Henry Hathaway (1898-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Rick Blaine »

J'aime bien ce film, notamment pour la formidable interprétation de James Mason.
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Kevin95
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Kevin95 »

Rick Blaine a écrit :J'aime bien ce film, notamment pour la formidable interprétation de James Mason.
Idem, pas revu depuis un bail mais j'en garde un excellent souvenir. Par contre, le DVD de sa fausse suite (The Desert Rats de Robert Wise) traine encore chez moi.
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Rick Blaine
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Rick Blaine »

Je trouve cette fausse suite bien plus quelconque et oubliable.
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Kevin95
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Kevin95 »

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THE LAST SAFARI - Henry Hathaway (1967) découverte

L'exotisme pour le prix d'un billet de cinéma, Paramount retente le coup après le succès d'Hatari ! mais avec trois trains de retard et un budget au régime. Les quelques extérieurs africains coutant un bras, la production fera l'impasse d'un John Wayne pour se contenter d'un Stewart Granger (qui alors acceptait tout du moment que ça paye) et demande au brave Henry Hathaway de ficeler le paquet sans qu'on sente l'opportunisme du projet. Il est quasiment sur que sans les compétences du réalisateur, The Last Safari aurait ressemblé à un épisode de Daktari tant le scénario a la flemme de se complexifier, trouvant toujours un stratagème pour relancer l'action et ne rien finaliser. Mais Hathaway veille et donne une Hemingway's touch au destin de Granger, victime traumatisée d'un éléphant qui va tenter par tous les moyens de le retrouver et l'abattre (outre Hemingway, on est quasiment dans une variation de Moby Dick). Les dernières séquences le mettant face à face avec l'objet de sa colère sont puissantes et touchantes. Un pré White Hunter Black Heart, malheureusement amoindri par l'intrigue secondaire tournant autour des touristes Kaz Garas - Gabriella Licudi et constituée d'engueulades ridicules et d'un humour lourdaud. Inégal mais intéressant, The Last Safari ne se rend pas compte que le Nouvel Hollywood est sur le point d'émerger et diffuse inconscient sa petite musique alors que le public a envie d'un son plus vif (malgré quelques pointes érotiques dissimulées le long du film dont une Gabriella Licudi dansant top less… ah tout de suite ça intéresse plus).
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Profondo Rosso »

La Pagode en flammes (1958)

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Johnny Williams, photographe américain, arrive à s'évader d'une geôle japonaise avec le Major Bull Weed, grâce à l'aide de l'amie de ce dernier, surnommée Fifi. Ils arrivent à Mandalay, où se trouve une base d'aviateurs américains, les "Tigres volants", opérant pour le compte des Chinois. Il tombe amoureux d'une femme - Haoli - qui se révèle être une chinoise luttant pour son pays.

China Girl est un film de propagande de curieuse facture par son étonnant mélange des genres. Tourné alors que les Etats-Unis sont déjà engagé dans la Deuxième Guerre Mondiale, la construction et la thématique du film s'inscrit plutôt dans celles des films qui poussaient plutôt à l'entrée en guerre du pays. Le récit dépeint ainsi la prise de conscience de l'individualiste Johnny Williams (George Montgomery), photographe américain coincé dans une Chine occupée par les japonais. Toute la gouaille et le panache du personnage s'inscrit dans cet individualisme, plus important qu'une quelconque conscience politique même quand il refuse les avances des autorités japonaises qui souhaitent acheter ses services. Cela donne une dimension héroïque au personnage dans l'haletante scène d'évasion d'ouverture puis un aspect plus antipathique dans ses interactions avec les tigres volants (aviateurs américains opérant pour les chinois). Cette dualité s'exprime plus particulièrement dans le rapport avec la chinoise Miss Young (Gene Tierney) où sa séduction désinvolte n'opère pas sur la noblesse d'âme de la jeune femme. C'est précisément cette romance qui amorce l'éveil de Williams.

Le cadre du récit à la frontière sino-birmane déploie donc une intrigue d'espionnage apparentant le film à Casablanca (1942). Mais la fêlure qui rendait le personnage de Humphrey Bogart si attachant et vulnérable est absente chez Williams, et naîtra plutôt à l'issue de l'histoire. Néanmoins Hathaway différencie bien cet égoïsme simple de la fourberie de l'agent double incarné par Victor McLaglen. La photo de Lee Garmes tisse de brillantes nuances pour accompagner les jeux d'espions alors que la dévotion de miss Young s'accompagne d'une imagerie immaculée, notamment lors du final dans l'école. La très spectaculaire conclusion s'inscrit ainsi dans le pur film de guerre et le drame qui va s'y jouer achèvera d'humaniser notre héros. Les bonnes intentions n'empêchent cependant pas un grand nombre de clichés faisant la part belle aux américains sauveurs. Les japonais sont fourbes et barbares (l'exécution massive en ouverture) et les chinois offre une résistance plus philosophique (le père de Miss Young lisant un poème aux enfants lors du bombardement) tandis qu'il faudra attendre l'éveil de Williams (et symboliquement des américains désormais engagés) pour un affrontement armé, victorieux et héroïque face aux japonais. L'émotion fonctionne néanmoins dans le rebondissement final tragique et China Girl demeure une œuvre intéressante et typique de son contexte. 4/6
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par The Eye Of Doom »

Pas emballé par "Le carrefour de la mort" découvert à l'instant.
Il y a quelques qualités : une certaine sécheresse dans plusieures scenes, le passage dans l'ascenseur au début, des passages assez réussis en prison, et bien sûr Richard Widmark en chien fou.
C'est vraiment sur l'histoire que j'ai pas accroché. Il y a des enchaînements peu crédible autour du personnnage de Blanco. J'ai trouvé Mature vraiment monolytique, ce qui n'est pas le cas par exemple dans La proie, film bien supérieur je trouve. Il est bien âgé pour jouer un gas de 29 ans au début du film. L'intrigue amoureuse avec l'ancien baby sitter est telephoné. Vraiment j'y ai pas cru.
C'est marrant Widmark à juste un an de moins et en semble 10 de moins.
Quand au fameux passage de l'escalier, je comprend que ca est choqué à l'époque.
Je ne crois pas avoir vu des tonnes de films d'Hataway mais je gardais plutot un bon souvenir d'una patte particulière que je n'ai pas retrouvé dans ce film. J'ai revu il y a quelques années Le jardin du diable : c'est d'un autre calibre, notamment en raison de l'intrigue si particulière.
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Sybille »

ça fait un bail que j'ai découvert ce film, il m'avait bien plu alors ; aujourd'hui c'est le genre d'histoire qui ne m'inciterait pas du tout à regarder, j'étais plus curieuse il y a dix ans :|

D'Hathaway, en plus du Jardin du diable que j'aime énormément, je garde un fort souvenir de Rawhide/L'attaque de la malle-poste. :)
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :La Fille du bois maudit (1936)

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Lonesome Pine. Un coin perdu de l'Amérique sauvage où deux familles, les Tolliver et les Falin, se livrent un combat ancestral. Cette haine a été jalonnée de nombreuses morts, de part et d'autre. Un jour, Jack Hale, un ingénieur, vient construire une voie ferrée à travers le pays. Il trouve une conciliation avec les deux clans, qui lui permettent de traverser leur territoire respectif afin d'y poser les rails du futur chemin de fer. Mais Hale est un homme instruit qui amène avec lui les mœurs de la ville dans cette région où les hommes sont restés sauvages et illettrés et où le progrès n'a pas pénétré. Des tensions se font bientôt jour au sein de chaque famille, tensions qui vont les précipiter dans une tragédie dont chacun sortira anéanti.

La Fille du bois maudit est une des réussites méconnue de la prolifique carrière d'Henry Hathaway. Le film est la quatrième adaptation du roman The Trail of the Lonesome Pine de John Fox Jr. (paru en 1908) après celles muettes de 1914, 1916 (signée Cecil B. DeMille) et 1923) et sera une des premières productions hollywoodienne en Technicolor. Le film traite d'un des thèmes emblématiques du western, celle de la fin de l'ère des pionniers pour une bascule vers la modernité représentée ici par l'arrivée du chemin de fer. La tradition est ici synonyme de proximité et d'amour familial dans la description chaleureuse de la famille Tolliver mais aussi d'une perpétuation de la justice armée à travers le conflit ancestral qui les oppose à leur voisin les Falin. Le film s'ouvre sur une fusillade opposant les deux familles et le scénario ne cherche pas à expliquer l'origine de l'antagonisme tant les deux parties semblent mutuellement fautive sur la longueur. Les hommes semblent être les moteurs de ce cycle de la violence quand les femmes doivent en souffrir, que ce soit la matriarche aux traits usés incarnée par Beulah Bondi et bien sûr la jeune fille impétueuse et sauvage jouée par Sylvia Sidney. Les premiers se complaisent dans leur démonstration de force à l'image d'un Henry Fonda aux traits durs et au regard glacial quand les femmes sont condamnées à ne jamais dépasser leur condition.

Les magnifiques extérieurs et la profondeur de champ filmée par Hathaway dès les premières minutes semblent pourtant nous dire qu'il y a plus à vivre, que notre regard et connaissance peuvent nous porter plus loin que cet insignifiant conflit local. Cet ailleurs sera représenté par Jack Hale (Fred MacMurray), un ingénieur venu apporter le chemin de fer dans la région et qui devra concilier avec la haine des deux familles. Pour le benjamin des Tolliver Buddie (Spanky McFarland) il représente un monde inconnu fait de machines et d'invention qui élève son regard et l'incite à se cultiver, de même pour June auquel s'ajoute un désir pour cet homme élégant et cultivé bien loin des rustres qui l'entoure. Cette confrontation avec l'extérieur fera comprendre aux locaux leur ignorance (l'épisode du chèque que personne ne sait lire) et d'un côté les incitera à s'élever quand de l'autre il renforcera le repli sur soi. Ce sera le cas pour Dave (Henry Fonda) dont ce refus se mêle à la jalousie qu'il éprouve pour Hale dont l'aura éloigné June de lui. Il n'en faudra pas moins pour que la guerre recommence et menace les progrès à venir.

Le film est visuellement somptueux, Hathaway multipliant les vues majestueuses de cette contrée sauvage dont le Technicolor donne des allures féériques. Les teintes pastels et automnales sont assez éloignées de l'usage plus agressif du Technicolor qu'on verra à Hollywood à l'époque (le pétaradant Robin des Bois (1938) de Michael Curtiz en tête et sur lequel officie aussi le directeur photo W. Howard Greene présent ici, son travail sur le Hathaway se rapprochant du Brigand bien-aimé (1939) de Henry King) et évoquerait plus l'usage qui en sera fait dans le cinéma anglais. L'environnement prend ainsi un tour à la fois sauvage et stylisé, représentant parfaitement les hésitations de Sylvia Sidney entre nature et culture. Elle dégage une érotisme et une sensualité palpable qui annonce la Jennifer Jones de La Renarde mais exprimant plus la candeur que la provocation dans l'expression de son désir. Fred MacMurray en amoureux qui s'ignore sous couvert d'éducateur offre une prestation subtile dont il a le secret et Henry Fonda en laissant progressivement son armure guerrière s'effriter est formidable. La dernière partie exacerbe ainsi les passions et les haines, la paix ne pouvant être rendue possible que par des pertes tragiques et absurdes faisant enfin prendre conscience au protagoniste e l'impasse où ils se trouvent. Les deux magnifiques chansons et leitmotiv du film Twilight on the Trail et The Trail of the Lonesome Pine (la première fut même nommée à l'Oscar) font ainsi autant office de renouveau que de nostalgie d'un monde amené à disparaitre. 5/6

Vu cette nuit. Image splendide en effet et copie de toute beauté.
C’est basé sur la même histoire que Hatfields and McCoys de Kevin Costner (mais avec 100 fois moins de morts).
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Profondo Rosso
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Profondo Rosso »

Le Retour du proscrit (1941)

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Dans les Monts Ozark, Jim Lane est blessé par la police alors qu'il surveillait la distillerie clandestine de la famille Matthews. Il est soigné par un mystérieux étranger, Daniel Howitt (surnommé « Le Berger des collines »), qui souhaite s'installer dans la région. Sammy, la fille de Jim, lui conseille d'acquérir la ferme abandonnée des Matthews. Matt le jeune, dont est amoureux Sammy, en est l'héritier et attend le retour de son père, Matt l'ancien, pour venger la mort de sa mère, abandonnée malade avec son enfant, des années plus tôt.

The Shepherd of the Hills est une œuvre se situant entre le western et le drame rural, et qui pour Henry Hathaway est vraiment dans la continuité formelle et thématique de son excellent La Fille du bis maudit (1937). Le film est la troisième des quatre adaptions du roman éponyme de Harold Bell Wright, après les deux muettes de 1919 (celle-ci réalisée par l'auteur lui-même) et 1928, et avant celle plus tardive de 1964. Le film nous plonge dans une communauté montagnarde et rurale où la famille Matthews vit en paria. Trafiquants d'alcool de contrebande, les Matthews s'isolent de leurs congénères, persuadés d'être victimes d'une malédiction. C'est particulièrement le vrai pour Matt (John Wayne) hanté par la mort de sa mère disparue dans l'attente vaine d'un père parti durant son enfance. La malédiction tient à ce père absent et, élevé dans la haine par sa tante Mollie (Beulah Bondi), Matt se jure de le tuer s'il venait à croiser sa route. L'amour qu'il ressent pour Sammy (Betty Field) et l'arrivée d'un étranger bienveillant et mystérieux (Harry Carey) vont peut-être le dévier de cette destinée violente.

C'est le premier film en couleur d'un John Wayne qui a gagné ses galons de star depuis peu avec La Chevauchée fantastique de John Ford (1939). Il n'est pas encore cette statue du commandeur qui est John Wayne et dont le rôle doit se plier à sa personnalité (même si avec d'infinie nuances et variations bien sûr) et sa prestation est en tout point surprenante ici. Il incarne un être vulnérable et torturé, un homme-enfant qui maintient avec entêtement les haines entretenue pas une jeunesse meurtrie. La dualité entre sa bonté naturelle et la violence qu'invoquent ses démons (bien entretenue pas sa famille dégénérée) amène l'acteur à se montrer fragile comme rarement, sa force et son charisme s'exprimant réellement quand il est apaisée, lorsqu'il se contient. C'est une forme de passage de témoin que de voir Harry Carey (le secret est vite éventé) jouer son père, on sent Henry Hathaway conscient de cela dans chaque séquence où il les filme ensemble. Dans l'intrigue la filiation et surtout la destinée tragique passée et potentielle (Harry Carey ayant laissé sa famille car il avait tué un homme et était en prison) constitue l'écho entre les deux personnages, et de manière symbolique le mythe du western à son crépuscule Harry Carey (immense star western de l'ère muette) laisse la place à celui en devenir avec John Wayne. La sensualité sauvage et la candeur de Betty Fields (qui rappelle la Sylvia Sydney de La Fille du bois maudit) parvient cependant à s'imposer entre les deux icônes, caution morale et amoureuse pour Matt et possibilité pour Carey d'incarner une figure paternelle présente.

Formellement Hathaway se plie au point de vue de ses personnages, avec des décors jouant de la pénombre inquiétante dans les clairières isolées pour appuyer les tourments et superstitions de chacun. La bienveillance de Harry Carey semble comme libérer les rancœurs et décloisonner l'environnement sauvage où se déploie un technicolor tout en nuances pastel et textures éthérées dans la photographie de Charles Lang. Les compositions lors des plans d'ensemble sont de somptueux tableaux en mouvement, traduisant par la seule image l'emphase et le questionnement intime des protagonistes, notamment le duel final. Le film n'égale cependant pas la réussite de La Fille du bois maudit, la faute à un remontage du studio (le premier montage de deux heures étaient d'après les témoignages splendide) qui perd certains personnages de vue ou du moins expédie leur cheminement (Beulah Bondi réduite à une mégère vociférante, son passif n'existant que par les dialogues des autres). On devine plus où moins qu'il manque des éléments qui empêche l'intrigue d'être plus fluide. Bien dommage car le potentiel était là pour figurer dans les sommets d'Hathaway mais en l'état cela reste un très joli film. 4,5/6
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par The Eye Of Doom »

Decouvert hier Call North 777.
J’ai pas été emballé. Peut etre que ce type de film ne me parle plus.
Il y a des qualités indéniables, notamment dans/autours les scenes filmés dans les lieux reels: le prison, impressionnant, les bars fréquentés par les immigrés polonais, l’intro du film avec sa meteo pourrie,...

Mais apres un demarrage vif (la visite a la mere dans don dur labeur dans l’escalier), on s’ennuie pas mal. Il manque une reelle tension. Celle ci pourrait venir de l’opposition de plus en plus franche de la police envers le journaliste et son enquête mais le sujet manque de sous texte, de contexte,... Cela chemine lentement mais surtout platement.
J’ai pensé au Chien Enragé tourné l'année suivante: notamment lors de la tournée des bars de Steward qui rappelle la longue sequence d’errance de Mifuné. Y a pas photo comme on dit...
J’ai pas trouvé l’interpretation transendante: Steward fait benet, pas vraiment convainquant dans son changement de position par rapport a l’enquête, Conte est un peu palot, ...
Quant au happy end et surtout au discours sur la grandeur de l’amerique, on les sait de circonstance mais ca fait bien sourire.

Bref, apres un démarrage intrigant, on s’ennuie pas mal, et seul les plans de la prison reveille le cinéphile assoupi.
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Profondo Rosso »

14 heures (1951)

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Désespéré, Robert Cosick menace de mettre fin à ses jours en se jetant du haut d'un immeuble new-yorkais. La police, alertée, établit autour de l'immeuble un cordon de sécurité et tente de l'en dissuader. Charlie Dunningan parvient à entrer en contact avec le malheureux et cherche à dénouer la situation. Le temps passe et l'évènement prend de l'ampleur.

14 heures s'inscrit dans le courant des films noirs urbains et réalistes produits par la Fox entre la fin des années 40 et le début des années 50. Henry Hathaway avait d'ailleurs tourné dans ce courant Appelez nord 777 (1948) dont 14 heures partage le fait d'être adapté d'une histoire vraie (malgré le panneau d'ouverture annonçant que tout le récit relève de la fiction). Le script de John Paxton se base sur un article du magazine The New Yorker narrant comme nt le jeune John William Warde se jeta du 17e étage du Gotham Hotel de New York City en 1938 après avoir passé quatorze heures sur la corniche durant lesquelles le policier Charles V. Glasco tenta de le raisonner. Hathaway reprend le postulat en s'attaquant au défi d'unité de temps et de lieu et en cherchant à traduire l'arrière-plan urbain sans l'argument policier des autres films Fox.

S'il y a un mystère à résoudre, c'est celui qui pousse le jeune Robert Cosick (Richard Baseheart) à menacer de se jeter du haut de cet hôtel New Yorkais. Complexé et fébrile, il trouvera comme seul interlocuteur de confiance Charlie Dunnigan (Paul Douglas) policier en uniforme premier arrivé sur les lieux et qui saura prêter une oreille attentive au jeune homme. Hathaway distille une tension latente où le moindre soubresaut émotionnel menace de faire se jeter Robert dans le vite, et nécessite à la fois de converser avec des pincettes tout en essayant de trouver les causes du mal-être le poussant à cette extrémité. Au calme et à l'épure du dispositif sur cette corniche, Hathaway oppose le tumulte alentours entre les policiers cherchant une solution (le plus souvent mauvaise) d'en finir, la curiosité morbide ou compatissante des badauds, et la rapacité des journalistes qui y voit là une aubaine. Le réalisateur tient le tout dans un équilibre idéal, entre le brûlot façon Le Gouffre aux chimères, le mélodrame et la vraie tranche de vie où l'on découvre tout le microcosme gravitant autour de l'évènement. Cela va détourner plusieurs protagonistes de la trajectoire initiale de cette journée avec une rencontre amoureuse toute en candeur charmante, ou encore une réconciliation en pleine procédure de divorce. On aurait aimé que ce côté choral soit plus prononcé mais finalement la vie et ses maux s'avère toute aussi agitée sur les quelques centimètres qui sépare Robert du vide. Paul Douglas est excellent, dégageant une profonde humanité (cette colère qu'il ose exprimer malgré le risque de la réaction de Robert superbe moment) et est le seul point d'accroche dans un cirque où s'immiscent les opportunistes en quête de lumière. La situation extraordinaire révèle les caractères dans l'intime comme le public, avec ce personnage de mère abusive jouée par Agnes Moorehead ou un prêtre illuminé voyant en Robert un trophée plutôt qu'une âme à sauver.

Henry Hathaway développe un vrai suspense au cordeau sur ce canevas mince avec une belle recherche formelle. On devine les décors studio sous les velléités réalistes mais habilement entrecoupés au montage d'inserts de vraies scènes de rues, les arrière-plans lors des séquences en hauteur sont particulièrement réussis (sans doute en rétroprojection) pour donner l'illusion de la vie urbaine suivant son cours. Le sentiment de vertige, de bascule dans le vide ne tenant qu'à un fil se ressent fortement lors de deux séquences haletantes. Bel exercice de style donc qui parvient à être aussi original que prenant. 4,5/6
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Zelda Zonk »

Rappelons que Niagara sera diffusé lundi soir (05 avril) sur Arte.

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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Zelda Zonk »

Revu Niagara hier soir, avec une légère dévaluation.
Pour moi, le film vaut avant tout pour l'iconique Marilyn, éclosion irrépressible d'un sex-symbol qui marquera l'histoire du cinéma, pour l'utilisation spectaculaire et pertinente des décors naturels, et pour la flamboyance du Technicolor.
C'est déjà pas mal, me direz-vous. :wink:
Pour le reste, j'ai plus de réserves, notamment sur les raccourcis faciles du scénario et l'interprétation peu convaincante des seconds rôles, comme Casey Adams.
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Alexandre Angel »

Profondo Rosso a écrit : 3 avr. 21, 01:49 14 heures (1951)
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Henry Hathaway développe un vrai suspense au cordeau sur ce canevas mince avec une belle recherche formelle. On devine les décors studio sous les velléités réalistes mais habilement entrecoupés au montage d'inserts de vraies scènes de rues, les arrière-plans lors des séquences en hauteur sont particulièrement réussis (sans doute en rétroprojection) pour donner l'illusion de la vie urbaine suivant son cours. Le sentiment de vertige, de bascule dans le vide ne tenant qu'à un fil se ressent fortement lors de deux séquences haletantes. Bel exercice de style donc qui parvient à être aussi original que prenant. 4,5/6
Film découvert très récemment (au regard de l'existence :mrgreen: ), à savoir en 2016 et très surpris par l'ampleur de la réalisation.
14 Hours, qui a été , sauf erreur, rarement diffusé à la télé à la grande époque des ciné-clubs et du CDM, est un film que je n'ai eu en tête que grâce au blog de Tavernier (sa mention dans la notule Hathaway de 50 ans de cinéma américain ne m'ayant pas marquée) et je l'ai d'emblée mal catalogué : je m'étais mis en tête que c'était un Hathaway des années 30, une pépite rare contemporaine de La Fille du Bois maudit, de Peter Ibbetson ou des Gars du large (en fait, c'est le bonus de Peter Ibbetson qui m'avait fait croire cela et il me semble que c'est le graphisme de l'affiche qui m'avait induit en erreur).

Alors qu'en fait , on est en plein dans la grande période Fox des années 40 (Le Carrefour de la mort, Appelez Nord 777) avec des moyens "modernes", spectaculaires.

Je trouve que le film est l'ancêtre de ces films "à dispositifs" tels que 12 hommes en colère, Un après-midi de chien ou...Sur un arbre perché (si, si :mrgreen: ).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

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