
Radio flyer, 1992
Je n'avais personnellement jamais entendu parler de ce film, coincé entre Lethal weapon 2 et 3 et qui fut un bide à sa sortie. Je craignais un truc honteux, que Donner aurait plus ou moins torché sans vraiment s'impliquer, tel le yes-man qu'il sait être à l'occasion. Il faut reconnaître que le démarrage n'est pas des plus heureux, avec un prologue aux dialogues pas très finauds où Tom Hanks fait la leçon à ses mômes avant de lancer le flashback de ses souvenirs. Tout le film sera ainsi raconté en voix off, et j'ai eu un moment l'impression d'un procédé un peu bricolé, qu'on aurait ajouté en dernier recours pour aider à faire tenir le film. Or, plein de séquences et de transitions au cours du récit semblent vraiment ne fonctionner que par rapport à cette voix off, et la conclusion du film confirmera qu'elle fait partie intégrante du projet. Et il s'avère que c'est en fait vraiment un bon film. Et même mieux, un beau film. Certes, Donner avait déjà mis en scène des mômes avec ses Goonies, mais on est ici dans une approche totalement dramatique, puisqu'il est notamment question de maltraitance, avec ces deux frangins confrontés à la brutalité d'un beau-père alcoolique, et qui trouveront refuge dans leur imagination.
J'ai été franchement impressionné par la qualité de la mise en scène de Donner, constamment au service de son histoire et de ses personnages. Sa caméra adopte en effet le point de vue des enfants, se mettant souvent à hauteur de leur regard. La photographie de Laslo Kovacs est absolument splendide, le film baignant souvent dans une lumière automnale. La figure du beau-père, que les gamins surnomment le Roi est ainsi souvent cadrée de façon à dissimuler son visage ou ses yeux, mais sans pour autant en faire une sorte d'ogre irréel, le rendant au contraire d'autant plus menaçant. Dans le rôle des deux frangins, Elijah Wood et Joseph Mazzello (le petit Tim de Jurassic park) sont absolument épatants, justes et émouvants dans leurs réactions, et leur relation. Et si les jeunes acteurs sont aussi bons, c'est bien sûr grâce à leur talent, mais sans doute que la direction de Donner y est aussi pour beaucoup (d'ailleurs même le chien joue super bien). On sent que le réalisateur a mis du cœur dans ce projet, et le film est plein de mouvements de caméra amples et grâcieux, et j'ai été étonné de voir au générique le nom de Hans Zimmer qui signe une très belle compo purement symphonique.
Bref, j'encourage vraiment à la découverte. Vu via le DVD Columbia qui rend vraiment justice au travail visuel du film.