Les Westerns 2ème partie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kiemavel
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Jeremy Fox a écrit :J'adore Scott Brady (Johnny Guitar, Montana Belle, The Restless Breed...) :oops:
Moi aussi je l'aime bien mais disons que c'est comme - comment dirais-je - John Payne, c'est plus l'école Boxing Club que l'école Actor Studio.

Il a du avoir une enfance malheureuse ; déjà qu'entre frères ça peut être assez chaud durant l'enfance et l'adolescence, surtout pour le plus jeune (je le sais ; j'ai un frère de 3 ans mon cadet :mrgreen: ), lorsque le frère ainé c'est Lawrence Tierney :shock:
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :
Jeremy Fox a écrit :J'adore Scott Brady (Johnny Guitar, Montana Belle, The Restless Breed...) :oops:
Moi aussi je l'aime bien mais disons que c'est comme - comment dirais-je - John Payne, c'est plus l'école Boxing Club que l'école Actor Studio.

Il a du avoir une enfance malheureuse ; déjà qu'entre frères ça peut être assez chaud durant l'enfance et l'adolescence, surtout pour le plus jeune (je le sais ; j'ai un frère de 3 ans mon cadet :mrgreen: ), lorsque le frère ainé c'est Lawrence Tierney :shock:
Oh p..... je comprends mieux ta remarque de tout à l'heure. J'ai rien dit. :lol: (maintenant que tu le dis, ils ont le même regard intelligent, sympathique et avenant).
Ok Ok je vais essayer de voir Montana Belle ou The Restless Breed. :mrgreen:
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Massacre River

Message par kiemavel »

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Un film de Louis Stevens ? ... qui est en réalité le scénariste. Mais le plus remarquable, c'est l'avant programme un peu trompeur que constitue cette affiche

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La rivière des massacres de John Rawlins (1949)
Réalisation : John Rawlins / Production : Julian Lesser et Frank Melford (Windsor Pictures) / Distribution : Allied Artists / Scénario : Louis Stevens et adaptation : Otto Englander d’après le roman de Harold Bell Wright / Photographie : Jack MacKenzie / Musique : John Leipold et Lucien Moraweck

Avec Guy Madison (Le Lieut. Larry Knight), Rory Calhoun (Le Lieut. Phillip Acton), Carole Mathews (Laura Jordan), Cathy Downs (Kitty Reid), Johnny Sands (Randy Reid), Steve Brodie (Burke Kimber), Art Baker (Col. James Reid), Iron Eyes Cody (Yellowstone)
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Larry (Guy Madison) et son meilleur ami Phil (Rory Calhoun), deux jeunes lieutenants cantonnés dans un fort de l’Arizona bordant le territoire indien, sont tous les deux amoureux de Kitty (Cathy Downs), la fille du colonel Reid qui dirige le fort. Bien que la jeune femme soit promise depuis l’adolescence à Phil, lors de la fête organisée pour fêter son départ pour St. Louis au cours de laquelle Phil la demande en mariage, elle décline son offre et lui révèle que c’est de Larry dont elle est progressivement tombée amoureuse. Ce bouleversement ne brise pas l’amitié entre les deux hommes mais bientôt, l’arrivée de Laura (Carole Mathews), une jeune veuve venue pour revendiquer ses droits sur le saloon et hôtel de Jackson dont le copropriétaire était son mari, met en péril les amours et les amitiés anciennes …
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Un titre prometteur - en tout cas d’un certain type de westerns - qui se révèle on ne peut plus trompeur malgré un début qui laisse entrevoir le film que l’on avait pu imaginer. Le film démarre en effet par une séquence montrant une patrouille venant au secours de chasseurs de bisons attaqués par une petite bande d’indiens. Au retour des soldats, le chef Yellowstone (Iron Eyes Cody), venu accompagné de ses guerriers, négocie avec le colonel Reid (Art Baker) un nouveau traité par lequel il est finalement décidé que la rivière Wachupi - théâtre de nombreux massacres par le passé - marquera désormais la frontière avec le territoire indien. Même si quelques jeunes guerriers incontrôlables massacrent de temps à autres les colons qui s’aventurent près de la rivière frontière, on sent bien que « La Rivière des massacres », c’est du passé et que l’on assiste à la fin d’une époque. La fin des guerres indiennes semble en effet proche et les vieux chefs, le colonel Reid et le chef Yellowstone, sont fatigués et veulent faire la paix. Cependant, à la suite de ce préambule, on ne s’attend quand même pas forcément à ce que ce petit western soit aussi peu mouvementé puisqu’en tout et pour tout on ne verra que 3 séquences d’action très brèves, des escarmouches avec les quelques guerriers encore belliqueux, et même le final, s’il est original, va sans doute désappointer ceux qui espéraient avoir patienté jusqu’à là pour voir enfin la groß bagarre … et encore, il a fallu l’intervention de Sol Lesser, qui avait été le producteur des 2 premières adaptations cinématographiques de 1924 puis 1935 du roman de Harold Bell Wright pour que soit ajouté la « bataille » finale à cette version de 1949 produite par son fils Julian Lesser.
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Du coup, que font ces jeunes militaires en manque d’action ? Et oui, ils courent la gueuse. Larry et Phil aiment donc la même femme ce qui pourrait brouiller même les meilleurs amis du monde ; ce qu’ils sont mais tout le monde est tellement relax - même le scénariste - que le changement de cavalier opéré par la jeune Kitty ne brouille même pas les deux amis. Le personnage central de ce triangle amoureux auquel s’agrège Laura, c’est celui de Larry dont deux femmes tombent amoureuse. D’un coté, la fille de bonne famille, l’évanescente et immaculée Blanche neige (c’est le surnom que j’ai donné à Cathy Downs rapport à la coiffure) ; de l’autre Laura, la saloon gal, autant dire The Tramp, vis à vis de laquelle Larry se montre d’abord méfiant et même méprisant. Mais s’il commence par la regarder comme si elle était sortie avec toute la garnison, assez vite, il succombe à son charme … tout en ne sachant pas comment annoncer l’affreuse nouvelle à sa promise. Les atermoiements de Larry, hésitant entre deux femmes amoureuses de lui, finissent par entrainer l’incompréhension et la détresse de Kitty mais aussi celle de ses amis Phil et Randy (Johnny Sands), le jeune frère de Kitty lui aussi sous officier, qui tentent tout deux de se dresser entre Larry et sa nouvelle petite amie. Quand la ruse (celle de Phil) échoue ; la suite, la menace et même la violence du désespoir (celle de Randy) entraîne une suite de drames qui vont se succéder jusqu’à un épilogue - 3 morts plus loin - finalement conforme à la morale hollywoodienne.
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Le soucis, c’est que ces prolongements dramatiques, en eux-mêmes « possibles » et auxquels le public peut marcher, s’appuient sur des émotions fortes qui vont crescendo (amour trahi et amitiés brisés .... qui déclenchent la haine et le désir de de vengeance) ou des motivations auxquels on n’est pas obligé de croire en raison du manque d’épaisseur des personnages, voir de leur fausseté. Cela commence avec l’une des raisons avouées pour expliquer le désamour de Larry : la différence de milieu social qui fait qu’il se détache de la fille de famille pour se lier à une jeune femme issue comme lui d’un milieu modeste. Or, il aurait quand même fallu amener cette idée de manière cohérente. Si le scénariste et le jeu de Carole Mathews ont rendu crédible et même attachant le personnage de fille endurcie par la vie (1) et s’ils sont parvenus à rendre compte de sa simplicité, de son absence de coquetterie et même de son sang froid dans une séquence « médicale » (c’est Laura qui soigne le jeune Randy victime de son impétuosité lors d'une rencontre avec le dernier groupe d'indiens rebelles), on a en revanche du mal à voir en Kitty -et surtout dans sa famille - (le colonel Reid et son fils Randy) des dignes représentants d’un aristocratie militaire qui auraient fait peser sur Larry une insupportable pression, surtout que le brave Art Baker interprétant le colonel ne fait pas vraiment penser à Horace H. Nesbitt IV (nom imaginaire) … Tout comme Johnny Sands (Randy) il est même impliqué dans deux ou trois scènettes amusantes qui présagent mal de la suite puisque Randy va passer, presque sans transition, du léger au tragique même si son attaque solitaire lors d’une patrouille avait prévenu de son imprévisibilité et de son inconséquence.
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Malgré ces problèmes de justesse concernant certains personnages, ce petit western en N&B se regarde, notamment pour son final qui ne manque pas de force et dans lequel Rory Calhoun est très bien, tout comme son jeune compère Guy Madison, que l'on avait découvert dans un premier temps tout en sourire et en charme. Dès cette période (ils étaient au tout début de leur carrière et c'était leur premier western), leur complicité est déjà évidente (ils étaient amis dans la vie) et ils se montrent tout deux très bons. vu en vost. 5/10

(1) Si Laura est aussi ombrageuse, c‘est aussi parce que Burke Kimber (Steve Brodie) le co-propriétaire du Blue Star, le saloon et hôtel de Jackson, tente par tous les moyens de se débarrasser de celle qui s’est imposée comme son associé. C’est un personnage secondaire à propos duquel je ne signale rien de plus sinon qu’il est d’une intrigue parallèle qui finit par recouper la principale puisque c'est à cause de lui que Larry quitte l'armée, s'isolant ainsi encore davantage de ses anciens amis.
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Les séquences de fort ont été tourné au Ranch Iverson [Chatsworth, CA] ; les extérieurs dans le canyon de Chelly [Arizona]
Au Ranch Iverson, Rory Calhoun et Julian Lesser, le producteur (à droite)
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Dans le canyon de Chelly, Iron Eye Cody, Rory Calhoun ... et l'équipe techinque
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Supfiction »

Marqué au fer (1950, Rudolph Maté)

Western sympathique que ce Marqué au fer dans lequel Alan Ladd a l'occasion de jouer un personnage ambigu comme il les appréciait je pense, Choya, un cowboy sombre et tourmenté par son passé et qui n'assume pas après sa tentative réussie d'escroquerie du riche éleveur de bétail Lavery (Charles Bickford) dont le fils a été enlevé 25 ans auparavant. Son stratagème pour se faire passer pour son fils fonctionnerait à la perfection si Choya/Ladd n'était pas tourmenté par son attirance pour sa nouvelle jolie et innocente soeur (Mona Freeman).
Le scénario s'articule autour de cette histoire d'amour filial au sein d'une famille de propriétaires terriens (souvent le camp des méchants), thématique que l'on retrouve dans de nombreux westerns tel-que Le Dernier Train de Gun Hill, Les Furies, Le salaire de la violence.
La réalisation est plutôt plate mais bénéficie de belles scènes en extérieur tournées en Arizona et à Kanab Canyon dans l'Utah et dont l'action se concentre autour du Rio Grande puisque le vrai fils de Lavery/Bickford vit en fait au Mexique..

A signaler l'impression de la disparition d'une scène lors du dénouement. Je ne veux pas spolier mais il y a comme un raccourci juste avant la scène finale, Ladd passant directement du désert au confort douillet d'une maison alors qu'il était poursuivi pour être tué. Est-ce une coupe volontaire pour épargner au spectateur la lourdeur d'une scène explicative ? Quoiqu'il en soit ce n'est pas trop perturbant au final, le spectateur aura vite fait de combler les blancs, mais cela donne une impression de série B légèrement bâclée, dommage.

Quelqu'un avait annoncé un dvd zone 2 ici il y a quelques années mais il faut pour l'instant se contenter du zone 1.
Dernière modification par Supfiction le 15 janv. 18, 18:59, modifié 1 fois.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :Le salaire de la violence du même Rudolph Maté.
Pour être précis c'est Le Souffle de la violence.Le Salaire, c'est Karlson.
Oui je sais, les titres français de westerns, c'est la croix et la bannière.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit : mais il faut pour l'instant se contenter du zone 1.
Celui-ci, absolument splendide.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :Le salaire de la violence du même Rudolph Maté.
Pour être précis c'est Le Souffle de la violence.Le Salaire, c'est Karlson.
Oui je sais, les titres français de westerns, c'est la croix et la bannière.
Merci mais c'était bien de Le salaire de la violence que je voulais parler. Mais de Karlson et non de Maté. Saletés de titres français. :mrgreen:

Jeremy Fox a écrit :
Supfiction a écrit : mais il faut pour l'instant se contenter du zone 1.
Celui-ci, absolument splendide.
Sans sous-titres français malheureusement. Peut-être un jour en zone 2 chez Sidonis. Esperons. C'est quand même Alan Ladd.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :Merci mais c'était bien de Le salaire de la violence que je voulais parler. Mais de Karlson et non de Maté. Saletés de titres français.
Tu m'as tout confusionné.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :
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Little Big Horn (1951)
Réalisation : Charles Marquis Warren
Production : Carl K. Hittelman
Distribution : Lippert Pictures
Scénario : Charles Marquis Warren
d'après une histoire de Harold Shumate
Photographie : Ernest Miller
Musique : Paul Dunlap

Avec :

Lloyd Bridges (le capitaine Phulipp Donlin)
John Ireland (Le lieutenant John Haywood)
Marie Windsor (Celie Donlin)
Reed Hadley (le sergent Grierson)
Jim Davis (le caporal Moylan)

Au fort Lincoln en 1876, le lieutenant Haywood, du 7ème régiment de cavalerie s'apprête à démissionner de l'armée pour partir avec sa maitresse Celie, la femme du capitaine Donlin qui n'en peut plus de cette vie de femme de soldat. Donlin surprend une conversation entre les deux amants juste avant de devoir quitter le fort pour prendre le commandement d'une patrouille qui a reçu l'ordre de sillonner la région pour surveiller les déplacements des tribus indiennes et qui doit ensuite rejoindre le gros des troupes du général Custer stationnée à Camp Yellowstone. Il est bientôt rejoint par un détachement commandée par le lieutenant Haywood qui a reçu pour ordre de rejoindre toutes les patrouilles surveillant la région afin de les ramener au fort mais lorsque Donlin apprend que Custer a quitté son camp pour se diriger vers la rivière Little Big Horn alors que ses observations prouvent que de nombreux groupes d'indiens convergent vers ce lieu, il décide de contourner les ordres et de rejoindre le fort seulement lorsqu'il aura pu prévenir Custer du piège vers lequel il se dirige. Alors que la demande de démission de Haywood n'a pas encore été acceptée et qu'il se trouve donc encore dans l'obligation d'obéir aux ordres de son supérieur, Donlin lui impose de se joindre à son détachement pour le suppléer -dit-il- s'il lui arrivait quelque chose dans cette mission que Haywood considère comme une mission suicide au milieu d'un territoire infesté d'indiens à travers lequel la petite troupe va devoir parcourir en quelques jours les 400 km les séparant de Custer…
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Ce petit western fait avec rien : même pas une dizaine d'hommes, quelques sous officiers, leurs deux officiers et quelques indiens longtemps invisibles est pourtant un petit bijou. Ce titre est trompeur car Little big Horn évoque une grande bataille mais ici les scènes d'action sont rares et la grande histoire reste en toile fond car nous sommes…juste avant puis pendant…mais ailleurs…Les grandes batailles et la grande histoire n'intéresse manifestement pas Warren et ne sont pas son sujet mais, si le film n'est pas spectaculaire, n'exprime pas de grandes idées sur la conquête des territoires de l'ouest américain, sur les indiens et n'a pas d'opinion sur la personnalité du général Custer, c'est en revanche un très grand western "humaniste". On accompagne en territoire hostile un groupe d'individus que tout semble séparer, qui ne comprennent pas le but du "voyage" et qui, au bout de celui ci auront appris le respect de l'autre et feront bloc au point de ne plus faire qu'un. Mais ce n'est absolument pas un film à la gloire du chef, même petit, et on n'accompagne pas le stage accéléré de parfaits soldats en campagne. Si les hommes ne font qu'un, ça ne veut pas dire que le seul cerveau en état de fonctionner à la fin du récit sera celui du chef et que les autres personnalités auront été broyées ou auront été fondues dans le groupe car, bien au contraire, on aura eu l'impression de connaitre presque intimement chacun des hommes et c'est en parfaite connaissance de cause qu'ils épouseront une cause pourtant perdue. C'est même parce qu'ils se savent exposés au plus grand danger, parce qu'ils voient leurs camarades disparaitre les uns après les autres, que les inimitiés, les méfiances, les mesquineries comme les oppositions plus graves ayant le racisme pour origine ou le conflit plus personnel opposant les deux officiers, vont devenir futiles. Tous les conflits, toutes les tensions vont être progressivement désamorcés comme si tous les motifs de mésententes seraient vains pour ces hommes qui agissent comme s'il se savaient condamnés à mort puisque, si nous devinons plus ou moins le sort qui leur ai réservé -bien que ce film nous montre seulement une petite histoire dans une grande dont on connait l'issu- les hommes aussi agissent comme s'ils connaissaient leur sort et c'est même au coeur des décisions de leur officier supérieur dont la personnalité et les motivations profondes sont au coeur de nos interrogations et de celles de ses hommes et en premier lieu de celles du Lt. Haywood qui va d'abord contester l'utilité de la mission que Donlin s'est assignée en dépit des ordres reçus.
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Le personnage du Cpt. Donlin est parfaitement caractérisé par Warren à la 1ère occasion, dès qu'il nous montre la patrouille en action après que Haywood la rejoint. Il forcera ses hommes assoiffés à parquer leurs chevaux, à s'aligner en bon ordre et à faire preuve de maitrise avant de pouvoir enfin étancher leur soif. Ce qui est pris d'abord pour un excès d'autoritarisme et un manque d'humanité, révèle aussi son sens des responsabilités car c'est après avoir pris conseil auprès du soldat le plus expérimenté et s'être assuré que l'eau était bien potable, qu'il autorisera les hommes à boire. Sa dureté, sa rigueur, le sens de l'ordre et de la discipline vont de paire chez lui avec un sens du devoir, une intégrité et un vrai respect de ses soldats mais jusqu'où est il prêt à aller pour accomplir sa mission et, parce qu'il y a peu de chance qu'elle réussisse, vaut-elle la peine de risquer la vie de son détachement. Ses hommes d'ailleurs ne la discutent pas contrairement à son officier en second. Haywood s'opposera à lui pour sauver quelques vies (ou seulement la sienne avant tout pour celui qui s'apprête à quitter l'armée ?) tandis que Donlin affirme n'avoir qu'une obsession, prévenir Custer. Il dira à Haywood : "vous voulez sauver quelques vies, je veux en sauver beaucoup"; sans que l'on sache (avant un final révélateur) s'il est sincère, s'il agit comme un homme désespéré et allant au devant de la mort ou s'il veut avant tout tuer ou faire tuer son rival. Progressivement, la popularité grandissante de Haywood et surtout les premiers morts vont entrainer un fléchissement dans le comportement de Donlin. Il voudra de moins en moins apparaitre comme l'officier implacable envoyant ses éclaireurs à la mort. Ainsi, après plusieurs morts, il sera d'abord tenté de laisser faire le hasard puisque c'est une partie de cartes qui au milieu du récit désignera le prochain infortuné puis, après la mort du soldat DeWalt, ne voulant même plus laisser le sort décider, il va demander conseil à Haywood et tentera de déléguer ses responsabilités à son ennemi intime…qui lui prendra ses responsabilités. A ce moment là, ce dernier s'était déjà rendu plus populaire auprès des hommes car dans un premier temps, certain d'entre eux connaissant le conflit privé opposant les deux hommes, s'étaient rangés sans le dire derrière leur capitaine. Mais leur opinion va assez vite changer quand lors de la 1ère confrontation avec les indiens, le Lt. Haywood va d'abord endosser la faute commise par un des soldats qui avait rompu le silence imposé par le Cpt. Donlin et avait tiré sur une sentinelle indienne, et va se charger (presque) seul de les neutraliser. Puis, Haywood se proposera pour aller seul au devant de Custer, et enfin va mentir à Donlin pour protéger un autre homme qui avait enté de déserter.
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Même si les deux officiers sont les personnages les plus suivis, on va aussi apprendre à connaitre chaque homme de troupe et sous officiers par petites touches car dans ce scénario admirable chaque détail a son importance. Ces hommes ne sont des archétypes de rien mais leurs expériences personnelles ou même quelques objets (des photos, un jeu de carte, des menottes, etc…) et chaque information donnée au spectateur connait son prolongement à un moment ou un autre du récit et nous permet de connaitre progressivement ces hommes et permet notamment de faire connaitre et de voir évoluer leur positionnement par rapport au conflit qui oppose leurs deux officiers. Ainsi un homme lui-même trompé par sa femme permet de montrer la méfiance des hommes qui seront majoritairement dans un 1er temps derrière Donlin, puis le même sera le révélateur de l'incertitude des soldats quant ils vont croire que parfois Donlin agit avant tout pour se débarrasser de son subordonné sans que l'on sache dans un 1er temps s'ils désapprouvent ses noirs desseins…Le sergent Greirson (Reed Hadley), un ex major de l'armée sudiste, est respecté par Donlin, celui qui est par le grade aujourd'hui son supérieur. C'est d'ailleurs à lui qu'il s'adresse en priorité mais c'est aussi à lui qu'il confie ses inquiétudes et ses doutes et c'est le 1er personnage qui permet de mieux le comprendre…Zecca, un soldat raciste et voleur dont les mains sont menottés notamment la nuit pour l'empêcher de chaparder et de s'enfuir. On va discuter de l'attitude à adopter vis à vis de cet homme mal aimé ; on va lui ôter, lui remettre ces menottes, avant que Warren ne les montre abandonnées un matin au départ d'un bivouac lorsque la menace plus ou moins imaginaire représentée par Zecca ne sera plus rien…Arika, l'éclaireur indien dont certains hommes se méfient…"Un indien reste un indien"…avant que plus tard l'un des hommes ne tente de raisonner ses camarades en expliquant que le Cpl. Arika est d'une tribu traditionnellement ennemi des sioux…ceci avant que l'indien ne fasse enfin la preuve de son dévouement total…Quince, le marrant, qui suppliera Zecca, le lâche, le voleur, celui sur lequel on ne peut compter, de l'achever avant que celui qui est aussi le plus raciste des soldats ne remercie le cadavre de l'éclaireur indien qui s'était exposé pour le protéger…DeWalt, l'ex joueur professionnel, expert aux cartes et réputé forcément tricheur, ce qu'il est semble t'il, mais qui ne trichera pas quand l'enjeu sera autrement plus grave que celui d'une simple partie de cartes sans conséquences…Hofstetter, un homme dont la femme plus très jeune attend leur premier enfant et qui veut rejoindre le fort à temps pour être auprès de sa femme…Le plus jeune de la troupe, le soldat Mason, est le seul à avoir une raison personnelle pour rejoindre Custer puisque son père est sergent du 7ème de cavalerie (lui aussi est d'une scène admirable qui permettra de montrer un visage encore plus humain de Donlin)…Le soldat Corbo dont on suit le feuilleton du futur mariage avec une jeune immigrante canadienne sur le point d'arriver au fort et qui connaitra un ultime prolongement bouleversant car la découverte d'une petite caravane de pionniers attaquée par les sioux quelques heures auparavant donne l'occasion à Warren de filmer une des plus belles scènes de sa carrière. Lors de l'approche prudente de la patrouille, au milieu des cadavres et des tonneaux éparpillés, on remarque une caisse attestant l'origine Canadienne des immigrants. Puis, quelques hommes descendent de cheval et remarquent une très jeune femme que l'on croit vivante un très court instant mais qui est bien morte, restée assise dans son charriot le corps appuyé contre la bâche. Elle s'effondre lorsque Donlin provoque le déséquilibre du véhicule en posant le pied sur la 1ère marche du charriot. L'un des soldats reconnait la jeune femme puisqu'il s'agit bien sûr de la fiancée canadienne de Corbo lequel avait fait circuler sa photo. Il est appelé ; Donlin lui demandant de faire vite. Il monte sur la plate forme du charriot et s'adresse à la jeune femme dont on voit le corps allongé ainsi qu'une de ses mains et une partie de son visage. Il s'adresse alors à elle un sourire timide au bord des lèvres : "Waow ! You're even prettier than in your picture. I'm purely proud". Il lui prend la main, lui passe une bague au doigt et dit : "Mrs James Corbo ! "; la regarde encore un instant et repart.
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Cette scène qui ouvre la dernière partie du film est à l'image de cet demi-heure, admirable. Si la séquence précédente fait penser à Ford, c'est à Wellman que l'on pense avec la (presque) séquence finale ou on retrouve les soldats survivants alignés, interrogés les uns après les autres par leur officier survivant pour savoir s'ils acceptent de prendre le risque insensé de traverser la Little Big Horn sous le nez des indiens. Ils répondent les uns après les autres à l'appel de leurs noms avant de se lancer au galop à la suite de leur chef. Cette séquence est presque aussi forte que l'énumération du nom des mortes par les survivantes dans une des plus inoubliables séquences du Convoi de femmes de William Wellman, d'ailleurs sorti 6 mois plus tard à la fin de l'année 1951. Cette dernière charge inutile est à juste titre édulcorée. Warren filme le début d'une chevauchée…puis surimpressionne de furtives images de bataille à celles des tombes retrouvées. Le traitement elliptique de cette scène est admirable car il souligne par là l'inutilité de ce sacrifice qui est l'ultime hommage des hommes à leur chef et une justification d'une mission dont ils pensaient tous ou presque à son début qu'elle était injustifiée mais qui avait véritablement sa raison d'être et qui aurait pu aboutir. Si cette séquence d'action "édulcorée" est absolument réussie, les autres séquences d'action qui parsèment le récit d'un bout à l'autre, principalement les rencontres avec les indiens, sont les seules séquences ratées. Warren se sort très bien des scènes montrant la progression angoissante de la troupe presque sous le nez de groupes d'indiens beaucoup plus nombreux que les soldats mais que pendant une demi-heure, on ne verra que dans dans de courts plans les montrant se déplaçant en des endroits indéterminés. Puis à partir du moment ou il filme une 1ère embuscade impliquant deux éclaireurs indiens, leur nombre va progresser avec des premières conséquences : un soldat grièvement blessé et abandonné , un autre capturé mais maintenu vivant et attaché comme un épouvantail au sommet d'une colline pour attirer ses camarades, etc…mais si certaines de ces séquences ne sont pas mal réalisées, dans la plupart des cas, dès que Warren doit filmer une scène d'action, il semble ne plus savoir ou poser sa caméra et sait encore moins les dynamiser par sa mise en scène et par le montage. Il est vrai que c'était surtout un auteur et il s'appuyait ici avant tout sur un fabuleux scénario. C'était aussi…son premier essai, car Little Big Horn était son 1er film et malheureusement pour nous son meilleur et de très loin (en tout cas le meilleur des 6 westerns que je connais de ce metteur en scène).
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Je termine…par l'ouverture totalement, et à l'évidence volontairement, trompeuse car n'annonçant en rien la suite de ce qui nous attend. On l'aura compris, on a pas du tout affaire à un western "en chambre" car même si la rivalité amoureuse est à l'origine du conflit qui oppose les deux plus hauts gradés du détachement, elle est en arrière plan. Celie, l'épouse de Donlin, ne réapparaîtra indirectement qu'en deux occasions. Lorsque Haywood voudra restituer une photo de sa maitresse à son mari, le désarroi de celui ci, entrainera un très court mais admirable et inattendu flashback qui nous montrera que la situation amoureuse est d'une plus grande complexité qu'il ne parait mais, dans ce film ou je l'ai dis tous les motifs de discorde seront annihilés, il y aura une seule exception car en une occasion il faudra bien que la tension entre les deux hommes explose dans une courte mais rude bagarre mais pour ces deux hommes qui avaient déjà fait un peu de chemin l'un vers l'autre sans forcément l'admettre, le moteur était déjà davantage la frustration que la haine et au final le moins épuisé et abimé des deux relèvera l'autre, le vainqueur ne triomphant aucunement et le court échange constatant simplement "Il fallait en passer par là ; on passe à autre chose". Un très grand western diffusé au moins une fois sur une chaine française.
En ce moment en promo fnac qui va me permettre de faire du rattrapage.
https://video.fnac.com/a8762221/Little- ... 221|BL9|L1

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Fort Defiance - Le fort de la vengeance

Message par kiemavel »

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Ben Shelby, un vétéran de la guerre de sécession, arrive au ranch de la famille Tallon près de Fort Defiance en Arizona. Au vieux Charlie et à Ned, son neveu aveugle, il se présente comme un ancien compagnon d'armes et un ami de Johnny, l'autre neveu, qui est attendu au ranch, lui aussi de retour de la guerre. Malgré la méfiance de Charlie, après que Ben leur soit venu en aide, il reste au ranch pour y travailler en attendant le retour de Johnny. Ned parle avec fierté des médailles et des honneurs reçus par son frère mais Charlie apprend à Ben Shelby qu'en réalité Johnny est devenu un hors-la-loi, puis qu'il serait mort. C'est alors que celui qui était devenu plus qu'un employé du ranch, un ami de la famille et un nouveau modèle pour Ned, révèle son véritable dessein lorsqu'il s'était installé chez eux : tuer Johnny qu'il pensait responsable de la mort de tous les hommes de sa section – dont son frère - lors de la dernière bataille de la guerre, suite à une trahison de Johnny. Bientôt, Dave Parker – un des notables de Fort Defiance - et ses hommes arrivent au ranch, eux aussi pour se venger de Johnny et qui, par défaut, veulent abattre Ned. Tandis que Charlie protège leur sortie, Ned et Ben prennent la fuite. C'est alors que Johnny, finalement bien vivant, fait sa réapparition …
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Dane Clark, épisode 1 :
Une histoire de vengeance qui du début à la fin ne cesse de s'enrichir, de se complexifier et sur laquelle vient en permanence s'agréger des éléments extérieurs au « drame familial », en particulier le contexte historique : la guerre de sécession et les guerres indiennes, sans jamais nuire au cœur du film mais ajoutant simplement des situations donnant, d'une part, de très bonnes séquences d'action mais obligeant surtout à souder provisoirement les ennemis intimes contre des ennemis plus immédiat ce qui retarde l'affrontement prévisible entre Ben et Johnny qui, en cours de route, en plus du conflit né de la guerre, sont aussi devenus rivaux en raison des liens qui se sont noués entre Ned et Ben, ce dernier se substituant progressivement à un frère « de sang » finalement semble-t-il bien moins admirable que le souvenir qu'il avait laissé de lui avant de partir à la guerre et de ce que Ned avait su de son comportement au cours de celle ci.
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Dès le début, le film se montrait déjà très fort sur ses personnages, très bien écrits, au sein d'un scénario très structuré qui installait de manière très habile les prémisses du drame : l'arrivée de Ben qui progressivement tissait – presque malgré lui – des liens fraternels avec le frère de son ennemi juré, chacun d'eux se trouvant mutuellement un frère de substitution puisque Ben avait donc perdu le sien lors de la dernière bataille de la guerre, celle là même où Johnny aurait déserté et du coup, il se montre à la fois satisfait et gêné par cette situation car s'il n'a pas repris sa vie d'avant (il est marié et sa femme bien que jusqu'au bout invisible est un personnage à part entière du film) c'est pour tuer un « traître » … celui là même qui, dans un premier temps, est idolâtré par Ned …
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Mais avant même que Ben ne s'installe au ranch, scénariste en metteur en scène amènent le doute et l'incertitude, même sur lui (dans la séquence d'ouverture, devant le panneau indiquant le ranch Fallon, Ben recharge son revolver, attitude qui contredit sa présentation à la famille qui survient juste après). En cause aussi et surtout, tout ce qui a trait à Johnny : la façon dont Charlie Fallon se méfie de voir quelqu'un qui se présente comme un ami de son neveu, ce qui visiblement le surprend,  puis diverses petites touches par la suite commencent à esquisser un portrait de Johnny, avant même son retour, qui contredit les histoires que racontent Charlie sur ce neveu qui se serait conduit de manière héroïque à la guerre … ce qui est à la fois vrai (car il fut notamment décoré par Lincoln)… et faux (sur ce point là, c'est aussi au fur et à mesure que l'on apprend ce qui c'est vraiment passé et presque jusqu'aux derniers instants du récit, on en apprend davantage et notre opinion change et évolue)
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Progressivement, Ned découvre donc que son frère n'est pas seulement le héros multi décoré dont son oncle racontait les exploits mais un homme qui aurait finit par déserter entraînant la mort de centaines de soldats avant de devenir un hors-la-loi à la fin de la guerre. Et parallèlement, naissent des liens d'amitié de plus en plus forts entre Ben et Ned sans qu'à aucun moment rien ne soit fait pour que le personnage du handicapé n'attire spécialement la sympathie sur lui, encore moins la pitié et d’ailleurs Peter Graves – souvent assez pâle – se montre très à son avantage dans ce qui était l'un de ses premiers films. Le handicapé est juste ici un personnage vulnérable moins attendu car c'est ici un jeune homme et pas un enfant, une femme ou un homme vieillissant. Vulnérable, Il le devient encore davantage hors du ranch familial et du coup, à partir du moment où les deux hommes sont en fuite, Ned étant bien plus exposé, il est concrètement plus dépendant de Ben, ce qui renforce leurs liens.
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La fuite de Ben et Ned intervient après l'attaque du ranch par les hommes d'un personnage secondaire plus convenu de « potentat local » qui lui aussi à eu un de ses frères tué à la guerre -dit-il- à cause de Johnny et qui vient tuer un Tallon … sans préférence … Ce personnage de vengeur qui finit par défendre la famille de son pire ennemi contre un autre vengeur plus enragé n'est que le premier événement assez imprévisible d'un film qui en comporte beaucoup … Cet événement, puis, juste après, seulement au bout d'une demi heure, l'arrivée « surprise « de Johnny (pour les protagonistes, pas pour le spectateur attentif au générique :wink: ), présumé mort, relancent donc l'histoire et coïncide avec une accélération du récit. Celui ci prend alors des directions imprévisibles, divers événements retardant le règlement de comptes inévitable (quoique ...) entre Ben et Johnny, notamment l'arrivée des indiens car alors que les Tallon avaient toujours cohabité avec les Navajos à qui ils offraient volontiers quelques têtes de bétail pour leur permettre de survivre, ceux ci se sont révoltés depuis que le gouvernement américain a décidé de les rassembler pour les déplacer vers une réserve de l'Oklahoma.
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Pourchassés par des tueurs, les deux hommes fuient donc un danger immédiat … pour aller au devant d'un autre encore plus grand : les Navajos … Ils récupèrent rapidement un allié : Johnny, qui les retrouve, mais qui se trouve être aussi un ennemi de l’intérieur pour Ben (même si c'est uniquement Ben qui veut toujours manifestement tuer Johnny …. et s'y essaye). Mais la supériorité de Johnny sur Ben, la compréhension par Johnny de l'attachement de Ned pour son rival qui en son absence l'a évincé et les événements extérieurs les forcent sans cesse à ne pas aller au bout du solde du conflit : une première escarmouche avec les indiens, une patrouille de tuniques bleues, la défense d'une diligence attaquée par une bande de navajos bien plus imposantes …

Cet incident apporte un ingrédient de plus : la romance, elle aussi pas très ordinaire puisque Ned est séduit par une femme dont l'apparence montre à l'évidence qu'elle est une saloon girl, ce que Ned, aveugle, ne peut savoir. Sans donner dans la mièvrerie, le film accuse peut-être un peu plus son temps dans le traitement de l'idylle car la pauvre fille, avec son vécu, culpabilise un peu d'abuser de la confiance d'un jeune naïf et "aveugle " à son passé. Mais elle est rassurée par Ben … et Johnny, après avoir été étudiée par ces derniers.
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Oui, même Johnny car l'homme est loin d'être celui que l'on attend après tout ce qui est dit sur lui, même si lorsqu'il apparaît brutalement, on craint d'avoir affaire à un méchant très caricatural. Mais finalement, il n'en est rien et au contraire, Dane Clark interprétait là le personnage le plus complexe qu'il aura eu à jouer dans un western. Des tas d’événements ajustent et font reconsidérer en permanence notre perception de Johnny, avant même qu'il n' apparaisse ; avec d'un coté, la violence et les sarcasmes :
Aux hommes de Parker, il se présente ainsi :
« Je suis le représentant de l'ange Gabriel. Avez vous entendu parler de lui ? Mon travail consiste à contrôler les dernières funérailles « puis ajoute : « “Si on peut parfois mourir de morts naturelles, quelquefois ma mission consiste à accélérer le processus » ( il revient au ranch au moment même où les hommes de Parker sont en train de finir de mettre des pierres sur la sépulture de son oncle Charlie et plaisantent sur le cadavre et il les piège, les force à dégainer et les abat en affichant un rictus de satisfaction)
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Mais la plupart de ses sarcasmes, il les réserve à Ben qu'il appelle ironiquement "Mr. Only Survivor" (de la bataille) et des paroles, les deux hommes passent aux actes (ils se bagarrent, d'aucuns trouveront une fois de trop) mais il se révèle vite plus complexe qu'il n'y paraît et son attitude oscille en permanence entre provocations (à destination du rival, celui qui devient sous ses yeux le nouveau modèle de son frère : c’est Ben que Ned appelle lorsqu'il se sent en danger) et les attitudes plus révélatrices de ses blessures : il est touché par la mort de Hankey, son unique compagnon de route (qui disparaît très vite) puis, alors que l'on pense qu'il va demander à la fille facile d'oublier son frère, il se montre compréhensif et cherche simplement à la jauger). D'autre part, à plusieurs reprises, le « lâche » se montre au contraire très courageux, notamment en se portant seul face à une attaque indienne (la séquence est d'ailleurs admirablement et spectaculairement mise en scène par Rawlins, Johnny se jetant au sol à la renverse se retrouvant couché dos au sol au moment de faire feu avec ses deux revolvers à la fois). Et surtout, alors qu'il est à l'évidence plus puissant et surtout meilleur tireur, il ne supprime pas son rival...en partie par égard pour son frère. Face au laconique Ben (remarquablement interprété tout en sobriété par l'excellent Ben Johnson) et au « bon » et doux Ned, Johnny n'est en tout cas pas du tout « la brute ». Il le prouvera plus d'une fois, son désir de rachat étant mis en évidence à plusieurs reprises dans des détails que je ne révèle pas sauf partiellement en ce qui concerne le final qui se révèle une fois de plus riche car à la fois très spectaculaire, touchant et empreint d'un certain romantisme noir (inédit dans ce film … qui surprend donc encore dans son épilogue. Et même d'ailleurs jusqu'à son image finale)
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Bon, pour un tel film, j'en ai encore 50 lignes sous le pied mais je les épargne aux quelques lecteurs qui seraient arrivés jusque là. Un petit mot sur la photographie. Le travail de Stanley Cortez est tellement remarquable et les paysages sont tellement magnifiques (notamment les falaises rouges de la région de Gallup, Nouveau Mexique) que l'on regrette l'emploi du procédé Cinecolor qui est probablement responsable des ocres et des rouges trop intenses et uniformes des extérieurs et des bleus nuits des intérieurs. Sinon, c'est pour moi le meilleur western de Dane Clark (mais je n'ai pas vu Thunder Pass, 1954) et le meilleur film de John Rawlins que j'ai vu. Et pas d'un peu. Pas un chef d'œuvre, non, mais des séries B comme celle ci, il n'y en a pas tant restant à éditer. Vu (à peu près) en vost
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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Merci pour cet avis détaillé : ça donne envie 8)
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Alexandre Angel
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :Merci pour cet avis détaillé : ça donne envie 8)
Oui, et en plus...
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Kiemavel, LE RETOUR !!! :D
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Jeremy Fox a écrit :Merci pour cet avis détaillé : ça donne envie 8)
Patrick Brion en dit beaucoup de bien. On peut espérer qu'il œuvre en coulisses pour faire éditer ce film (défendu par d'autres, par Phil Hardy par exemple)
Alexandre Angel a écrit :Oui, et en plus...
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Kiemavel, LE RETOUR !!! :D
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Bel accueil, merci :wink:
Tu as changé depuis qu'on ne s'est vu. Anne Vernon, j'aime bien aussi
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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Notre western du WE (ce devrait être la dernière année concernant ce rdv hebdomadaire qui dure depuis plus de 10 ans vu le peu qu'il nous reste en stock) : Un homme traqué de Ray Milland.
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Barricade - Peter Godfrey (1950)

Message par kiemavel »

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Pour avoir voulu échapper au shérif de la ville, plusieurs étrangers de passage à Peaceful Haven sont contraints de trouver refuge sur le site de la mine dirigée de manière dictatoriale par l'impitoyable 'Boss' Kruger (Raymond Massey) : Bob Peters (Dane Clark), un hors-la-loi en fuite, Judith Burns (Ruth Roman), évadée d'une prison pour femmes, ainsi que Aubrey Milburn (Robert Douglas), un passager de sa diligence qu'elle avait voulu faire passer pour son mari alors qu'elle avait été reconnue par le shérif. Tandis que Judith reste entre la vie et la mort suite au renversement de leur diligence survenu lors de leur fuite, les deux hommes sont forcés de travailler sur place, Milburn, blessé lui aussi mais plus légèrement, au cuisine et Peters à la mine, avec une bande d'employés tous recherchés par la justice et tenus d'une main de fer par Kruger ...
Dane Clark, épisode 2 :
Barricade était la transposition en western du roman de Jack London, The Sea-Wolf, par Peter Godfrey, essai ambitieux pour ce cinéaste mais qui se révèle finalement honorable bien que loin de valoir la version que Michael Curtiz en donna en 1941. Sans même parler des compétences respectives de ces deux cinéastes, l'adaptation due à William Sackheim – qui écrivit le script de quelques westerns : Les rebelles, L'héroïque lieutenant, de nombreux petits films noirs et futur co-auteur du premier Rambo – était déjà loin de valoir le scénario sur lequel s'était appuyé Curtiz.
Il se tirait sans soucis du premier écueil : la justification de la soumission des hommes de Kruger qui sont tenus en état de quasi esclavage mais qui – eux – pourraient fuir, en faisant de « l'équipage » des hommes recherchés par la justice préférant encore l'enfer minéral de Kruger à la prison. C'est d'ailleurs illustré d'emblée puisque ce sont les deux seconds du tyran qui proposent avec insistance à Peters de l'emmener dans leur chariot jusqu'au « refuge « de leur patron après avoir remarqué que le fuyard avait dissimulé son visage dans le bar où il venait d'entrer sitôt que le shérif s'y était montré. Accueillir des hors-la-loi, c'est pour Kruger l'assurance d'avoir à sa disposition des hommes soumis …
D'autre part, en localisant la mine au milieu d'étendues désertiques inhospitalières et donc dissuasives, empêchant théoriquement toute fuite. Une "barricade" naturelle en quelque sorte (1)
Autre aspect assez satisfaisant, le portrait de Kruger et son interprétation par Raymond Massey, mais le personnage est tout de même bien plus superficiellement exploré que dans la version Curtiz. On retrouve des choses : Kruger cite Shakespeare en dévoilant l'identité du personnage représenté sur un tableau de son bureau : son modèle, Richard III … mais c'est vite expédié et on ne retrouve pas les brillants dialogues du film antérieur.
Sensiblement meilleures sont les séquences -et les dialogues qui les accompagnent- qui montrent Kruger en manipulateur d'hommes supérieurement malin et la relation complexe liant le despote et ces brutes qu'il emploie. Des hommes qui respectent la puissance de Kruger, le craignent, le haïssent parfois mais il a la malice de leur permettre de temps en temps de pouvoir rire (les hommes se réjouissent avec Kruger des humiliations qu'il fait subir, à Peters, à Judith …) ou se venger sur des personnages encore moins bien lotis qu'eux, les plus faibles sur lesquels leur colère et leur haine se reportent. C'est d'autant plus habile qu'il leur donne en guise d'exutoire 2 de ses 3 collaborateurs : son avocat, un vieux bonhomme frêle, déchu et humilié, ancien juge devenu alcoolique (qui est de quelques scènes fortes, parmi les meilleures du récit). Et son cuisinier Tippy, un type faux, roublard, jouant sur tous les tableaux … et donné en pâture aux mineurs après que Tippy ait pourtant joué les informateurs pour son patron.
En revanche, toutes les relations entre les personnages principaux sont insuffisantes, sans exception. Même si leurs personnages – et leurs interprètes- sont sur le papier les plus importants, l'affrontement entre Kruger et Peters est des moins inspiré puisqu'ils se battent à poings nus plusieurs fois … et c'est à peu près tout, avec tout de même une singularité, c'est que le bon n'en sort jamais vainqueur. Jusqu'au bout (ou alors par accident). Le personnage de Milburn est mieux traité et son affrontement avec Kruger donnent les fameux dialogues attendus entre le « cynique » et le « moraliste » mais en mode tout de même mineur par rapport au modèle. D'autre part, on comprend très vite que le personnage n'est pas ce qu'il prétend être (il est surpris par Kruger en train de fouiller son bureau) mais – au fond – ce que cela cache, c'est à dire l’histoire secrète de l'acquisition de la mine et ses conséquences, n'apporte pas grand chose à l'histoire (le final est même assez curieux puisqu'une horde de cow-boys survient sur le site de la mine et amène donc une véritable opposition à Kruger mais la bataille est curieusement - mais logiquement finalement – montrée hors champ. On en voit juste les conséquences : le feu, les cadavres alignés les uns à coté des autres … et Il n'est pas si commun qu'un cinéaste occulte une longue séquence finale spectaculaire mais c'est sans aucun doute pour « dégager le terrain » en vue de l'affrontement entre les deux têtes d'affiche)
Quant au seul personnage de femme, il est presque totalement sacrifié. Ruth Roman au milieu d'une bande de types on ne peut plus frustes, coincés depuis des mois, des années, au milieu du désert, c'est un appel au … câlin ! (bref passage en mode MeToo, la version non expurgée est disponible en mp, sous le manteau). Mais non, rien, pas même de romance et la belle ne suscite donc aucune rivalité masculine. D'autre part, Il n'y a qu'une scène entre Kruger et Judith (il l'humilie devant ses hommes au réfectoire), quelques scénettes insignifiantes avec Milburn et guère mieux avec Peters, même s'ils ont, dans la pénombre, une assez longue et belle séquence d'apprivoisement mutuel assez bien dialoguée :
- Qui êtes-vous de toute façon ? demande le hors-la-loi
- Pas aussi mauvaise que ce que vous croyez, pas aussi bonne que je le voudrais, lui répond l'évadée de prison
Mais même s'ils parviennent à fuir ensemble momentanément (mais Kruger avait tout prévu …), on reste vraiment sur notre faim.
J'en termine … Pour l'interprétation de Raymond Massey (excellente, sans atteindre celle géniale de Robinson), celles des seconds rôles Morgan Farley (le juge) et George Stern (le cuistot Tippy), en mode Peter Lorre, … pour la très belle photo de Carl Guthrie, le spectacle vaut la peine mais ce n'est quand même pas un indispensable. Vu ' à peu près ' en vost.

(1) Ce n'est pas ce que suggère l'affiche (mauvaise, de mon point de vue). "Barricade", cela pouvait évoquer l'option retenue dans les affiches mais c'est un choix étrange compte tenu du film. Les autres étant la barricade naturelle évoquée plus haut …. et enfin, la barricade, c'est en quelque sorte la solution que croit trouver Peters pour se débarrasser de Kruger. C'est cet acte là qui entraine même le dénouement (1)
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Dernière modification par kiemavel le 3 janv. 20, 23:48, modifié 3 fois.
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