Il me semble qu'il y a consensus pour considérer le premier volet comme supérieur, or j'ai toujours trouvé le 2 plus convaincant, mieux équilibré dans son cocktail action/comédie/drame, là où le premier m'apparaît un peu gâché par son dernier tiers qui cède à la surenchère et abandonne justement un peu la cohérence psychologique construite autour de Riggs.Thaddeus a écrit : L’arme fatale 2
On prend les mêmes et on recommence. Flanqués d’un escroc sympa qu’ils sont chargés de surveiller, nos deux compères trouvent du fil à retordre avec un diplomate sud-africain qui exerce pépère son activité de trafiquant de drogue. Qu’ajouter au précédent commentaire ? Que la recette éprouvée fonctionne encore assez bien, et sans doute davantage puisque les impératifs hollywoodiens ne sauraient déroger à la règle fondamentale de la surenchère. Que Donner sait prendre le temps de respirer, ponctuant les décharges de castagne et de pétarades tous azimuts d’un humour bien tranchant. Mais qu’à tout prendre, si cette suite est aussi distrayante que son modèle, on peut regretter (en s’en fichant complètement) qu’elle s’éloigne des velléités psychologisantes manifestées dans ce dernier. 3/6
C'est vrai que cette scène est assez réussie, mais n'ayant jamais voulu voir en Donner qu'un solide faiseur, j'ai du mal à lui en accorder la paternité, persuadé qu'elle doit davantage aux concepteurs des cascades, voire aux scénaristes, plutôt qu'au réalisateur. Mais j'avoue que je n'ai jamais eu la curiosité de savoir si Donner s'impliquait davantage dans la conception de ses films, ni de chercher d'éventuelles thématiques récurrentes dans son œuvre. Je me souviens même qu'à l'époque de sa sortie, L'Arme fatale 4 représentait pour moi le symbole du cinéma commercial hollywoodien (=le maaaal), par rapport au cinéma d'auteur (j'ai eu une brève période snob).Alexandre Angel a écrit :Prenons L'Arme Fatale 4, avec Jet Li, qui n'a pas été cité. La poursuite sur l'autoroute est assez digne des meilleurs moments de Mad Max: quelle bonne idée d'axer sa mise en scène autour d'un habitat en kit avec ses bâches en plastiques rendues folles! J'ai toujours remarqué chez Donner cette propension à imaginer des scènes d'action qui, ne se contentant pas d'être efficaces, se parent d'atours baroques.
Superman the movie, 1978
Une œuvre qui m'apparaît aujourd'hui tissée pour toujours dans la fibre nostalgique. J'ai presque envie de considérer ce film comme une succession de purs morceaux de cinéma : le prologue sur Krypton avec la scène du procès suivie de l'ouverture du dôme — visuellement superbe — la jeunesse à Smallville et ses paysages d'une beauté littéralement picturale, magnifiés par le Cinémascope et la lumière de Geoffrey Unsworth, la mort très émouvante et filmée avec pudeur du père adoptif (Glenn Ford), le tout premier envol du surhomme rouge et bleu depuis sa forteresse de solitude, arrivant droit sur le spectateur avant de virer de bord avec grâce, les séquences très screwball comedy de Clark et Loïs au Daily Planet, leur dialogue pimenté sur le balcon (« Do you like pink ? »), la fin qui tourne au film catastrophe typique de ces 70's.
La mise en scène de Donner est admirablement soignée, délicate et intelligente, trouvant des angles de prise de vue qui mettent à chaque fois bien en valeur la puissance et les mouvements du héros, recourrant à un montage parfois expérimental (la création de la forteresse). Dans la peau de Lex Luthor, Gene Hackman fait véritablement preuve de génie et Margot Kidder est irrésistible, composant une Loïs Lane dynamique et un peu fofolle. Christopher Reeve possède quant à lui un charisme incroyable. Son jeu subtil va bien au-delà du simple port de costume et le réalisateur a vraiment su capter en lui toute la noblesse du héros majuscule, sollicitant la complicité du spectateur sans craindre d'être naïf. Ainsi ce plan final où Superman survolant la Terre adresse un clin d'oeil à la caméra est une idée aussi audacieuse que réussie. La musique malicieuse de John Williams sait assez génialement soutenir les différents rythmes du film, et j'adore le Love theme associé à Loïs, qui culmine lors de leur désormais mythique scène de vol dans la nuit de Metropolis. Nul n'est dupe de l'illusion cinématographique et pourtant on participe à 100%.
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Certes, certains décors font un peu maquette et carton-pâte (Krypton, l'Arctique, la rupture du barrage), les scènes de vol apparaissent approximatives (mais il suffit de revoir l'Homme puma pour en réapprécier la qualité). Mais ça participe de cette esthétique de comic book de la vieille école. Lorsque le film est sorti, ces effets en plus d'être pour la plupart inédits représentaient le nec plus ultra de ce qu'il était possible de faire. Ce côté artisanal fait plaisir à voir aujourd'hui à une époque où les effets spéciaux tentent de nous en mettre plein la vue avant de nous charmer, ne proposant qu'une bouillie numérique qui nous laisse blasés. L'aspect psychologique du superhéros face à ses pouvoirs et à sa place dans la société est traité comme il faut, sans lourdeur ni perdre de vue le but premier de la production qui est de divertir. Ainsi le discours du père Marlon Brando à Clark qui lui explique les raisons de garder son identité secrète, valable pour tout superhéros constamment menacé de passer pour un freak. On sent qu'il y a eu une vraie réflexion sur le genre, exprimant le souci d'aborder Superman en tant que mythe américain (ses paysages emblématiques, le rythme de sa campagne, celui de sa ville). Vraiment un petit miracle que ce film qui cartonna méchamment à sa sortie.
Superman 2, 1980
Bien qu'un peu bricolée en reconstituant par exemple des scènes perdues à partir de répétitions filmées, et en conservant quand même des plans tournés par Lester, la Donner's cut ne manque pas d'intérêt, et c'est quand même assez fabuleux qu'elle ait eu droit à sa résurrection. Elle permet surtout de constater à quel point l'autre Richard a de son côté réussi à marquer le film de son empreinte, pour le meilleur ou pour le pire, avant de pouvoir pleinement lâcher son goût pour le burlesque dans le 3e volet. Dans un cas comme dans l'autre, j'avoue que ça reste un film qui ne m'a jamais vraiment passionné, un peu trop en mode remake paresseux.
Ladyhawke, 1985
Aaaahh Ladyhawke... J'ai longtemps fantasmé ce film et son histoire en trippant sur l'affiche et la bande-annonce que projetait régulièrement le cinéma ami des enfants qu'est Le Grand Pavois. Ma première vision a été bien plus tardive. J'ai ainsi enfin pu apprécier une histoire magnifique et digne des récits fantastiques du moyen-âge (genre Marie de France). Une approche différente de celle d'un Ridley Scott qui bizarrement proposait la même année avec son Legend un autre film d'heroic fantasy épique et visuellement chiadé, mais aux sources d'inspiration plus récentes (des illustrateurs du XIXe à Tolkien). Pfeiffer est tout simplement parfaite dans son rôle, pleine d'évanescence, fragile tellement elle est pâle et les yeux pleins de tristesse. Et c'est toujours amusant de mettre en parallèle le rôle de chevalier blanc incarné ici avec panache par Rutger Hauer et celui du pillard bestial qu'il interprête la même année dans le Flesh+blood de Verhoeven.
Ce qui me désole le plus, c'est que même si j'aimerais l'éviter, je ne peux pas évoquer ce film et louer ses qualités réelles sans passer sous silence le rock FM atroce qui gâche malheureusement toutes les scènes d'action du film sans exception (dès que Rutger tire son épée). Là encore, je rêverai d'un genre de director's cut, mais j'ignore s'il a seulement été envisagé un autre score.
Lethal weapon (L'Arme fatale), 1987
Un plutôt bon polar, un peu bâtard dans son mélange action/comédie qui m'est apparu pas toujours bien équilibré : le début est très noir, la fin se laisse un peu trop aller à l'action cool. On est un peu le cul entre deux chaises et ça manque de cohérence, comme si le film n'assumait pas ses intentions. Par exemple dans une scène où Riggs se fait mitrailler, il s'en sort grâce au gilet pare-balles qu'il a soudain eu l'idée de porter, ce qui contredit totalement son côté suicidaire (d'autant plus qu'on ne le verra plus porter de telles protections par la suite, et qu'il se mangera de vrais bastos pour de bon). La baston finale avec Gary Busey m'est de même apparue complétement gratuite et franchement sans intérêt.
En gros, c'est surtout le milieu du film qui m'a semblé vraiment fonctionner, avec un tandem de flics vétérans du Vietnam qui s'apprivoisent, et dont la relation et l'apprivoisement sont décrits avec tendresse et vérité. Gibson est tout à fait convaincant dans son interprétation. La mise en scène de Donner est faussement discrète et pleine d'élégance, privilégiant les plans longs (impressionnant plan aérien d'ouverture). BO sympathique de Clapton et Kamen, avec son petit thème émouvant.
Lethal weapon 2, 1989
Cette fois les ingrédients action/drame/humour sont bien mieux dosés. Le scénariste Jeffrey Boam (The Dead zone, Innerspace, Indiana Jones et la dernière croisade) prend la relève de Shane Black et livre ce qui sera pour moi le meilleur épisode de la franchise. C'est drôle et surprenant, les cascades sont assez imaginatives et revendiquent leur côté irréaliste (les bad guys et leurs hélicos). J'aime bien le délire de Riggs autour des Three Stooges. Les acteurs, la mise en scène et la musique sont suffisamment solides pour créer l'émotion quand il faut. La dimension dramatique est bien plus convaincante que dans le premier. Riggs perd une nouvelle fois son amour, ses collègues se font massacrer, et la fin tourne à la vendetta. En comic relief, Pesci aurait pu être vite agaçant mais se révèle franchement marrant. Une vraie réussite du genre.
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Lethal weapon 3, 1992
C’est le seul épisode que j’avais vu en salle à sa sortie. Amusant à défaut d'être enthousiasmant. Les personnages ont cessé d’être intéressants, les gags et répliques font moins mouche, et les méchants de cinéma auraient gagnés à être davantage charismatiques. L'ensemble manque trop d'inspiration à mon goût. Honnête mais un peu paresseux, comme un film fait sur pilote automatique, nécessaire pour personne sauf pour le porte-monnaie des parties impliquées. C’est un peu l’équivalent de La Dernière cible pour la série des Dirty Harry, où on ne boude pas non plus le plaisir de retrouver des personnages qu'on commence à bien connaître. Sauf que Clint, lui, a toujours la classe...
Maverick, 1994
Déjà plus trop de souvenir, mais je me rappelle d'un divertissement de très grande classe, où cette fois on sent que tout le monde s'amuse. William Goldman qui trouve avec ce projet l'occasion idéale de raviver la veine et le mélange des tons de Butch Cassidy and the Sundance kid. Les acteurs qui se régalent de leurs joutes verbales, avec des oppositions de caractère bien marquées et efficaces, où on n'hésite pas à se tirer dans les pattes puisqu'il est question ici de poker et de bluff. James Garner prouve une nouvelle fois qu'il est né pour jouer les cowboys. Mais aussi le réalisateur qui s'amuse à fignoler son western, avec des moyens qui en font un spectacle enlevé et constamment délectable (décors, costumes et scènes d'action menées tambour battant). Je le reverrai avec grand plaisir, tiens.
Lethal weapon 4, 1998
C'est déjà un peu mieux que le 3, et souvent drôle. Chris Rock, même s'il n'est pas très convaincant a quelques bonnes répliques. Et puis il y a cette scène du gaz hilarant chez le dentiste qui m'a bien fait marrer. Je retiens donc la très belle scène de cascades sur autoroute, et les effets pyrotechniques du film qui sont également très réussis. Le film devient surtout très intéressant dans sa volonté de mixer l'actioner "joelsilverien" avec le cinéma de Hong Kong. La tentative reste cependant encore timide, la mise en scène reste formatée et Jet Li a un rôle vraiment trop léger pour que la contamination apparaisse bien exploité et il faudra attendre l'arrivée de Matrix pour qu'on y bascule pleinement. Toutefois le côté mal élevé de certaines situations et répliques en font un sympathique spectacle, qui joue bien de son côté obsolète (parce le « Too old for this shit » ça commence à faire longtemps qu'on l'entend).
Mention spéciale au générique de fin : sous la forme d'un album de photos de familles, il nous balade dans l'envers du décor en rendant hommage à tous ceux qui ont travaillé sur la série. Les acteurs et l'équipe de réalisation apparaissent dans leur propre rôle, assumant complétement le côté fictif de l'entreprise et c'est plutôt chouette. C'est là qu'on se dit que c'est presque un petit miracle que d'être parvenu au sein d'Hollywood à conserver le même casting et le même réalisateur (les mêmes compositeurs, etc.) pendant dix ans. De cette franchise, en attendant le reboot (ah, déjà fait ?) ou la prochaine suite revival, je retiens donc surtout les deux premiers volets, avec une préférence marquée pour le second. Les 3 et 4 sont honnêtes mais ne transcendent pas leur dimension popcornesque.
16 blocks, 2006
Je n'en attendais franchement rien, peut-être qu'au moment de sa sortie l'actu ciné était suffisamment morne pour que je cède à la curiosité. Et j'avais trouvé ça très bon. Un polar solide avec un pitch super enthousiasmant qui se met en place sans fioritures dès le premier quart d'heure, sorte de remake non assumé de L'Epreuve de force, qui pourrait à mes yeux s'inscrire officieusement dans la franchise Die hard, bien mieux que n'aura su le faire l'ignoble 4e volet. Les interprètes sont excellents. Willis en chien battu ce n'est évidemment pas une grande prise de risque mais l'efficacité a été prouvée. Certains face à face entre lui et David Morse sont un régal par leur côté très théatral, plein de tensions, procurées aussi bien par les dialogues, suffisamment bien écrits pour venir enrichir sans lourdeur les personnages, que par la mise en scène. Et bien sûr la direction d'acteurs que Donner a l'intelligence de ne pas bien soigner, s'attachant finalement davantage aux personnages qu'aux courses poursuites, sans pour autant négliger ces dernières. Bref, d'une certaine manière le film est très classique mais un classique intelligent, avec des péripéties ludiques qui maintiennent tout du long l'attention en éveil, jouant à la fois sur les contraintes d'espace et de temps.