Michael Curtiz (1886-1962)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

Roilo Pintu a écrit :L'Egyptien (1954)


Après recherche je constate que le film est sorti en blu ray (avec une affiche horrible) des classikiens ont-il eu l'occasion de le tester?

Ca me fait me souvenir que je l'ai acheté et pas encore regardé. Une bonne idée de visionnage pour ce mois ci d'autant qu'il s'agit d'un de mes peplums préférés.
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Roilo Pintu
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Roilo Pintu »

Le blu ray bénéficie-t-il de suppléments?
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hansolo
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par hansolo »

Roilo Pintu a écrit :Le blu ray bénéficie-t-il de suppléments?
Intéressé également, l'edition Twilight time est magnifiquement restaurée et dispose de beaux bonus
Special Features: Audio Commentary with Film Historians Alain Silver and James Ursini / Isolated Score Track / Original Theatrical Trailer.
J'espere qu'il en est de même pour l'édition francaise.

Un article sur le film:
http://www.blu-ray.com/news/?id=6811
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Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par kiemavel »

Bonus :

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Roilo Pintu
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Roilo Pintu »

Merci à vous, l'édition Twilight Time coûte une fortune désormais.
Le blu ray Français sera très bien, et très bon article que je lirai plus en détail (sur Bluray.com) les photos, croquis et affiches sont déjà un régal pour les yeux.
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Profondo Rosso
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Profondo Rosso »

The Unsuspected (1947)

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La secrétaire de Victor Grandison, animateur d'une série criminelle à la radio, est retrouvée pendue dans la maison de son patron. Le fiancé de celle-ci, policier de son état, est revenu de la Guerre et suspecte Grandison d'avoir maquillé un meurtre en suicide. Sous une fausse identité, il essaye de confondre le vrai coupable en s'introduisant dans son intimité.

The Unsuspected est un film noir que Michael Curtiz signe alors que le genre est à son apogée. En adaptant le roman éponyme de Charlotte Armstrong, Michael Curtiz se singularise en troquant les bas-fonds urbains habituels du genre pour la haute société. Le réalisateur est ainsi contemporain du Laura (1944) d'Otto Preminger où le mal était également tapis chez les nantis, tout en ayant une approche façon murder mystery (sous-genre abrdé par Curiz dans Le Mystère de la chambre close (1933) par son crime insoluble initial et l'aspect ludique de ses rebondissements et personnages extravagants. Le film anticipe aussi les thématiques de La Corde d'Alfred Hitchcock ou de Compulsion de Richard Fleischer à travers le sentiment de supériorité du criminel aristocrate sûr de son intelligence et en quête du meurtre "parfait". Il s'agit ici de Victor Grandison (Claude Rains) narrateur radiophonique hors-pairs des meurtres les plus sordides, une science qui lui permettra justement de signer ce crime parfait. L'acte tient à la fois (comme dans les films d'Hitchcock et Fleischer) de la beauté du geste que d'un motif plus intéressé qui se révèlera au fil de l'intrigue tortueuse.

Claude Rains est parfait de charisme et de distance froide, sa nature attentionnée dissimulant toujours le calcul. Michael Curtiz n'avait pas une grande estime pour le roman de Charlotte Armstrong et pose de manière fort désinvolte la situation et les personnages. La caractérisation solide de Grandison s'oppose ainsi à la nature excentrique de sa nièce Althea (Audrey Totter), à la façon déroutante dont ressurgit l'innocente Matilda (Joan Caulfield, Curtiz voulait Joan Fontaine et cela se ressent dans la frayeur écarquillée constante du personnage très vulnérable), au rôle mystérieux de l'intrus Steven Howard (Ted North) sans parler de l'acceptation presque insouciante de tous de l'accumulation de morts suspectes autour d'eux. Le récit est donc un peu lâche tout en restant très ludique mais c'est vraiment par sa mise en scène que Curtiz donne toute son ampleur au film. Cette idée d'une aristocratie capable de meurtres élaborés sans être inquiétés en contrepoint d'une plèbe suivant ses pulsions de façon irréfléchie fonctionne dans une des scènes les plus brillantes. Grandison au micro de son émission dépeint un meurtre sordide avec panache tandis que la caméra s'éloigne du studio pour suivre sa voix qui captive la population à travers leur poste de radio à travers un paysage urbain symbolisant le monde des "inférieurs". Soudain la caméra s'engouffre dans une chambre de motel sinistre où le vrai auteur du crime (soumis à un chantage par Grandison) écoute tremblant le récit de son acte sur les ondes. Le clou de cette dichotomie entre sang-froid du nanti et culpabilité du pauvre arrive lorsque l'homme voit le mot KILL se former à travers les néons de l'hôtel à travers sa fenêtre sous un décor pluvieux.

L'autre moment marquant est la scène d'ouverture les effets stylisés du film noir dans un environnement luxueux décuple l'angoisse et façonne une atmosphère gothique. L'ombre gigantesque du tueur surplombant la malheureuse victime donne un effet saisissant, Curtiz enfonçant le clou du macabre avec après l'ellipse du meurtre la silhouette de la jeune femme pendue bien visible. L'intrigue plutôt grossière (même si l'on ressent que c'était sans doute plus élaboré dans le roman) est donc transcendée par les idées inventives (les enregistrements de Claude Rains, sa manière de piéger tout le monde et d'élaborer ses meurtres sophistiqués) et les morceaux de bravoure filmique constant de Curtiz dont un final théâtral et grandiloquent du plus bel effet. 4,5/6

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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par villag »

kiemavel a écrit :Bonus :

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Pas encore regardé le Blu non plus
Il ya a aussi, hélas, dans ce film Bella Darvi, dont le seul titre de gloire , disait un critique cinéma de l’époque, était de n'avoir tourné QUE des films en scope....!
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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

bruce randylan a écrit :Un homme pas comme les autres (Trouble along the way - 1953)
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Un entraineur de football américain vit seul avec sa jeune fille après son divorce. Pour échapper au service sociaux, il trouve refuge dans une école catholique qui espère sauver l'établissement de la faillite en se lançant dans un championnat sportif.

Un film des années 50 de Curtiz avec un John Wayne, j'avoue que je partais avec un apriori négatif.
Et bien c'est une excellente surprise. :D

Comme souvent avec les films de Curtiz qui traite de la religion (les anges aux figures sales, mon père et nous, je trouve qu'il s'en sort avec les honneurs en ne tombant jamais dans les pièges du préchi-prêcha.
Ici John Wayne joue un homme athée, se moquant des institutions et pas très moral. Ce qui ne l'empêche pas d'être un père affectueux et un homme généreux. Contre tout attente, sa relation avec le prêtre qui tient son école ne le convertira pas au catholicisme et John Wayne restera en dehors de la religion. De la même manière, la fin qui demeure assez ouverte n'a rien d'un happy-end.
Le traitement du scénario est vraiment une très agréable surprise. Il est à la fois simple, chaleureuse, tendre et humaine tout en évitant la mièvrerie et le manichéisme.
Le film conserve bien-sûr quelques stéréotypes comme la mère riche et égoïste mais on trouve toujours une scène pour venir nuancer et enrichir la vision qu'on a d'un personnage. Personne n'a tort et personne n'a raison. Chacun défend seulement ce qu'il estime juste avec les problèmes que ça amène (y compris dans la manière dont Wayne éduque sa fille). C'est

Ca fait vraiment plaisir de voir un film honnête et intelligent qui ne prend pas le spectateur en otage et qui ne cherche jamais à le manipuler.
Même si donc certains passages demeurent prévisible, le scénario est toujours surprenant et original et préfère les rapports entre les personnages que le contexte sportif qui est très en retrait (et qui n'est pas spécialement bien filmé ni stimulant).

Alors bien-sûr Michael Curtiz a livré des réalisations plus solides et inspirées mais c'est un film qui a du cœur et une âme et ça, ça rattrape tout. En plus tous les acteurs sont merveilleux, John Wayne en tête. En fait, je l'ai rarement trouvé aussi bon que dans ce film.
J'en pense exactement la même chose : vraiment très agréable et John Wayne étonnement bon en père de famille. Il faut dire aussi que la jeune Sherry Jackson a énormément de talent. Je continue à trouver d'énormes qualités à la filmographie de Curtiz durant cette période décriée de sa carrière, les années 50.
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par bruce randylan »

Il y a vraiment un truc à creuser chez Curtiz et la religion. Je ne vois pas d'autres cinéastes ayant abordé des personnages athées à plusieurs reprises et avoir toujours réussi à les montrer sous un regard tendre et humain, loin de la caricature qu'on trouve habituellement à Hollywood.
L'an dernier j'avais vu le peu connu Roughly speaking (dvd warner archive) qui est une petite merveille dans cette veine sur une femme qui traverse de nombreuses adversités mais trouve toujours une force intérieure pour les surmonter sans jamais avoir recours à la religion.
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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

This is the Army 1943 WARNER BROS

Film musical de propagande comme l'était l'année précédente, déjà de Michael Curtiz, Yankee Dooddle Dandy avec James Cagney. Alors qu'il lui manque une personnalité de la stature et de la vitalité de ce dernier, en revanche nous y gagnons niveau musique, celle d'irving Berlin étant bien plus enthousiasmante que celle de George M. Cohan. Sinon, pas grand chose à en dire ; l'intrigue est quasiment inexistante puisque le film nous montre pendant quasiment la moitié de son temps le spectacle 'This is the Army' qui eut lieu à la même époque sur scène avec 350 soldats, la première partie étant surtout consacrée à sa mise en place et au spectacle similaire s'étant déroulé durant la première Guerre Mondiale. Il faut donc aimer le music-hall et ne pas être rebuté par un immense déploiement de bannières étoilées pour y trouver de l'intérêt. La mise en scène de Michael Curtiz ne manquant pas de panache, l'ensemble reste assez agréable à regarder avec multiples numéros dansés, chantés et même certains acrobatiques assez étonnants. Parmi les séquences les plus sympathiques, l'émouvant 'God Bless America' par Kate Smith et surtout la belle surprise de voir Irving berlin en personne venir chanter 'Oh, How I Hate To Get Up In The Morning'. Rien de marquant mais un solide métier devant et derrière la caméra.
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Mama Grande!
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Mama Grande! »

The Sea Wolf (1941)

Un chef-d’œuvre que j’ai eu le bonheur de découvrir sur grand écran (séance à peine gâchée par le ronflement d’un spectateur :D ).
Je m’attendais à un film d’aventure et j’ai surtout été frappé par la densité littéraire du scénario. Edward G. Robinson trouve le rôle de sa vie dans ce tyran des mers qui a bien trop conscience de sa propre monstruosité, qui finit par être bouleversant par sa souffrance cachée dans la violence. La réalisation de Curtiz tire merveilleusement partie de son décor, un navire dans la brume, dont on ne peut vraiment s’échapper. Métaphore du totalitarisme en Europe alors que l’Amérique entrait en guerre? On peut voir cet aspect tout comme on peut le détacher de son contexte pour n’en garder que la poésie désespérée, la violence triste, et l’interprétation sublime. Un chef-d’œuvre à découvrir si ce n’est pas encore fait.
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par HAL 9000 »

Le roman de Mildred Pierce (1945)

Un film admirable, dans la plus pure tradition hollywoodienne. Chaque plan est superbement composé ; le jeux des ombres est, comme souvent chez Curtiz, parfaitement intégré. Adaptation du roman de James M Cain, les 1h50 du film sont truffés de rebondissements, avec un habile maniement du flash-back. La relation mère - fille est particulièrement bien rendue. Joan Crawford n'a pas volé l'Oscar et les autres acteurs ne sont pas en reste, notamment Jack Carson. La copie du Blu-ray Criterion rend justice à la photo veloutée signée Ernest Haller (Capitaine Blood, Les fantastiques années 20).
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par frédéric »

Le fier rebelle (1958)

Joli découverte que ce film plutôt rare et méconnu de Curtiz avec de thématiques qui sortent un peu des sentiers battus du genre western. Un enfant muet (joué par le propre fils de Ladd) et un chien attachant qui vole presque la vedette à ses partenaires humains. Alors, certes ce n'est pas exempt de clichés (notamment sur les éleveurs de moutons) et
Spoiler (cliquez pour afficher)
happy end prévisible
mais ça reste très fréquentable avec en plus Olivia de Havilland (malgré une copie un poil délavé :mrgreen: diffusée sur TCM).
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par bruce randylan »

Petite rareté à la Fondation Pathé pour ce muet période hongroise (donc signé Kertész Mihály) ; d'ailleurs Patrick Brion était dans la salle !
La Dernière aube / Az utolsó hajnal (1917)

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Rareté donc et avant tout une curiosité qu'un réelle redécouverte d'une œuvre majeure. Il ne s'agit déjà pas de la meilleure réalisation du cinéaste durant cette première période.
2-3 effets de lumière correctes mais le film est sacrément alourdit par sa vision grotesque de l'Inde et des bords du Gange où plusieurs séquences sont sensées se dérouler. Entre des costumes qui sont surtout proche du film historique sur la Grèce antique, des décors ratées (quand il y en a) et une absence totale d'atmosphère, il est dur de prendre cette histoire au sérieux d'autant que l'argument même est assez improbable : un homme, qui a tenté de se suicider, promet à celui qui l'a sauvé de se tuer au bout d'un an après avoir souscrit un assurance vie qu'il lui laissera. On rajoute à ça une histoire d'amour, quelques twists (qui donne à espérer que le film n'a pas été totalement fait au premier degré) et on obtient surtout un mélodrame décevant où seul interprétation - plutôt sobre - surnage réellement.
Encore que comparé aux trois autres film muets hongrois présenté dans le même cycle que j'ai pu voir, on sent que Kertész/Curtiz est tout de même plus consciencieux derrière la caméra (variétés de cadre, davantage de lieux de tournage, quelques ambitions picturales bien que maladroites)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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