dans le marasme hexagonal de l'époque, on ne peut que saluer l'initiative !

Mes aventures avec Rozier ne s'arrêtent pas là, "Adieu Philippine" et "Les Naufragés de l'île de la tortue" m'attendent :)
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Flol
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Re: Jacques Rozier

Message par Flol »

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Maine-Océan (Jacques Rozier - 1986)

C'est un peu long, tout de même. Quasiment 2h10 pour ça, oui on peut le dire : c'est un chouïa long.
Après, on est chez Rozier. Donc on y est bien, auprès de ces personnages attachants (le duo Bernard Menez/Luis Rego est évidemment génial). Mais Rozier aime teeeeeeeeeellement étirer ses scènes jusqu'à plus soif, qu'au bout d'un moment, la fraîcheur et la spontanéité qui s'en dégageaient au préalable se mettent petit à petit à disparaitre.

La longue séquence musicale est à ce titre particulièrement révélatrice : au début on se prend au jeu, on a le sourire aux lèvres en voyant cette bande hétéroclite chanter et danser sur des airs brésiliens...et puis au bout de la 12ème minute, on commence un peu à en avoir marre (sans parler d'un léger malaise) de voir Bernard Menez se déhancher n'importe comment et maladroitement sur des airs de salsa.
Même chose sur la loooooooonnnnnnngue séquence finale voyant le personnage de Bernard Menez (encore lui) tenter de regagner Nantes via différents moyens de transport. C'est rigolo au début, mais était-ce bien utile de faire durer tout ça à peu près 20 minutes ? Je ne pense pas.

Mais donc ça reste du Rozier, alors on apprécie tout de même le voyage ; mais il aurait simplement mérité d'être un poil plus concis.
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Alexandre Angel
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Re: Jacques Rozier

Message par Alexandre Angel »

Flol a écrit : 10 nov. 23, 16:50 Image
Maine-Océan (Jacques Rozier - 1986)

C'est un peu long, tout de même. Quasiment 2h10 pour ça, oui on peut le dire : c'est un chouïa long.
Après, on est chez Rozier. Donc on y est bien, auprès de ces personnages attachants (le duo Bernard Menez/Luis Rego est évidemment génial). Mais Rozier aime teeeeeeeeeellement étirer ses scènes jusqu'à plus soif, qu'au bout d'un moment, la fraîcheur et la spontanéité qui s'en dégageaient au préalable se mettent petit à petit à disparaitre.

La longue séquence musicale est à ce titre particulièrement révélatrice : au début on se prend au jeu, on a le sourire aux lèvres en voyant cette bande hétéroclite chanter et danser sur des airs brésiliens...et puis au bout de la 12ème minute, on commence un peu à en avoir marre (sans parler d'un léger malaise) de voir Bernard Menez se déhancher n'importe comment et maladroitement sur des airs de salsa.
Même chose sur la loooooooonnnnnnngue séquence finale voyant le personnage de Bernard Menez (encore lui) tenter de regagner Nantes via différents moyens de transport. C'est rigolo au début, mais était-ce bien utile de faire durer tout ça à peu près 20 minutes ? Je ne pense pas.

Mais donc ça reste du Rozier, alors on apprécie tout de même le voyage ; mais il aurait simplement mérité d'être un poil plus concis.
Mais ça revient à faire les mêmes reproches à John Cassavetes (le Cassavetes de Husbands). Ou peut-être à Kechiche (le Kechiche de La Graine et le Mulet) Ce sont des cinéastes de la dilatation du temps exercée comme une sorte d'hypnose.
La longue scène où Menez essaie de regagner Nantes se justifie par le fait que le spectateur ressent, comme dans certains rêves (pas forcément des cauchemars) où on arrive jamais à destination tellement on se paume, tellement tout se brouille, il ressent, donc, la loose poétique du personnage, soumis à une espèce d'errance incontrôlable, comme un courant marin qui le dévierait de sa trajectoire.

Dans mon souvenir, c'était un vrai sentiment de cinéma, une expérience de spectateur : ce moment était à la fois stressant et en même temps, délicieusement poétique, rêveur.
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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Jacques Rozier

Message par Flol »

Alexandre Angel a écrit : 10 nov. 23, 17:05 Mais ça revient à faire les mêmes reproches à John Cassavetes (le Cassavetes de Husbands).
Alors je ne sais pas si tu te souviens...mais j'avais fait exactement le même reproche au Husbands de Cassavetes. :mrgreen:
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Re: Jacques Rozier

Message par Alexandre Angel »

Oui, maintenant que tu le dis :lol:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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