George Cukor (1899-1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

La chronique de Femmes par Justin Kwedi.
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Kevin95
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Kevin95 »

A STAR IS BORN - George Cukor (1954) révision

Le nom de George Cukor a beau disparaitre lentement des manuels de cinéma, celui de Judy Garland se rattacher au crépuscule du Hollywood Babylone, A Star Is Born reste encore et toujours ce chef d'œuvre déchirant, ce mélo grandiose comme épanouissement du savoir faire hollywoodien avant une chute que le film pressent. Variation scope, couleurs et musicale du film de William A. Wellman (A Star Is Born, 1937), le film de Cukor et un long mais superbe chemin de croix d'un couple jamais à l'heure, entre une starlette sur le point d'éclore et un vieil arbre cabot, sur sa pente descendante. Ces deux là auront peu de temps pour profiter de leur amour car très vite, leurs trains respectifs seront sur le départ. Elle en pleura des torrents de larmes pour mieux rayonner sur l'écran, lui se prendra des murges comme pour noircir le portrait trop gai de sa femme sur le grand écran. Sur le terrain, cela donne un face à face entre deux types de jeu, deux acteurs différents alimentant la disparité entre les deux personnages et rendant émouvant leur rencontre : d'un coté une gamine fatiguée (Judy Garland) qui paradoxalement doit jouer sur une note dynamique, de l'autre un comédien qui n'a plus rien à prouver (James Mason) et qui livre ici une de ses plus belles prestations. Qu'il est dur de soutenir le regard devant la scène des Oscar (surtout lorsqu'on connait son issue), qu'il est dur de ne pas être attendri devant le quotidien du couple et cette cabotine mimant son film en cours devant un mari hilare, qu'il est dur de ne pas être ému aux larmes devant les dernières minutes du film et une dernière réplique qui donne le frisson et qui flingue la réserve de mouchoirs. Comme dirait l'autre, c'est du lourd !
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Jeremy Fox
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Superbe hommage à ce film déchirant. Le plus beau film de Cukor 8)
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Sébastien Vient, un nouveau contributeur qui voit aujourd'hui publier son premier texte sur le site ; il porte sur Vacances de Georges Cukor.
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Jeremy Fox
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Ciné Sorbonne nous propose dès demain, mercredi 11 janvier 2017, la réédition en version numérique restaurée du Milliardaire (Let's Make Love, 1960, DCP 2K) de George Cukor avec Marilyn Monroe, Yves Montand, Frankie Vaughan, Gene Kelly, Bing Crosby, Milton Berle.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Supfiction »

Nestor Almendros a écrit :EDWARD, MY SON (1948) - TCM

Je n'ai pas trouvé le film si inintéressant sur le fond, il y a même de réelles qualités quant à la peinture de ce personnage charismatique en diable mais pourtant si criticable, mais je m'y suis parfois un peu ennuyé. Il y a de vraies longueurs et l'on n'arrive que rarement à ne pas sentir le matériau théatral dont le film s'inspire. On reste trop calqué sur la structure de la pièce (une époque, une scène en huis clos), certains dialogues sont aussi un peu trop explicatifs et maniérés. D'une façon générale d'ailleurs la démonstration est un peu insistante et lourde. C'est encore une fois dommage parce que la mise en scène de Cukor sait parfois se faire originale (l'arrivée au collège et ce plan à 360°, ou les nombreux plans-séquence). Non, le plaisir vient une fois n'est pas coutûme, de son casting. Et pour une fois Deborah Kerr ne m'aura pas spécialement séduit ici. Je dirais même que la performance de son rôle (déchéance alcoolique) a bien du mal, aujourd'hui, à ne pas paraître factice et presque surjoué (et certainement surmaquillée). Non le vrai intérêt du film, c'est Spencer Tracy, grand acteur qui prouve encore une fois son immense talent, captivant les foules par une énergie et un bagout inépuisables, modulant son jeu pour garder en permanence une humanité indispensable à l'empathie d'un personnage qui se dévoile peu à peu sous un jour négatif.
Grosse déception pour ma part. Tu me donnes la confirmation qu'il s'agissait d'une adaptation théâtrale.. ça se ressent tellement que j'avais peu de doutes. Le seul intérêt du film est bien Spencer Tracy.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Kevin95 »

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HELLER IN PINK TIGHTS - George Cukor (1960) découverte

L'un des titres les plus célèbres de la filmo de George Cukor n'est pourtant pas l'un de ses meilleurs titres. Heller in Pink Tights n'est qu'une petite comédie gambadante et insouciante dans la carrière de son réalisateur mais certainement pas le film dans lequel il s'épanouit le plus. La faute à un genre (le western) qu'il ne semble pas porter dans son cœur, la faute à un script sans grands enjeux pour qui ne goute pas au marivaudage, la faute à une comédienne principale qui dès qu'elle joue dans un film américain, cabotine sans retenue. Mais si Sophia Loren en fait deux tonnes et amoche la fameuse légende de "Cukor grand directeur d'actrices", le réalisateur retrouve ses billes avec Anthony Quinn. L'acteur (plus sobre qu'à l'accoutumé) comme le personnage donnent de l’intérêt au film et une véritable émotion. Le voir meurtri face à un Steve Forrest kéké de l'Ouest fait trembler le métrage et le fait sortir de sa routine en technicolor. Même si la roulotte met du temps à venir, la troupe d'Heller in Pink Tights fait le job malgré un genre western-ien assoupi.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par AtCloseRange »

Kevin95 a écrit :Image

HELLER IN PINK TIGHTS - George Cukor (1960) découverte

L'un des titres les plus célèbres de la filmo de George Cukor n'est pourtant pas l'un de ses meilleurs titres.
Je ne sais vraiment pas où tu vas chercher tout ça. Il suffit d'aller ou sur imdb pour voir que c'est généralement considéré comme un Cukor mineur.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Kevin95 »

C'est gentil mais je parle de célébrité. De toute la filmo de Cukor, c'est l'un des titres les plus vus et/ou reconnaissables.

Après que tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit d'un film mineur, je ne peux qu’approuver.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Kevin95 a écrit :
Après que tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit d'un film mineur, je ne peux qu’approuver.

Tout le monde... ou presque

La conclusion de ma chronique :
les critiques de l’époque furent assez élogieuses, le New York Times applaudissant à la performance de Sophia Loren et écrivant que c’était la plus naturelle de sa carrière. Il n’avait pas tort. "Un film dominé par le sentiment de la beauté et l'amour de la vie" écrivait Jean-Louis Rieupeyrout, l’un des grands spécialistes du genre, dans sa grande histoire du western. Ce n'est pas moi qui le contredirai !
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Kevin95 »

Jeremy Fox a écrit :La conclusion de ma chronique :
les critiques de l’époque furent assez élogieuses, le New York Times applaudissant à la performance de Sophia Loren et écrivant que c’était la plus naturelle de sa carrière. Il n’avait pas tort. "Un film dominé par le sentiment de la beauté et l'amour de la vie" écrivait Jean-Louis Rieupeyrout, l’un des grands spécialistes du genre, dans sa grande histoire du western. Ce n'est pas moi qui le contredirai !
Cela explique peut-être la célébrité du film. Ça ou des rediffs TV.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Kevin95 a écrit :
Jeremy Fox a écrit :La conclusion de ma chronique :
Cela explique peut-être la célébrité du film. Ça ou des rediffs TV.
Oui je me souviens à l'époque que Claude-Jean Philippe quand il l'avait présenté au Cine Club était dithyrambique ; et le film entre pour certains critiques français dans leur top 10 du genre.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Max Schreck »

A double life (Othello), 1947
Film étrange, déjouant un peu les catégories (film noir, film fantastique) tout en étant purement "cukorien". Le fond de l'histoire traite en effet avant tout du monde du spectacle et des réalités de la vie en coulisses. Le réalisateur nous invite à observer comment un acteur se voit contaminé par son rôle, le drame de Shakespeare servant en quelque sorte de catalyseur. Les personnages nous annoncent dès le début que le héros n'ignore rien des risques qu'il court à accepter la pièce et le rôle, et le récit ne va finalement rien faire d'autre que de dérouler ainsi les fils d'une tragédie annoncée, et c'est dans le traitement que ça devient intéressant.

Tourné pour le "petit" studio Universal, le film est relativement étonnant de la part de Cukor pour ses changements de style. Les scènes d'intérieur (appartements, théâtre) sont plutôt conventionnelles dans leur éclairage ou leur mise en scène, le réalisateur se contentant parfois d'un seul long plan où les acteurs se baladent en lâchant leurs répliques. Dès que ça s'aère dans la ville et la nuit, et que le protagoniste "entre" dans son personnage, la photographie de Milton Krasner gagne en personnalité et devient quasiment expressionniste, multipliant les effets visuels (surimpressions, jeux sur les reflets), mais aussi sonores en nous faisant partager la subjectivité du héros. Cukor s'efforce ainsi de recréer ainsi l'état de transe qui saisit le comédien. Au centre de ces dispositifs, Ronald Colman porte le film, et il sera auréolé de l'Oscar du meilleur acteur cette année-là. Vue aujourd'hui, on ne sera pas pour autant impressionné par une performance finalement sans réelle surprise, tandis que la courte mais formidablement charismatique présence de Shelley Winters reste, elle, bien plus en tête.

Le sujet se prête bien au genre fantastique (on n'est d'une certaine façon pas très loin des Mains d'Orlac), mais Cukor réussit en même temps à bien traiter de la création artistique avec ces portraits d'acteurs, d'imprésario et d'attaché de presse qui participent tous à leur façon au succès de la pièce. Il aurait été intéressant que le scénario s'aventure à explorer encore d'autres pistes et enrichisse ainsi son propos. La dernière partie où Edmond O'Brien s'improvise détective partie est sans doute moins convaincante, mais quand elle arrive, la conclusion a beau être attendue, elle ne manque pas de force.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Il était évident qu'après son crime, la morale de l'époque voulait que l'acteur récolte son châtiment. A l'écran, ça nous donne cette scène assez dingue où Colman se suicide pour de vrai sous les yeux de sa compagne (à la vie comme à la scène), qui va mettre un peu de temps à distinguer la part de vérité.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Watkinssien »

Content de lire cet avis sur ce film particulier et pour ma part tout à fait réussi. :D
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Max Schreck »

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Pat and Mike (Mademoiselle gagne tout), 1952
Cukor retrouve son couple vedette Tracy/Hepburn pour porter à nouveau à l'écran un scénario du duo Gordon/Kanin. Sauf que même si le sujet a plus ou moins trait à la guerre des sexes, on est ici bien loin du coup de génie et des audaces d'Adam's rib. Ça sent le renouvellement de formule sans risque (même le titre VF appuie la continuité avec "Mademoiselle" après "Madame").
Personnages pas très intéressants, proches de la caricature unidimensionnelle. Et pitch relativement pauvre, avec une héroïne surdouée en sport qui perd tous ses moyens dès que son fiancé est dans les parages. Le scénario ne témoigne pas de beaucoup de zèle pour enrichir cette base qui ne va pas donner lieu à beaucoup de variations. Si le marivaudage entre Tracy et Hepburn ne manque pas de charme grâce à la complicité des interprètes, j'ai connu des répliques plus drôles et ça manque souvent de finesse. Le personnage de boxeur bêta joué par Aldo Ray est vraiment peu travaillé, et l'irruption dans le récit des mafieux est traité sans aucun sérieux, personnages évacués sans trop de considération. Bref, c'est pour moi loin d'être une comédie mémorable.

On dira donc que le film vaut surtout pour les performances physiques d'Hepburn, dont les talents au golf et au tennis sont authentiques et qu'on peut bien apprécier tout au long du film, d'autant plus qu'elle concourt face à de vrais sportifs professionnels. Et accessoirement, le petit rôle de Charles Buchinski (pas encore Bronson) en petite frappe a un peu réveillé mon intérêt. Bref, c'est gentiment amusant, mais un peu paresseux.
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