FILM DU MOIS:
Fanny & Alexandre, d'Ingmar Bergman (1982) 10/10 - Sublime photo de Sven Nykvist, magnifique mise en scène de Bergman, qui transcende ici ses obsessions dans un récit qui ménage une part autobiographique et surtout révèle une sensibilité particulière, qui emporte le spectateur dans une émotion de tous les plans, entre évocations du passé, fantômes amicaux ou effrayants, hommes cruels ou pitres truculents... Du très grand cinéma.
FILMS DECOUVERTS:
The Meg / En eaux troubles, de Jon Turteltaub (2018) 7/10 - Un film de monstre bien fichu. Le scénario absurde multiplie les invraisemblances, mais toujours dans le dessein d'aboutir à une séquence ou un plan rigolo. On s'amuse, ce qui est l'essentiel pour un film de ce type. Enfin, je reste frappé par le plan (repris dans la bande annonce) de la petite fille, qui est d'une force qui transcende le film dont il est issu. Chapeau au storyboarder !!
Le monde est à toi, de Romain Gavras (2018) 7/10 - Quoique très bancal, ce film permet à Gavras de déployer son univers de loubards, de paumés un peu idiots (mention spéciale à V.Cassel, hilarant). S'il y a du travail pour effacer l'aspect "clipesque" de sa mise en scène (pénible pour les dialogues et certaines séqueces), il y a aussi une aptitude à déchainer les comédiens dans des contre-emplois formidables... On a donc envie de voir comment évoluera le style de Gavras dans son prochain film.
Judo Throw Down, de Johnnie To (2004) 7,5/10 - Malgré un script un peu elliptique, l'élégance de la mise en scène, la beauté de la photo, le charisme des acteurs, tout cela fait de ce film un bel objet, avec sa dose d'émotion et de bons moments.
Weekend, d'Andrew Haigh (2011) 8/10 - Ce film nous raconte la naissance d'un amour. Magnifiquement filmé, il nous laisse happer dans l'histoire de la rencontre de Glenn et Russell, et nous fait partager leur intimité. Un film assez intense, porté par une photo superbe.
Burning, de Lee Chang-Dong (2018) 8/10 - Un film intense, qui suggère plus qu'il ne montre, superbement filmé, dont la conclusion n'en finit pas de pousser le spectateur à ressasser ce qu'il a vu.
May the Devil take you, de Timo Tjahjanto (2018) 4/10 - C'est pas que ça soit mal fait, mais ça ressemble à un copier-coller de plein de trucs, de l'exorciste à Evil Dead, il n'y a pas beaucoup d'idées neuves, et le scénario est encore moins surprenant.
Hanasareru gang, de Nobuhiro Suwa (1984) 6/10 - Je ne marque que les longs dans ce journal de visionnages. Cette série des hatchimiri japonais que propose l'étrange festival est moins une réserve de films fabuleux qu'une série de clés, par la révélation de ses brouillons, du jeune cinéma japonais des années 80, qui contenait en creux le cinéma contemporain. Sion est déjanté, Tsukamoto fait des histoires de vampires et de voyage temporel, Suwa imite Godard dans un polar déconstruit. Le tout est très intéressant.
A Man's Flower road, de Sono Sion (1986) 7/10 - Sorte de journal intime et d'essai cinématographique, on voit ici Sion chez lui, débordant d'énergie et jamais à l'aise, commençant à élaborer les bases de son univers à venir. C'est rare de voir un film aussi intime.
Happiness Avenue, de Katsuyuki Hirano (1986) 7,5/10 - Ce film qui s'attache à une bande de marginaux, décalés, travestis et autres clochards, m'évoque une variation de Dernière sortie pour Brooklyn, en plus joyeux. Car les moments festifs dans le films sont réellement drôles et lumineux.
The Field Guide to Evil, film collectif (2018) 2/10 - Malgré un visuel léché, 6 films sur les 8 manquent manifestement de travail, dans le jeu, le rythme, et surtout l'écriture. Il ne se passe rien ou alors cela sans cohérence ou finalité. Un patchwork indigeste, et long.
Buybust, de Erik Matti (2018) 7/10 - Sorte de polar faussement musclé, le film pèche sérieusement sur le rythme et les cascades. Néanmoins, le choix d'opposer les policiers à un bidonville entier implique un bodycount faramineux, et crée des images assez spectaculaires, ce qui donne un film qu'on regarde sans ennui.
A vigilante, de Sarah Daggar-Nickson (2018) 5/10 - Enième rape and revenge, dénué de la moindre originalité, ormis un démarrage sec qu'un long et inutile flashback explicatif vient neutraliser. Jolie photo en revanche, mais le film reste d'une triste banalité.
The Rain Women, de Shinobu Yaguchi (1990) 4/10 - Ensemble de séquences disjointes et plus ou moins réussies, le film pèche à raconter quelque chose, et finit par ennuyer lourdement.
Violence Voyager, de Ujicha (2018) 7,5/10 - Film d'animation statique, à la fois pop et sadique, violence voyager commence par une intrigue effrayante, pour basculer dans un trip entre James Bond et jeux vidéos horrifiques. Je me suis beaucoup amusé.
The spy gone north, de Yoon Jong-bin (2018) 7,5/10 - Un polar humaniste qui joue la carte historique et évite l'action. Très sympathique, notamment les séquences brillantes en Corée du Nord du début des années 90.
Killing, de Shinya Tsukamoto (2018) 6,5/10 - Inégal, le film alterne de très belles séquences de jeu et de duels, avec des moments plus proches de ce que je n'aime pas trop chez ce cinéaste, trouble intérieur, folie, délire de la caméra qui gigote... On reste partagé, mais le film vaut le coup d'oeil.
Perfect Skin, de Kevin Chicken (2018) 7,5/10 - Dans un esprit proche de The Collector, de William Wyler, on suit ici le kidnapping d'une jeune fille par un tatoueur décidé à imposer son chef d'oeuvre. Le film est porté par un casting qui fonctionne bien, un visuel très esthétisé, et une BO qui assure une belle atmosphère. Contrat rempli et un film assez sympa.
The hospital, d'Arthur Hiller (1971) 8/10 - Comédie noir sur les dysfonctionnements hospitaliers, le film bénéficie d'excellents dialogues de Paddy Chayefsky et de comédiens en grande forme, Georges C. Scott en tête. Gourmandise cinéphile...
Upgrade, de Leigh Whannell (2018) 7,5/10 - Série B de science-fiction bien fichue, assez efficace et rythmée, au fort potentiel de divertissement.
Lifechanger, de Justin McConnell (2018) 6/10 - D'un postulat fantastique assez intrigant, McConnell tire un film au rythme inégal, et qui manque de rythme. C'est pas mal, mais il y avait de quoi faire mieux...
La chatte des montagnes, de Ernst Lubitsch (1921) 7,5/10 - Une comédie charmante, bourrée d'idées et d'inventions, notamment dans la forme des cadres, où Pola Negri se révèle aussi charmante que très drole. Belle réussite de Lubitsch, où l'on décèle la patte du réalisateur à venir.
J'accuse, d'Abel Gance (1938) 5,5/10 - Archétype du film à message, ce J'accuse garde bien quelques jolis moments à la limite de l'expérimental, mais se révèle surtout très lourd et sentencieux. A ce titre, Victor Francen est parfois pontifiant à l'insupportable, et en fait des caisses.
L'ordre et la morale, de Matthieu Kassovitz (2011) 6/10 - Là encore, le message prime sur le récit, pourtant fort intéressant. Mais le casting fonctionne plutôt bien, et on reste attaché au déroulement de l'histoire.
Mr Sardonicus, de William Castle (1961) 7,5/10 - William Castle s'amuse avec les codes du genre, et nous avec. En découvrant ses films, je m'étonne de voir combien il avait l'intuition de comment fonctionne l'horreur au cinéma, et savait en détourner les codes, même avec des intrigues très simples.
The Sisters Brothers, de Jacques Audiard (2018) 7,5/10 - Entre exercice de style et western psychologique. Audiard mêle au western son intéret pour les relations familiales, les rapports tutélaires fort-faible, avec un bonheur inégal. En revanche, entre un casting en or et une photo enchanteresse, le spectateur se régale.
The Covered Wagon, de James Cruze (1923) 9/10 - Film séminal et excellent western à grand spectacle, The Covered Wagon suit la transhumance d'innombrables colons traversant l'Amérique et affrontant mille dangers, posant la base pour de nombreux films ultérieurs. Il s'agit aussi et surtout d'un très bon film, spectaculaire, drole et passionnant. Une belle découverte grace au bluray Kino, qui met bien en valeur le visuel du film.
Martha, de Rainer Werner Fassbinder (1974) 8,5/10 - Dans une veine lyrique particulièrement sirkienne (le réalisateur est nommément cité dans une scène), Fassbinder nous fait le récit d'une oppression féminine redoutable, qui, en écho avec mon film du mois, rappelle combien le rapport entre homme et femmes peut être déséquilibré... Comme toujours, les cadres sont pertinents, les mouvements de caméra au rasoir. Quel réalisateur !
Zelig, de Woody Allen (1983) 7/10 - Tout le film d'Allen semble construit sur une seule idée, certes excellente et drole, mais un peu lassante à force. Heureusement, les reconstitutions sont réussie, et le comique a un sens du rythme et de l'absurde inimitable.
La nonne, de Corin Hardy (2018) 2/10 - Corin Hardy ne comprend pas ce qu'est un film d'horreur, et détruit tous les moments un tant soit peu susceptibles d'être effrayant. Si l'on rajoute à cela un scénario d'une improbable bêtise, on aboutit au grand nanard de l'année...
FILMS REVUS:
Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, de John Carpenter (1986) 9/10 - Révision hilare de ce film d'aventure aussi spectaculaire qu'inventif. Jack Burton rulzzz...
Films des mois précédent
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