JUIN 2019
FILM DU MOIS:
Le Mont Fuji et la lance ensanglantée, de Tomu Uchida (1955) 10/10 - Admirable de part en part, de l'exposition claire, fluide et drole, à cette résolution mémorable et d'une rare intensité, magnifiquement filmé et monté, doté d'une BO aussi juste qu'excellente. Le sentiment d'avoir affaire à un véritable chef-d'oeuvre vient très vite devant le film.
FILMS DECOUVERTS:
Moon over Harlem, de Edgard G. Ulmer (1939) 4/10 - Bon, le film n'est franchement pas fameux, mais quelle curiosité !! Tourné avec des acteurs noirs, en 4 jours, avec un couple mixte et une apparition de Sid Bechet... Ulmer, une fois encore, propose un film qui se démarque du tout venant.
Le silencieux, de Claude Pinoteau (1973) 7,5/10 - Un très bon film d'espionnage, campé par un Lino Ventura magnifique en homme traqué. La photo de Jean Collomb, vraiment très belle, est bien restituée par le bluray Gaumont.
No profanar el sueño de los muertos /
Le massacre des morts-vivants, de Jorge Grau (1974) 7,5/10 - Excellente surprise que ce film d'horreur à l'ambiance véritablement étouffante, dont la mise en scène parvient à créer le malaise et inquiéter le spectateur.
Walkover, de Jerzy Skolimowski (1965) 6/10 - Un film bancal, très intéressant sous de nombreux aspects (certains plans séquences sont magnifiques), mais qui se révèle peu cohérent et assez décousu.
Passion, de Ryûsuke Hamaguchi (2008) 7,5/10 - Belle idée que cette sortie salle du premier film d'Hamaguchi qui "ne savait pas qu'il fallait commencer par des court-métrages, alors il a fait un long".
La précision des cadrages est déja là, de même qu'un sens certain du dialogue (mention spéciale à une discussion de classe).
Graine de violence /
Blackboard Jungle, de Richard Brooks (1955) 7,5/10 - Un film remaké 20 fois, qui n'a rien perdu de sa pertinence. Jeu et script au poil, même si les voyous ne sont pas très effrayants...
Parasite, de Bong Joon-Ho (2019) 10/10 - Plus fable sociale que film de genre, Parasite se paie une caractérisation de ses personnages réussie, une mise en scène très élégante, et des situations aussi inédites qu'intrigantes. Joon-Ho illustre une fois encore son talent de merveilleux conteur social.
Les particules, de Blaise Harrison (2019) 4/10 - La vie de P.A. vire lentement dans un fantastique mystérieux... Mais à une telle lenteur, avec une image plutôt moche et des dialogues sans reliefs, qu'on dort avant que ne se produise les premiers non-évènements du film, qui resteront inexpliqués de toute façon.
X-Men : Dark Phoenix, de Simon Kinberg (2019) 4/10 - Parti pris difficile, que de faire porter une tension interne à une actrice aussi médiocre que Sophie Turner... Surtout qu'elle n'est pas aidé par un scénario qui saute aux conclusions, dans lequel les uns et les autres changent d'avis comme de chemise, et dans lequel les combats semblent d'autant plus brouillons qu'ils multiplient les faux raccords et VFX ratés. Triste conclusion...
Godzilla II Roi des Monstres, de Michael Dougherty (2019) 7/10 - Le film ose moins de choses que l'original, inscrit le film dans une franchise, mais il offre son lot de moments spectaculaires et visuellement réussis. Comme toujours dans un kaiju-eiga, la partie "humaine" de l'intrigue reste peu intéressante (quoique mieux jouée que dans le 1, malgré une intrigue bien capillotractée), mais personne n'est venu en salle voir cette pauvre intrigue, ce sont les monstres qu'on veut voir, et on est servi.
I am Mother, de Grant Sputore (2019) 6,5/10 - Film de science-fiction plutôt bien fichu, quoiqu'assez peu surprenant.
Beau fixe sur New York, de Stanley Donen & Gene Kelly (1955) 7,5/10 - Très réussi sur l'angle des numéros dansants et chantants, assez naïf du coté du scénario (les bandits sont des caricatures sur pattes), mais le tout offre un spectacle divertissant de haute volée.
Demain est un autre jour, de Douglas Sirk (1955) 7,5/10 - Fred McMurray souffre de la crise de la quarantaine, et croise Barbara Stanwyck, une anciene collaboratrice. Le cinéaste parvient à maintenir l'équilibre entre drame personnel et psychologie de son temps, avec la subtilité et la sensibilité qu'on lui connait.
Corps et âme, d'Ildikó Enyedi (2017) 8/10 - Une histoire romantique filmée avec beaucoup de style, et magnifiée par un sens de la poésie très marqué, et des personnages attachants.
Aladdin, de Guy Ritchie (2019) 5/10 - Un film plombé par ses effets de mise en scène (accélérés et ralentis notamment), ainsi que par un Jaffar fade comme une endive. La surprise, en revanche, vient d'un Will Smith très inspiré qui parvient à donner corps à son improbable personnage.
Mon chemin, de Miklos Jancso (1965) 7,5/10 - Dans un style pas encore abouti, Jancso nous offre le poignant récit d'un jeune garçon prisonnier de guerre, jusqu'à cette période trouble de l'immédiat après-guerre, où rien ne se résoud encore...
Zombi Child, de Bertrand Bonello (2019) 9/10 - Des images magnifiques, une atmosphère fantastique entre Tourneur et Carpenter, et un récit aussi opaque que troublant. Mention spéciale à un casting très jeune, qui fonctionne vraiment bien. Wislanda Louimat et Louise Labeque sont très bien.
Greta, de Neil Jordan (2018) 4/10 - Ni le jeu, ni la mise en scène, ne parviennent à sauver ce film de l'inanité de son script ridicule et éculé... La salle était hilare, j'étais un peu gêné pour Jordan...
Ma, de Tate Taylor (2019) 7,5/10 - Un récit horrifique atypique et décalé, Octavia Spencer particulièrement investie dans un personnage tout en ambiguité, on s'amuse beaucoup devant ce petit film d'épouvante efficace.
Le quattro volte, de Michelangelo Frammartino (2010) 7,5/10 - Un film sans paroles, riche en symboles et en images fortes, où l'absence de paroles permet de s'intéresser autant à un berger superstitieux qu'à un chevreau perdu ou à un arbre dressé... Une belle expérience visuelle.
La momie, de Terence Fisher (1959) 8/10 - Du très bon Hammer, avec un travail sur les couleurs remarquable, une ambiance feutrée étonnante (un étrange face à face entre ennemis précède le final), et plusieurs séquences d'anthologie.
Carmen Jones, d'Otto Preminger (1954) 6/10 - Un étrange mélange qui fonctionne plus ou moins bien selon les séquences...
Prom Night, de Paul Lynch (1980) 5/10 - Malgré de lourds défauts (mise en scène, jeu des comédiens...), on peut s'amuser en mode rétro devant ce slasher dans lequel Jamie Lee Curtis révèle ses talents de danseuse.
Je l'ai été trois fois, de Sacha Guitry (1952) 7/10 - Sans doute un Guitry mineur, mais qui abonde en idées (le générique où chacun arrive dans un moyen de transport différent, cette séquence où le couple repeuple en pensée une boite de nuit), et qui offre un rôle très ludique à Bernard Blier.
Le daim, de Quentin Dupieux (2019) 8/10 - Dupieux suit ici un fil narratif, ténu mais suffisamment consistant pour tenir en haleine. Le jeu des acteurs, la gourmandise du texte, l'utilisation précise de la BO achèvent de faire de ce film une vraie réussite. Pour moi, sans doute mon préféré du réalisateur, parce qu'on dépasse ici la potacherie.
Tolkien, de Dome Karukoski (2019) 8/10 - Une narration fluide, une belle écriture, un casting efficace et charmant, un production design souvent élégant, on se laisse volontiers séduire par ce biopic qui est aussi un récit d'amitié et d'amour.
I Vitelloni, de Federico Fellini (1953) 7,5/10 - Découverte tardive de ce film sur un groupe d'ami en train d'accéder à la maturité, dans une Italie en pleine transformation. Bien fichu.
Le dernier jour de l'été, de Tadeusz Konwicki (1952) 6/10 - Photographie sublime, un film qui évoque le malaise d'une génération dont les valeurs ont été ébranlées par la guerre. Mais le tout reste un peu trop théorique, abstrait à mon gout (2 personnes, sur une plage déserte...).
Filantropica, de Nae Caranfil (2002) 8,5/10 - Découverte tardive, grace à Mubi, de ce joyau du cinéma roumain. Un sujet hautement original, qui touche à la situation dans le pays tout en offrant une comédie de l'ordre des grandes comédies italiennes, à la fois profonde et humaine.
No man of her own, de Mitchell Leisen (1950) 7,5/10 - Un bon film noir, dans lequel Barbara Stanwyck révèle une fragilité saisissante, et que seul un deux ex machina final vient un peu ternir.
La mission du capitaine Benson, de Joseph H. Lewis (1956) 7/10 - Randolph Scott a échappé à Little Big Horn, il passe pour un lâche. Une mission lui donne l'occasion de redorer son blason. Un western honnête et bien fichu, quoique peu surprenant.
Kuzco, l'empereur mégalo, de Mark Dindal (2000) 7/10 - Sans doute le plus déjanté des Disney de la période, même si la part émotive est restée chez moi assez peu touchée...
Le boulanger de l'empereur - L'empereur du boulanger, de Martin Fric (1952) 7,5/10 - Une comédie historique et une fable politique, aussi réussie qu'élégante.
Saint Jack, de Peter Bogdanovitch (1979) 7/10 - Errance de Ben Gazzara à Singapour, dans le marché du sexe, ou comment être un brave type, alors que tout pousse au compromis... Pas inintéressant.
Illegal, de Lewis Allen (1955) 7,5/10 - Edward G. Robinson dans la zone grise de l'exercice du droit... Un bon film de juristes, mais aussi un film noir assez efficace.
Jours de 36, de Theo Angelopoulos (1972) 7/10 - Film politique, tourné sous la dictature, qui parvient à dire les choses sans pouvoir les affirmer. Le style d'Angelopoulos sauve le film de l'ennui, et lui donne une beauté saisissante...
Creed II, de Steven Caple Jr. (2018) 4/10 - Prévisible de A à Z, le film enfile les clichés comme des perles, ce qui ne me dérangerait pas trop si encore c'était fait avec un minimum de mise en scène.
La mule, de Clint Eastwood (2018) 7,5/10 - Sorte de mea culpa d'un homme qui a tout donné à son travail ? De film policier où chacun prend son temps ? Le film d'Eastwood fascine par la façon dont il se met en scène lui-même, par la précision d'un style qui parvient à assurer nonchalance et fluidité dans un même récit.
The Secret Life of Pets 2, de Chris Renaud (2019) 8/10
Des gens sans importance, d'Henri Verneuil (1956) 9/10 - Alliant drame social et chronique naturaliste, le film déploie sa force par un ancrage dans le réel, loin des studios et des mots d'auteur, et se révèle d'une force dramatique saisissante. Un très grand film.
The Browning Version, de Anthony Asquith (1951) 7/10 - Une pièce de théâtre remarquablement jouée, et sans doute bien filmée. J'avoue ne pas avoir été touché par son thème professoral ou son ton très britannique tongue in cheek, mais c'est fort bien fait...
China Gate, de Samuel Fuller (1957) 6,5/10 - Un film très inégal, qui allie le talent de Fuller pour les récits guerriers sans concession à une sombre histoire amoureuse assez médiocre...
FILMS REVUS:
Calmos, de Bertrand Blier (1976) 7,5/10 - Révision plaisante de ce film un peu fou, tellement atypique, et surtout tellement drole.
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- janvier 2011=Incendies (Villeneuve)
février 2011=Portrait of Jennie (Dieterle)
mars 2011=Orgueil et préjugés (Wright)
avril 2011=Murder by Contract (Lerner)
mai 2011=Vincent, François, Paul, et les autres (Sautet)
juin 2011=Les contes cruels du Bushido (Imai)
juillet 2011=Underworld (Von Sternberg)
aout 2011=L'heure suprême (Borzage)
septembre 2011=L'Apollonide, souvenirs de la maison close (Bonello)
octobre 2011=The ox-bow incident (Wellman)
novembre 2011=The Movie Orgy (Dante)
décembre 2011=Mission Impossible : le protocole fantôme (Bird)
janvier 2012=Take Shelter (Nichols)
février 2012=Gentleman Jim (Walsh)
mars 2012=Le miroir (Tarkovski)
avril 2012=Divorce à l'italienne (Germi)
mai 2012=La cabane dans les bois (Goddard)
juin 2012=Les meilleures années de notre vie (Wyler)
juillet 2012=Feux dans la plaine (Ichikawa)
aout 2012=Wichita (Tourneur)
septembre 2012=Baraka (Fricke)
octobre 2012=Les grandes espérances (Lean)
novembre 2012=Man Hunt (Lang)
décembre 2012=Wings (Shepitko)
janvier 2013=Les dimanches de Ville d'Avray (Bourguignon)
février 2013=Wings (Wellman)
mars 2013=Le bossu de Notre-Dame (Wise & Trousdale)
avril 2013=Comme des frères (Gélin)
mai 2013=Walkabout (Roeg)
juin 2013=Kekexili (Chuan)
juillet 2013=Doro no kawa (Oguri)
aout 2013=My Childhood (Douglas)
septembre 2013=Hoop Dreams (James)
octobre 2013=Pique-nique à Hanging Rock (Weir)
novembre 2013=Du rififi chez les hommes (Dassin)
decembre 2013=Heimat, chronique d'un rêve (Reitz)
janvier 2014=Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse (Bahr & Hickenlooper)
fevrier 2014=The Grand Budapest Hotel (Anderson)
mars 2014=Voyage à Tokyo (Ozu)
avril 2014=Untel père et fils (Duvivier)
mai 2014=Seuls sont les indomptés (Miller)
juin 2014=Les harmonies Werckmeister (Tarr)
juillet 2014=La maison des geishas (Fukasaku)
aout 2014=The Act of Killing (Oppenheimer)
septembre 2014=White God (Mundruczó)
octobre 2014=Gone Girl (Fincher)
novembre 2014=Odd Man Out (Reed)
decembre 2014=Le retour (Zvyagintsev)
janvier 2015=Le Soleil brille pour tout le monde (Ford)
février 2015=Le vent (Sjostrom)
mars 2015=Eté précoce (Ozu)
avril 2015=The taking of Tiger Mountain (Hark)
mai 2015=Mad Max: Fury Road (Miller)
juin 2015=Vice versa (Docter)
juillet 2016=Johnny BelindaN(Negulesco)
aout 2015=Selon la loi (Koulechov)
septembre 2015=Gosses de Tokyo (Ozu)
octobre 2015=La baie sanglante (Bava)
novembre 2015=La vie passionnée de Vincent van Gogh (Minelli)
decembre 2015=La chanteuse de Pansori (Kwon-Taek)
janvier 2016=L'ange exterminateur (Bunuel)
février 2016=Le vieux Manoir (Stiller)
mars 2016=Un temps pour vivre, un temps pour mourir (Hsiao Hsien)
avril 2016=Vivre sa vie (Godard)
mai 2016=Nazarin (Bunuel)
juin 2016=Voyage à travers le cinéma français (Tavernier)
juillet 2016=Et tournent les chevaux de bois (Montgomery)
août 2016=Le festin de Babette (Axel)
septembre 2016=La region salvaje (Escalante)
octobre 2016=The Deep Blue Sea (Davies)
novembre 2016=La fille de Brest (Bercot)
decembre 2016=The Mermaid (Chow)
janvier 2017=Le cheval de Turin (Tarr)
fevrier 2017=Loving (Nichols)
mars 2017=The Lost City of Z (Gray)
avril 2017=Saving Sally (Liongoren)
mai 2017=The Tin Star (Mann)
juin 2017=Comme un torrent (Minnelli)
juillet 2017=Le monde lui appartient (Walsh)
aout 2017=Taking off (Forman)
septembre 2017=Trois pages d'un journal (Pabst)
octobre 2017=Long Weekend (Eggleston)
novembre 2017=Chasse au gang (de Toth)
decembre 2017=The Florida Project (Baker)
janvier 2018=Coco (Unkrich & Molina)
fevrier 2018=la forme de l'eau (del Toro)
mars 2018=L'arche russe (Sokourov)
avril 2018=Ready Player One (Spielberg)
mai 2018=Plaire, aimer et courir vite (Honoré)
juin 2018=Chambre avec vue (Ivory)
juillet 2018=Dragon Inn (Hu)
aout 2018=Green Fish (Lee Chang-Dong)
septembre 2018=Fanny et Alexandre (Bergman)
octobre 2018=Deux mains, la nuit (Siodmak)
novembre 2018=Paper Moon (Bogdanovitch)
decembre 2018=Next of Kin (Williams)
janvier 2019=Leto (Serebrennikov)
février 2019=Roma (Cuaron)
mars 2019=La symphonie nuptiale (Stroheim)
avril 2019=Little Monsters (Forsythe)
mai 2019=Sang et or (Panahi)