André Téchiné

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Commissaire Juve
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Re: André Téchiné

Message par Commissaire Juve »

Mince : changement de page ! Désolé Odelay.
odelay a écrit :Je l'avais trouvé très juste l'ado dans le Lieu du crime.
C'est un film que j'ai toujours beaucoup aimé que j'avais découvert à sa sortie, j'avais l'âge de cet ado justement. Je l'ai trouvé en DVD il y a peu pour un prix abordable (c'est rare) et il tient toujours bien le coup. Le scope, la jolie musique de Sarde, le sud ouest, il réussit à créer un bel écrin pour cet histoire qui est plus intéressante en tant qu'étude de caractères que pour son histoire policière.

Le DVD est couplé avec Les Innocents que j'ai découvert pour première fois et qui m'a largement moins convaincu malgré un début prometteur. Le.film s'enlise et devient assez artificiel. Et put*** mais c'est quoi cette perruque de Bonnaire??! :shock: Dès qu'elle a cette coupe, elle est tellement ridicule avec cette tentative foirée de cacher tous ses longs cheveux en dessous, que j'avais du mal à me concentrer sur l'intrigue.
cinéfile a écrit :Le Lieu du Crime constitue une assez bonne surprise.

... j'ai trouvé l'adolescent assez agaçant par contre.
Il m'a suffi d'un quart d'heure pour penser la même chose. Je n'ai pas vu la suite (j'avais du boulot). Cela dit, avec le temps, j'ai fini par m'apercevoir que je n'étais pas client des films de Téchiné.

EDIT : mais je l'avais déjà écrit l'année dernière. Oups !
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Re: André Téchiné

Message par Bogus »

Nestor Almendros a écrit :Arte vient de diffuser un excellent documentaire (réalisé par Thierry Klifa) sur le cinéaste, disponible sur le replay. Ca m'a donné une furieuse envie d'acheter le coffret Blu-ray intégrale de Téchiné :D

... ah mince, il n'existe pas :(

J'ai J'embrasse pas sous le coude, on va commencer par ça.
Dispo sur le tube. Très beau doc en effet:
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Re: André Téchiné

Message par Flol »

Nestor Almendros a écrit :J'embrasse pas sous le coude
Okay c'est noté.
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Re: André Téchiné

Message par Nestor Almendros »

Mais ailleurs, pas de problème :mrgreen:
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odelay
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Re: André Téchiné

Message par odelay »

Bogus a écrit :
Nestor Almendros a écrit :Arte vient de diffuser un excellent documentaire (réalisé par Thierry Klifa) sur le cinéaste, disponible sur le replay. Ca m'a donné une furieuse envie d'acheter le coffret Blu-ray intégrale de Téchiné :D

... ah mince, il n'existe pas :(

J'ai J'embrasse pas sous le coude, on va commencer par ça.
Dispo sur le tube. Très beau doc en effet:
C'est vrai qu'il est bien ce doc de Klifa et que ça donne envie de revoir ses films (quand je pense que "Quand on a 17 ans" est sorti en BR aux US et pas ici... :evil: ). J'aime la description d'Adjani pour "Les soeurs Bronté" : "J'étais avec le directeur de la photo qui ne voulait montrer aucun favoritisme durant le tournage, le producteur était lié avec l'une des actrices, André était secrètement amoureux de Pascal Grégory, on avait toutes les trois des méthodes de travail très différentes, donc forcément c'était compliqué". Euphémisme apparemment.

Et puis la cerise sur la gâteau arrive pendant le générique de fin : entendre Adjani pas très assurée mais terriblement émouvante avec un piano reprendre intégralement la superbe chanson de Sarde pour Barroco que chantait Marie France dans le film, rien que pour ça, ça vaut le coup de le regarder.
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Re: André Téchiné

Message par Flavia »

En novembre sur Ciné+Emotion chaque mercredi soir à 20 h 50.

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+ Documentaire (2019 - Thierry Klifa) : André Téchiné, cinéaste insoumis.
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Re: André Téchiné

Message par Jeremy Fox »

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Re: André Téchiné

Message par Profondo Rosso »

Les Roseaux sauvages (1994)

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En 1962, en pleine guerre d'Algérie, alors que les attentats OAS se multiplient, l'intrusion d'un garçon pied-noir exilé va bouleverser la vie paisible de l'internat du lycée où il est accueilli.

Les Roseaux sauvages est un des films les plus personnels et réussis d'André Téchiné pendant sa fructueuses période des années 90. Il s'agit au départ d'un projet modeste répondant à une commande d'Arte pour leur cycle Tous les garçons et les filles de leurs âge. Il s'agissait de téléfilms proposant différents portraits de l’adolescence, ouverte à des réalisateurs débutant comme confirmés en leur laissant le choix de la période où se déroulerait l'histoire (et facilitant ainsi un traitement souvent autobiographique). Les réalisateurs devaient néanmoins se plier à certaines contraintes économiques et techniques - livrer une fiction d’une heure, d’un budget restreint de 5 millions de francs, se soumettre à un tournage de 25 jours et de tourner en format super 16 - et narrative avec l'obligation d'inclure une scène de fête. André Téchiné relève le défi et se montre très inspiré avec un scénario écrit de son propre aveu à une vitesse record, pour une version téléfilm baptisée Le Chêne et le Roseau. Cependant Téchiné est frustré de ne pas avoir pu développer davantage les situations et personnages (le téléfilm se conclut lorsque François lit la fable de La Fontaine en classe et laisse encore les protagonistes dans une certaine confusion), notamment celui d'Élodie Bouchez. Suit à un accord avec Arte, Canal+ et le producteur Alain Sarde, Téchiné obtient de pouvoir en faire une version longue pour le cinéma, partageant cet honneur avec L'Eau froide d'Olivier Assayas (1994, La Page blanche pour la version téléfilm) ou encore Travolta et moi de Patricia Mazuy (1994) qui obtinrent aussi un montage cinéma augmenté ainsi qu'une vraie reconnaissance.

Les Roseaux sauvages nous dépeint comment les soubresauts historiques d'une époque viennent bousculer les certitudes de la société française et par extension de ses adolescents. Ces certitudes peuvent être liées à l'identité sexuelle pour le personnage de François (Gaël Morel) qui prend conscience de son homosexualité, au contraire de l'absence ou la fuite du désir pour son amie Maïté (Élodie Bouchez), ses perspectives et cette même orientation sexuelle avec Serge (Stéphane Rideau) ou encore les opinions radicales du pied-noir exilé Henri (Frédéric Gorny). L'élément perturbateur par la piqûre de réel qu'il constitue viendra en ouverture avec le frère aîné de Serge, mobilisé en Algérie et revenant en permission pour se marier, espérant que cette union l'empêchera d'y retourner. Ce protagoniste furtif et au sort funeste amène dans le récit et par son statut l'interaction initiale entre les héros, annonçant leur mue mais aussi les démons qui hanteront les plus solides d'entre eux en apparence, telle la professeur madame Alvarez (Michèle Moretti) impuissante à sauver un ancien élève.

François est le symbole de cette confusion tout en étant celui qui l'assume le plus, laissant son désir naviguer sans toujours franchir le pas entre les différents camarades qui l'entoure. Téchiné excelle à filmer cette promiscuité masculine trouble et ambigüe, mélange de retenue, de gêne, puis à l'inverse de pulsions crûment assouvies ou de dialogues directs pour évoquer l'interdit. L'expérience difficile de leur jeune vie et le contexte socio-politique incitent les personnages à l'intransigeance. Abandonnée par son père et ayant vue souffrir sa mère Maïté ressent comme une gêne la moindre proximité d'un garçon (sauf François forcément inoffensif) susceptible de lui témoigner du désir, Serge ayant perdu vainement un frère n'attend plus que de s'établir dans la ferme de ses parents et épouser la première venue. Le plus fascinant reste le Henri, rappel constant du réel par ses opinions extrémistes, sa rancœur et fascination pour l'OAS. Frédéric Gorny est absolument magnétique par son regard glacial, sa vision prématurément désabusée de l'existence, qui imprègne toute sa gestuelle raide, son phrasé cinglant et contamine même ses rédactions scolaires. Téchiné construit une narration où le sentiment d'impasse semble dominer, tout en laissant une lueur d'espoir dans l'incarnation des personnages bien moins figée qu'elle n'en a l'air. La camaraderie se ressent à travers l'alchimie des acteurs, et l'humain est toujours plus complexe que la simple idée qu'il croit poursuivre comme le montrera la belle dernière demi-heure transcendant le déterminisme social comme la radicalité politique.

Les deux protagonistes les plus opposés en apparence, Maïté (fille de professeur communiste) et Henri (pour toutes les raisons évoquées) voient leur route se croiser et l'amour naître entre eux malgré les différences. Téchiné sème un doute idéologique et charnel chez les deux protagonistes (la très belle scène où Maïté lit une lettre de sa mère à Henri) qui oublient leurs supposées convictions pour se rapprocher. Téchiné orchestre cela dans un cadre naturaliste, primitif et quasi hors du temps lors d'une scène de baignade qui les éloigne de l'école et des résultats du bac, de la ville et de ses actualités, pour laisser en parallèle les deux couples du film s'accepter. C'est assez captivant et il semble que le tournage à l'économie ainsi que le contact d'acteurs quasis débutants aient contribué à une forme de spontanéité de Téchiné qui évite toute lourdeur dans cet équilibre entre autobiographie, récit d'apprentissage et capsule temporelle d'un moment complexe de la société française (l'instant presque muet où Jacques Nolot présente son épouse algérienne). Belle réussite qui récoltera pas moins de quatre César : Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et Meilleur espoir féminin pour Élodie Bouchez. 5/6
The Eye Of Doom
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Re: André Téchiné

Message par The Eye Of Doom »

Un plan occaz à saisir chez Metaluna m’a donné envie de decouvrir « Les sœurs Brontë « que je n’avais jamais vu.
Attiré par le trio d’actrices (quel casting !) et le souvenir tres lointain de films de Techiné.
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C’est je trouve un film pas complètement reussi, qui globalement à les défauts de ses qualités.

Les qualités :
Reconstitution et photographie superbe. On est immergé dans ce coin paumé et austere, humide, au milieu d’une campagne assez déprimante.
Mise en scene assez subtile, avec des scènes intenses, notamment celles entre le frere et Mme Robinson. Ou à l’institution bruxelloise. Ou encore le final à l’opera.
Le film decrit sans fard mais sans discours l’encrassement des classes, l’impossibilité des Bronté de s’échapper de leur condition, malgré leur talents.
Les actrices: Marie France Pisier est particulièrement superbe, Adjani est incandescente et Huppert, un masque insondable derrière son visage incroyablement poupin (on dirait une gamine).

Le film, personnel, sensible, séduit par son ambiance, sa narration elliptique, assez confuse meme si on ne connait les faits et gestes des protagonistes.

Voila pour le coté face.
Coté pile, le film parait souvent trop écrit, guindé.
De fait il raconte moins l’histoire des soeurs Bronte que celle du frere Branwell. Et c’est un peu le problème car je n’ai pas trouvé Pascal Greggory tres convainquant. Ou l’individu tres intéressant. Si comme indiqué plus haut, la relation qui le lie à Mme Robinson (Hélène Surgère tres emouvante) constitue le coeur sensible du film, la trajectoire du jeune homme immature et rebelle manque d’intensité.
Les meilleurs moments sont ceux avec ses soeurs dont on devine les pulsions incestueuses.
Trop ecrit donc, au style un peu posé quelques fois, lorsque la mise en scène se fait un peu voyante et laisse le spectateur en surface.

Adjani a tendance en faire trop, des qu’on lui en laisse l’occasion (en phase avec Adele H.), quand les deux autres actrices sont plus fines.

Quant au mystère de l’ecriture, c’est compliqué. N’ayant lu aucun des livres des cheres soeurs, les éventuels echos entre ce que nous voyons de leur vie et le pourquoi et le contenu de leur oeuvres m’échappent. Je passe la main sur cet axe.

Content d’avoir découvert ce film, pour deux raisons principales :
Marie France Pisier d’abord, et le visage d’Huppert ensuite.
Et puis, du coup, je suis curieux de lire les Hauts du Hurlevent et Jane Eyre.

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Supfiction
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Re: André Téchiné

Message par Supfiction »

Thaddeus a écrit : 26 août 15, 15:09

Ma saison préférée
Téchiné a ses films d’hiver et ses films d’été. Les premiers sont des rats des villes (turpitudes urbaines), les seconds des rats des champs (un Midi panthéiste). Cette œuvre-ci est pour la première fois un film des quatre saisons entre ville et campagne, où les préoccupations de l’auteur (innocence contre corruption, glaciation sociale contre mouvements du cœur) apparaissent en toute lumière, débarrassées de leurs alibis romanesques. Un frère, une sœur, une mère qui s’en va doucement : tout est dit, ou non dit, de manière fluide, avec une belle justesse de ton dans les mots, les visages, les situations. Le cinéaste montre ce qui d’ordinaire ne regarde personne mais arrive à chacun, en continuant de prendre en filature le manque d’amour. Il doit aussi beaucoup à Auteuil, Deneuve et Villalonga. 4/6
Un film qu’il faut voir au bon moment je pense. Je l’avais découvert en salles lors de sa sortie il y a 30 ans .. et je me rappelle très bien qu’il m’avait agacé et profondément ennuyé. Aujourd’hui a l'âge des protagonistes et confronté aux memes problématiques, évidemment, le film me touche bien davantage.
Et puis, je me demande s’il n’y a pas dans la relation Auteuil-Deneuve de probables allusions aux relations de taquinerie entre Catherine et Françoise. Dans les seconds rôles, Carmen Chaplin crève l'écran.. et on y trouve un Roshdy Zem debutant.
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