Bernardo Bertolucci (1941–2018)
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Re: Bernardo Bertolucci
C'est ce qui m'a fait le plus réagir, cet excès des réactions de certains professionnels d'Hollywood.
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Re: Bernardo Bertolucci
Qu'il n'y ait "techniquement" pas eu viol est un fait établi par la comédienne elle-même, et peut trouver excessives voire stupides les nombreuses réactions des personnes qui, affirmant le contraire, font preuve d'une violence démesurée vis-à-vis du film. Pour autant, on peut estimer parfaitement méprisables les procédés de Bertolucci et de Brando. Ne pas prévenir une actrice qu'une séquence de viol va être simulée sur sa personne et utiliser ses "vraies larmes de femme, non de comédienne" (sic) pour les fixer sur pellicule est un comportement que je trouve tout à fait détestable. Ce n'est certes pas la première ni la dernière fois qu'on entend parler de ce genre de méthodes de travail "limites" adoptées par des réalisateurs, mais elles me laissent toujours très mal à l'aise.Ratatouille a écrit :Sauf qu'en fait, il n'y aurait pas eu de viol du tout et que ce serait uniquement lié à l'internet qui s'enflamme pour rien :
En tout cas ce n'est pas cette histoire qui va redorer le blason du film à mes yeux (je ne l'aime pas et je rejoins Kaonashi Yupa).
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Re: Bernardo Bertolucci
Voilà.Thaddeus a écrit :Qu'il n'y ait "techniquement" pas eu viol est un fait établi par la comédienne elle-même, et peut trouver excessives voire stupides les nombreuses réactions des personnes qui, affirmant le contraire, font preuve d'une violence démesurée vis-à-vis du film. Pour autant, on peut estimer parfaitement méprisables les procédés de Bertolucci et de Brando. Ne pas prévenir une actrice qu'une séquence de viol va être simulée sur sa personne et utiliser ses "vraies larmes de femme, non de comédienne" (sic) pour les fixer sur pellicule est un comportement que je trouve tout à fait détestable. Ce n'est certes pas la première ni la dernière fois qu'on entend parler de ce genre de méthodes de travail "limites" adoptées par des réalisateurs, mais elles me laissent toujours très mal à l'aise.
S'il n'y a pas viol "techniquement parlant", un tel acte en prend complétement la forme. L'actrice n'est pas prévenue, et elle se retrouve clairement dans la situation d'un viol : vu que c'est improvisé, il n'y a nulle stratagème protégeant les parties intimes des acteurs, et Brando ne fait pas semblant d'utiliser le beurre. Alors ne tergiversons pas éternellement sur viol ou pas viol, et autres discussions débiles, il y a bien acte de violence, d'agression sexuelle pour obtenir un résultat à l'image, puis pressions implicites sur Schneider pour qu'elle ne se plaigne pas.
Alors on peut certainement aimer le film, perso je ne comprends pas comment et cette scène en est une seule raison parmi plein d'autres. Mais la façon de faire de Bertolucci (réalisateur qui m'indiffère) & Brando (acteur que pourtant j'adore) et l'anecdote de tournage sont détestables, et basta.
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Re: Bernardo Bertolucci
Si j'ai bien compris, la seule chose qui n'était pas dans le script de la scène c'est la fameuse motte de beurre (réellement utilisée ?). La sodomie était, elle, bien écrite, je ne suis pas sûr que tous ceux qui s'indignent à Hollywood l'ont bien compris.-Kaonashi Yupa- a écrit :Brando ne fait pas semblant d'utiliser le beurre
Maria Schneider le disait, ce fut une "sorte de viol" (dans l'esprit) mais j'imagine qu'elle a aussi (et surtout) souffert des réactions des bigots de tous poils qui l'ont humiliée pendant des années ou réduit à un objet sexuel.
D'ailleurs, le film est rempli d'improvisations de Brando, l'une des plus fortes étant sa façon de soulever Maria Schneider en passant son bras entre ses deux jambes, ce qui n'était nullement prévu ni annoncé.
En extrapolant, ce qui ne justifie rien, on peut imaginer que Bertolucci et Brando sont loin d'être les seuls à se permettre ce genre d'initiatives et bon nombre d'actrices auraient sans doute beaucoup à raconter.
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Re: Bernardo Bertolucci
Je rappelle que c'est les sorcières qu'on doit brûler, pas les films. Tout fout le camp !Ratatouille a écrit :(...)Jenna Fischer qui appelle à brûler toutes les copies du film, non mais sérieux (...)
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Re: Bernardo Bertolucci
J'ignore quelle en était la définition juridique en 1972, mais au sens de la loi française actuelle, le fait que cet acte soit accompli sans en prévenir l'actrice (donc sans son consentement) définit un viol ...-Kaonashi Yupa- a écrit :Voilà.Thaddeus a écrit :Qu'il n'y ait "techniquement" pas eu viol est un fait établi par la comédienne elle-même, et peut trouver excessives voire stupides les nombreuses réactions des personnes qui, affirmant le contraire, font preuve d'une violence démesurée vis-à-vis du film. Pour autant, on peut estimer parfaitement méprisables les procédés de Bertolucci et de Brando. Ne pas prévenir une actrice qu'une séquence de viol va être simulée sur sa personne et utiliser ses "vraies larmes de femme, non de comédienne" (sic) pour les fixer sur pellicule est un comportement que je trouve tout à fait détestable. Ce n'est certes pas la première ni la dernière fois qu'on entend parler de ce genre de méthodes de travail "limites" adoptées par des réalisateurs, mais elles me laissent toujours très mal à l'aise.
S'il n'y a pas viol "techniquement parlant", un tel acte en prend complétement la forme. L'actrice n'est pas prévenue, et elle se retrouve clairement dans la situation d'un viol : vu que c'est improvisé, il n'y a nulle stratagème protégeant les parties intimes des acteurs, et Brando ne fait pas semblant d'utiliser le beurre. Alors ne tergiversons pas éternellement sur viol ou pas viol, et autres discussions débiles, il y a bien acte de violence, d'agression sexuelle pour obtenir un résultat à l'image, puis pressions implicites sur Schneider pour qu'elle ne se plaigne pas.
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Re: Bernardo Bertolucci
Le premier principe de la loi c'est qu'elle n'est pas rétroactive.hansolo a écrit :...
J'ignore quelle en était la définition a l'époque, mais au sens de la loi française actuelle, le fait que cet acte soit accompli sans en prévenir l'actrice (donc sans son consentement) définit un viol ...
Donc à l'époque où ça s'est passé ce n'était pas considéré comme un viol et je ne crois pas avoir lu que Maria Schneider en ai particulièrement voulu à Brando des années après.
C'est contre Bertolucci le manipulateur qu'elle en voulait le plus, mais c'est aussi une grande histoire du cinéma (comme du théâtre) que ces problèmes de manipulation entre dirigeants et dirigés...
Cette scène a toujours été pensée comme extrêmement choquante, le plus étonnant c'est la manière dont elle a été tournée en dérision, sous l'angle salace, pendant tant d'années.
Je crois me souvenir que Maria Schneider (en plus d'une tonne de problèmes personnels qui n'ont rien à voir avec le film...) a surtout eu du mal à accepter toutes ces allusions égrillardes au film qu'on lui a fait subir pendant des années, comme si les gens n'étaient intéressés par cette actrice que pour savoir si elle avait apprécié le procédé...
Au bout de 20 ans des mêmes conneries y'a de quoi avoir du mal à s'en remettre.
Pour info une itv de Maria Schneider en 2007 (en anglais) où elle est assez précise sur ces reproches et son attitude envers Brando et Bertolucci:
http://www.dailymail.co.uk/tvshowbiz/ar ... rando.html
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Re: Bernardo Bertolucci
Je renvois d'ailleurs à la séquence de Cinéma, Cinémas où l'actrice a du mal à retenir ses larmes à la simple évocation du film.Stromboli a écrit :Je crois me souvenir que Maria Schneider (en plus d'une tonne de problèmes personnels qui n'ont rien à voir avec le film...) a surtout eu du mal à accepter toutes ces allusions égrillardes au film qu'on lui a fait subir pendant des années, comme si les gens n'étaient intéressés par cette actrice que pour savoir si elle avait apprécié le procédé...
Au bout de 20 ans des mêmes conneries y'a de quoi avoir du mal à s'en remettre.
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Re: Bernardo Bertolucci
N'empêche que la réapparition de cette affaire m'a au moins permis d'apprendre que Maria Schneider était la fille de Daniel Gélin.
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Re: Bernardo Bertolucci
Ah tiens, je l'ignorais aussi. Mais il ne l'a jamais reconnue, apparemment.
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Re: Bernardo Bertolucci (1941–2018)
Disparition du réalisateur à 77 ans :
https://www.lemonde.fr/disparitions/art ... _3382.html
N'hésitez pas à consulter les topics consacrés à
Les recrues (1962)
1900 (1976)
Innocents (2003)
Le dernier empereur (1987)
Le conformiste (1970)
https://www.lemonde.fr/disparitions/art ... _3382.html
N'hésitez pas à consulter les topics consacrés à
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Re: Bernardo Bertolucci (1941–2018)
L'un des quelques réalisateurs capables de me laisser profondément admiratif tout en ne m'offrant que peu de satisfaction sur le plan émotionnel : je perçois les grandes qualités (comment ne pas être subjugué par la sophistication inouïe du Conformiste ?), mais cette virtuosité, cette grande forme élaborée me laissent froid. Un film comme Le Dernier Tango à Paris n'éveille chez moi qu'une vague consternation : tout m'y semble faux, toc, artificieux, caricaturalement doloriste. J'aime beaucoup en revanche 1900 (une fresque d'une ampleur, d'une audace, d'une richesse rares) et Le Dernier Empereur, où le cinéaste trouve l'équilibre parfait entre le grand spectacle et l'exigence plastique, le grandiose et l'intime.
- Jeremy Fox
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Re: Bernardo Bertolucci (1941–2018)
As tu vu Un Thé au Sahara ? Son film qui me touche le plus.
- Thaddeus
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Re: Bernardo Bertolucci (1941–2018)
Yep, il est dans mon tiercé de favoris.
Rappelons que Bertolucci est aussi le co-scénariste d'un des plus grands films qui soient : Il était une fois dans l'Ouest.
Rappelons que Bertolucci est aussi le co-scénariste d'un des plus grands films qui soient : Il était une fois dans l'Ouest.
- Alexandre Angel
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Re: Bernardo Bertolucci (1941–2018)
Je suis un peu comme Thaddeus.
Et je reste fidèle à 1900 (mais plus la première partie).
Il faudrait réellement que je revoie Le Dernier Empereur.
Et je reste fidèle à 1900 (mais plus la première partie).
Il faudrait réellement que je revoie Le Dernier Empereur.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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