Pour une critique plus longue, suivre le guide Justin KwediCauchemar, film noir, conte, Blue Velvet navigue à la lisière de différentes contrées. Plus classique dans sa structure que les futures réalisations de Lynch, Blue Velvet séduit toujours autant vingt-cinq ans après sa réalisation. D’une maîtrise visuelle époustouflante, le film anticipe l’univers envoûtant de Twin Peaks et les dérives mentales de Mulholland Drive. Blue Velvet happe à jamais ses spectateurs, à l’image de sa séquence d’ouverture qui voit la caméra plonger dans un gazon immaculé et s’engouffrer dans une terre peuplée de vermine. Impossible d’oublier Franck (Dennis Hopper) et son masque à oxygène hurlant « Mommy » ou Dorothy Valens (Isabella Rosselini), ses velours et sa voix langoureuse qui susurre la chanson éponyme du film. Blue Velvet multiplie ces visions qui impriment à jamais la rétine. Une oeuvre totalement immersive qui prend sa vraie mesure sur grand écran. On ne saura donc que conseiller fortement aux spectateurs qui auront la chance de le voir passer près de chez eux de s'engouffrer dans leur salle de cinéma... Promis, ils n'en ressortiront pas indemnes...
Blue Velvet (David Lynch - 1986)
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Kevin95 n'ayant pas posté son message ici, je pensais que le topic n'existait pas. Pourtant si, donc je me permets de le recoller en ce lieu, et j'en profite pour poster ma critique.
BLUE VELVET - David Lynch (1986) révision
Après le foirage Dune, Dino De Laurentiis - qui ne devait pas avoir la conscience au propre - offrit un rab budgétaire à un Lynch encore tout chafouin, avec la promesse de lui laisser le terrain libre dans un cadre économique modeste. Exit les prétentions de space opera, le réalisateur choppa le pompon et mis en scène un monde qui le démangeait et qui le redemandait pendant très longtemps, celui d'un Amérique iconique mais malade, d'un univers sirkien mixé à la folie bunuelienne. Blue Velvet en 1986 marque un tournant dans l’œuvre de Lynch mais aussi (pardon aux gardiens du temple) une sorte d'aboutissement. Rien de ce que fera l'ami au cinéma ou à la télévision par la suite, n'arrivera au niveau de ce film-ci, rien ne retrouve le malaise qu'il provoque et l'état d’hébétement qu'il génère. En même temps, toute la suite vient d'ici, vient de cette oreille coupée, du jeu impassible de MacLachlan, de la violence d'un Denis Hopper aux anges (du mal) et de la sensualité trouble d'Isabella Rossellini. Alors oui, Blue Velvet est mon chouchou dans l’œuvre du cinéaste et libre à chacun de me contredire, de m'injurier ou de me prouver par A+B que Bill Pullman qui fait le con avec son saxo (Lost Highway) ou que deux starlettes à L.A. (Mulholland Drive) valent bien plus. Chacun fait fait fait ce qui lui plait plait plait, mais je resterais sur le rêve Blue Velvet qui fait office de baffe dans la gueule. Lynch dose avec minutie son style, ne laisse jamais sa patte envahir le genre noir, s'autorise des citations explicites (Hitchcock avec Rear Window, Buñuel et Dalí avec Un chien andalou) tant qu'elles nourrissent sa diégèse. Pour arriver à quoi ? Un rêve ? Un fantasme ? Plutôt un voyage au fond de la noirceur humaine, vu à travers un quidam lambda, effacé, sans charisme. Sa vie est faite de faux semblants qui, au contact de la dégueulasserie de son prochain, va voler en éclat. Le final est drolatique car volontairement outré, le rouge-gorge comme l'enfant dans les bras de sa mère sont des sentiments confortables, aimables, mais qui n’effacent en rien les cicatrices des images précédentes. Selon le spectateur, on peut croire en cet espoir final ou en rire. Étant d'une nature pessimiste, je me dis que Dennis Hopper ne doit pas être loin car le film se conclut comme il a commencé, par un rideau de velours bleu, soit le fétiche du personnage. Et si ce diable de Franck Booth était le metteur en scène de ce conte horrifique ?
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Chouette déclaration d'amour, comme toujours.
Fascinant de se dire qu'un film comme Blue velvet a concouru aux Oscars 1987 dans une catégorie aussi prestigieuse que celle du meilleur réalisateur. Bon, ils sont pas allés jusqu'à le nommer dans les Meilleurs films ou dans d'autres distinctions, et c'est Platoon (rétrospectivement pas ce que Stone a fait de mieux) qui a raflé la mise, mais quand même, c'est avec des cas comme ça que je me dis que l'Académie avait encore un minimum de burnes à cette époque.
Fascinant de se dire qu'un film comme Blue velvet a concouru aux Oscars 1987 dans une catégorie aussi prestigieuse que celle du meilleur réalisateur. Bon, ils sont pas allés jusqu'à le nommer dans les Meilleurs films ou dans d'autres distinctions, et c'est Platoon (rétrospectivement pas ce que Stone a fait de mieux) qui a raflé la mise, mais quand même, c'est avec des cas comme ça que je me dis que l'Académie avait encore un minimum de burnes à cette époque.
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
51 minutes inédites dans l'édition Criterion
http://www.troiscouleurs.fr/news/the-lo ... 18wC0UQrZk
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
J'ai fait la même erreur (et nous ne sommes pas les seuls) : apparemment il s'agit des séquences dispos dans l'édition française.
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Oui elles sont sur l'édition française mais pas du tout sous titrées...
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Ah pardon.1kult a écrit :J'ai fait la même erreur (et nous ne sommes pas les seuls) : apparemment il s'agit des séquences dispos dans l'édition française.
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Espérons peut-être une ressortie BR avec cette fois des sous-titres sur les scènes coupées...
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Je ne l’avais pas revu depuis sa sortie.
Difficile de (re)voir ce film aujourd’hui, tant chaque idee, plan, son,... montrent combien il est la matrice de l’oeuvre à venir de Lynch. Il y a bien sur des moments incroyables (la descente au « bordel » par exemple) et des trucs douteux (le piaf empaillé: c’est pas possible) mais cela semble le brouillon de Twin Peaks.
En effet, en multipliant les personnages, en s’attaquant au racine du mal, en deployant des meandres tragico-douloureux, en osant un veritable « au dela », ce que Blue Velvet ebauche, Twin Peaks le deploiera.
Film majeur peut etre, matriciel bien sur, dépassé je le pense.
Difficile de (re)voir ce film aujourd’hui, tant chaque idee, plan, son,... montrent combien il est la matrice de l’oeuvre à venir de Lynch. Il y a bien sur des moments incroyables (la descente au « bordel » par exemple) et des trucs douteux (le piaf empaillé: c’est pas possible) mais cela semble le brouillon de Twin Peaks.
En effet, en multipliant les personnages, en s’attaquant au racine du mal, en deployant des meandres tragico-douloureux, en osant un veritable « au dela », ce que Blue Velvet ebauche, Twin Peaks le deploiera.
Film majeur peut etre, matriciel bien sur, dépassé je le pense.
- Barry Egan
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Bizarrement, je préfère cette matrice cinématographique à son rejeton télévisé, qui a trop vite échappé à ses deux géniteurs et qui ne maintient pas sa qualité sur toute sa durée. En moins de temps et avec moins de moyens, tout est déjà dit, sans être explicite. Plus de place pour que le spectateur se fasse ses propres idées, y projette ce qu'il souhaite ou pas.
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Je peux le comprendre.
Mais je trouve le meilleur de Twin Peaks (cad les episodes réalisé par Lynch plus quelques autres) plus forts. En tout cas, ils m’ont plus touchés. On peut mettre dans le lot Fire walks with me. Je ne parle pas du retour qui m’a laisse dubitatif...,
Mais je trouve le meilleur de Twin Peaks (cad les episodes réalisé par Lynch plus quelques autres) plus forts. En tout cas, ils m’ont plus touchés. On peut mettre dans le lot Fire walks with me. Je ne parle pas du retour qui m’a laisse dubitatif...,
- Barry Egan
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Ah, si on devait considérer à part, le tout dernier épisode du "Twin Peaks" original resterait le moment de sa filmographie le plus traumatisant. Mais sur l'ensemble de la série d'origine, c'est un trait de génie isolé. J'aime bien le pilote mais je le trouve assez conventionnel au fond, tout comme la majorité des épisodes."Fire walk with me" est un peu froid malgré la belle empathie du réalisateur pour son sujet et ses personnages. "The Return" est un formidable labyrinthe épique avec tous les défauts liés à sa longueur, ses creux et ses inspirations douteuses, mais l'effort est beau et émouvant en soi. C'est l'oeuvre d'un cinéaste qui ne veut pas faire autre que s'épuiser totalement dans son art et d'un homme qui redoute fortement la mort au point de la sentir s'abattre sur lui à chaque instant. Pour cette raison, ce "The Return" est moins nostalgique que tout ce qu'il a créé entre "Eraserhead" et le premier "Twin Peaks". Moins ouvertement.
- Watkinssien
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
J'aime beaucoup Twin Peaks la série et le film. Mais Blue Velvet m'apparaît comme totalement supérieur. Et pourtant Dieu sait que j'aime l'univers de la série.
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Re: Blue Velvet (David Lynch - 1986)
Blue Velvet n'est pas que la matrice de Twin Peaks mais, on peut dire, de tous les Lynch qui suivent. Si je l'apprécie énormément, il me procure des émotions moins puissantes que ses films moins linéaires, que ce soit The Return, Fire Walk with me, ou Mulholland Drive, et n'arrive pas à le défaire de son côté embryonnaire... du moins jusqu'à une éventuelle redécouverte (car en 15 ans je n'ai presque pas revu les Lynch pre The Return )