Thaddeus What's the fuck a écrit : Zombie
Le film a beau être considéré par beaucoup des spécialistes comme le meilleur opus de la longue série consacrée aux morts-vivants, je l’ai trouvé très vieilli et défaillant à presque tous les niveaux. Certes Romero déroule son unique sujet – l’insécurité – avec une transparence théorique qui pourrait légitimer jusqu’aux pauvretés du scénario. Bien sûr la nature de la menace importe si peu que les attaques de la police et celles des zombies sont traitées exactement de la même manière, dans une mise à l’écart de toute spécificité du fantastique. Mais sur le strict plan de l’efficacité horrifique, c’est peu dire que le huis-clos fonctionne mal ; et sur celui de l’allégorie, il semble pour le coup singulièrement limité, dénué de prolongement, la métaphore sur la société de consommation pesant des tonnes. 2/6
Le jour des morts-vivants
Le troisième volet de la série revient à la même donnée que ses prédécesseurs et en tire des variations nouvelles qui en prolongent avec cohérence les thèmes récurrents. Il développe cette fois quasiment un schéma d’anticipation : la race humaine a presque totalement disparu, une poignée de survivants organise une résistance désespérée tandis qu’un docteur Frankenstein domestique un zombie chez qui il perçoit les signes d’une nouvelle évolution. Tout en réservant le mauvais rôle aux crétins résidus de l’armée (ce qui lui permet de cocher la case gauchiste de son propos), Romero joue avec ses créatures en décomposition et ses visions d’étalage et d’étripage sur des airs de synthé trop 80’s. L’ensemble est didactique, gentiment ringard, mais suffisamment rythmé et inventif pour amuser. 4/6
Pour Zombie, réponse parfaite de Demi-Lune. J'ajouterai quelques remarques, ou plutôt quelques questions.
Je ne vois pas où tu vois que le thème de l'insécurité est l'unique sujet de Zombie. Faut m'expliquer là. On pourrait tout à fait dire que c'est le début de l'exode humaine ou sa fin. Que cette destruction prenne la forme d'un retour à la barbarie carnavalesque va dans le sens de la satire de Romero. L'excès est inclus dans le programme. Mais le film ne se limite pas à cela. Il est aussi plus secret je trouve. Plus anthropologique et mythique. C'est aussi un déchirant film de couple, deux hommes, une femme, la société de consommation. Son récit a presque l'allure d'une sorte d'Adam et Eve qui serait frottée à la société de consommation, ses plaisirs virtuels...Après l'excitation lié au fait d'avoir accès à tout, vient le temps de l'ennui, défense de la propriété, conduisant à répéter les mêmes erreurs du passé. Avec l'idée que l'homme, au-delà des zombies qui s'humanise de plus en plus au fil de la trilogie, est l'horreur ultime, en se déshumanisant.
En plus d'être d'un prodigieux film de siège, nerveux et rageur doté d'une esthétique pop auquel répondra en un sens le terne et claustrophobe Day of dead, qui retrouvera l'idée d'une autre humanité. Cette trilogie est aussi une trilogie sur la bêtise humaine et la misanthropie de Romero. D'ailleurs, à propos de Day of the dead : oui, tu as raison, le film possède une dimension didactique. Pas vraiment un défaut mais un choix délibéré. Puisque l'un des thèmes, au delà de l'anti-miltarisme et de la misogynie, n'est autre que la domestication, l'apprentissage. Logique que le film soit didactique. Il y a des moments magnifiques d'apprentissage, qui en un sens rappelle les scène de dressage de White Dog, cet autre grand film sur l'apprentissage. D'ailleurs, la domestication est une chose qui fascinait Romero. Dans une interview, il avouait qu'il aurait rêvé réaliser A.I notamment à cause de ce thème de la domestication.
Mais à te lire, je crois surtout que tu as du mal avec ce cinéma-là, tu n'y crois pas. Je me trompe ?