Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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ballantrae
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par ballantrae »

Question compliquée: est-ce en fonction de l'ensemble d'une filmo? En tenant compte des derniers films surtout?
En vrac surgissent si on ne considère que ceux qui ont déjà une très longue carrière: Sokourov, Miyazaki,Lynch, Malick, Eastwood, Tavernier, Allen, Scorsese, les Tavianis, Coppola, Tarr (les 2 derniers sont en semi retraite), De Palma...
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Thaddeus
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Thaddeus »

Truffaut Chocolat a écrit :Ils écrivent leurs films, ça leur fait au moins un point commun. :o
:D Le mec qui ne lâche pas le morceau.

Sinon : le goût des récits non linéaires, l'appétence pour certains mécanismes mentaux, la construction de labyrinthes narratifs... sont des points communs incontestables pour qui voudrait les apparenter. Disons qu'ils sont plus proches entre eux que chacun ne l'est, par exemple, d'un Woody Allen.
ballantrae a écrit :Question compliquée: est-ce en fonction de l'ensemble d'une filmo? En tenant compte des derniers films surtout?
Question que je suis posée moi-même, et auquel les règles du topic ne répondent pas. Donc chacun fait comme il l'entend.
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Truffaut Chocolat
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Truffaut Chocolat »

J'aime bien la définition de la Simone :
Simone Choule a écrit :Celui dont le bilan vous rappelle déjà celui des plus grands et dont vous attendez les prochains films comme le messie...
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Thaddeus
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Thaddeus »

Si je cherche un cinéaste qui réponde à ces deux conditions, alors la réponse sera... qu'il n'y en a pas un seul.

Reprenons dans le détail.

Sélectionner les réalisateurs dont le bilan rappelle celui des plus grands, c'est déjà opérer un tri drastique. Les rares postulants sont à trouver principalement du côté du Nouvel Hollywood :
- Coppola est de ceux-là, mais cela fait vingt-cinq ans qu'il n'a pas créé l'évènement. Quand on pense que sa carrière a commencé il y a près d'un demi-siècle, c'est presque flippant de se dire que la seconde moitié de sa carrière n'a été que l'ombre de la première. J'ai beau aimer énormément Tetro, j'estime comme tout le monde qu'il est illusoire d'espérer un retour fracassant, et je doute même qu'il refasse un film un jour
- Scorsese a lui aussi une filmo digne des plus grands, mais je mentirais en disant que j'attends son prochain film comme le messie. Son dernier chef-d'oeuvre remonte à mes yeux à Casino, il y a vingt ans, et il me faut plus que cela pour fonder d'immenses espoirs en lui. J'aime toujours (parfois beaucoup) la plupart de ses nouveaux films cependant.
- Spielberg, idem niveau carrière. Il est l'un des rares de cette génération, peut-être le seul, dont j'attends la sortie de chaque film avec une certaine fébrilité, sauf accident industriel annoncé qui me pousse à l'éviter pour ne pas me plonger dans une profonde déprime (c'est ce qui est arrivé avec son BGG). Mais encore une fois, l'expression "attendre comme le messie" ne saurait s'appliquer à lui, parce qu'elle implique l'espoir d'un sommet, d'un dépassement, d'une potentielle réussite exceptionnelle. La carrière de Spielberg, si elle recèle encore de belles promesses, est à mon avis derrière lui (et rien de plus normal).
- De Palma est sur une pente descendante depuis une décennie et demie. On peut toujours espérer, mais je ne vois pas quel souffle ou quelle inspiration miraculeuse pourrait lui faire retrouver l'ampleur, le brio, la force de ses plus grands films.

Vient ensuite le cas Terrence Malick, dont la filmographie exceptionnelle est à mes yeux digne des plus grands : de Badlands à La Ligne Rouge, un trio sublime. J'ai effectivement attendu Le Nouveau Monde puis The Tree of Life comme le messie - ils ont été à la hauteur de cette attente. Mais ce n'est plus le cas : le rythme accru et la redondance systématique de ses entreprises ont dégonflé son aura. Désormais c'est un mélange de curiosité prudente et d'anxiété qui prévaut.

Je mettrais Woody Allen, Clint Eastwood et pourquoi pas Pedro Almodovar dans le même panier : trois auteurs qui j'estime infiniment, qui font partie des plus chers à mon coeur, mais sur lesquels je ne saurais désormais fonder les espoirs les plus fous. Je leur suis toujours fidèle, je continue de voir avec beaucoup de plaisir leurs nouveaux opus, que j'apprécie de façon variable, toujours avec bienveillance, parfois avec un véritable enthousiasme, mais jamais assez pour attendre monts et merveilles du prochain. Rien de plus logique : ces artistes ont une carrière immense derrière eux, ils ont déjà tout donné.

David Cronenberg ? Même verdict que pour David Lynch, même si son déclin s'est fait plus lentement, sur plusieurs films, au point d'en arriver à la conclusion qu'il ne reviendra sans doute plus au cinéma.

Gus Van Sant est un peu à la croisée des chemins. Une filmographie sans doute un peu trop fragile pour pouvoir prétendre au titre de "digne des plus grands", malgré une louchée de films à faire pâlir d'envie n'importe qui, et une trajectoire sans doute plus bancale ces derniers temps.

La position du doyen Roman Polanski est plus difficile à cerner. Voilà un artiste qui laisse un legs assez monumental, mais dont le parcours actuel est si sinueux et imprévisible qu'il m'est difficile de miser énormément sur le prochain projet.

Voilà en gros pour les cinéastes que j'(ai) adore(é) et qui, à mes yeux, disposent déjà d'une filmographie "digne des plus grands".

Reste tous les autres qui, si l'on respecte la formulation de Simone Choule, ne répondent donc pas à la définition : parce que leurs carrières sont encore un peu trop courtes, que l'on ne dispose pas du recul nécessaire pour les comparer à celles des géants, que leur filmo, toutes remarquables soit-elles, n'ont peut-être pas encore atteint la plénitude induite par cette expression.

Parmi eux, Abdellatif Kechiche me semble un monstre en devenir. Chacun de ses films crée l'évènement, et il est vraiment l'un de ceux à qui je pourrais le mieux appliquer l'expression "attendre la prochaine livraison comme le messie".
Côté américain, son équivalent à mes yeux est Wes Anderson, qui possède un statut assez marginal l'excluant peut-être de la short list des grands auteurs unanimement appréciés, mais avec qui j'ai lié au fil des ans un rapport tout particulier.
Il existe deux autres réalisateurs avec qui je ne suis pas loin d'avoir la même relation : Weerasethakul et Jeff Nichols.

...

J'arrête là. Donc pour résumer : un certain nombre de cinéastes qui répondent au premier critère, un certain nombre qui pourraient répondre au second, mais aucun qui combine les deux à la fois.
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Thaddeus
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Thaddeus »

Le classement 2022 étant effectué, petite actualisation de mon Top 15 cinéastes en activité. Pour le constituer je me suis posé une question simple : sur les quinze dernières années, quels sont les réalisateurs les mieux notés et surtout ceux qui reviennent le plus souvent dans mes palmarès annuels ? Voici ce que ça donne.


~ MAJ 06/04/2023 ~


Woody Allen
Beaucoup ont d'ores et déjà enterré, depuis longtemps, ce diable de Woody. Il peut paraître légitime de considérer ses glorieuses années 70 et 80 comme un éden disparu, mais force est de constater que, loin de s’être taries, son acuité, sa verve, sa finesse de trait sont parfois plus incisives que jamais, et que la profondeur de sa comédie humaine connaît peu de rivales. Malgré quelques baisses ponctuelles de régime, il est toujours capable (avec Blue Jasmine par exemple) de livrer de grands crus. Et si son dernier film à ce jour est paraît-il très dispensable (je ne l’ai pas vu), Un Jour de Pluie à New York, qui marque son retour à sa ville de prédilection, fut une énième douceur qui, sans surprendre, m’a procuré un plaisir des plus vifs.

Pedro Almodóvar
Conteur hors pair, faux histrion converti en poète de l’intime, Almodóvar n’a de cesse de faire frémir nos petits cœurs d'artichaut. Son aisance à varier les genres et les registres pourrait paraître suspecte si elle ne servait pas toujours la seule chose qui compte : une dévotion sans faille à la nature de personnages qui nous rappellent ce que c'est que d'aimer, de vivre ou de mourir. Avec Douleur et Gloire, poignant autoportrait où s’exhibent avec une infinie douceur les arcanes complexes du désir, de l’angoisse et de la création, puis avec Madres Paralelas, superbe drame maternel comme il en a le secret, il prouve qu’il fait partie de ces auteurs arrivés au faîte de la maturité, aptes à convertir d’instinct leur intériorité en grande matière cinématographique.

Paul Thomas Anderson
De tous les cinéastes de sa génération, à laquelle appartiennent des artistes aussi talentueux que James Gray ou Wes Anderson, il est sans doute celui dont le prestige international est le plus grand. Réputation méritée : si elle suit les étapes d’une conquête toujours plus sûre de maîtrise et de maturité, sa filmographie n’emprunte aucun chemin tracé et surprend constamment par sa sinuosité, ses détours imprévus, son goût du risque, sa témérité aventureuse. Portée sur la fresque sociale autant que sur l’intériorité, se définissant par la multiplicité des tons, le recours conjoint au banal et au lyrique, elle n’a désormais plus rien à prouver. Qu’à un film aussi admirable que Phantom Thread succède l’horizon lumineux tracé par Licorice Pizza dispense de tout autre commentaire.

Wes Anderson
Le poète-alchimiste du cinéma américain, l’enchanteur aux sortilèges doux-amers, émanations du seul empire qui compte : celui du cœur. Peu de réalisateurs à ce jour sauraient exprimer les torrents d'humanité blessée, la douceur sucrée, les chagrins d'enfants (parfois enfermés dans des corps d'adultes) qui parcourent sa merveilleuse filmographie. À partir d'une sensibilité et d'un style ultra-personnels, le Texan sait rendre aux notions de bienveillance et de dignité ses plus belles vertus. Au cours de ces dix dernières années il a atteint une sorte de zénith (The Grand Budapest Hotel est peut-être son chef-d’œuvre) puis confirmé avec sa superbe Île aux Chiens son statut de maître actuel de l’animation. Et s’il n’a jamais approché d’aussi près l’écueil du système qu’avec The French Dispatch, la domination achevée de son univers laisse attendre avec sérénité son prochain Asteroid City.

Jacques Audiard
Couvert de prix et de distinctions, cultivant presque malgré lui un rayonnement international dont aucun cinéaste français ne saurait aujourd’hui se prévaloir, Audiard concilie la rigueur d’un art en constante sollicitation vis-à-vis de lui-même et les vertus fondamentalement populaires de son expression. Personnel, cohérent, perméable aux particularismes des genres mais jamais étouffé par eux, son œuvre ne cesse de surprendre en empruntant de nouvelles voies, comme pour remettre en question ses acquis. La constance avec laquelle il est passé des Frères Sisters, modèle de western humaniste, spectaculaire et intimiste, âpre mais gratifiant, aux Olympiades, chronique contemporaine radiographiant les intermittences du corps et du désir de la jeunesse, atteste ainsi de la variété de ses dons.

Damien Chazelle
L’histoire le retiendra peut-être comme le plus jeune lauréat de l’Oscar du meilleur réalisateur. On peut cependant escompter que la marque laissée par le cinéaste franco-américain excède ce seul titre de gloire, lui qui semble caresser l’ambition de mettre à l’épreuve contemporaine un héritage pleinement hollywoodien. À la fois grisants et mélancoliques, ébouriffants et méditatifs, soumis aux pulsations d’une narration fougueuse mais gagnée d’une profonde asthénie, La La Land puis First Man ont consacré la prometteuse précocité de son parcours. L’échec commercial et (aux US du moins) critique de son récent Babylon, film-monstre aussi déséquilibré qu’audacieux, aussi inachevé qu’éblouissant, le met dans une position délicate dont on espère qu’il sortira sans trop laisser de plumes.

Arnaud Desplechin
La filmographie du Roubaisien est comme un vaste territoire plein de portes d’entrée, de couloirs et de tunnels, nourrie par de multiples flux culturels, littéraires et cinématographiques, et dont l’exploration demeure la plus stimulante des expériences. Elle explore les dédales de l’amour et de la mémoire, les affres du couple et de la famille, manie l’intime et le collectif avec un romantisme cru, un appétit et une fièvre toujours renouvelés. Généreuse dans son expression, fourmillante dans son propos, extrêmement flatteuse pour l’intelligence aussi bien que pour le plaisir, l’instinct de jeu et l’émotion, elle n’en finit pas de passionner. Après avoir frisé le faux pas avec Tromperie, adaptation un peu ampoulée de Philip Roth, le cinéaste a retrouvé la pleine possession de ses moyens avec Frère et sœur.

Clint Eastwood
Avec ses quatre-vingt treize ans au compteur, le laconique pistolero de Leone, le brutal inspecteur Harry de Siegel, devenu l’un des plus grands réalisateurs américains de son temps, est toujours là. Au rayon de la puissance tranquille, Clint-la-légende n’a rien à envier à personne. Et si ses derniers opus ne sont certes pas aussi décisifs que ses sommets (j’avoue avoir fait l’impasse sur 15h17 pour Paris et Cry Macho), il a su prouver avec les beaux Sully, La Mule et Le Cas Richard Jewell, chapitres très convaincants de l’historiographie qu’il consacre depuis longtemps au coût de l’héroïsme aux paradoxes de la société américaine, qu'il n'a rien perdu de son aisance narrative, de la précision de son discours, de l'acuité de son regard. Ce qui s’appelle briller d’une classe seigneuriale.

Asghar Farhadi
Ses détracteurs disent qu’il n’est que le petit architecte roué de ses fictions, inféodé à une conception purement mécaniste de la valeur scénario. Le cinéaste iranien vaut pourtant beaucoup plus que cela, et s’il est vrai que l’on ressort assez essoré de ses films, dont les engrenages narratifs distillent pièges, virevoltes et faux-semblants avec un art consommé de la tension dramatique, c’est d’abord en précieux cinéaste des dilemmes moraux et des contradictions sentimentales qu’il s’est imposé. Son œuvre stimule autant l’intelligence que l’émotion, fouaille l’intime et le collectif, préfère les questions aux réponses, réfute tout simplisme idéologique et excelle à enregistrer la complexité d’un monde d’autant plus universel qu’il relève de particularités sociales particulièrement bien détourées.

James Gray
En trois films noirs (deux surtout) somptueusement ouvragés, le cinéaste de Brighton Beach s’est imposé comme un parfait héritier du Nouvel Hollywood. Puis il surpris son monde en s’essayant avec le même bonheur à d’autres genres, d’autres registres : tantôt du côté du mélodrame (inspiré de Dostoïevski avec Two Lovers ou beau comme un Griffith avec The Immigrant), tantôt du côté du film d’aventures herzogien (The Lost City of Z) ou de la science-fiction spirituelle (Ad Astra). Admirateur de Coppola autant de Visconti, de Kurosawa autant que de Chabrol, il compte aujourd’hui parmi les talents les plus sûrs, les plus constants, les plus exigeants du cinéma américain. Et vient de signer avec Armageddon Time l’une de ces œuvres magnifiques qui me rappellent pourquoi je chéris tant le septième art.

Ryusuke Hamaguchi
Peut-être la plus grande révélation de ces dix dernières années, toutes nationalités confondues. On pourrait voir en lui un émule d’Antonioni (variations sur la perte, la disparition, le mal-être contemporain) croisé avec quelque admirateur d’Ozu (style minimal pour précision maximale), ou bien un littérateur sophistiqué qui aurait substitué au traditionnel stylo la plus sensible des caméras. Élaborant des structures romanesques amples et souvent complexes, son cinéma s’apparente à un exercice de concentration active qui s’emploie à faire circuler la parole et les mots (parfois invisibles) entre les personnages, tel un fil rouge dans le labyrinthe, pour tenter d’approcher au plus près de la vérité. Il fait désormais partie de ces quelques auteurs dont chaque nouvelle livraison fait figure d’évènement.

Hirokazu Kore-eda
Il y a les artistes du contre-pied, de la mise en crise, de la rupture permanente, pour qui chaque nouveau film est comme un nouveau départ. Et puis il y a ceux de la variation, qui reprennent le même motif pour mieux le creuser, qui développent et approfondissent à chaque nouvelle étape la réflexion morale dans laquelle ils se sont engagés. Si Hirokazu appartient à cette dernière catégorie, la délicatesse constamment renouvelée de son regard le préserve de toute redite, et fournit à son œuvre une intensité émotionnelle que valorise encore davantage la dimension critique du propos qui y est développé. La Palme d’Or attribuée à Une Affaire de Famille a consacré l’un des sommets accomplis de sa carrière, et la réussite du récent Nos Bonnes Étoiles confirmé la parfaite santé de son cinéma.

Abdellatif Kechiche
La fantabuleuse Vie d’Adèle avait déjà plié l’affaire, l’irradiant Mektoub My Love (dont a fini, hélas, par se résoudre à ne jamais pouvoir découvrir la deuxième partie) a enfoncé un peu plus le clou : non seulement Kechiche règne au zénith du cinéma français, mais il s’impose dorénavant comme l’un des plus grands réalisateurs du monde. En une poignée de films-fleuve organiques, bouleversants et fiévreux (inutile de chercher ailleurs un rapport si incandescent à l’érotisme et à l’exultation charnelle), son art est parvenu à concilier une forme radicalement audacieuse, fondée sur la dilatation du présent, la cristallisation de la vérité, la présence des êtres et des choses, avec une puissance émotionnelle hors de commun, née d’une attention rare, épidermique, généreuse, pour le sentiment et l'expression du ressenti.

Jeff Nichols
Parce que ces personnages riches et généreux, cette croyance absolue en la beauté des êtres et de ce qui les lie, cette philosophie de l'apprentissage et de la transmission, quand ils sont mus par une maîtrise aussi éblouissante, et expurgés comme ici de la moindre goutte de cynisme, honorent l'idée la plus belle et la plus noble que je me fais du cinéma. Le magnifique Mud m'a totalement enchanté et bouleversé, laissant sérieusement croire que si Nichols continue dans cette voie, il allait bientôt régner sur le cinéma américain. Et ses deux dernières superbes livraisons (Midnight Special et Loving) attestent définitivement que l’homme a trouvé son rythme de croisière, et qu'il figure parmi les cinéastes les plus précieux de la décennie écoulée. On attend la suite avec impatience.

Steven Spielberg
Les survivants de la génération dorée, les maîtres américains nés dans les années 40, où en sont-il aujourd’hui ? Certains dans une gestion confortable de leur talent (Scorsese), d’autres en semi-retraite forcée (Coppola), la plupart à bout de souffle ou carbonisés (De Palma, Lynch, Malick). Et puis il y a Steven Spielberg, dont la présence dans un tel classement semble à jamais marbrée d'or. Chaque nouvelle livraison vient édifier une des filmographies les plus complètes, riches et stimulantes du cinéma US. Quelques années après Pentagon Papers, modèle de haute virtuosité mise au service d’un propos aussi riche que passionnant, The Fabelmans, superbe évocation autobiographique saisie avec la maturité émotionnelle de toute une vie, atteste de la place centrale qu’occupe encore et toujours ce géant du septième art.
Dernière modification par Thaddeus le 6 avr. 23, 23:30, modifié 5 fois.
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Jeremy Fox »

Thaddeus a écrit :Le classement 2017 étant effectué, petite actualisation de mon Top 15 cinéastes en activité. Pour le constituer je me suis posé une question simple : sur les quinze dernières années, quels sont les réalisateurs les mieux notés et surtout ceux qui reviennent le plus souvent dans mes palmarès annuels ? Voici ce que ça donne.
Je te suis à fond sur Woody Allen, Paul Thomas Anderson, Jeff Nichols, Asghar Faradi et Kechiche ; plus du tout sur Malick à mon grand désespoir. Par contre tu as attiré ma curiosité sur Julie Bertuccelli que je ne connais pas du tout.
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Jeremy Fox
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Jeremy Fox »

Et du coup j'ai trouvé les deux docs dont tu parles (plus également L'arbre) et je vais m'empresser de les découvrir 8)
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Thaddeus
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Thaddeus »

Jeremy Fox a écrit :Par contre tu as attiré ma curiosité sur Julie Bertuccelli que je ne connais pas du tout.
Curieusement, je n'ai pas adhéré à L'Arbre, le seul film de fiction que j'ai vu d'elle et que j'avais trouvé timoré et rigide dans tout ce qu'il entreprenait. Mais ses deux documentaires sont vraiment des bijoux.

Pascale Ferran est aux portes de ce classement, tout comme Kathryn Bigelow qui, si elle nous fait la passe de trois avec Zero Dark Thirty et Detroit, l'intégrera sans problème.
Sur le banc figurent également Pedro Almodovar, Jacques Audiard ou encore Paul Verhoeven... Il y a encore beaucoup de talent à revendre.
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Billy Budd »

Thaddeus a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Par contre tu as attiré ma curiosité sur Julie Bertuccelli que je ne connais pas du tout.
Curieusement, je n'ai pas adhéré à L'Arbre, le seul film de fiction que j'ai vu d'elle et que j'avais trouvé timoré et rigide dans tout ce qu'il entreprenait. Mais ses deux documentaires sont vraiment des bijoux.

Pascale Ferran est aux portes de ce classement, tout comme Kathryn Bigelow qui, si elle nous fait la passe de trois avec Zero Dark Thirty et Detroit, l'intégrera sans problème.
Sur le banc figurent également Pedro Almodovar, Jacques Audiard ou encore Paul Verhoeven... Il y a encore beaucoup de talent à revendre.
La passe de trois de Bigelow a commencé avec Démineurs.
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Jeremy Fox
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Jeremy Fox »

Billy Budd a écrit : La passe de trois de Bigelow a commencé avec Démineurs.
Tout à fait d'accord
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Jack Carter »

Thaddeus a écrit : Sur le banc figurent également Pedro Almodovar, Jacques Audiard ou encore Paul Verhoeven... Il y a encore beaucoup de talent à revendre.
Miyazaki (bon, lui, ça peut se discuter, mais ne doit-il pas reprendre du service ?), Gray, non ?

edit : desolé, Thaddeus, je viens de lire plus attentivement, c'est "basé sur tes notes sur les 15 dernieres années" :wink:
Dernière modification par Jack Carter le 7 avr. 18, 16:00, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Jeremy Fox »

Pour ma part je rajouterais déjà Tarantino, Cantet, Kiarostami, Dolan, Kore-Eda et Maiwenn.
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Jack Carter
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit :Pour ma part je rajouterais déjà Tarantino, Cantet, Kiarostami, Dolan, Kore-Eda et Maiwenn.
Kiarostami n'est plus en activité, vu qu'il est decedé.
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Thaddeus
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par Thaddeus »

Billy Budd a écrit :La passe de trois de Bigelow a commencé avec Démineurs.
Je le trouve un peu en-dessous des deux films pré-cités, personnellement.
Jeremy Fox a écrit :Kiarostami
Merci à Jack pour avoir réagi avant moi, ce qui m'évite d'épancher un humour consternant à base de photos de cimetière et de pierre tombale.
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Re: Le plus grand cinéaste encore en activité ?

Message par MJ »

Plus ça va, plus je me dis que Spike Lee doit être le cinéaste en activité qui me passionne le plus.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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