Claude Chabrol (1930-2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Père Jules
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Père Jules »

Demi-Lune a écrit :Navet, carrément...
Tu n'es même pas prêt à reconnaître qu'Emmanuelle Béart est bien ?
Je partage ton désintérêt pour l’œuvre de Chabrol, mais quand même, celui-là a quelque chose.

Enfin, tu le réévalueras peut-être comme les De Palma ou le cinéma US des années 80. :mrgreen:
Je ne m'en souviens que très vaguement pour tout dire. Mes deux principaux griefs: la prestation CATASTROPHIQUE des DEUX acteurs principaux et la fin grotesque et ridicule au possible.
Je ne m'attarde pas sur ta bassesse parce que Tarkovski et Antonioni :mrgreen:
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Zelda Zonk
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Zelda Zonk »

Père Jules a écrit :
Demi-Lune a écrit :Navet, carrément...
Tu n'es même pas prêt à reconnaître qu'Emmanuelle Béart est bien ?
Je partage ton désintérêt pour l’œuvre de Chabrol, mais quand même, celui-là a quelque chose.

Enfin, tu le réévalueras peut-être comme les De Palma ou le cinéma US des années 80. :mrgreen:
Je ne m'en souviens que très vaguement pour tout dire. Mes deux principaux griefs: la prestation CATASTROPHIQUE des DEUX acteurs principaux et la fin grotesque et ridicule au possible.
Je ne m'attarde pas sur ta bassesse parce que Tarkovski et Antonioni :mrgreen:
Découvert hier soir.
Pas vraiment aimé non plus. C'est un tout petit Chabrol.
Et quand on pense à ce qu'aurait fait Clouzot avec Romy, on ne peut être que frustré (voir le superbe documentaire L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, sur ce sujet).

Après, je reconnais que Béart a rarement été aussi belle et désirable à l'écran. C'est l'intérêt principal du film. Peut-être le seul.
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Demi-Lune
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Demi-Lune »

Père Jules a écrit :Mes deux principaux griefs: la prestation CATASTROPHIQUE des DEUX acteurs principaux et la fin grotesque et ridicule au possible.
Mais qu'est-ce qu'elle aurait de ridicule, cette fin, au juste ? C'est un souci de forme ou de fond ? Pour ma part, je trouve au contraire qu'elle distille son poison et son vertige en étant nécessairement l'acmé et l'aboutissement de la perte de repères entre fantasmes et réalité du personnage (et incidemment, du spectateur). Les rushs de Clouzot procédaient de la même confusion baroque et subjective autour du corps de Romy Schneider (endormie ou assassinée?). Bon, c'est vrai que Chabrol a l'air de trancher entre l'une des deux options... mais vraiment, je ne comprends pas ce qu'il y aurait de "ridicule", puisque tout le film tend vers ce moment d'égarement par effet cumulatif et paranoïaque, d'autant plus malaisant que l'empathie pour le mari fou d'amour s'est envolée et dirigée vers l'épouse soumise et terrifiée. D'ailleurs, le fait que le script soit resté inachevé laisse partir le spectateur sur une note déconcertante finalement de circonstance.
Enfin, si Cluzet n'est pas exempt de reproches (c'est clair), je trouve Béart admirable parce qu'elle doit composer un personnage devant faire vivre deux à trois facettes en même temps. Tenir un tel registre sans que le personnage en tant que tout ne perde de son intérêt ou de sa cohérence en cours de route, ce n'est pas un mince exploit.
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Demi-Lune
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Demi-Lune »

Zelda Zonk a écrit :Et quand on pense à ce qu'aurait fait Clouzot avec Romy, on ne peut être que frustré (voir le superbe documentaire L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, sur ce sujet).
La frustration est légitime parce que je pense également qu'au vu de qu'il avait tourné et expérimenté, le film de Clouzot aurait été une date. C'est difficile de ne pas faire la comparaison avec le travail de Chabrol lorsqu'on a toutes ces images et textures en tête. Néanmoins, le film de Clouzot reste une chimère sur laquelle on peut à loisir rêver... on ne saura jamais si l'ensemble aurait fonctionné sur la durée.
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Jeremy Fox »

Ce n'est pas juste la fin que j'avais trouvé ridicule (en plus de la prestation catastrophique des DEUX acteurs), c'est le film en son entier. :arrow:
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par AtCloseRange »

Dans mon souvenir, c'était un bon Chabrol (Betty aussi d'ailleurs).
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Dunn »

Dans mon souvenir aussi, très bon Chabrol pour ma part mais surtout, comme déjà souligné, Emmanuelle Béart n'a jamais été aussi "HOT" :fiou: et pourtant contrairement à ses autres films, elle ne montre rien :mrgreen:
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Max Schreck »

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Landru, 1963
Composition bizarre de Denner, entre sa voix déguisée et d'évidents postiches qui n'empêcheront cependant pas sa magnétique présence d'imprimer l'écran. Et il est de toutes les scènes. Le casting face à lui n'a pas à palir, Chabril alignant de grandes dames (Danielle Darrieux, Michèle Morgan, Stéphane Audran), et trouve toujours de la place pour son copain Zardi. On s'amusera aussi de la participation incongrue d'un Raymond Queneau comiquement grimé en Clémanceau, secondé par son ministre Jean-Pierre Melville, touchant tant il ne semble pas très à l'aise (après Godard, Chabrol tenait lui aussi à lui offrir une apparition clin d'oeil ?). Et j'ai été charmé du début à la fin par l'exquise écriture des dialogues, signées Françoise Sagan, pleins de formules de politesse et d'ironie délectable qui sont comme autant d'expressions convaincantes des codes sociaux de cette Belle époque.

Evidemment à sa place pour traiter de cette grande figure d'assassin de bourgeoises, qu'elles soient veuves ou vieilles filles, Chabrol semble vouloir assumer le sentiment de fascination exercé par le personnage sur son entourage (de sa famille presque complice à son avocat plein d'empathie malgré le doute). Le réalisateur aurait pu appeler son film "Le Mystère" Landru, tant il est dans une démarche qui ne cherche pas à expliciter le comportement d'un assassin qui, jusqu'à l'échafaud, clamera son innocence. Le dernier tiers du film a beau être entièrement consacré à la reconstitution minutieuse du procès, la vérité ne sera jamais exposée. Bien que toujours hors-champ, ses crimes ne font pourtant aucun doute pour le spectateur, ses motifs nous sont connus : l'argent. La mobilisation des hommes entre 1914 et 1918 lui a offert un créneau dans lequel il a choisi de s'engouffrer. Mais à la différence du portrait qu'en faisait Chaplin dans Mr Verdoux (film que j'adore), on n'assistera pas ici à une mise en accusation impitoyable de la boucherie inhumaine de la Guerre des tranchées. L'élément intéressant tiendrait plutôt dans la thèse selon laquelle le procès aurait été instrumentalisé, surmédiatisé par le pouvoir politique pour que l'opinion politique se désintéresse des négociations de paix, qui faisaient alors polémique.

Formellement, le film est à mes yeux un peu plombé par les choix de mise en scène de Chabrol (cadrages, éclairages pleins feux) qui donnent une impression d'artificialité, de théâtralité, qui ne met pas vraiment en valeur le remarquable travail de direction artistique les décors, accessoires et costumes, où on sent que chaque élément est soigneusement choisi pour être raccord avec la période. Or j'ai eu en même temps l'impression que le réalisateur cherche aussi à certains moments à créer de l'émotion romanesque, dans certains enchaînements, dans ses portraits de femmes amoureuses, souvent très joliment soulignés par les romantiques orchestrations du fidèle Pierre Jansen, évitant pour une foix la dissonance.
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Max Schreck »

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Poulet au vinaigre, 1985
Les ingrédients ont beau être au rendez-vous (les petits calculs criminels de la petite bourgeoisie provinciale, featuring Stéphane Audran, quelques scènes construites autour de la bouffe), mais c'est peu de dire que la recette chabrolienne ici ne prend pas. J'ai été régulièrement consterné par le relatif inintérêt dont le réalisateur semble faire preuve pour ses personnages et son histoire, où l'on ne sait jamais trop quel point de vue il souhaite nous faire privilégier, entre un Lucas Belvaux insupportable d'inertie (même quand il se fait titiller par l'irrésistible Pauline Lafont il reste apathique) et un Jean Poiret en flic qui voudrait jouer la décontraction mais donne plutôt l'impression de n'en avoir rien à foutre, inspecteur en carton au comportement et méthodes absurdes (tabassant des suspects bien conciliants) qui n'a jamais l'air de douter. Finalement, le seul truc qui m'aura un tant soit peu intéressé c'est de voir capturée à l'écran cette France des 80's avec ses CX et ses bureaux des PTT. Pas nul, mais franchement oubliable.
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Alexandre Angel »

Qui peut me dire si Juste avant la nuit (1971) est un Chabrol indispensable?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par ed »

Alexandre Angel a écrit :Qui peut me dire si Juste avant la nuit (1971) est un Chabrol indispensable?
Indispensable, je sais pas, mais c'est vraiment bien (et, pour le coup, très "chabrolien", dans le bon sens du terme : le meurtre adultérin, qui s'avère en réalité servir avant tout à une étude de moeurs, en particulier au sein de la bourgeoisie de province)
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Alexandre Angel »

ed a écrit :
Alexandre Angel a écrit :Qui peut me dire si Juste avant la nuit (1971) est un Chabrol indispensable?
Indispensable, je sais pas, mais c'est vraiment bien (et, pour le coup, très "chabrolien", dans le bon sens du terme : le meurtre adultérin, qui s'avère en réalité servir avant tout à une étude de moeurs, en particulier au sein de la bourgeoisie de province)
Je te remercie!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Ben Castellano »

C'est l'un de ses meilleurs films oui.

J'ai appris récemment que ce Naruse de 1961 (L'étranger à l'intérieur d'une femme) était une adaptation du même roman d'Edward Atiyah, curieux de comparer un jour

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Alexandre Angel
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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Alexandre Angel »

Bon et bien je m'en vais le découvrir en salle :)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Claude Chabrol (1930-2010)

Message par Alexandre Angel »

Ben Castellano a écrit :L'étranger à l'intérieur d'une femme
Quel titre!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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