Watkinssien a écrit :Rafik Djoumi avait écrit une très bonne analyse du film, à travers une séquence en particulier qui démontrait tout le génie de la mise en scène de Spielberg. Mais je n'arrive plus à y mettre la main dessus, cela complétait bien le beau texte de Thaddeus.
Ton message m'a rendu curieux et j'ai retrouvé l'article. Il était dispo sur son blog mais celui-ci a maintenant disparu. J'ai pu retrouver la page en question sur la Wayback Machine :
Watkinssien a écrit :Rafik Djoumi avait écrit une très bonne analyse du film, à travers une séquence en particulier qui démontrait tout le génie de la mise en scène de Spielberg. Mais je n'arrive plus à y mettre la main dessus, cela complétait bien le beau texte de Thaddeus.
Ton message m'a rendu curieux et j'ai retrouvé l'article. Il était dispo sur son blog mais celui-ci a maintenant disparu. J'ai pu retrouver la page en question sur la Wayback Machine :
Johnny Doe a écrit :
Ton message m'a rendu curieux et j'ai retrouvé l'article. Il était dispo sur son blog mais celui-ci a maintenant disparu. J'ai pu retrouver la page en question sur la Wayback Machine :
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.
Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
Remarques supplémentaires en étapes éparses.
1981 en France (non, je ne parlerais pas de François Mittterand). Pour la (ma) cinéphilie, Heaven's Gate et Raiders constituent le nœud gordien de l'année. D'un côté, la mort du Nouvel Hollywood, de l'autre sa continuité. Etape 1 : A 15 ans, Raiders est pas moins le film que j'ai le plus vu en salle, jusqu'à aujourd'hui. Pas besoin d'en rajouter, Thaddeus a exprimé la substantifique moelle de ce que j'en aurais dit. Il représentait la jubilation de 1941, à la fois aussi énorme et dégraissée, comme si le gigantisme, tout en le restant, avait fait une cure d'amaigrissement, d'effilage conquérant (en 1982, E.T. passera à la vitesse supérieure en allégeant encore la carlingue pour mieux viser l'extase de la consécration populaire). Etape 2 : le dégonflement
Très vite, avec Gremlins, Ghostbusters, Goonies et consorts, le soufflé personnel retombait. L'infantilisation du cinéma US grandissait en même temps que la cinéphilie prenait de l'hormone. Le goût des effets spéciaux, du spectacle contredisaient la découverte des auteurs, et cohabitaient pourtant. Mais le mal était fait : la notion de film "fait par ordinateur" prit le pouvoir. Je ne m'en suis pas totalement débarrassé et ni vraiment remis. Spielberg et Lucas avaient instauré le règne des effets spéciaux, la dictature d' Industrial Light and Magic et dessiné les contours du divertissement contemporain, totalisant, satellisant le cinématographe dans l'ombre du jeu vidéo. Etape 3 : pas si simple
Est-il possible de ramener 35 bonnes années de cinéma américain à ce que je viens de décrire. Pas tout à fait, heureusement. Assez vite, également, l'effet spécial, maître du vaisseau populaire, se frottait à l'ambition artistique en laissant émerger des talents divers et variés (Cronenberg, Cameron ou Verhoeven) prouvant qu'il pouvait être doté d' une âme et servir les desseins d'un réalisateur. L'aventure continuait.. Etape 4 : Spielberg, tombé pour moi au champ du déshonneur, de manière terriblement durable, sensiblement au delà de La Couleur Pourpre, d'Always et de Hook et même malgré ou à cause de La liste de Schindler, revient, cahin caha, à ma surface grâce à des articles intrigants des Cahiers du Cinéma (que j'ai commencé par pourfendre) au début des années 2010, puis de bons commentaires glanés ici ou là. Le mec est toujours là, murissant, burinant son art : La Guerre des Mondes , pas mal, Munich, pas mal, Lincoln, remarquable dans son classicisme.. Etape dernière :et Raiders dans tout ça?
Thaddeus a, plus ou moins consciemment ( mais plus que moins, je crois) exprimé l'irrationalité de l'amour qu'on peut porter à un tel film, qui a la beauté d'un grand-huit paré des oripeaux du sérial.
Je pourrais encore résister à la tentation de l'hommage en fustigeant une fois de plus l'accumulation décérébrée des péripéties, une vision de l'aventure formatée, mise sous le vide intersidéral d'un empaquetage mondialisé. Mais ce serait bouder un plaisir que 1981 ne me refusait pas, et au combien.. Ce serait oublier que le talent de Spielberg vient huiler les rouages du calcul d'une ingénuité inventive qui préserve le film du vieillissement. Ce serait tourner le dos au constat que Raiders fonctionne toujours aussi bien, comme fonctionneront à vie les meilleurs Spielberg. Ce serait omettre, enfin, d'évoquer l'esthétique particulière du film, qui est une esthétique de la première fois, telle que les films ultérieurs d'Amblin la perdront, ou passeront à autre chose, tout simplement. Raiders of the Lost Ark est un film dont j'adore le côté passé de l'image (signée Douglas Slocombe), à savoir cette texture légèrement hâlée des films d'aventure des décennies précédentes. Je pourrais me dire ça avec le recul, mais non : je l'ai ressenti dès la sortie, ce grain particulier qui me donnait l'impression, dès 81, de voir une reprise visitée par une extraordinaire technicité contemporaine.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Savoureux commentaire, Alexandre. Je le savais déjà, mais je me rends compte que nous n'appartenons pas à la même génération et que, comme pas mal d'autres éléphants (quel cuistre !) du forum, tu as vécu en direct une époque bénie du cinéma que je n'ai pour ma part découvert que bien plus tard, par la vidéo ou la diffusion TV. 1981, c'est aussi les sorties françaises de Raging Bull ou d'Elephant Man. Je lis toujours avec beaucoup d'intérêt (et pas mal d'envie, je dois bien avouer) les témoignages de ceux qui ont eu la chance d'assister à l'avènement en salles de ces oeuvres passées à la postérité, et qui sont entrées dans mon panthéon personnel.
Thaddeus a écrit :Je le savais déjà, mais je me rends compte que nous n'appartenons pas à la même génération et que, comme pas mal d'autres éléphants
merci, ça fait toujours plaisir. Encore! Encore!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Les Aventuriers (ainsi que ses deux suites) sera programmé début juin dans un certain nombre de salles Gaumont-Pathé, dans le cadre de la manifestation "Il était une fois". Comme de juste, Philippe Rouyer introduira la séance d'une présentation. Petit à petit, le moment approche où j'aurai réussi à avoir vu tous les films de mon Top 10 sur grand écran.
Dommage, par chez moi Pathé ne passe que de la VF, et comme leur programmation est très mainstream, j'y mets jamais les pieds... Je ferai peut-être une exception, mais je n'aime pas trop encourager ce genre de multiplexe.
Et pis je les ai tous vus au ciné quand ils sont sortis
Pomponazzo a écrit :Et pis je les ai tous vus au ciné quand ils sont sortis
Et moi aucun (chuis trop jeune).
Ce n'est pas pour en rajouter une couche, mais je me disais justement, juste après avoir posté mon message, que celui-ci devrait bien faire rire tous ceux comme toi ou Alexandre qui ont eu la chance de les découvrir en salles à leur sortie.
Pas du tout, je comprends très bien que tu veuilles les voir au moins une fois en salle ! J'avais pigé que c'était une question de génération, et ça ni toi ni moi, on y est pour rien...
Et profitons-en bien, en espérant ne pas vivre assez longtemps pour devoir dire aux gosses du futur "de mon temps les films étaient projetés dans des cinémas"...
Pomponazzo a écrit :J'avais pigé que c'était une question de génération, et ça ni toi ni moi, on y est pour rien...
Ne lui cherche pas de circonstances atténuantes! Il avait qu'à naître plus tôt, merde
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain