Phnom&Penh a écrit :Farnaby a écrit : mais disons que dans le contexte actuel, et moi-même vieillissant, j’en arrive de plus en plus à seulement me poser cette question-là : y -a-t-il un homme derrière l’écran ? Ou plus exactement : le film que je vois laisse-t-il deviner un homme ? Pas ses idées, son discours, ses pensées, sa vie etc. non, seulement son souffle, sa voix, sa présence.
Il est arrivé dans le cinéma avec
Reservoir Dogs, qui est le seul film que je n'aime pas, à la Thaddeus. Je le trouve hyper violent et gratuit. Je trouve qu'il joue son talent naissant et évident dans une violence exacerbée et pas si fun, ni cool.
Pour l'homme derrière l'écran, je trouve que le meilleur à découvrir c'est
Pulp Fiction. D'abord, c'est une grande palme d'or et un classique. Donc, sur le plan cinéphile, il faut l'avoir vu. C'est quelqu'un qui est nourri de cinéma de genre, mais qui a découvert de la même façon Godard, la nouvelle vague. Le gros truc de Pulp Fiction (et c'est plus un spoiler aujourd'hui), c'est que le film est découpé en séquences non-chronologiques à reconstituer toi-même pour les remettre dans l'ordre.
On a commencé à gloser sur son aspect post-moderne à partir de là. Comme pour le cinéma de genre, il ne faisait, sans prétention aucune, que reprendre un truc qu'il avait vu dans certains films pas si nombreux.
Comme le film ne respecte pas la chronologie, il repose sur un sens du rythme à crever, des scènes cultes et des dialogues bien construits mais pas intellos. Et, Tarantino est un grand putassier mais super talentueux: il fait danser Travolta sur une musique désuète...mais Travolta danse super bien et il était à l'époque totalement has-been, il invente presque le Bruce Willis d'
Incassable, indestructible mais has-been, il faut respecter sa culture "It's a chopper, baby!" et finalement super-héros, en tout cas pour celui qu'il sauve, il sait faire de la violence hors-champ ("Middle-Age"), et de la violence débile (la voiture à nettoyer avec les tueurs en bermuda à la fin).
Et le début du film...Surtout ne vois pas ça sans pouvoir mettre le son à bon niveau.
Après,
Jacky Brown, je suis d'accord avec ceux qui le mettent en chef d'oeuvre, mais ça se voit mieux quand on connaît un peu son cinéma grâce à
Pulp Fiction.
Parce que si tu veux aimer l'homme (discret sur sa vie, discours et pensées pas toujours de haut niveau sauf quand il parle seulement de cinéma), son souffle, sa voix, sa présence...C'est sa palme d'or à Cannes, à laquelle il ne s'attendait pas (grosse concurrence), remise par Clint Eastwood en 1994, quand il a dit à Gille Jacob...(je n'étais pas là mais j'imagine son souffle, sa voix): "Tu m'as fait gagner dix ans de ma vie".
Vanity Fair retrace sa genèse et s’interroge : « Comment Quentin Tarantino, ex-employé de vidéo-club en échec scolaire, a-t-il changé la face du cinéma moderne ? »
On s'en fout. S'il a gagné dix ans de sa vie ce jour là, ce n'est pas pour le fric (que je lui souhaite bon à prendre) mais parce qu'il savait qu'il allait pouvoir filmer, financièrement, avec dix ans d'avance.
Donc,
Pulp Fiction et
Jacky Brown, mais à mon avis, dans l'ordre. Pour le reste, c'est toujours de très bon niveau cinématographique mais tu te feras ta propre idée.
Je te souhaite bonne route, mais n'oublies-pas "It's a chopper, baby!"
Farnaby a écrit :J’ai un peu peur de ne pas trouver le même carburant dans ses autres films.
On peut aimer ou ne pas aimer Tarantino, mais le manque de carburant n'est pas vraiment le problème