Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Boubakar
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Message par Boubakar »

Alexandre Angel a écrit :
Demi-Lune a écrit : Alors mate celle-là : l'encastrement sur le bitume (cascade dont je ne m'explique même pas qu'elle soit possible sans que les mecs ne se tuent).
Le gif est extrait du générique de fin "outtakes", mais la cascade est bien dans le film.

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Bon alors, de deux choses l'une. Soit il s'agit de mannequins mais du genre extrêmement bien faits. Soit, plus vraisemblablement, les gusses sont tous morts et à Hong Kong, c'est la routine.
Ils ne sont pas morts, certains ont été blessés, et d'autres dans le coma durant quelques heures.
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Alexandre Angel a écrit :
bruce randylan a écrit :A la base, le bus devait s’arrêter un peu plus loin et les cascadeurs devaient atterrir sur la voiture pour tomber de moins haut... Et puis ça n'a pas marché quand ils voulaient.
Ce que tu dis ressemble à un vrai gag car ce que montre le gif, c'est que c'est le faux-raccord qui empêche les mecs de tomber sur la voiture :mrgreen:
Ce n'est pas un faux raccord mais deux prises différentes. Dans le plan large (ou la première prise), le bus s'arrête trop proche (ou arrive trop vite) et Jackie doit se dégager.
Je crois que c'est dans le documentaire My stunts qu'il en parle. Très bon doc d'ailleurs où il explique notamment comment il met en place ses chorégraphies.
(Yuen Woo-ping explique que c'est parce qu'il n'est pas si bon en arts-martiaux qu'il a du inventer des combats plus burlesques, très millimétrés, pour se mettre en valeur et donner l'illusion d'un artiste technique).
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Demi-Lune
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Message par Demi-Lune »

bruce randylan a écrit :Et ne pas oublier l'excellente vidéo Everyframe a painting sur Jackie pour mieux comprendre pourquoi les hong-kongais restent inégalés dans la mise en scènes des combats.
Absolument passionnant (comme chaque Every frame a painting). Une leçon de cinéma. :)
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AntonChigurh
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Message par AntonChigurh »

Mois de Mai "record" pour ma part avec 53 films vus (dont 30 découverts) ainsi que 3 excellentes séries.

Le vainqueur qui l'emporte haut la main est le western de Delmer Daves "The Last Wagon" qui est remarquable de A à Z et contient tout ce que j'aime dans le genre.
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Suivi de près par "Alien, le huitième passager" de Ridley Scott :
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"L'été de Kikujiro" de Takeshi Kitano :
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"Il faut sauver le soldat Ryan" de Steven Spielberg :
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"Django Unchained" de Quentin Tarantino :
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"True Detective" :
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"The Night Manager" (mini-série) Un grand merci à 1kult pour la découverte 8) :
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"True Detective" :
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Quel beau mois ; je valide tout 8)
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AntonChigurh
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Message par AntonChigurh »

Jeremy Fox a écrit :Quel beau mois ; je valide tout 8)
Un des derniers "gros" mois avant l'approche de l'été donc j'en ai vraiment profité à fond... :oops:
J'ai mélangé les découvertes et redécouvertes dans ce récap' en ne conservant que ce qui m'avait impacté le plus émotionnellement parlant.
Merci de ton commentaire en tout cas 8) ; ça fait toujours plaisir :wink: !.
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Supfiction
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Message par Supfiction »

AntonChigurh a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Quel beau mois ; je valide tout 8)
Un des derniers "gros" mois avant l'approche de l'été donc j'en ai vraiment profité à fond... :oops:
J'ai mélangé les découvertes et redécouvertes dans ce récap' en ne conservant que ce qui m'avait impacté le plus émotionnellement parlant.
Merci de ton commentaire en tout cas 8) ; ça fait toujours plaisir :wink: !.
C’est la saison 2 de True detective ? (Il me semble reconnaître Rachel McAdams..) Pas encore vu. J’ai bien aimé la 1 alors que les histoires de serial killers m’ennuient terriblement d’ordinaire.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit :
AntonChigurh a écrit : Un des derniers "gros" mois avant l'approche de l'été donc j'en ai vraiment profité à fond... :oops:
J'ai mélangé les découvertes et redécouvertes dans ce récap' en ne conservant que ce qui m'avait impacté le plus émotionnellement parlant.
Merci de ton commentaire en tout cas 8) ; ça fait toujours plaisir :wink: !.
C’est la saison 2 de True detective ? (Il me semble reconnaître Rachel McAdams..) Pas encore vu. J’ai bien aimé la 1 alors que les histoires de serial killers m’ennuient terriblement d’ordinaire.

La saison 2 de True Detective, je l'ai trouvé tout simplement géniale ! Je lui avais mis 9.5/10 !
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :
Supfiction a écrit :
C’est la saison 2 de True detective ? (Il me semble reconnaître Rachel McAdams..) Pas encore vu. J’ai bien aimé la 1 alors que les histoires de serial killers m’ennuient terriblement d’ordinaire.

La saison 2 de True Detective, je l'ai trouvé tout simplement géniale ! Je lui avais mis 9.5/10 !
J’ai peur que l’intigue soit un peu trop compliquée à mon goût. La 1 se concentrait sur les 2 personnages, c’est ça qui était bien.
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AntonChigurh
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Message par AntonChigurh »

Supfiction a écrit : C’est la saison 2 de True detective ? (Il me semble reconnaître Rachel McAdams..) Pas encore vu. J’ai bien aimé la 1 alors que les histoires de serial killers m’ennuient terriblement d’ordinaire.
Oui c'est bien elle :wink: .
Je ne savais pas quelle illustration choisir et quand je suis tombé sur celle-ci je l'ai trouvé très bien, ça fait un peu "Viens dans "Le Bus magique" faire ce voyage avec nous..." :) (ceux qui ont vu la série comprendront :mrgreen: ).
J'aime autant la deuxième que la première pour ma part, l'atmosphère est très envoûtante, dur de ne pas enchaîner les épisodes...
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit :
Jeremy Fox a écrit :

La saison 2 de True Detective, je l'ai trouvé tout simplement géniale ! Je lui avais mis 9.5/10 !
J’ai peur que l’intigue soit un peu trop compliquée à mon goût. La 1 se concentrait sur les 2 personnages, c’est ça qui était bien.
Pas du tout ; je n'apprécie que rarement une intrigue trop complexe. C'est très fluide au contraire.
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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Chaque mois je galère un peu plus pour boucler mon récap... :?

Film du mois de mai


1. Riches et Célèbres (George Cukor, 1981)


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2. Ponette (Jacques Doillon, 1996)


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3. En Guerre (Stéphane Brizé)


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Mes découvertes en détail :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Drame de la jalousie
Il est maçon, elle est fleuriste, ils se rencontrent par hasard, c’est le coup de foudre. L’entrée en scène d’un pizzaiolo fait emprunter au triangle prolo-amoureux les sentiers du mélo contrarié, sur un mode mi-tendre mi-burlesque qui sait trouver son propre ton. Prenant prétexte de cet imbroglio sentimental, Scola affirme son intention de porter le bistouri dans les plaies de la société italienne, pose son œilleton sur la saleté des plages romaines, l’activité militante du partie communiste, la condition de certains parvenus et celle de diverses catégories de travailleurs. Débridée et cocasse, drôle mais touchante, servie par des acteurs au sommet de leurs moyens, la comédie exprime clairement la question des rapports entre les sentiments et l’idéologie, sans jamais tomber dans la démagogie ou la vulgarité. 4/6

Wrong (Quentin Dupieux, 2012)
Dupieux l’a bien compris, cultiver l’absurde consiste d’abord à capter le normal dans sa dimension la plus prosaïque, à enregistrer la banalité du quotidien avec beaucoup de minutie. Le réveil sonne tous les matins à la même heure (7h60), on file travailler dans un bureau paysager (où il pleut des cordes), on discute plantes vertes avec son jardinier (qui explique mal la substitution d’un palmier par un sapin). Et tout le monde (sauf le voisin, qu’une peur existentielle carabinée pousse à faire l’expérience du vide) s’acharne à maintenir cette routine rassurante, ce semblant de réalité ne cessant de se dérober et rappelant le Buñuel du Charme Discret ou du Fantôme de la Liberté. Par-delà la suave folie de ses situations, le film exprime ainsi une angoisse toute personnelle du néant, de la perte et du désamour. 4/6

Le fond de l’air est rouge (Chris Marker, 1977)
À partir de documents issus de toutes les cinémathèques, Marker investit les points de focalisation d’une bataille mondiale adaptée aux conditions locales : la lutte du capitalisme et du socialisme. L’institutionnalisation ne pouvant être à la fois l’explication et la conséquence de l’échec des mouvements révolutionnaires entrepris à la fin des années soixante en Amérique latine ou en Occident, à Paris, à Prague ou à Santiago, il conclut que la matière en fusion du réel ne saurait être cadenassée par les a priori dogmatiques. Il y a des leaders et des foules, des guerres et des fanatismes, des désillusions et des aliénations, et au bout du chemin le visage incrédule de ceux qui croient domestiquer l’Histoire. Utopie à rebours fatale, analysée au fil d’une réflexion théorique, ardue, mais toujours d’une grande clairvoyance. 4/6

L’échine du diable (Guillermo Del Toro, 2001)
À l’orphelinat Santa Lucia, no man’s land aux confins d’une Espagne en feu, le fantôme d’un jeune disparu traque ses camarades en réveillant frayeurs et mystères. Est-ce l’ombre diffuse de la guerre, la chape angoissante de la bâtisse isolée ou bien le secret des morts ? Le sujet n’est pas sans promesses, mais son traitement académique et souffreteux est celui d’un illustrateur appliqué, peinant à se défaire des clichés et du manichéisme à gros traits (une constante chez Del Toro). Le film est entravé de questionnements inutiles, de refoulements qui l’empêchent de trouver une latitude plus personnelle, incertitudes flagrantes dans le délitement d’un récit fantastique grignoté par des résidus de western-paella, avec fièvre de l’or, vengeance, meurtres sordides. Et le rêve funèbre de basculer dans la banalité. 3/6

Everybody knows (Asghar Farhadi, 2018)
Par sa tentation vite désamorcée du pittoresque, le film ne semble souscrire aux signes superficiels de la chronique ibérique que pour prendre rapidement la tangente et creuser un registre que le cinéaste maîtrise à la perfection : le suspense hitchcockien. Il serait démasqué comme un ingénieux dispositif dramaturgique, dispensant chausse-trappes, révélations et coups de cymbale narratifs, s’il n’analysait avec acuité le poison latent de la dette non soldée, des rancœurs enfouies qui, en situation de crise, inocule la chair des relations les plus solides. Et s’il oblige le spectateur à réviser ses jugements confortables, il n’en exalte pas moins une humanité malmenée qu’une compassion universelle pousse irréductiblement à la grandeur. Menée par un couple de stars très investi, l’interprétation est au diapason. 5/6

Plaire, aimer et courir vite (Christophe Honoré, 2018)
L’équilibre entre une forme toute classique de plénitude romanesque et un goût personnel du décalage, du marqueur culturel, de la coquetterie assumée, entre la largeur du tableau prétendant à la peinture psycho-sociale d’une époque et l’humilité de la pièce de chambre visant à l’échantillon intimiste, a souvent été convoité par l’auteur. Peut-être ne l’avait-il jamais atteint de manière aussi satisfaisante qu’avec cette romance vécue à l’ombre fatale du sida, dont le ton papillonnant n’est que le murmure poli d’une gravité jamais éludée. Sans révolutionner son cinéma ni dépasser celui auquel il se réfère, Honoré cueille les fruits d’une beauté puisée dans le croisement éphémère de deux lignes de vie, l’une en déclin tentée par la mélancolie du renoncement, l’autre en devenir par la soif bravache de bonheur. 4/6

Nénette et Boni (Claire Denis, 1996)
De même qu’une grossesse est une question de fluides, de fusion entre des éléments complémentaires, la progression de cette chronique marseillaise relève presque de la procréation. Elle rend compte du long cheminement au bout duquel un frère et une sœur, d’abord prisonniers de leur isolement, déteignent l’un sur l’autre et finissent par former une troisième entité. Mais si l’on apprécie chez Denis son goût pour les récits en creux privilégiant les temps faibles et les profils perdus, elle semble ici ne revenir à son histoire que lorsqu’elle s’en souvient, et émietter négligemment un quignon de drame entre deux louchées de rêverie aqueuse. En résulte un huis-clos insaisissable, aussi rêche et peu aimable que ses personnages, dont le principe de réalité est constamment troué d’effusions fantasmatiques. 3/6

Prisonniers du passé (Mervyn LeRoy, 1942)
Quel que soit le genre dans lequel il s’épanouit, le moteur dramatique fourni par le thème de l’amnésie est riche de possibilités romanesques. En racontant l’histoire d’un officier britannique rescapé des tranchées de la Grande guerre et frappé deux fois par la foudre du destin, LeRoy s’appuie sur une mécanique scénaristique d’une irréprochable efficience. Son attention à la fragilité des êtres et à leur insatiable flamme affective, constitutive du grand mélodrame hollywoodien des années quarante, s’accommode du ton un peu solennel qui parcourt le récit. Et si le film émeut jusqu’à remporter une franche adhésion, que cristallise un dénouement cathartique, c’est aussi parce qu’il est porté par un excellent duo d’acteurs – à commencer par Greer Garson, personnification vibrante de l’amour salvateur. 4/6

À cheval sur le tigre (Luigi Comencini, 1961)
Plus pessimiste encore que Le Pigeon ou Le Fanfaron, qui lui sont contemporains, cette odyssée tragi-comique d’un pauvre hère victime des circonstances vaut comme approche, à partir d’un certain nombre de procédés traditionnels de la comédie italienne, d’une mise en scène qui favorise de longs plans sur le travail d’un acteur et exploite les possibilités de déception ou de rebondissement inscrite dans la topographie. Elle débute sur une description de la vie carcérale dont le réalisme à la Dassin ou à la Becker est coloré de répliques et de gags comiques, se poursuit sur le mode de l’aventure picaresque, farcie de trouvailles verbales, et épouse en fin de course l’incapacité radicale du héros à organiser le simulacre de sa propre vie. L’âpreté de la critique sociale se nourrit ainsi d’un pathétique inattendu. 4/6

Wargames (John Badham, 1983)
HAL9000 ne possédait qu’un œil rouge, s’exprimait d’une voix doucereuse et fomentait des plans secrets traduisant un délire de grandeur très humain. Sa progéniture est une énorme console clignotante, mue par le seul instinct de jeu, en laquelle se cristallise la fascination de l’Amérique reaganienne, obtuse et banlieusarde pour l’ordinateur. Si Kubrick et Lumet avaient donné de la guerre froide son point de dérision sans expulser de leurs films la gravité nécessaire, Badham actionne quant à lui l’interface entre un élément prélevé dans le microsome du quotidien et sa projection dans le macrocosme des grandes préoccupations planétaires. Le suspense est captivant, astucieux, rondement mené, caractéristique d’une époque où la simplicité du divertissement avait pour vertu de préserver la richesse du fond. 4/6

Ponette (Jacques Doillon, 1996)
Dans Ordet, Dreyer accomplissait un voyage dans une zone limite du cinéma jusqu’à se confronter à l’impossible : faire revenir une défunte au réel du monde. Si Doillon, lors d’un dénouement superbe et audacieux, franchit à son tour la ligne de la raison ordinaire, le véritable miracle consiste à traquer sur le visage d’une fillette de quatre ans le moindre infléchissement, la moindre ébauche d’une résignation pourtant inévitable. Face à une nature bruissante, lumineuse mais insensible à sa peine, entourée de bambins chaleureux pépiant avec tendresse, drôlerie et gravité, Ponette cherche à donner force d‘acte à sa parole, consent à dire oui à ce non insupportable, et comprend que vouloir garder c’est déjà perdre, car la mort ne prend que ce que l’on veut posséder. Un petit trésor de sensibilité et d’émotion. 5/6

Cow-boy (Delmer Daves, 1958)
Difficile de trouver titre plus intransitif que celui de ce film fait de détails vrais qui détruisent un certain nombre de mythes, où le bétail passe avant les hommes et où le métier de vacher n’est pas une plaisanterie. Optant pour les teintes saturées d’un coruscant Technicolor, le cinéaste ne contourne pas les poncifs du genre (il y a des chevaux, des troupeaux, une pure jeune fille et des Indiens voleurs) mais les traite quasiment en documentariste, pour mieux accompagner le parcours d’un nostalgique pied-tendre rêvant d’aventures avec accompagnement de guitare sous le ciel étoilé, et qui fera l’apprentissage de la rudesse et de la réalité prosaïque des choses. Ce goût d’une éthique pédagogique ne va toutefois pas sans un prédilection un peu arbitraire pour le discours au dépens de la narration. 4/6

Who’s that knocking at my door ? (Martin Scorsese, 1967)
Né d’une gestation longue et difficile dont il porte les stigmates, le premier long-métrage du réalisateur, à forte teneur autobiographique, est comme scindé en deux hémisphères que sépare un split screen invisible et continu. D’un côté les jeux dangereux de jeunes Italo-américains swingués par le rock fifties de l’auto-radio, entre rires gras, glandouille et virées vaines downtown. De l’autre les scènes de rencontre, de drague, de tendresse et d’amour avec une fille blonde préservée des impuretés de la modernité. S’expriment ainsi les tourments d’un garçon catholique (l’alter ego de l’auteur) tiraillé entre les exigences contradictoires de son environnement, dans une forme nerveuse qui, si elle évoque Cassavetes, ébauche déjà à traits sûrs (intensité verbale, impétuosité stylistique) tout le cinéma à venir. 4/6

La femme est l’avenir de l’homme (Hong Sang-soo, 2004)
Deux hommes, une femme, des histoires avortées, des destins éclatés réunis à la faveur du retour au pays de l’un des protagonistes parti faire du cinéma aux États-Unis. Si le ton du cinquième long-métrage de l’auteur évoque certaines premières œuvres de Truffaut ou de Godard, sa dimension affective s’inscrit plutôt dans celle du Muriel de Resnais, notamment par l’impression de relativité permanente qui offre à chaque situation nouvelle matière à préjugés. Mais le procédé sent l’effort, et la dilatation du temps où se nichent d’ordinaire les hésitations, les embarras silencieux et les ruptures brutales ne sont ramenées qu’à leur version dégraissée et mal rééquilibrée. En résulte un film assez ennuyeux, bien peu touchant, qui apparaît comme une diagonale incomplète et dénervée du cinéma hongien. 3/6

Riches et célèbres (George Cukor, 1981)
Le dernier long-métrage de l’auteur est un film riche et profond interrogeant le passage du temps et ce qui lui résiste, analysant la relation agitée de deux femmes aux triomphes inégaux pour qui les époques s’enchaînent, les amants partent, mais dont l’amitié persiste par-delà les remarques fielleuses, les crises de nerfs, les confidences émues et les bonnes blagues à la vie à la mort. Il serait aujourd’hui aussi insolite de la part des studios que du cinéma indépendant ; seul le romanesque d’un James L. Brooks pourrait s’apparenter au timbre de cette méditation faussement frivole sur la relativité de la réussite, la menace de la solitude, la poursuite d’idéaux dont l’accomplissement n’offre pas toujours le bonheur. Une réussite superbe, portée par la sensibilité vulnérable et la vibrante beauté de Jacqueline Bisset. 5/6
Top 10 Année 1981

La captive du désert (Raymond Depardon, 1990)
En 1975, Depardon avait rencontré Françoise Claustre, détenue au Tchad par les troupes d’Hissène Habré. C’est qu’il n’est pas du genre à entreprendre un film sur un évènement, une sensation, qu’il n’aurait vécus lui-même. Mais avec son irréductible orgueil d’homme de terrain, il refuse la moindre plus-value dramatique et cherche à approcher au plus près du silence, de l’attente, de la solitude, de l’abandon, de l’érosion de soi et des souvenirs. À travers près de cent dix minutes d’un temps immobile dans le grand sablier du désert, sans accélération de rythme ni regard extérieur, composé seulement de plans fixes, d’abandons, de sursauts intérieurs et de dépassements, il souscrit à des partis pris auxquels il se tient obstinément, ceux d’un cinéma que l’on pourra juger au choix monacal ou fascinant. 4/6



Et aussi :

Foxtrot (Samuel Maoz, 2017) - 4/6
Comme des rois (Xabi Molia, 2017) - 4/6
En guerre (Stéphane Brizé, 2018) - 5/6
Blanche-neige et les sept nains (David Hand, 1937) - 4/6
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Films des mois précédents :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Avril 2017Séduite et abandonnée (Pietro Germi, 1964)
Mars 2018Mektoub my love : canto uno (Abdellatif Kechiche, 2017)
Février 2018Phantom thread (Paul Thomas Anderson, 2017)
Janvier 2018Pentagon papers (Steven Spielberg, 2017)
Décembre 2017Lettre de Sibérie (Chris Marker, 1958)
Novembre 2017L’argent de la vieille (Luigi Comencini, 1972)
Octobre 2017Une vie difficile (Dino Risi, 1961)
Septembre 2017Casanova, un adolescent à Venise (Luigi Comencini, 1969)
Août 2017La bonne année (Claude Lelouch, 1973)
Juillet 2017 - La fille à la valise (Valerio Zurlini, 1961)
Juin 2017Désirs humains (Fritz Lang, 1954)
Mai 2017Les cloches de Sainte-Marie (Leo McCarey, 1945)
Avril 2017Maria’s lovers (Andreï Kontchalovski, 1984)
Mars 2017À la recherche de Mr Goodbar (Richard Brooks, 1977)
Février 2017Raphaël ou le débauché (Michel Deville, 1971)
Janvier 2017La la land (Damien Chazelle, 2016)
Décembre 2016Alice (Jan Švankmajer, 1987)
Novembre 2016 - Dernières nouvelles du cosmos (Julie Bertuccelli, 2016)
Octobre 2016 - Showgirls (Paul Verhoeven, 1995)
Septembre 2016 - Aquarius (Kleber Mendonça Filho, 2016)
Août 2016 - Le flambeur (Karel Reisz, 1974)
Juillet 2016 - A touch of zen (King Hu, 1971)
Juin 2016 - The witch (Robert Eggers, 2015)
Mai 2016 - Elle (Paul Verhoeven, 2016)
Avril 2016 - La pyramide humaine (Jean Rouch, 1961)
Mars 2016 - The assassin (Hou Hsiao-hsien, 2015)
Février 2016Le démon des femmes (Robert Aldrich, 1968)
Janvier 2016La Commune (Paris 1871) (Peter Watkins, 2000)
Décembre 2015Mia madre (Nanni Moretti, 2015)
Novembre 2015Avril ou le monde truqué (Franck Ekinci & Christian Desmares, 2015)
Octobre 2015Voyage à deux (Stanley Donen, 1967)
Septembre 2015Une histoire simple (Claude Sautet, 1978)
Août 2015La Marseillaise (Jean Renoir, 1938)
Juillet 2015Lumière silencieuse (Carlos Reygadas, 2007)
Juin 2015Vice-versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen, 2015) Top 100
Mai 2015Deep end (Jerzy Skolimowski, 1970)
Avril 2015Blue collar (Paul Schrader, 1978)
Mars 2015Pandora (Albert Lewin, 1951)
Février 2015La femme modèle (Vincente Minnelli, 1957)
Janvier 2015Aventures en Birmanie (Raoul Walsh, 1945)
Décembre 2014Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970)
Novembre 2014Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1944)
Octobre 2014Zardoz (Sean Connery, 1974)
Septembre 2014Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Août 2014Le prix d’un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 201412 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013L’arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013La randonnée (Nicolas Roeg, 1971)
Juillet 2013Le monde d’Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013Chronique d’un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 – Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013L’heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 – Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 – Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 – Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 – Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 – Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 – Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 – Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 – Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 – Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 – L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 – L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 – Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 – Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 – L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1967) Top 100
Octobre 2011 – Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 – Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 – Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 – L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
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AntonChigurh
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par AntonChigurh »

J'ai découvert mon premier film de David Lynch hier soir avec Lost Highway :oops: .
Le visionnage m'a tellement perturbé que je me suis réveillé plusieurs fois dans la nuit en y repensant...
Encore un film dont je vais avoir du mal à me lasser. Hâte de découvrir Mulholland Drive et Blue Velvet 8) .
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El Dadal
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par El Dadal »

Très heureux pour toi. Que de pépites en attente! Plus qu'un univers, une façon d'appréhender la cinéphilie et le monde s'étaient ouverts à moi grâce à Lynch.
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Alexandre Angel
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Alexandre Angel »

AntonChigurh a écrit :J'ai découvert mon premier film de David Lynch hier soir avec Lost Highway :oops:
N'aie pas honte, bon dieu!
La cinéphilie prend le temps qu'elle veut : moi, j'ai toujours pas vu Le Père Tranquille, avec Noël Noël... :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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