Dans le fond ça ne m'étonne pas vraiment. Sous couvert de clin d’œils au cinéma bis, de scènes cultes, de musique populaire et de punchline, Tarantino est à mon sens un cinéaste radicale, et la forme de son cinéma est bien plus proche d'un Godard dopé aux hormones (influence revendiquée d'ailleurs, et bien plus nette que celle des films de série B auquel il ne fait que des références superficielles) que d'autre chose. Et à cinéma tranché, avis tranchés et réactions épidermiques, dans un sens comme dans l'autre. J'ai d'ailleurs toujours été surpris du succès de Tarantino auprès du public français notamment, pour moi son cinéma est un truc un peu bizarre, qui doit génerer autant de fascination que de rejet.Alexandre Angel a écrit :Ce qui me rend dingue (et m'amuse aussi un peu quelque part) est que chacun donne dans l'épidermique concernant Tarantino
Quentin Tarantino
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24077
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: Top Quentin Tarantino
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 13985
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: Top Quentin Tarantino
Mais ce qui est fou, c'est que ça touche la sphère hors critique presse, comme ici par exemple.Rick Blaine a écrit : Dans le fond ça ne m'étonne pas vraiment. Sous couvert de clin d’œils au cinéma bis, de scènes cultes, de musique populaire et de punchline, Tarantino est à mon sens un cinéaste radicale, et la forme de son cinéma est bien plus proche d'un Godard dopé aux hormones (influence revendiquée d'ailleurs, et bien plus nette que celle des films de série B auquel il ne fait que des références superficielles) que d'autre chose. Et à cinéma tranché, avis tranchés et réactions épidermiques, dans un sens comme dans l'autre. J'ai d'ailleurs toujours été surpris du succès de Tarantino auprès du public français notamment, pour moi son cinéma est un truc un peu bizarre, qui doit génerer autant de fascination que de rejet.
El Dadal dit que le meilleur, c'est Deathproof et le pire, Django Unchained.
Je deviens fou : Django Unchained est le Tarantino qui a reçu le plus d'éloges chaleureuses de la critique française de toute la filmo. Les expressions comme "grand film", "grand art", "grand cinéma" se bousculent au portillon. Jean-Baptiste Thoret parle d'"alignement des planètes".
Alors on a le droit de pas être d'accord, mais la question n'est pas là.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
- Thaddeus
- Ewok on the wild side
- Messages : 6143
- Inscription : 16 févr. 07, 22:49
- Localisation : 1612 Havenhurst
Re: Top Quentin Tarantino
Moi ce que je trouve un peu surprenant, c'est de considérer Tarantino comme un cinéaste clivant qui ne susciterait que des réactions radicales alors qu'il est sans doute le plus désiré au monde. Pour le quidam qui s'intéresse un peu au cinéma, Tarantino est une superstar, peut-être le seul à créer l'événement à chaque film. Il rassemble toutes les générations, toutes les sensibilités, toutes les mouvances, depuis le théoricien capable de faire des thèses sur son cinéma ("Evolutions et variations de la fonction catharto-rétributrice de l'image soumise au régime de l'Histoire") jusqu'au djeun' de quinze ans qui va se précipiter en salles à la dernière sortie ("T'as vu y'a le nouveau QT, trop bon ! Ça fait des semaines que je me mate la bande-annonce en boucle !"). Avec Nolan et Fincher (et encore...), Tarantino est LE dieu indétrônable des jeunes cinéphiles depuis vingt ans. On ne parle pas d'un réalisateur au style, au tempérament et à l'approche si déroutants, si audacieux qu'il ne pourrait provoquer que des réactions extrêmes. On parle du réalisateur en activité le plus populaire et le plus célèbre du monde.
Dernière modification par Thaddeus le 8 août 19, 16:03, modifié 1 fois.
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 13985
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: Top Quentin Tarantino
C'est moi!!Thaddeus a écrit :("T'as vu y'a le nouveau QT, trop bon ! Ça fait des semaines que je me mate la bande-annonce en boucle !").
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
- Thaddeus
- Ewok on the wild side
- Messages : 6143
- Inscription : 16 févr. 07, 22:49
- Localisation : 1612 Havenhurst
Re: Top Quentin Tarantino
Je ne suis pas sûr d'être d'accord avec ça. L'accueil d'un Jackie Brown, par exemple, était au moins aussi enthousiaste. Ne serait-ce qu'à l'analyse des tops de fin d'année.Alexandre Angel a écrit :Je deviens fou : Django Unchained est le Tarantino qui a reçu le plus d'éloges chaleureuses de la critique française de toute la filmo.
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 13985
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: Top Quentin Tarantino
Vérifie.Thaddeus a écrit :Je ne suis pas sûr d'être d'accord avec ça.
Les tops sont une chose, la nature des termes employés en est une autre (cela dit , Jackie Brown a été très très apprécié à l'époque).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
-
- Nuits de Sheen...
- Messages : 7694
- Inscription : 17 févr. 06, 18:50
Re: Top Quentin Tarantino
Cool que tu mentionnes son pote de vidéo club, c'est justement ce que j'appelle la "période Avary" (ma préférée, donc) de Tarantino, avant la "période Rodriguez" et encore avant la "période Roth", etc...El Dadal a écrit :Idem, le meilleur, et de loin. Roger Avary affirme que de larges sections de Reservoir Dogs, Pulp Fiction, True Romance et Tueurs-Nés proviennent de leur ébauche The Open Road, et que Tarantino a fait le dispatch.7swans a écrit :Il fait partie de la bonne période Tarantino (pour moi), qui court de 92 à 97 (incluant les scenars de True Romance et From Dusk Till Dawn). La suite m'intéresse moins...
J'ai retrouvé ce que Avary disait de leurs collaborations sur son ancien site web :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
- Thaddeus
- Ewok on the wild side
- Messages : 6143
- Inscription : 16 févr. 07, 22:49
- Localisation : 1612 Havenhurst
Re: Top Quentin Tarantino
Je te rassure, je me souviens très bien de l'accueil élogieux de Django Unchained également, et surtout de l'argumentaire employé.Alexandre Angel a écrit :Vérifie.
Je peux même t'en livrer un florilège à mon tour :
"Le dernier Tarantino marque une nouvelle étape dans l'établissement glorieux de la vengeance cathartique" (Les Inrocks)
"Sa beauté [de la violence] n'est que la fleur qui couronne la perfection de l'acte de parole" (Ciné Club de Caen)
Ou bien encore : "Un bain de sang orgasmique" (Critikat)
Ce qui, dans une tradition critique française ayant fait du travelling de Kapo une boussole, ne cesse de me laisser songeur et de m'interroger sur le degré d'impunité dont jouit le cinéaste.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 13985
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: Top Quentin Tarantino
Il y aurait tellement de choses à dire sur ce sujet car c'est loin d'être si simple. Le problème, c'est que tu ne vas pas voir les derniers (dont celui que j'aime le moins reste The Hateful Eight)Thaddeus a écrit :Ce qui, dans une tradition critique française ayant fait du travelling de Kapo une boussole, ne cesse de me laisser songeur et de m'interroger sur le degré d'impunité dont jouit le cinéaste.
Comment vais-je me situer par rapport au dernier? Réponse fin de semaine prochaine.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
- Thaddeus
- Ewok on the wild side
- Messages : 6143
- Inscription : 16 févr. 07, 22:49
- Localisation : 1612 Havenhurst
Re: Top Quentin Tarantino
"C'est loin d'être si simple".
Hé hé... Pardon, mais j'ai toujours l'impression, en lisant ce genre de phrases, qu'il s'agit d'une manière un peu commode de contourner l'embarras que peut susciter les films de Tarantino sur cette question cruciale. Même lorsque l'on convoque les intentions du réalisateur lui-même (pour mémoire : "J'ai envie de donner la satisfaction au public d'une vengeance collective. La catharsis est un ressort essentiel de mon cinéma. C'est le film que je rêvais de voir, avec un héros qui venge les souffrances des Noirs américains"), on cherche toujours à louvoyer, à esquiver, à justifier. "Oui, mais..." Mais rien. Tarantino glorifie, légitime et exalte la vengeance. Il le fait de manière consciente et assumée. Point.
Ceci dit, tu as raison, je n'ai pas vu ses derniers films et ne les verrai pas. Tout ce que je dis s'applique donc uniquement aux trois films suivants : Kill Bill, Death Proof, Inglourious Basterds. Eux, je les ai vus. Et tous mes griefs sont déjà là et bien là, inutile d'aller plus loin.
Hé hé... Pardon, mais j'ai toujours l'impression, en lisant ce genre de phrases, qu'il s'agit d'une manière un peu commode de contourner l'embarras que peut susciter les films de Tarantino sur cette question cruciale. Même lorsque l'on convoque les intentions du réalisateur lui-même (pour mémoire : "J'ai envie de donner la satisfaction au public d'une vengeance collective. La catharsis est un ressort essentiel de mon cinéma. C'est le film que je rêvais de voir, avec un héros qui venge les souffrances des Noirs américains"), on cherche toujours à louvoyer, à esquiver, à justifier. "Oui, mais..." Mais rien. Tarantino glorifie, légitime et exalte la vengeance. Il le fait de manière consciente et assumée. Point.
Ceci dit, tu as raison, je n'ai pas vu ses derniers films et ne les verrai pas. Tout ce que je dis s'applique donc uniquement aux trois films suivants : Kill Bill, Death Proof, Inglourious Basterds. Eux, je les ai vus. Et tous mes griefs sont déjà là et bien là, inutile d'aller plus loin.
- El Dadal
- Producteur Exécutif
- Messages : 7260
- Inscription : 13 mars 10, 01:34
- Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020
Re: Top Quentin Tarantino
C'est donc Avary qui est à l'origine de la scène des Frères Huns ! Incroyable. J'adore, et je suis donc en total désaccord avec Stone, c'est parfaitement dans le ton7swans a écrit : Q: What did you write in “Natural Born Killers”?
A: Quentin was trying to get financing for “Natural Born Killers” back in the day when he was going to direct it. One source of money was from the Paul Brothers, these two body builder/actor types – but he had to include them in the film. He told me that he just couldn’t brink himself to write it, so he turned to me. As a favor to Quentin, I wrote a scene. This came at a low point in my career, but I wrote it with every ounce of energy I had – and I believe it to be the finest scene I’ve ever written…and it pulled me out of a slump. The next thing I know people are telling Quentin that the scene is the best thing in the script (Oliver Stone told me that it was his favorite scene, and his reason for doing the movie)…but Quentin would just nod when they told him how good it was, and he never told them I wrote it. That caused a bit of a rift in our friendship, because I thought it was kind of low of him. Whatever…it’s water under the bridge. I’m sure he had his reasons. The irony is that Stone ended up cutting the scene, saying that he “fucked it up.”
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17066
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Top Quentin Tarantino
Oui... et non.Thaddeus a écrit : "Oui, mais..." Mais rien. Tarantino glorifie, légitime et exalte la vengeance. Il le fait de manière consciente et assumée. Point.
Et je n'ai pas envie de revenir sur le sujet non plus.
Mother, I miss you
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24077
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: Top Quentin Tarantino
Voire même pas loin d'être non tout court.Watkinssien a écrit :Oui... et non.Thaddeus a écrit : "Oui, mais..." Mais rien. Tarantino glorifie, légitime et exalte la vengeance. Il le fait de manière consciente et assumée. Point.
Et je n'ai pas envie de revenir sur le sujet non plus.
Je me suis déjà exprimé plusieurs fois s le sujet ici donc pareil, je n'y reviendrai pas.
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 13985
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: Top Quentin Tarantino
Je pensais que tu n'avais pas vu Inglourious Basterds.
Quand il dit ça, il ne parle que cinéma (il n'idéologise pas) et son cinéma est sensiblement plus élégant et respectueux du spectateur que ce que ce type de propos peut laisser affleurer.
En tout cas, pour ne parler que de moi, je ne pense pas être tout à fait insensible aux affaires de morale de mise au pays du cinématographe et pourtant, je jubile (avec des réserves plus ou moins prononcées) aux films de ce réalisateur sans me sentir "embarrassé".
A quelques exceptions près, notamment le coup de l'oreille coupée de Reservoir Dogs, que j'avais trouvé infect à l'époque.
Thaddeus a écrit : "Oui, mais..." Mais rien. Tarantino glorifie, légitime et exalte la vengeance. Il le fait de manière consciente et assumée. Point.
Quand il dit ça, il ne parle que cinéma (il n'idéologise pas) et son cinéma est sensiblement plus élégant et respectueux du spectateur que ce que ce type de propos peut laisser affleurer.
En tout cas, pour ne parler que de moi, je ne pense pas être tout à fait insensible aux affaires de morale de mise au pays du cinématographe et pourtant, je jubile (avec des réserves plus ou moins prononcées) aux films de ce réalisateur sans me sentir "embarrassé".
A quelques exceptions près, notamment le coup de l'oreille coupée de Reservoir Dogs, que j'avais trouvé infect à l'époque.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
- Jack Carter
- Certains l'aiment (So)chaud
- Messages : 30182
- Inscription : 31 déc. 04, 14:17
Re: Top Quentin Tarantino
Et Demi-Lune, il est où ?
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)