Paul Schrader

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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AtCloseRange
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Re: Paul Schrader

Message par AtCloseRange »

Qui a vu Touch et Les Amants Eternels, 2 films hyper obscurs de sa filmo?
mannhunter
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Re: Paul Schrader

Message par mannhunter »

"Forever mine", assez ennuyeux dans mon souvenir (s'il s'agit bien des "amants éternels")
7swans
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Re: Paul Schrader

Message par 7swans »

AtCloseRange a écrit :Qui a vu Touch et Les Amants Eternels, 2 films hyper obscurs de sa filmo?
Les amants éternels, t'as vu le DVD chez moi y a 3 jours.
Le DTV s'appelle en fait...
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C'est "évidemment" très mauvais.
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AtCloseRange
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Re: Paul Schrader

Message par AtCloseRange »

7swans a écrit :
AtCloseRange a écrit :Qui a vu Touch et Les Amants Eternels, 2 films hyper obscurs de sa filmo?
Les amants éternels, t'as vu le DVD chez moi y a 3 jours.
Le DTV s'appelle en fait...
Spoiler (cliquez pour afficher)
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C'est "évidemment" très mauvais.
Ah oui, effectivement, j'ai eu du mal à faire le lien avec l'affiche sur imdb

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7swans
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Re: Paul Schrader

Message par 7swans »

J'en profite pour placer mon Top du Monsieur, pour qui j'ai beaucoup de sympathie.

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Paul, vendeur de GoPro à la Fnac Parinor, en pleine démonstration.

Chef d'oeuvre (et dans mon TOP 100)
Mishima - une vie en quatre chapitres

Excellent
Étrange Séduction
Auto Focus
Light Sleeper

Bon
The Canyons
Affliction

Pas mal
Light of Day
La Féline
Hardcore
American Gigolo

Sans moi
Les amants éternels
The Walker
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Shin Cyberlapinou
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Re: Paul Schrader

Message par Shin Cyberlapinou »

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Voilà une façon assez brillante de définir une hype ou une cote critique. Du coup je flippe pour The assassin de Hou Hsiao Hsien, car c'est ce film qui est évoqué à la fin. Au pire il nous restera Shu Qi...
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Supfiction
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Re: Paul Schrader

Message par Supfiction »

Shin Cyberlapinou a écrit :Image

Voilà une façon assez brillante de définir une hype ou une cote critique. Du coup je flippe pour The assassin de Hou Hsiao Hsien, car c'est ce film qui est évoqué à la fin. Au pire il nous restera Shu Qi...
Je ne vois pas exactement de quoi il parle, des critiques qui auraient acheté les droits des films c'est ça ?
Quoiqu'il en soit Bogdanovich n'a surement pas eu besoin de ça pour défendre l'hilarant "Man's favorite sport".
7swans
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Re: Paul Schrader

Message par 7swans »

Supfiction a écrit : Je ne vois pas exactement de quoi il parle, des critiques qui auraient acheté les droits des films c'est ça ?
Absolument pas.

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En d'autres mots, Schrader explique ce phénomène très répandu du "venduisme".
La tirade sent un peu la rancœur, mais dans le fond, je ne suis pas loin de penser (parfois) la même chose que lui.
Dernière modification par 7swans le 31 janv. 16, 12:26, modifié 1 fois.
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Re: Paul Schrader

Message par Supfiction »

7swans a écrit : En d'autres mots, Schrader explique ce phénomène très répandu du "vanduisme".
La tirade sent un peu la rancœur, mais dans le fond, je ne suis pas loin de penser (parfois) la même chose que lui.
Ah ok, la métaphore m'avait échappée avec la barrière de la langue. Oui, les Tarantinophiles, les WES ou PT Anderson ou De Palma-maniaques, etc. Ce n'est pas vraiment un phénomène nouveau. Est-il amplifié aujourd'hui ? Peut-être, parce que les films sont plus disponibles et qu'il est plus facile aux cinéphiles voir et revoir les oeuvres et de devenir maniaques de tel ou tel auteur.
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Re: Paul Schrader

Message par El Dadal »

On a aussi le droit d'être en phase avec un auteur, jusqu'au jour ou la séparation se fait. Parfois en un seul film (INLAND EMPIRE), parfois avec un film qui vient confirmer une nouvelle tendance (Maps to the Stars), parfois avec le film de trop (Passion). On peut aimer défendre un auteur et une œuvre sans y voir non plus une posture. Le phénomène existe autant chez les fan boys aveugles que chez les vieux cinéphiles rances. On en revient encore à cette vieille dichotomie objectivité/subjectivité et j'aimerai savoir qui a suffisamment le sang froid pour ne pas se laisser emporter par sa passion une fois de temps en temps...

Après, chez les critiques ciné dont c'est le taf et les media qui les relayent, c'est une autre question...
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Re: Paul Schrader

Message par Max Schreck »

G.T.O a écrit :BLUE COLLAR

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Très beau et percutant premier film de Paul Schrader, plongée sans fard dans les arcanes du pouvoir syndicaliste américain. Très bien écrit, excellemment bien joué et rythmé sur fond de "Hard Workin' Man" de Cap'tain Beefheart, Blue Collar raconte comment trois amis ouvriers d'une usine auto, acculés par les dettes, vont être amené à s'opposer et à se détruire, suite à un cambriolage minable intenté contre le syndicat de leur usine. De ce postulat simple, le film va produire toute une kyrielle de conséquences : allant de la destruction de l'amitié, à l'analyse des jeux de pouvoir institutionnel, en passant par l'illustration probante d'une lutte des classes et son instrumentalisation inter-ethniques. Et c'est d'autant plus fort que jamais le film ne parait didactique ou démonstratif; il reste à hauteur d'hommes, aidé en cela par les prestations magiques d'un casting stellaire :à commencer par Richard Pryor, Yaphet Kotto que je ne jamais vu aussi bon et Harvey Keitel superbe. Les dialogues sont vifs et certaines scènes parviennent même à arracher, l'air de rien, un pincement au coeur : il suffit de voir la scène de prise de décision commune de s'éloigner à la sortie de leur bar favori, ou bien encore comment le personnage de Keze "Richard Pryor" annonce, subtilement, à son comparse Harvey Keitel, de calmer le jeu, tout en lui essayant de minimiser l'annonce de sa promotion sociale, en tant que représentant syndicale. C'est un très bon film qu'il faut redécouvrir de toute urgence, si cela n'est pas déjà fait. D'ailleurs, j'ai vu qu'il prévoyait une ressortie en octobre.
J'aurais pas dit mieux. Plus qu'une bonne surprise, un très beau film, qui évite tous les pièges et fait preuve d'une maîtrise totale de son sujet par le cinéaste. Schrader aurait pu se laisser aller à une dénonciation lourde et didactique sur la compromission entre industrie et syndicats, ou à l'inverse rester dans du divertissement inoffensif mais plaisant en mettant en scène le casse comique d'une bande de bras cassés (on est parfois pas loin du Pigeon). Tous ces ingrédients sont là, mais il prend bien soin de faire toujours preuve de justesse, accordant beaucoup de temps à ses personnages, à leur quotidien, sans jamais en faire pour autant des héros, montrant aussi leurs travers qui les rendent d'autant plus humains.


J'ai aussi découvert :

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Light of day, 1987
Et là un peu déçu. C'est un joli petit film, et j'écris ça avec condescendance. Schrader raconte son histoire en se concentrant sur sa direction d'acteurs et ils s'y montrent tous formidables. Fox est impeccable, Jett s'en sort pas trop mal, et c'est surtout Gena Rowlands qui assume la part la plus émouvante du film. Ça parvient donc à être touchant par moments, mais le récit manque un peu d'ampleur, et surtout visuellement c'est franchement au niveau d'un téléfilm. Musicalement, j'avoue ne pas non plus avoir été emballé par les quelques passages musicaux. Il y a un désir d'authenticité, en mettant en scène de vrais musiciens (dont le Michael McKean de Spinal tap, que j'apprécie toujours de croiser), et en montrant la réalité peu reluisante d'un petit groupe de province courant après les cachets. Mais même si ça l'évoque, ce n'est pas non plus un film sur la création, et je n'ai pas du tout été sensible à ce registre musical de rock de bars (le morceau-titre de Springsteen est franchement pas terrible).

Maintenant de Schrader, c'est surtout son Patty Hearst que j'aimerai voir, ayant toujours trouvé cette histoire fascinante.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
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Thaddeus
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Re: Paul Schrader

Message par Thaddeus »

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Blue collar
Detroit, la capitale automobile, l’usine made in USA et son paysage : chaîne en continue, équipes de trois huit, contremaîtres poussent à la cadence, délégués peu soucieux des ouvriers – des Polonais, des immigrants, des Noirs. Englués dans leur quotidien, trois d’entre eux décident que leur coupe est pleine, passent à l’action et s’attaquent au coffre du syndicat. Maigre butin, grosses conséquences : le début d’un engrenage terrible qui consacre la victoire du système sur les individus, irrémédiablement broyés par la confrontation de leur utopie à la réalité. Avec une lucidité critique qui n’empêche ni la vitalité ni l’humour (le fric-frac aux accoutrements ridicules : hilarant), Schrader apporte une voix très forte à la dénonciation de la corruption ordinaire et de l’aliénation des petites gens par les puissants. 5/6
Top 10 Année 1978

Hardcore
D’un côté un monde calviniste, clos, feutré, provincial ; de l’autre L.A., capitale nocturne du vice et de la violence, dont l’abjection débouche sur la mort. En racontant le périple d’un homme bigot et intransigeant au sein de cet univers urbain traversé de néons, de silhouettes, de trafics sordides, perçu par lui comme une fosse à luxure d’où s’échappe une odeur de soufre infernal, l’auteur n’échappe pas à une sorte de révulsion fascinée pour le sexe et la dépravation. Mais il fait assez brillamment le constat qu’il existe en Amérique des moralités si différentes que leur compréhension mutuelle est impossible, tout comme il donne matière à réfléchir sur les liens complexes entre la pornographie et le puritanisme, sur la théologie d’une image dominant tyranniquement les êtres qu’elle présente et anéantit. 4/6

American gigolo
Il est beau, intelligent, cultivé, élégant. Il parle quatre langues, séduit les dames, fréquente les meilleurs restaurants de Beverly Hills et ne roule qu’en Mercedes. Le jeune homme idéal. À un détail près : son amour est tarifé, son plaisir inexistant, ses préférences peu marquées. Et le voilà pris au piège des gangsters, des voyous, d’un meurtre qu’on lui colle sur le dos, d’une épouse de sénateur qui tombe amoureuse. La patte du scénariste tourmenté de Taxi Driver se sent dans ce thriller un peu chichiteux, aux questionnements marqués par un moralisme désorienté : le héros est une figure pécheresse cherchant à se racheter, à trouver l’amour et l’apaisement. Son parcours est filmé dans une forme sophistiquée, un souci de précision sociologique qui l’ancre bien dans son époque. Pas mal, sans plus. 3/6

La féline
Du conte fantastique de Tourneur, plein d’ombre et de mystère, ce remake prend le contre-pied permanent, assénant lorsque l’original suggérait, justifiant par le menu lorsqu’il refusait l’explication logique, substituant à l’allusion une littéralité qui constitue à la fois sa limite et son charme. La femme est panthère, le sexe péché, le monde hanté par la grâce et démoli par la chair : difficile de ne pas identifier les préoccupations récurrentes d’un auteur porté sur les subtiles ramifications qui se tissent entre la vêture du frère (le clergyman, noir) et la pelure de la bête. Et si le film simplifie parfois à l’excès ses déplacements thématiques, il offre en revanche de belles réussites d’atmosphère, rend active l’allégorisation de notre nostalgie animale et exploite au maximum l’irradiation érotique de Nastassja Kinski. 4/6

Mishima
Pour Schrader, il n’y a pas de doute : Mishima est une figure emblématique qui cache toute l’ambigüité du Japon, ce mini-continent Janus. Ivre de son corps savamment entretenu, idéologue d’extrême-droite, adepte d’un culte inconsidéré pour l’empereur, l’écrivain est approché par le cinéaste en un film-rituel qui frise l’abstraction de l’estampe mais qui, à force de sophistication formelle, enlève de la puissance à son hara-kiri métaphysique. Pénétrer l’intimité suicidaire de ce Narcisse emporté par la fascination de lui-même revient à restituer les morceaux épars d’une vie dont l’anéantissement aurait consigné le vertige pour l’éternité. L’expérience est belle mais assez hermétique, l’exaltation de l’acte gratuit débouchant, comme il se doit, sur le vide. Splendide musique de Philip Glass. 3/6

Light sleeper
Si le film ne révolutionne pas la manière américano-bressonnienne de son auteur, il la place à son niveau d’inspiration le plus immédiat, autrement dit le plus physique. C’est moins le récit conventionnellement rédempteur qui happe ici qu’un climat nocturne et légèrement somnambulique, accordé à un scénario de thriller urbain faisant trembler les frontières morales. Dans le clair-obscur ambré d’un New York d’ombres, à l’abri du soleil comme de la lune, l’errance suave du pèlerin, ange déchu sur le point de renaître, vaisseau de colère et d’amour en quête d’une expression personnelle, passe par l’hôpital, les pompes funèbres, les boîtes de nuit, la prison, dessinant un mouvement feutré vers la transformation par la grâce, la force de la douceur – que mon adorée Susan ne saurait mieux personnifier. 4/6

Affliction
Dans un trou hivernal du New Hampshire anesthésié par la neige, la violence feutrée, la misère économique, le poids blanc des secrets trop lourds, un flic looser met le doigt dans un complot et, en plein effondrement affectif, s’interroge sur sa vie en lambeaux. Traumatisé par un père violent, incapable d’aimer et d’être aimé, possédé par une inextinguible soif de reconnaissance, il fait le vide autour de lui et forge son propre malheur. Le cinéaste filme le drame comme une tragédie œdipienne, montrant des personnages meurtris par des relations empoisonnées, des existences ratées, une tristesse lancinante. D’où un climat de torpeur et d’immobilisme qui semble écrasé par une chape de plomb : la parabole criminelle est lente, prenante, cafardeuse, menée par d’excellents interprètes. 4/6

Auto focus
En France, Bob Crane est un quasi inconnu. Aux États-Unis, c’est une star du début des années 70 grâce à la série Papa Schultz. Avec la biographie de cet Américain modèle qui alternait dîners en famille et partouzes au contact d’un VRP en vidéo, Schrader décline quelques unes de ses marottes : la transgression des interdits, le sexe, la religion, le péché, l’addiction, l’autodestruction. Un tel sujet ne manquait pas d’ouvertures prometteuses : comment par exemple, de remède à la frustration du mariage catholique, l’image lascive peut-elle se changer en expression du triomphe de la licence ? Hélas la permissivité régnante fait autorité, la mise en scène ne prend aucun parti net sur ce qu’elle cherche à dépeindre, et le peu de cas fait par le cinéaste de la spirale infernale ne débouche que sur un ennui profond. 2/6

Sur le chemin de la rédemption
Il est tentant de percevoir dans ce journal d’un curé des villes la maturité d’un film testamentaire, et la somme des préoccupations spirituelles, religieuses et politiques d’un artiste toujours aussi concerné par le doute existentiel, la crise de foi, le travail minant de la culpabilité. Voix off lancinante comme une prière, plans fixes rigoureusement économes, silence pesant, tout concourt à créer un climat endeuillé, embaumé de tristesse minérale, sculpté par une mise en scène dont la pureté ascétique fait appeler le sang rédempteur d’une chrétienté protestante radicalisée jusqu’au terrorisme, d’une foi solitaire versant dans le fanatisme, exaspérée par les collusions douteuses entre l’église et le capitalisme. Mais il faut attendre la conclusion pour que l’émotion transperce enfin la cuirasse de l’austérité. 4/6

The card counter
Toujours sur la ligne de crête qui relie la déploration d’un véritable purgatoire terrestre (versant Scorsese), la tentation de l’épure formelle (versant Bresson) et le protestantisme inquiet (versant Dreyer), le cinéaste gratte les mêmes plaies d’une Amérique hantée par ses fautes et sa culpabilité. Attente, répétition, discipline : tels sont les trois motifs dictant le mode de vie de William, nouvel avatar du martyr schraderien, fantôme magnétique en quête d’expiation qui traverse les décors moquetés et scintillants des temples feutrés du jeu comme un paradis dévitalisé du capitalisme moderne. Si le film n’a pas l’ampleur ni l’acuité sociale des drames masochistes d’autrefois, il développe une méditation amère sur la retraite spirituelle que l’élégance glacée et quasi sépulcrale du style rend tout à fait captivante. 4/6

Master gardener
Du jardinage comme une discipline rigoureuse, une matière d’apprentissage et d’éthique, un rapport sobre et transcendantal au monde. À l’instar des précédents héros du réalisateur, le jardinier de ce film-ci fait son examen de conscience, éprouve l’expérience sensuelle de la réalité sans laquelle nulle spiritualité ne connaît d’assise, tend vers la germination d’une âme transportant avec elle quelque chose qui ne demande qu’à pousser. Appuyée par de nombreux travellings verticaux, partant d’une nature fleurie pour atteindre la hauteur humaine, la métaphore est limpide : l’état premier de tout un chacun n’est pas une fatalité mais peut être mené là où il semble le plus juste. Et voilà que, pour éclairer l’évolution morale d’un homme transfiguré par l’amour, ce cinéma tourmenté s’ouvre à une forme d’optimisme solaire. 4/6


Mon top :

1. Blue collar (1978)
2. Affliction (1997)
3. Light sleeper (1992)
4. The card counter (2021)
5. Hardcore (1979)

Visiblement marqué par une éducation rigoriste et fasciné par les différentes formes de péché et de rédemption, Schrader entend dénoncer le moralisme ambiant de son époque, dont il est lui-même fortement imprégné. Son style nerveux et précis a du charme, un charme parfois un peu pervers qui peut rendre ses intentions équivoques, et son inspiration tourmentée et fiévreuse s’inscrit bien dans la mouvance d’un certain cinéma américain apparu dans les années 70.
Dernière modification par Thaddeus le 4 mars 24, 21:14, modifié 6 fois.
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Re: Paul Schrader

Message par Flol »

Quelqu'un a tenté Dog Eat Dog, un de ses derniers opus sorti en France direct en vidéo ? On m'a filé gratos le dvd il y a des mois, j'ose à peine le lancer...
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Re: Paul Schrader

Message par Demi-Lune »

Grand film:
Mishima, une vie en quatre chapitres (1985)

Très bon:
La féline (1982)
American gigolo (1980)

Bon:
Hardcore (1979)
Étrange séduction (1990)

Pas mal:
Blue collar (1978)

Anecdotique:
The Canyons (2013)
Crève-cœur
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Re: Paul Schrader

Message par Crève-cœur »

Flol a écrit :Quelqu'un a tenté Dog Eat Dog, un de ses derniers opus sorti en France direct en vidéo ? On m'a filé gratos le dvd il y a des mois, j'ose à peine le lancer...
Oui, moi.

Dans l'ensemble j'ai trouvé ça assez décevant à cause de la réalisation et du scénario qui partent dans tous les sens malgré un manque de moyens et/ou d'ambition évidents (sans compte que c'est un peu le genre de film où à la fin on se dit "tout ça pour ça ?", m'voyez). Mais reste quelques passages plutôt bien menés et un trio d'acteurs très "équilibré"..

Mais ça reste dispensable.
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