Barbet Schroeder

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Barbet Schroeder

Message par Jeremy Fox »

On entame ce jour le défrichage du coffret Bluray Barbet Schroeder avec Tricheurs, chroniqué par Jean Gavril Sluka.
bronski
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Re: Barbet Schroeder

Message par bronski »

Max Schreck a écrit :Barfly, 1987
Une magnifique retranscription de l'univers de Bukowski, bien plus convaincante que l'adaptation glacée et soporifique des Contes de la Folie ordinaire par Ferreri.
Malgré toute l'admiration que j'ai pour le travail de Schroeder, je trouve au contraire ce Barfly bien moins bon que le Ferreri, qui pour moi n'est ni glacé ni soporifique et dégage une poésie bien plus prégnante à mon humble avis.
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Jeremy Fox
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Re: Barbet Schroeder

Message par Jeremy Fox »

La Vierge des tueurs par Jean Gavril Sluka, film que l'on trouve au sein du coffret Carlotta.
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Profondo Rosso
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Re: Barbet Schroeder

Message par Profondo Rosso »

Le Mystère von Bülow (1990)

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Sunny et Claus von Bülow forment un couple de milliardaires distingués. Mais un jour, Sunny est retrouvée dans un coma profond provoqué par une surdose d'insuline. C'est son second coma et tous les soupçons se portent sur son époux. Déclaré coupable de deux tentatives de meurtre lors d'un premier procès, Claus von Bülow fait appel et obtient pour préparer le second procès le concours de l'avocat Alan Dershowitz, lequel n'est pourtant pas spécialisé dans ce genre d'affaires. Devant la complexité du dossier et les délais impartis, Dershowitz fait travailler sur le dossier une véritable équipe composée de professionnels et de ses élèves.

L'observation et la fascination pour le mal est un thème au cœur de la filmographie de Barbet Schroeder qui pour l'évoquer se partage souvent entre fiction notamment le thriller ( JF partagerait appartement (1992), L'Enjeu (1998), Calculs meurtriers (2002)) et documentaire (Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974), L'Avocat de la terreur (2007), Le Vénérable W. (2016)). Le Mystère von Bülow constitue un habile entre-deux en mettant en scène l'affaire von Bülow, faits divers controversé du début des 80's aux Etats-Unis. Plus précisément, Barbet Schroeder adapte le livre Reversal of Fortune: Inside the von Bülow Case d'Alan M. Dershowitz, avocat qui assura la défense de Claus von Bülow (et connu pour avoir défendu OJ Simpson quelques années plus tard) accusé du meurtre de son épouse par surdose d'injection d'insuline.

Le film par sa construction singulière évite les écueils du "film de procès" en se partageant entre différents points de vue. Le plus immédiat est celui de de Dershowitz (Ron Silver) qui se démène entre ses propres doutes et la rigoureuse enquête judiciaire qu'il mène, autant pour innocenter son client que sonder sa personnalité opaque. Cette notion de point de vue fait ainsi basculer l'idée qu'on peut se faire du crime, notamment les flashbacks dont les habiles variations donnent une perspective constamment renouvelée. Les débuts de l'enquête de Dershowitz et ses étudiants illustrent ainsi une pure vision des faits tel que rapportés dans la première audience o fut condamné Claus von Bülow. Ces retours en arrière "à charge" sont troublés par l'énigmatique présence de Claus (Jeremy Irons), dont l'ironie pince sans rire témoigne autant d'un sang-froid suspect que d'une manière de masquer une réelle détresse. L'esthétique relativement neutre des scènes "au présent" bascule lorsqu'on plonge dans le quotidien de cette aristocratie. L'écart du monde (manifesté dès l'ouverture avec ces vues d'hélicoptère du domaine des von Bülow) se ressent dans les couleurs froides, les intérieurs vastes et neutres et la dimension de musée de cire de ce cadre luxueux où les relations du couple se désagrègent. Glenn Close est fascinante en figure autodestructrice fébrile qui endosse le point de vue le plus audacieux du film, corps immobile à l'état végétatif qui s'amuse du drame en cours dans une photo de mausolée bleuté signée Luciano Tovoli.

La proximité de la vie maritale semble désagréger l'amour sincère initial que laisse deviner un flashback à la flamboyance romanesque qui tranche avec la froideur du reste. C'est de ce mal latent que découle l'atmosphère morbide qui ronge les protagonistes et semble avoir mené au drame dont la culpabilité véritable demeure incertaine. C'est là que se niche le mystère et Barbet Schroeder jongle habilement entre la veine procédurière de l'enquête porté par le jeu énergique de Ron Silver, et un spleen glacial que le seul verdict ne saurait surmonter. 4,5/6
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Roilo Pintu
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Re: Barbet Schroeder

Message par Roilo Pintu »

La construction du film participe effectivement bien à sa réussite. Beau trio d'acteurs, avec au sommet Jeremy Irons, qui rafla injustement l'Oscar à notre Gégé (pour Cyrano).
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Jeremy Fox
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Re: Barbet Schroeder

Message par Jeremy Fox »

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cinéfile
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Re: Barbet Schroeder

Message par cinéfile »

Revu Le Mystère Von Bulöw sur Arte, ce dimanche.

C'est encore meilleur que dans mon souvenir d'il y a 15 ans (déjà sur Arte, d'ailleurs).

Le scénario de Nicholas Kazan est un bijou de construction et de "digestion" de l'affaire (le film fait 1h50, c'est qui le place plutôt dans la moyenne basse du genre). Équilibre parfait entre rigueur d'écriture et stylisation (les ambiances bleutées des flashbacks et du récit de la narratrice/épouse plongée dans le coma) avec une réalisation de Schroeder au diapason. Du talent à tous les étages (excellent thème de Mark Isham). On ne parle pas assez, me semble-t-il, de l'interprétation de Ron Silver, parfait à l'écran en brillant avocat prolo de Brooklyn. Et ce, même si la réalisateur a confessé une gestion difficile lors des prises. Ce dernier dit en revanche considérer l'ouverture du film comme la meilleure de sa carrière :
Spoiler (cliquez pour afficher)
et on le comprend
Un film de prétoire sans scènes de procès (à l'écran). Passionnant ! Si cela n'avait pas été une révision, il serait #1 de mon classement du mois.

Zelda Zonk a écrit : 2 janv. 22, 11:37 Le Mystère von Bülow (Barbet Schroeder - 1990) : 4/10
Aïe :o

Vu il y a quelques mois et aimé également Tricheurs (toute autre ambiance).
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Re: Barbet Schroeder

Message par tchi-tcha »

Ces jours-ci chez Noz, on peut croiser une édition DVD de Amnesia (2015).

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Pas pris, j'avoue que j'ignorais même la simple existence de ce film (je vous épargne le jeu de mots "Amnesia ? Aucun souvenir, hi hi").

(existe aussi en blu-ray pour 10€ chez Mamazon, ce qui me fait hésiter à acheter cette édition obsolète, même à seulement 1,99€ chez Noz)
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Re: Barbet Schroeder

Message par Torrente »

Pour moi, c'est l'un des plus grands réalisateurs de notre temps. Ce cinéaste est absolument incroyable. Jusque dans ses productions. Un artiste majeur. Pas assez reconnu (mais tant mieux, j'ai l'impression d'être le seul à reconnaître son talent et à l'admirer même si c'est évidemment totalement faux). Que ce soit sa période américaine incroyable pendant laquelle il a pondu une série de thrillers et des films d'action plus réussis que ceux de la plupart des réalisateurs américains eux-mêmes, à la même époque, avec pourtant les mêmes impératifs et contraintes ou sa période française sidérante. Le prototype rêvé de l'artiste citoyen du monde, qui sait tout faire parfaitement, qui touche à tout, partout, qui expérimente sans cesse et qui ne fait jamais le même film où qu'il se trouve (il y a Verhoeven aussi... 2 cinéastes très très haut dans mon panthéon à moi).

tchi-tcha a écrit : 25 janv. 22, 22:36 existe aussi en blu-ray pour 10€ chez Mamazon, ce qui me fait hésiter à acheter cette édition obsolète, même à seulement 1,99€ chez Noz
Le blu-ray est un QOL ou MI mais c'est kif-kif (blam :lol: )
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Zelda Zonk
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Re: Barbet Schroeder

Message par Zelda Zonk »

cinéfile a écrit : 25 janv. 22, 22:21
Zelda Zonk a écrit : 2 janv. 22, 11:37 Le Mystère von Bülow (Barbet Schroeder - 1990) : 4/10
Aïe :o
Si ça peut te rassurer Cinéfile, les films de prétoire et de procès est l'un des genres cinématographiques qui m'ennuie le plus, à de rares exceptions près (12 hommes en colère, par exemple). Je trouve cela très vite barbant, quelle que soit la qualité du réalisateur ou de la mise en scène. Ce Schroeder ne fait pas exception à la règle et cette révision l'a confirmé. L'intérêt principal du film tient pour moi à la prestation de Jeremy Irons et à la satire du milieu décrit (la haute bourgeoisie américaine).
De toute façon, de manière générale, je ne suis pas fan de la période américaine de Schroeder.
Bref, ne prend pas trop à cœur ma note, elle est d'emblée biaisée par ce sous-genre particulier (les arcanes d'une affaire judiciaire) qui ne m'a jamais plu. :wink:
C'est d'ailleurs très curieux ce rejet me concernant, sachant que j'aime beaucoup les reconstitutions TV genre "Faites entrer l'accusé". Je pense que ça tient essentiellement au fait qu'on a souvent affaire au cinéma à des films "bavards" et trop statiques (et pourtant ça marche avec le Lumet, que je trouve passionnant).
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Re: Barbet Schroeder

Message par Supfiction »

J’ai vu le film aussi que je voulais voir depuis les Oscars 91 (à l’époque, j’avais même regardé la cérémonie avant d’aller en cours) et en avoir le coeur net. Si Jeremy Irons est effectivement impeccable, il reste globalement dans son registre habituel, rien de comparable je trouve avec la performance de Gerard Depardieu dans Cyrano qui aurait dû mille fois avoir la récompense (sans une polémique bidon probablement à moitié francophobe à cause de ses propos sur le viol "assisted" au lieu de "attended").
Sinon Ron Silver est effectivement très bon.
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Re: Barbet Schroeder

Message par Courleciel »

Rétrospective Barbet Schroeder à la thèque 29 novembre au 18 décembre 2023
"- Il y avait un noir a Orly, un grand noir avec un loden vert. J'ai préféré un grand blond avec une chaussure noire a un grand noir avec un loden vert
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Re: Barbet Schroeder

Message par Demi-Lune »

Demi-Lune a écrit : 26 janv. 16, 11:04
AtCloseRange a écrit : J'aime beaucoup son JF partagerait appartement.
Je trouve ça insignifiant.
A part pour la prestation d'Irons, c'est un peu le même tarif pour Le mystère Von Bulow. Calculs meurtriers c'est nul. L'enjeu, c'est efficace et anecdotique.
Je retombe sur ce commentaire des années plus tard, et je serai bien moins sévère aujourd'hui envers Le mystère Von Bülow. Il y a une vraie élégance (dès le plan d'ouverture survolant tous ces manoirs de riches sur la côte) et une confection de couturier dans la narration. Une certaine idée du cinéma américain qui n'existe plus, en somme.
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Thaddeus
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Re: Barbet Schroeder

Message par Thaddeus »

Demi-Lune a écrit : 6 nov. 23, 21:00Je retombe sur ce commentaire des années plus tard, et je serai bien moins sévère aujourd'hui envers Le mystère Von Bülow. Il y a une vraie élégance (dès le plan d'ouverture survolant tous ces manoirs de riches sur la côte) et une confection de couturier dans la narration. Une certaine idée du cinéma américain qui n'existe plus, en somme.
Quand on commence à réévaluer les films plus ou moins anciens à l'aune de ceux d'aujourd'hui, c'est effectivement qu'il y a un problème quelque part. :?
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innaperfekt_
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Re: Barbet Schroeder

Message par innaperfekt_ »

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Deuxième Schroeder pour moi après le remarquable Barfly et je suis une nouvelle fois conquis. Libre adaptation de l'oeuvre précédente d'Hathaway, le film tient forcément sur les épaules de Cage, dans une interprétation intense et loufoque de l'antagoniste mafieux par excellence. Bodybuildé et asthmatique, on assiste aux prémices de la fureur émotionnelle dont son jeu ne se libérera plus jamais vraiment ensuite. Sous le drame, l'ironie et la drôlerie du film est bien là et les interprétations sont remarquables, surtout celle de Michael Rapaport. Seuls Caruso et Samuel L. Jackson agissent avec une certaine forme de pudeur ici. L'histoire très remaniée par rapport au film de 47 tient la route, offrant une intrigue forte et pétrie de classe. Super.

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