Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Thaddeus
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Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

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Comme une terreur tranquille


Il est des films qui ménagent une marge blanche utile au jugement, certains points d'appui, saillies où arrimer le commentaire, repères à relier et relire. Le Bonheur n'est pas de ceux-là : en dépit de brefs effets de recul relevant plutôt de la coquetterie que de l'invite à la contestation, il se donne brut de la première à la dernière image. C’est un agglomérat ligneux soudé autour de l'homme-silhouette, et tout effort pour ficher un coin dans cette masse, détacher les unes des autres ces fibres verticales ou traverser le cœur en coupe, s'épuise à court terme et se brise. On aime ou on n'aime pas, on admet et admire ou on rejette en bloc. Fortifié de l'élan même qui l'a mis au jour, le film est conçu d'un trait, conduit à son achèvement sans trace d'hésitation ni de reprise, telle une auto-affirmation esthétique. La critique s'y plaque, glisse sur des parois lisses et dérive, se laisse émousser puis dissoudre. Il faudrait parler d’absorption, calquer sa démarche sur celle du public déconcerté puis leurré par la simplicité d'évolution d'un protagoniste dont les motivations profondes lui échappent sans cesse, toujours repoussées, enfouies sous l'or des frondaisons automnales. La matière psychologique, aussi bien individuelle que sociale, n'est jamais sujet privilégié de peinture ou d'explicitation mais un élément parmi d'autres — la forêt, la couleur, le rythme saisonnier, le décor suburbain, le soleil, l'eau, la musique — dans la constitution d'un objet qui apparaît à la fois comme son propre moule et son premier et unique moulage. Et s’il y a une moralité à trouver dans le propos d’Agnès Varda, c’est sans doute que le bonheur est une grâce, un don du ciel. Pour reprendre une formule célèbre, on est comme on naît, c'est-à-dire heureux ou malheureux.


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L'itinéraire du spectateur bifurque à deux reprises, commandé par chacun des trois mouvements de durée égale, mais de tonalité fort différente, dont se compose l'œuvre — mouvements qu'il vaudrait mieux qualifier d'impulsions rectilignes, affectées de ralentissements marqués en fin de course. À chaque relance l'orientation dévie notablement et sans qu'on y ait pris garde, la trajectoire s'est modifiée : l'angle de vision n'a plus qu'à être rectifié en conséquence. Quand enfin le trajet se prête à une lecture correcte, on s’aperçoit que l’on était déjà convaincu depuis quelque temps d'une réalité autre que celle à laquelle on croyait adhérer. La première étape bat la cadence illusoire d'une chronique printanière filmée comme un hymne éclatant à la félicité : mesure à deux temps, banlieue-forêt, couple idéal pour fête des pères, François heureux de ronronnement végétatif, Thérèse trop délicieuse, blondeur vénitienne et robe fleurie, pique-niques ensoleillés et fripons, palpitation diaprée de la nature, bambins modèles, somnolence à proximité de l'étang, enfants dormant sous la moustiquaire, chinoiseries calligraphiques sur tiges, feuilles et fleurs floues, 2 CV de rêve, oncle-gâteau, atelier paternaliste, fond sonore béat des yé-yé, couturière à domicile et postière exotique. Autant de tableaux concis, innocents, souplement accordés, entraînés dans un formidable courant d'optimisme et de joie naturelle cautionnée par Mozart puis Renoir en couleurs douces. Devant cette palette en délire, ces murs de maisons, ces devantures de magasins qui semblent repeints à neuf pour donner à la rue l’air pimpant d’un coin de campagne, ces posters et affiches omniprésents, de Brigitte Bardot et de Sylvie Vartan, de bières et de savons, certains ont hurlé à la préciosité, à la mièvrerie publicitaire, au faux bon goût de photographe d’art pour revues féminines. Il faudrait plutôt parler de raffinement, qui n’est pas un obstacle à la beauté lorsqu’il ne sert pas d’alibi au vide de la pensée ou à la complaisance de l’inspiration. Car Varda ne succombe jamais à cette maladie du regard, elle n’a pas avalé son parapluie de Cherbourg et ne se gargarise pas davantage à l’aquarelle. Elle ne prétend à aucun moment faire œuvre réaliste. Il n’est pas question ici de document : Le Bonheur est une fiction, et c’est pourquoi le flamboiement de l’été, la gloire de l’automne, la gamme d’admirables tons dorés, roux et oranges sont puisés dans un Eastmancolor en proie à une féérie impressionniste.

Une inflexion du ton inaugure la deuxième étape, l'attention jusqu'alors buissonnière s'établit plus près de son support mouvant : l'idylle avec Émilie, première fixation dramatique, annule rétrospectivement la chronique. Le tempo s'accélère, et la cohérence de la mise en scène, sa logique galopante, le fonctionnalisme grandissant des signes, tout se met en rapport étroit avec la théorie gentiment exposée par le jeune homme à son épouse de la quantité cumulative de bonheur, qui selon lui s’additionne comme deux morceaux de sucre dans une tasse de thé. Il faut beaucoup d’audace et autant de pudeur pour mettre dans la bouche des personnages des paroles qui ne soient jamais ridicules ou choquantes, même dans les circonstances les plus délicates. Lorsque le garçon explique à sa femme la nouvelle situation, il le fait avec une poésie et une tendresse infinies. On est alors lancé à toute allure sur l'itinéraire second : la mise en relief d'un être, ses contours et sa silhouette se renforçant à chaque épisode, un peu plus nettement dessinés, mais aussi un peu moins justifiables. Varda joue avec une stupéfiante sûreté, sans tergiverser, des différentes articulations de son langage, intégrant certaines figures de style puisées à une source proche : tel rythme coloré de Muriel, tel va-et-vient de caméra de Vivre sa Vie, tel fond blanc du Mépris ou recadrage enveloppant de Lola. Survient alors l'accident : Thérèse disparaît. Troisième étape et dernier retournement de perspective. Mais l'accord et l'unité du clan, un moment ébranlés, ne tardent pas à se reconstituer. En apparence, rien d'essentiel n'est modifié. Émilie se substitue à Thérèse, François avalise et les enfants n'y voient que du feu. En fait, la configuration nouvelle est très différente de l'ancienne. Le centre de gravité s'est déplacé : c'est autour d'Émilie, et non plus de l'homme, que se refait l'entente. À quelques minutes d'un final impavide et cruel qui laisse pantois par son effrayante logique (cette conclusion raccourcie et triomphante est amenée avec la même évidence sans réplique qu'une résolution d'équation), on comprend soudain que ces éléments nouveaux, périphériques, que l'on croyait intégrés par le héros, l'attiraient en réalité à eux. Le sens de l'aimantation s'inverse : François devenu adulte se fond en la jeune femme pâle et la Nature à son déclin. Le héros s'enfouit à son tour dans les êtres et les choses, incluant son opacité dans celle de la création.


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L’univers décrit ici par Varda est hors du péché, mais la théorie de la totalisation du bonheur était un piège. Une soustraction décisive a eu lieu, imposant un changement à toutes les valeurs, marginales ou non, du monde omniprésent du héros. Celui-ci ne souffre d’aucune insensibilité foncière (il est réellement accablé par le suicide de son épouse, totalement imprévu), ou quelque inconscience béate (nombre de ses propos révèlent au contraire une lucidité remarquable, un degré aigu de réflexion). Mais la fulgurante accélération finale du récit le fait s'engouffrer tout entier dans le mystère. L'appréhension et l'angoisse communiquées ont trait à l'engloutissement d'un être et de sa tribu "naturellement" sauvegardée dans un univers inconnu, qui redouble celui où l'on s'imaginait évoluer, mais où certains signes épars avaient déjà subrepticement introduit la différence. À partir de là, reconstituer ce qui se tramait depuis le début reviendrait à parcourir une seconde fois le trajet du spectateur, mais par l’optique du chromatisme et de ses avatars : permutations, escamotages, confusions, conflits et prédominances. On serait ainsi amené à retracer le parcours suivi d'un bout à l'autre du film par la couleur mauve. Les indices sont multiples, lui associent la blancheur blafarde (le visage d'Émilie, les linges, les draps agités comme des suaires) et cette teinte délicate, reflet d'un deuil ou d'un pressentiment néfaste. C'est un gros plan flou de fleurs qui succède à la dernière représentation vivante du visage de Thérèse ; c'est un ample vêtement qui accueille et phagocyte François après la mort de sa femme.

S'il est permis de parler d'aliénation à propos du protagoniste, ce n'est évidemment pas dans le sens d'un engluement matérialiste. François est un sage qui connaît l'exacte valeur des biens et leur utilité immédiate ; l'accroissement de confort et de propriétés le laisse indifférent. Avec une vraie pureté d'âme, il débroussaille des sentiments que des siècles d'hypocrisie et de mauvaise littérature ont compliqués à l'envi. Il serait plus juste, en revanche, de parler d'aliénation par la couleur et par son contraire simultané, l'ombre. Sans doute François et Émilie sont-ils les seuls à participer à la fois aux deux processus. En ce sens, celle-ci se révèle infiniment mieux appariée à François que Thérèse, et le jeune homme soudain vieilli se place enfin dans un environnement exact, plus homogène, plus cohérent. C'est sans doute ce brusque éclair qui nous le rend bizarrement étranger, tandis qu'il s'éloigne de dos dans la forêt. On pense souvent à Hitchcock dans la dernière partie du Bonheur, et particulièrement dans les plans "synthétiques" (la tombe, le repas funèbre, la photo résumant les vacances d'été, la première visite, au retour, chez Émilie) où les signes dénoncent un autre plan de référence, sur lequel ils vont s'établir aussitôt, déroutant la lecture. Cette œuvre énigmatique ne développe pas une idée du bonheur, mais assène une remarquable suite de variations sur une conviction d'auteur : le bonheur, c'est de s'imposer à travers tout et d'affirmer, de créer sans cesse, en dépit des revers et des embûches. Car un jour ou l'autre, le monde connu s'incurve, se referme, et un outre-monde s'entrebâille. Parce que la réalisatrice se refuse à juger ses personnages, son film est comme une spéculation psychologique, une analyse dépourvue de moralisme. Si l'on était tenté, au terme de la première demi-heure, d’apporter un point d'interrogation au titre, puis d'exclamation à l’issue de la seconde, c'est de trois signes de suspension quelque peu chancelants qu'on a envie de ponctuer les images finales. Le sens du Bonheur ne peut venir que de cette future et périlleuse élucidation formelle.


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Dernière modification par Thaddeus le 22 févr. 22, 21:34, modifié 2 fois.
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Commissaire Juve
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Commissaire Juve »

Thaddeus a écrit :... Parce que la réalisatrice se refuse à juger ses personnages...
Moi, spectateur, je condamne le mec sans appel.
Pour ma part : "rejet en bloc" (qui va au-delà de la simple dimension cinématographique).

Très mauvais souvenir. Seuls points positifs : la grâce de Marie-France Boyer et les images de la France de ma petite enfance (OK : à cette époque, je portais encore des couches, je circulais en poussette à gyrophare :lol: et mes seuls souvenirs se limitent aux films 8 mm de mon paternel ; mais je me comprends).

EDIT : étonnamment, je lui avais mis un 7 sur la IMDb.
Dernière modification par Commissaire Juve le 17 oct. 17, 12:59, modifié 1 fois.
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par joe-ernst »

Je me suis emm... en regardant ce film (et je l'ai vu sur grand écran). Je lui ai collé un 3 sur IMDB et n'ai plus cherché à voir d'autres films de Varda. :(
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Commissaire Juve
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Commissaire Juve »

Thaddeus a écrit :Lorsque le garçon explique à sa femme la nouvelle situation, il le fait avec une poésie et une tendresse infinies
La nuit dernière, dans un roman de Paul Bourget, je suis tombé là-dessus.
Chez tous les hommes qu'elle avait rencontrés avant celui-ci, l'amour n'était qu'une forme déguisée du désir, et le désir lui-même une forme enivrée de l'amour-propre.
De mon point de vue, la poésie et la tendresse de François ne valent pas mieux que les "aie confiaaaance, crois en moiiiii" de Kaa dans "Le livre de la jungle". Personnellement, j'y ai vu un monstre d'égoïsme, un gars ne pensant qu'à sa petite bite.

Quand j'étais collégien, j'ai eu une copine dont le père policier braquait des convoyeurs de fonds et des agences bancaires. Quand on lit certains articles d'époque, il faisait toujours ça avec le sourire, en plaisantant avec les guichetières qu'il menaçait de son arme. Trop cool, le mec !

Le personnage du Bonheur utilise un 9 mm chargé à la "poésie" et à la "tendresse".
Dernière modification par Commissaire Juve le 17 oct. 17, 14:02, modifié 4 fois.
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Père Jules »

joe-ernst a écrit :Je me suis emm... en regardant ce film (et je l'ai vu sur grand écran). Je lui ai collé un 3 sur IMDB et n'ai plus cherché à voir d'autres films de Varda. :(
Pas vu celui-ci mais ne serait-ce que pour Daguerréotypes, tu devrais retenter ta chance ;)
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Supfiction
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Supfiction »

Commissaire Juve a écrit :
Thaddeus a écrit :Lorsque le garçon explique à sa femme la nouvelle situation, il le fait avec une poésie et une tendresse infinies

C’est à la fois extrêmement poétique et quand même assez cruche et difficile à concevoir sans faire l’effort de se projeter dans l’époque. C’est un film de 1965 mais il y a peut-être un peu déjà un peu de l’esprit de l’époque de l’amour libre qui est déjà là sans supplanter encore les conventions en place. Un film précurseur de son temps ?
Moi aussi Commissaire j’ai eu l’impression de voir un film sur la jeunesse de mes parents. Les couleurs sont frappantes. Est-ce l’époque ou le travail de la réalisatrice ? On est un peu chez Jacques Demy. Truffaut aussi, le personnage joué par Drouot a un côté Antoine Doisnel en moins turbulent.

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Commissaire Juve
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Commissaire Juve »

Supfiction a écrit :
... le personnage joué par Drouot a un côté Antoine Doisnel en moins turbulent
Je l'ai montré à ma mère. Le personnage de Drouot lui a donné envie d'acheter un lance-flammes* (et ce point de vue de femme qui fut toute jeune dans les années 60 est tout à fait respectable).

* J'imagine que dans les années 70, certaines femmes auraient peut-être préféré le sécateur.
Supfiction a écrit :
... voir un film sur la jeunesse de mes parents...
Pour les miens, ça serait plutôt Un amour pas comme les autres de Schlesinger (1962). A quelques nuances près. Mes parents, c'est vraiment Alan Bates et June Ritchie* (mais côté belle-mère, faut inverser :lol: ).

* pas pour l'année, ni pour le décor (bien sûr), pour les personnalités.
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Alexandre Angel
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Alexandre Angel »

Poursuite d'un échange commencé ailleurs.
cinephage a écrit : Edit : En lisant d'autres textes, notamment de Varda, cela dit, je dois me dire que ma compréhension du film est peut-être un peu trop ironique, que je focalise sur cette lecture, alors qu'elle revendique précisément une lecture ouverte... Ma lecture n'est donc pas forcément fausse, mais peut-être pas aussi juste que je le pensais non plus.
Dans le numéro récent des Cahiers consacré à la cinéaste, cette dernière confirme une approche ironique, toutefois moins cinglante que ce que tu suggérais.
Mais elle voit bien Drouot comme un égoïste et affirme avoir traité de la loi naturelle du désir, qui passe outre l'enclos de la cellule conjugale. Le sujet n'est pas l'adultère, absolument pas, mais plutôt le désir et la liberté.
"Et puis, l'idée terrible que chaque personne est unique mais remplaçable."
Pour Agnès Varda, "la fin du film est un peu triste, douce amère" .
Frederic Bonnaud, dans le dvd, rappelle la célébrissime phrase qui vient conclure Le Plaisir, d'Ophuls : "Le bonheur n'est pas gai".
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Max Schreck »

Assez dingue de se dire qu'à sa sortie le film a écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans.
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Alexandre Angel
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Alexandre Angel »

Max Schreck a écrit :Assez dingue de se dire qu'à sa sortie le film a écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans.
On est en 65 et on voit des tétons qui pointent : ça ne pardonne pas.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Max Schreck »

Alexandre Angel a écrit :
Max Schreck a écrit :Assez dingue de se dire qu'à sa sortie le film a écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans.
On est en 65 et on voit des tétons qui pointent : ça ne pardonne pas.
Oui mais à cette date où la Nouvelle vague s'installe, il y a du y avoir d'autres films qui pouvaient commencer à laisser passer ça. Je me dis que c'est plutôt cet "inconfort moral" généré par le film qui a semblé insupportable aux gens de la commission (la même qui interdit Le Petit soldat, Les Sentiers de la gloire et La Religieuse ?), et qu'ils se sont sentis obligés d'en préserver les fragiles spectateurs français ?

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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Jack Griffin »

Max Schreck a écrit :Assez dingue de se dire qu'à sa sortie le film a écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans.
En France, l’adultère n’est plus une faute pénale depuis la loi du 11 juillet 1975
https://fr.wikipedia.org/wiki/Adult%C3% ... _en_France

Alors que dans le film Drouot n'est pas "puni" moralement pour son acte.
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Alexandre Angel
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Alexandre Angel »

Max Schreck a écrit : Oui mais à cette date où la Nouvelle vague s'installe, il y a du y avoir d'autres films qui pouvaient commencer à laisser passer ça. Je me dis que c'est plutôt cet "inconfort moral" généré par le film qui a semblé insupportable aux gens de la commission (la même qui interdit Le Petit soldat, Les Sentiers de la gloire et La Religieuse ?), et qu'ils se sont sentis obligés d'en préserver les fragiles spectateurs français ?
Oui, c'est surtout ça...et Thérèse (c'est bien le nom de la postière?) qui dit : "Tu n'es pas le premier" !
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Commissaire Juve »

Alexandre Angel a écrit :
Max Schreck a écrit : Oui mais à cette date où la Nouvelle vague s'installe, il y a du y avoir d'autres films qui pouvaient commencer à laisser passer ça. Je me dis que c'est plutôt cet "inconfort moral" généré par le film qui a semblé insupportable aux gens de la commission (la même qui interdit Le Petit soldat, Les Sentiers de la gloire et La Religieuse ?), et qu'ils se sont sentis obligés d'en préserver les fragiles spectateurs français ?
Oui, c'est surtout ça...et Thérèse (c'est bien le nom de la postière?) qui dit : "Tu n'es pas le premier" !
Voilà. Tout à l'heure, j'ai voulu aussi pointer l'immoralité du film (replacé dans son époque) et puis j'ai passé mon chemin.

En janvier 1968, mon ciné de quartier avait organisé un débat public suite à la projection de la Religieuse (j'ai trouvé ça dans les archives ; à l'époque, j'étais à la maternelle).
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Supfiction
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Re: Le Bonheur (Agnès Varda - 1965)

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Max Schreck a écrit :Assez dingue de se dire qu'à sa sortie le film a écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans.
On est en 65 et on voit des tétons qui pointent : ça ne pardonne pas.
Le téton que l’on voit, c’est une femme qui allète. Le genre de truc qui au contraire pourrait éventuellement choquer certains aujourd’hui alors que ce n’était pas le cas à l’époque.

L’interdiction pour les mineurs c’est sûrement simplement à cause de l’adultère.

Edit: ah non c’est vrai on doit voir les seins de la jolie marie France Boyer) à un moment mais c’est très prude quand même (mon œil doit être perverti peut-être).
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