Death row family (Yuki Kobayashi - 2017)

Vous prenez le cinéma de Takashi Miike, vous baissez fortement le budget, vous donnez ça à un jeune cinéaste et bim, voilà Death Row Family. C'est à dire 1h40 sans grand intérêt qui repose sur un argument très mince (un famille de criminelle qui cherche à récupérer leurs billes) pour des effets très répétitifs intervenant toutes les 15-20 minutes. Réalisation en pilotage automatique, genre le branleur qui fait passer son impéritie pour du style à base d'humour à froid sur des victime qui ne veulent pas mourir aux premiers coups.
Bref, on attend desespérement que quelqu'un passe la seconde : le réalisateur, le monteur, le caméraman, les acteurs ou même le projectionniste.

Les 3-4 moments vaguement transgressifs et en roue libre ne suffisent pas à maintenir éveiller ou à justifier ce coup d'épée dans l'eau.
A croire que le film n'existe que pour permettre le happening du cinéaste après la séance qui est bien plus déjanté que son film : il demande à plusieurs spectateurs de descendre sur scène pour qu'ils se fassent étrangler par ses soins avec une serviette (comme dans le film). Et puisqu'il y a toujours un moment d'hésitation dans la salle, il en profite pour baisser son pantalon et exhiber son anatomie


Les tueurs fous (Boris Szulzinger - 1972)

Deux homosexuels se procurent des fusils et s'amusent à abattre gratuitement des inconnus. Par provocation, ils envoient les photos de leur méfait à un journaliste qui entretient l'un d'eux.
On se demande ce qui s'est passé pour ce film représente la Belgique pour l'oscar du meilleur film étranger!
Certes l'approche du film est assez audacieuse pour l'époque avec la description "clinique" de deux homosexuels se livrant à de meurtres purement gratuits, qu'ils commettent hilares. Mais ça n'excuse pas une réalisation amorphe, plate, sans le moindre rythme ou idée de réalisation et à l’interprétation rapidement agaçante.
Les 15 premières se tenaient plutôt bien avec un certain malaise dans la mise en place des personnages puis dans l’exécution du premier assassinat où un innocent cycliste se prend une balle dans le dos, continue de pédaler, totalement hébété, et ne comprenant pas pourquoi ses assassins en voiture continue de le suivre pour se moquer de lui. Une longue séquence où le champ contre-champ et le jeu des regards ne manquent pas d'une amère cruauté. La dilatation du temps et la répétition du montage finissent par créer un curieux sentiment, entre l'absurde, l'irréel flottant et le sadisme. D'un autre côté son étirement provoque en même temps une lassitude par son procédé martelé et on se demande quand même si tout ça ne repose pas sur une certaine maladresse. La suite donne envie de penser qu'il y a une bonne part d'amateurisme dans la technique vu l'absence flagrante de rigueur, voire de "cinématographie" dans son sens large avec l'impression de se retrouver devant un de ses polar français des 60's désormais invisibles (et à juste titre) filmés entre deux guéridons, trois portes, une route de campagne et une triste boite de nuit aux clients dépressifs.
Plus l'histoire avance et plus sa vacuité se précise pour des personnages agaçants jusqu'à une fin totalement bâclée. Vraiment dommage car il y avait matière à faire un grand film glaçant dans sa peinture sans jugement d'un duo pervers de détraqués qui ne manquent pas de tendresse l'un envers l'autre.
9 doigts (FJ Ossang - 2017)
Encore un film où dès le troisième plan, je savais que ça allait me gonfler. Je partais pourtant content de découvrir mon premier Ossang (

Une fan d'Ossang m'a précisé que celui-ci n'était pas folichon et très inférieur à ceux sorti en coffret chez Potemkine (et qu'on m'a prêté).
Thelma (Joachim Trier - 2017) fut à l'inverse une vraie bouffée d'oxygène.

Là, on sent immédiatement qu'il y a un cinéaste derrière la caméra et qu'il y a un vrai point de vue sur son matériel. Sur le principe, ce n'est pas fondamentalement révolutionnaire avec sa relecture du refoulée sexuelle se traduisant par des manifestations surnaturelles. Le film évoque d'ailleurs subtilement la Féline de Tourneur (ou Carrie) sans tomber dans le plagiat ou la citation directe.
C'est avant tout un très joli film sur la l'adolescence et ses problèmes d'identité, de pression familiale, sociale et scolaire. Les actrices sont fabuleuses et sublimées par une réalisation très sensible et à fleur de peau tandis que le scénario choisit plutôt la fragilité et le doute aux effets chocs. La dernière partie est un peu plus bancale avec sa critique de la religion et du conservatisme un peu facile mais demeure toujours habilement filmé avec son esthétisme froid et jouant beaucoup sur le vide et l'espace. Le premier plan ne parle que de cela d'ailleurs, de l'isolement et de la solitude au milieu de la foule. Trier décline cette idée tout au long du film avec un réel talent pour le trouble et la sensualité.