Mais bien sûr. D'où les questions fondamentales : quelle est la fonction du cinéma ? Que peut-on faire avec lui ? Doit-il s'octroyer des limites morales et refléter l'idéologie profonde du cinéaste, ou est-ce un espace de pure déréalisation où la libération et l'expression de tous les instincts, même les pires, seraient permis ? Peut-on jouir ce ceux-ci ? Si l'on peut jouir d'une vengeance au cinéma sous prétexte que c'est de la fiction, une exégèse suffisamment distanciée, alors peut-on jouir, pour les même raisons, d'un propos raciste, sexiste, homophobe ? Etc.Alexandre Angel a écrit :Quand il dit ça, il ne parle que cinéma (il n'idéologise pas)
Des réponses à ces questions dépendent la réception que chacun a des films de Tarantino. Après 23.751 pages de débat, ici ou ailleurs, avec les admirateurs de QT, j'ai compris que les miennes sont diamétralement opposées aux leurs.
Et moi je trouve cette scène remarquable, très mature, très responsable. Au contraire de celles des autres qui me donnent la nausée (dans les trois films que j'incrimine), non pour leur contenu mais pour le regard de metteur en scène qui les structure (cette précision est très importante), elle ne cherche jamais la jouissance et la connivence du spectateur, en plus d'être rejetée hors champ. La violence est monstrueuse, pénible, on l'éprouve abominablement. Voilà une séquence sous-tendue par une position morale inattaquable.le coup de l'oreille coupée de Reservoir Dogs, que j'avais trouvé infect à l'époque.
Comme quoi.
Il a lâché l'affaire car il est plus raisonnable que moi. Et je crois aussi qu'il est beaucoup moins épidermique sur la question.Jack Carter a écrit :Et Demi-Lune, il est où ?