Philippe Lioret
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Philippe Lioret
Un cinéaste français très attachant qui méritait bien son topic ayant déjà précédemment grandement apprécié Tombés du ciel, Je vais bien ne t'en fais pas ainsi que Welcome. Je vois qu'il m'en reste 4 à découvrir. En attendant, son dernier opus est une fois encore très réussi :
Le Fils de Jean - 2016
Ou l'histoire d'un jeune d'un trentenaire apprenant la mort de son père naturel dont il il n'avait appris l'existence qu'à l'âge de 14 ans mais qu'il n'avait jamais cherché à rencontrer. Il se rend donc au Canada où celui-ci vivait pour non seulement se rendre aux obsèques mais surtout pour faire la connaissance de ses deux frères dont il ignorait également jusqu'à présent l'existence. Une très jolie histoire familiale avec quelques mystères qui se dévoilent au fur et à mesure de son avancée, un film très touchant grâce surtout à une superbe interprétation d'ensemble et notamment à celle formidable de Gabriel Arcand dans le rôle de l'ami de Jean. A tel point que lorsque le film s'en éloignera durant un bon quart d'heure (séquences de la sortie entre filles), nous n'aurons qu'une seule envie, revoir ce personnage admirable. La dernière séquence m'a presque autant ému que celle de Jackie Brown ; c'est peu dire.
Le Fils de Jean - 2016
Ou l'histoire d'un jeune d'un trentenaire apprenant la mort de son père naturel dont il il n'avait appris l'existence qu'à l'âge de 14 ans mais qu'il n'avait jamais cherché à rencontrer. Il se rend donc au Canada où celui-ci vivait pour non seulement se rendre aux obsèques mais surtout pour faire la connaissance de ses deux frères dont il ignorait également jusqu'à présent l'existence. Une très jolie histoire familiale avec quelques mystères qui se dévoilent au fur et à mesure de son avancée, un film très touchant grâce surtout à une superbe interprétation d'ensemble et notamment à celle formidable de Gabriel Arcand dans le rôle de l'ami de Jean. A tel point que lorsque le film s'en éloignera durant un bon quart d'heure (séquences de la sortie entre filles), nous n'aurons qu'une seule envie, revoir ce personnage admirable. La dernière séquence m'a presque autant ému que celle de Jackie Brown ; c'est peu dire.
- Thaddeus
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Re: Philippe Lioret
(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)
Mademoiselle
Entre séminaire d’entreprise, chaîne hôtelière deux étoiles et paisible province, la simplicité du quotidien, un réalisme très "tradition française" (la bonne) prêtent leur toile de fond à l’histoire, ordinaire elle aussi, d’une parenthèse amoureuse. Présentation, fusion, séparation. Brève rencontre, donc, entre un homme et une femme, enivrés par la possibilité d’une idylle fugace le temps de quelques jours. On connaît la chanson, mais Lioret recouvre les couplets de son improvisation romantique d’une nostalgie douce, d’un air de printemps volatile qui, par petites touches, impose son charme. Petits détails pittoresques et cocasses, refus des pièges de l’émotion facile, fantaisie fataliste de Gamblin, énergie lumineuse de Bonnaire : la réussite est mineure mais assez rayonnante, dans son humilité même. 4/6
Je vais bien, ne t’en fais pas
Ce pourrait être le sujet d’un téléfilm "sensible" : comment un jolie oiselle de vingt ans se voit pétrifiée de désespoir par le brusque départ de son jumeau chéri. Solitude, non-dits douloureux, fêlures intimes et familiales… Le cinéaste creuse avec justesse et douceur le drame d’une jeune fille confrontée à une absence inexpliquée, et qui coule sous le regard impuissant de ses parents. L’étude psychologique se nappe de pudeur, de tristesse feutrée, et se met constamment au service de comédiens qui expriment toute l’humanité de leurs personnages. Voletant entre comédie de mœurs ultra-contemporaine et tragédie douce, un peu désuète, le film témoigne d’un relief étrange qui en fait toute la valeur et, sans rien réinventer de fondamental, ne trahit jamais l’édifice romanesque sur lequel il est bâti. 4/6
Welcome
À l’origine du scénario, il y a un cadre social et géographique bien particulier : le racket des passeurs, les persécutions policières, la soupe populaire, le procès des calaisiens. Et la volonté de documenter cette réalité en cinémascope. Mais aussi la fidélité à une forme de romanesque en sourdine, à un intimisme simple et discret, loin de toute effusion formelle. Ceux qui préfèrent les démonstrations plus offensives passeront leur chemin, mais Philippe Lioret continue ici de s’imposer, toutes proportions gardées, comme un petit fils spirituel de Sautet, peaufinant à travers son histoire simple une partition engagée qui interroge certaines contradictions du monde contemporain (le sort réservé aux réfugiés) tout en préservant la vérité de ses personnages, entre compassion brute, doutes et rêves brisés. Un bon 4/6.
Toutes nos envies
D’un côté le cancer proliférant, de l’autre l’engrenage infernal auquel conduit le surendettement. Tragique complémentarité où la maladie de l’une renvoie funestement à la situation financière de l’autre. Il serait facile de railler le volontarisme et les intentions militantes de ce nouveau chapitre humain et social : le réalisateur vise cette fois le cynisme des établissements de crédit à la consommation, exploitant la crédulité des plus vulnérables, à travers le combat de deux avocats portés par leur engagement. En ajoutant une bonne dose de mélodrame par-dessus, il prête évidemment le flan aux critiques. Sa finesse d’observation, la force de conviction de son regard, l’investissement et la sobriété de ses acteurs activent pourtant une émotion fragile mais abrupte qui advient naturellement. 4/6
Mon top :
1. Welcome (2009)
2. Toutes nos envies (2011)
3. Je vais bien, ne t’en fais pas (2006)
4. Mademoiselle (2001)
Un réalisateur discret et attachant, une sorte de Ken Loach français à certains égards, toujours au service de ses histoires et de ses personnages, tenancier d’un tact sensible dont la petite musique résonne joliment.
Entre séminaire d’entreprise, chaîne hôtelière deux étoiles et paisible province, la simplicité du quotidien, un réalisme très "tradition française" (la bonne) prêtent leur toile de fond à l’histoire, ordinaire elle aussi, d’une parenthèse amoureuse. Présentation, fusion, séparation. Brève rencontre, donc, entre un homme et une femme, enivrés par la possibilité d’une idylle fugace le temps de quelques jours. On connaît la chanson, mais Lioret recouvre les couplets de son improvisation romantique d’une nostalgie douce, d’un air de printemps volatile qui, par petites touches, impose son charme. Petits détails pittoresques et cocasses, refus des pièges de l’émotion facile, fantaisie fataliste de Gamblin, énergie lumineuse de Bonnaire : la réussite est mineure mais assez rayonnante, dans son humilité même. 4/6
Je vais bien, ne t’en fais pas
Ce pourrait être le sujet d’un téléfilm "sensible" : comment un jolie oiselle de vingt ans se voit pétrifiée de désespoir par le brusque départ de son jumeau chéri. Solitude, non-dits douloureux, fêlures intimes et familiales… Le cinéaste creuse avec justesse et douceur le drame d’une jeune fille confrontée à une absence inexpliquée, et qui coule sous le regard impuissant de ses parents. L’étude psychologique se nappe de pudeur, de tristesse feutrée, et se met constamment au service de comédiens qui expriment toute l’humanité de leurs personnages. Voletant entre comédie de mœurs ultra-contemporaine et tragédie douce, un peu désuète, le film témoigne d’un relief étrange qui en fait toute la valeur et, sans rien réinventer de fondamental, ne trahit jamais l’édifice romanesque sur lequel il est bâti. 4/6
Welcome
À l’origine du scénario, il y a un cadre social et géographique bien particulier : le racket des passeurs, les persécutions policières, la soupe populaire, le procès des calaisiens. Et la volonté de documenter cette réalité en cinémascope. Mais aussi la fidélité à une forme de romanesque en sourdine, à un intimisme simple et discret, loin de toute effusion formelle. Ceux qui préfèrent les démonstrations plus offensives passeront leur chemin, mais Philippe Lioret continue ici de s’imposer, toutes proportions gardées, comme un petit fils spirituel de Sautet, peaufinant à travers son histoire simple une partition engagée qui interroge certaines contradictions du monde contemporain (le sort réservé aux réfugiés) tout en préservant la vérité de ses personnages, entre compassion brute, doutes et rêves brisés. Un bon 4/6.
Toutes nos envies
D’un côté le cancer proliférant, de l’autre l’engrenage infernal auquel conduit le surendettement. Tragique complémentarité où la maladie de l’une renvoie funestement à la situation financière de l’autre. Il serait facile de railler le volontarisme et les intentions militantes de ce nouveau chapitre humain et social : le réalisateur vise cette fois le cynisme des établissements de crédit à la consommation, exploitant la crédulité des plus vulnérables, à travers le combat de deux avocats portés par leur engagement. En ajoutant une bonne dose de mélodrame par-dessus, il prête évidemment le flan aux critiques. Sa finesse d’observation, la force de conviction de son regard, l’investissement et la sobriété de ses acteurs activent pourtant une émotion fragile mais abrupte qui advient naturellement. 4/6
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Un réalisateur discret et attachant, une sorte de Ken Loach français à certains égards, toujours au service de ses histoires et de ses personnages, tenancier d’un tact sensible dont la petite musique résonne joliment.
Dernière modification par Thaddeus le 24 janv. 19, 18:56, modifié 1 fois.
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Re: Philippe Lioret
Et Sautet aussi, deux réalisateurs dont il se réclame. Vu six de ses réalisations et jamais déçu. Avec Brizé, ils sont les deux réalisateurs français contemporains dont je me sent le plus proche.Thaddeus a écrit : Un réalisateur discret et attachant, une sorte de Ken Loach français à certains égards, toujours au service de ses histoires et de ses personnages, tenancier d’un tact sensible dont la petite musique résonne joliment.
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Re: Philippe Lioret
Pour moi, Lioret fait partie de ces derniers grands cinéastes classiques français, avec un travail constamment élégant sur ses mises en scène, où chaque cadre semble toujours bien servir les différentes émotions et structures du récit, tout en étant au pire discrets au mieux d'une très belle subtilité.
Je considère, personnellement, Welcome, comme son chef-d'oeuvre, mais je mettrais en haut de sa filmographie le très beau Je vais bien, ne t'en fais pas, d'une belle délicatesse et d'une retenue impeccable et enfin le mésestimé L’Équipier, un vrai beau mélodrame, classique et lyrique à la fois, populaire et intimiste, à la mise en scène d'une fluidité et d'une évidence remarquables.
Je considère, personnellement, Welcome, comme son chef-d'oeuvre, mais je mettrais en haut de sa filmographie le très beau Je vais bien, ne t'en fais pas, d'une belle délicatesse et d'une retenue impeccable et enfin le mésestimé L’Équipier, un vrai beau mélodrame, classique et lyrique à la fois, populaire et intimiste, à la mise en scène d'une fluidité et d'une évidence remarquables.
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Re: Philippe Lioret
Je vais bien ne t'en fais pas, 2006
Vrai coup de coeur pour ce vrai beau film qui m'avait profondément bouleversé à sa sortie, me laissant même durablement en miettes. J'en avais vu la bande annonce qui m'avait séduit sans que je l'explique (peut-être la promesse d'un mystère ancré dans un récit réaliste, l'envoûtante chanson d'Aaron, la présence de Kad Merad dans un rôle à contre-emploi). J'en attendais au mieux une illustration relativement prévisible d'un sujet pas inintéressant. Or j'ai vécu cette histoire sans aucune distance. Le propos du film est en fait étonnamment riche, abordant autant de thèmes liés à la famille, aux amis, à l'amour, au travail, à l'envie de vivre et à celle de crever, à l'adolescence et au monde adulte, et tout ça avec une justesse de tous les instants et une qualité d'interprétation assez déchirante.
Mélanie Laurent porte quasiment à elle seule le film sur ses épaules, devenant un temps ma nouvelle idole, et je suis tombé amoureux de son personnage, son sourire et ses larmes. Ça a même été un véritable choc pour moi que de découvrir que le film pouvait me toucher autant. Il y a du drame, il y a de la vie, sans abus de pathos mais sans fausse pudeur non plus. Le récit est vraiment bien construit, mis en scène avec intelligence (pas d'effets de manche mais une constante justesse de point de vue). La musique de Nicola Piovani, toute en sobriété, vient quand il faut aporter de la profondeur ou du lyrisme à l'ensemble.
Comme souvent, je me sens laborieux pour exprimer la force de ce que j'ai ressenti, d'autant plus bouleversante qu'inattendue, comme si le film lui-même avait su comment mettre en mots et en images des thèmes que je n'avais moi-même jamais pu définir. Je sais que ça ne suffit sans doute pas à garantir que ce soit partagé par d'autres. Mais en tous cas, l'émotion née ici a ouvert en moi des abîmes de sentiments et de réflexion. Et pour l'avoir revu, l'effet n'a rien perdu de sa force.
Toutes nos envies, 2011
Après la claque de Je vais bien ne t'en fais pas, j'étais prêt à devenir client du cinéma de Lioret, mais n'ai à ce jour finalement vu que cet autre film. J'y ai retrouvé intacte la qualité de regard d'un maître-cinéaste, délicat et attentif pour capter la vibration intime des personnages qu'il nous propose de suivre. Cette alchimie ne peut évidemment fonctionner que grâce à la présence d'acteurs qui, loin de tout surjeu, vont réussir à faire toucher du doigt au spectateur un peu de leur vérité. Après avoir été bouleversé par le personnage de Mélanie Laurent dans le titre précédent, c'est cette fois Marie Gillain qui m'a ému, et ce qui est formidable c'est qu'une bonne part de mon admiration est en fait portée par le regard fasciné de Lindon, qui est un peu la projection du spectateur.
Partant d'une histoire vraie racontée par Emmanuel Carrère qui fut un proche des personnages concernés, Lioret dispose d'une trame forte, où il est aussi question d'injustice sociale et de dénonciation d'un système économique hypocrite. Mais là où d'autres auraient préféré creuser la dimension de thriller politique offerte par un tel sujet, le réalisateur préfère rester près de ses personnages, rendre compte de la façon dont cela affecte leurs relations. Et ça va énormément passer par les regards, les corps. Sans qu'on le réalise vraiment, le film est relativement peu bavard, et filme mine de rien pas mal de mouvements, scènes de bagnole, de promenades. Et il y a une totale évidence dans la mise en scène, dans le rythme, qui semble toujours trouver la juste distance en se faisant oublier. Le film prend son temps et ne peine jamais, nous faisant plonger dans une intimité douleureuse parfois insupportable, et parvenant aussi bien à nous épargnant les facilités mélodramatiques. Superbe film.
Vrai coup de coeur pour ce vrai beau film qui m'avait profondément bouleversé à sa sortie, me laissant même durablement en miettes. J'en avais vu la bande annonce qui m'avait séduit sans que je l'explique (peut-être la promesse d'un mystère ancré dans un récit réaliste, l'envoûtante chanson d'Aaron, la présence de Kad Merad dans un rôle à contre-emploi). J'en attendais au mieux une illustration relativement prévisible d'un sujet pas inintéressant. Or j'ai vécu cette histoire sans aucune distance. Le propos du film est en fait étonnamment riche, abordant autant de thèmes liés à la famille, aux amis, à l'amour, au travail, à l'envie de vivre et à celle de crever, à l'adolescence et au monde adulte, et tout ça avec une justesse de tous les instants et une qualité d'interprétation assez déchirante.
Mélanie Laurent porte quasiment à elle seule le film sur ses épaules, devenant un temps ma nouvelle idole, et je suis tombé amoureux de son personnage, son sourire et ses larmes. Ça a même été un véritable choc pour moi que de découvrir que le film pouvait me toucher autant. Il y a du drame, il y a de la vie, sans abus de pathos mais sans fausse pudeur non plus. Le récit est vraiment bien construit, mis en scène avec intelligence (pas d'effets de manche mais une constante justesse de point de vue). La musique de Nicola Piovani, toute en sobriété, vient quand il faut aporter de la profondeur ou du lyrisme à l'ensemble.
Comme souvent, je me sens laborieux pour exprimer la force de ce que j'ai ressenti, d'autant plus bouleversante qu'inattendue, comme si le film lui-même avait su comment mettre en mots et en images des thèmes que je n'avais moi-même jamais pu définir. Je sais que ça ne suffit sans doute pas à garantir que ce soit partagé par d'autres. Mais en tous cas, l'émotion née ici a ouvert en moi des abîmes de sentiments et de réflexion. Et pour l'avoir revu, l'effet n'a rien perdu de sa force.
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Après la claque de Je vais bien ne t'en fais pas, j'étais prêt à devenir client du cinéma de Lioret, mais n'ai à ce jour finalement vu que cet autre film. J'y ai retrouvé intacte la qualité de regard d'un maître-cinéaste, délicat et attentif pour capter la vibration intime des personnages qu'il nous propose de suivre. Cette alchimie ne peut évidemment fonctionner que grâce à la présence d'acteurs qui, loin de tout surjeu, vont réussir à faire toucher du doigt au spectateur un peu de leur vérité. Après avoir été bouleversé par le personnage de Mélanie Laurent dans le titre précédent, c'est cette fois Marie Gillain qui m'a ému, et ce qui est formidable c'est qu'une bonne part de mon admiration est en fait portée par le regard fasciné de Lindon, qui est un peu la projection du spectateur.
Partant d'une histoire vraie racontée par Emmanuel Carrère qui fut un proche des personnages concernés, Lioret dispose d'une trame forte, où il est aussi question d'injustice sociale et de dénonciation d'un système économique hypocrite. Mais là où d'autres auraient préféré creuser la dimension de thriller politique offerte par un tel sujet, le réalisateur préfère rester près de ses personnages, rendre compte de la façon dont cela affecte leurs relations. Et ça va énormément passer par les regards, les corps. Sans qu'on le réalise vraiment, le film est relativement peu bavard, et filme mine de rien pas mal de mouvements, scènes de bagnole, de promenades. Et il y a une totale évidence dans la mise en scène, dans le rythme, qui semble toujours trouver la juste distance en se faisant oublier. Le film prend son temps et ne peine jamais, nous faisant plonger dans une intimité douleureuse parfois insupportable, et parvenant aussi bien à nous épargnant les facilités mélodramatiques. Superbe film.
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Re: Philippe Lioret
Mademoiselle est son chef d'œuvre. Les premiers étaient bien aussi, notamment Tombés du Ciel.
Un peu moins client de ce qu'il a fait depuis même si ça reste toujours de qualité.
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Re: Philippe Lioret
le Fils de Jean confirme le fait que Lioret reste un de nos meilleurs artisans. Rarement capable de coups d'éclats (je pense toujours que Mademoiselle reste l'exception) mais toujours fiable.
Le film doit beaucoup à la prestation renfrognée de Gabriel Arcand. Tout n'est pas passionnant (tout le passage du lac avec les 2 frères ou l'histoire d'"amour" cousue de fil blanc) mais la petite musique fait son chemin et les 20 dernières minutes sont assez poignantes.
Le film doit beaucoup à la prestation renfrognée de Gabriel Arcand. Tout n'est pas passionnant (tout le passage du lac avec les 2 frères ou l'histoire d'"amour" cousue de fil blanc) mais la petite musique fait son chemin et les 20 dernières minutes sont assez poignantes.
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Re: Philippe Lioret
Ayant été profondément touché par les deux films de lui que j'ai vus (que j'évoque plus haut), et aussi sur la foi de ton enthousiasme répété pour ce film, j'allais au devant de ce Mademoiselle plutôt confiant, et même ravi. J'en attendais sans doute trop, et ai donc été un peu déçu face à ce film très modeste dans son propos comme dans sa forme. Je n'ai pas retrouvé cette patte du cinéaste, qui avait réussi à m'embarquer par la rigueur de sa mise en scène et sa façon d'être pleinement au service de ses acteurs, de communiquer presque viscéralement à son spectateur la vérité de leurs émotions. Et pourtant le casting est excellent, des premiers au seconds rôles. On croit complétement à cette bande de comédiens de l'impro (Soualem et Candelier sont parfaits). Je ne suis pas particulièrement fan de Bonnaire, mais je me fais à chaque fois avoir par la singularité de son talent. Par contre, j'adore Gamblin, et je me régale toujours de sa présence à l'écran. Mais cette toute petite histoire d'adultère ne m'a jamais semblé pleinement incarnée, je l'ai même trouvée un peu trop facilement programmatique. Je saisis bien sur quelles bases ça repose pour le personnage de Bonnaire, mais je n'ai pas vraiment trouvé que le récit accompagnait véritablement son coup de foudre. En fait, ça m'évoque un autre film français sur l'adultère, Partir avec Scott-Thomas et Sergi Lopez, qui à mes yeux n'invente pas grand chose.AtCloseRange a écrit :Mademoiselle est son chef d'œuvre.
Alors oui, il y a le charme du rythme plutôt tranquille que Lioret impose à son film, qui se déroule pratiquement sur 24h, les dialogues sont soignés, la musique de Sarde respire le travail bien fait. Mais l'émotion a été trop rarement conviée. Je ne pense pas qu'il avait non plus l'intention de faire son Sur la route de Madison, mais bon à l'arrivée, c'est un joli film, soigné, mais mineur.
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Re: Philippe Lioret
Je pense que c'est son très beau L’Équipier qui mériterait plus la comparaison, même si le film a son existence propre.Max Schreck a écrit :Je ne pense pas qu'il avait non plus l'intention de faire son Sur la route de Madison, mais bon à l'arrivée, c'est un joli film, soigné, mais mineur.
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Re: Philippe Lioret
J'imagine que toutes les allusions à l'histoire du phare dans Mademoiselle sont une allusion à ce film-ci.Watkinssien a écrit :Je pense que c'est son très beau L’Équipier qui mériterait plus la comparaison, même si le film a son existence propre.Max Schreck a écrit :Je ne pense pas qu'il avait non plus l'intention de faire son Sur la route de Madison, mais bon à l'arrivée, c'est un joli film, soigné, mais mineur.
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Re: Philippe Lioret
tu veux dire l'inverse?Max Schreck a écrit :J'imagine que toutes les allusions à l'histoire du phare dans Mademoiselle sont une allusion à ce film-ci.Watkinssien a écrit : Je pense que c'est son très beau L’Équipier qui mériterait plus la comparaison, même si le film a son existence propre.
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Re: Philippe Lioret
Sous-entendu : ça l'annonce, quoi. On peut supposer que c'est une histoire qui tenait à cœur au réal. Et c'est ça que j'aime bien chez lui, on le sent impliqué dans ses projets.AtCloseRange a écrit : tu veux dire l'inverse?
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Re: Philippe Lioret
Up pour Flavia et moonfleet.
Je ne me souvenais plus avoir vu Le Fils de Jean alors que c'est moi qui ai ouvert le topic
Je ne me souvenais plus avoir vu Le Fils de Jean alors que c'est moi qui ai ouvert le topic
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Re: Philippe Lioret
Considérant l'énorme quantité de films que tu dois visualiser : tu es pardonnéJeremy Fox a écrit :Up pour Flavia et moonfleet.
Je ne me souvenais plus avoir vu Le Fils de Jean alors que c'est moi qui ai ouvert le topic
Il était programmé le Jeudi 19 Septembre sur France 3, ce soir c'est Welcolme sur France Ô à 23h, que je regarderais peut-être ( ) ....
- Jeremy Fox
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Re: Philippe Lioret
Bien résumé . Décidément l'un de nos cinéastes les plus attachants.Max Schreck a écrit : Toutes nos envies, 2011
Après la claque de Je vais bien ne t'en fais pas, j'étais prêt à devenir client du cinéma de Lioret, mais n'ai à ce jour finalement vu que cet autre film. J'y ai retrouvé intacte la qualité de regard d'un maître-cinéaste, délicat et attentif pour capter la vibration intime des personnages qu'il nous propose de suivre. Cette alchimie ne peut évidemment fonctionner que grâce à la présence d'acteurs qui, loin de tout surjeu, vont réussir à faire toucher du doigt au spectateur un peu de leur vérité. Après avoir été bouleversé par le personnage de Mélanie Laurent dans le titre précédent, c'est cette fois Marie Gillain qui m'a ému, et ce qui est formidable c'est qu'une bonne part de mon admiration est en fait portée par le regard fasciné de Lindon, qui est un peu la projection du spectateur.
Partant d'une histoire vraie racontée par Emmanuel Carrère qui fut un proche des personnages concernés, Lioret dispose d'une trame forte, où il est aussi question d'injustice sociale et de dénonciation d'un système économique hypocrite. Mais là où d'autres auraient préféré creuser la dimension de thriller politique offerte par un tel sujet, le réalisateur préfère rester près de ses personnages, rendre compte de la façon dont cela affecte leurs relations. Et ça va énormément passer par les regards, les corps. Sans qu'on le réalise vraiment, le film est relativement peu bavard, et filme mine de rien pas mal de mouvements, scènes de bagnole, de promenades. Et il y a une totale évidence dans la mise en scène, dans le rythme, qui semble toujours trouver la juste distance en se faisant oublier. Le film prend son temps et ne peine jamais, nous faisant plonger dans une intimité douleureuse parfois insupportable, et parvenant aussi bien à nous épargnant les facilités mélodramatiques. Superbe film.