Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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mannhunter
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par mannhunter »

Photos de tournage qui donnent un petit apperçu du making of tourné par le grand Sam en 1981...:

http://www.criterion.com/current/posts/ ... -white-dog
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par mannhunter »

Selon Joe Dante dans un article sur les "bootlegs director's cut" paru dans Video Watchdog,
le montage original de Samuel Fuller ne serait peut-être pas celui qu'on connait..:

"I did see Sam Fuller's original cut of WHITE DOG, which my friend Jon Davison produced, because I was editing it. Besides that, I'm afraid the only director's cuts I've seen are my own."
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par mannhunter »

Fuller évoque le film à Lyon, en 1984:

http://brazil3point0.com/mag/2015/10/ra ... pour-tuer/
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moonfleet
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par moonfleet »

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A 23h15 ce soir sur Arte 8)
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Rick Deckard
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller, 1982)

Message par Rick Deckard »

AtCloseRange a écrit :(amusant de noter que le titre français du film est le titre original de Pulsions)
Mais alors pas du tout! :shock: Dressed to kill est une expression voulant dire habillé pour impressionner. C'est évidemment un jeu de mot avec habillé pour tuer. (Dressed est un faux ami, ça ne se traduit pas par dressé)
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AtCloseRange
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller, 1982)

Message par AtCloseRange »

Rick Deckard a écrit :
AtCloseRange a écrit :(amusant de noter que le titre français du film est le titre original de Pulsions)
Mais alors pas du tout! :shock: Dressed to kill est une expression voulant dire habillé pour impressionner. C'est évidemment un jeu de mot avec habillé pour tuer. (Dressed est un faux ami, ça ne se traduit pas par dressé)
Ah effectivement.
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Alexandre Angel
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par Alexandre Angel »

Le dernier bon Fuller, dont la fin différait du roman de Romain Gary qu'il faudrait que je relise.
Et oui, donc, série B géniale que ce Fuller de 1981. Véritable concentré de cinéma, qui ne s'embarrasse jamais de déclinaisons superflues, provoquant les attaques de plans les plus impressionnantes tellement elles précèdent le conditionnement du spectateur, qui est toujours pris de cours, ayant toujours un temps de retard sur une action qui s'est invitée à l'image avant qu'on l'y autorise. Au centre de cette maestria, par moment prodigieuse, le chien, évidemment vedette du film: pas seulement bien dressé et bon comédien ( :mrgreen: ), il est le centre graphique de plans tous plus inventifs les uns que les autres, surgissant de manière fantomatique, pratiquement fantastique (les ralentis s'en trouvent exonérés de toute lourdeur), filmé sous les angles les plus évidents, les plus organiques. Jamais chien ne fut mieux filmé que dans White Dog . Oui, les films de Fuller, lorsqu'il assure derrière la caméra, sont des précipités de cinoche, jusque dans leur humour revigorant (Burl Ives qui envoie une fléchette sur R2D2 en fustigeant l'ennemi qui met les anciens du cinéma sur la paille), jusque dans la tenue désarmante de frontalité du générique du début avec ces lettres noir et blanc sur fond gris, et son générique de fin noir et blanc également, qui vire au négatif, jusque dans le vrombissement de la Mustang de Kristy McNichol qui pourrait se confondre avec les grognements du chien dans les premiers instants du film.
Chez Fuller, les idées fusent plus vite que leur ombre.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Demi-Lune
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par Demi-Lune »

Ça faisait des années que je ne l'avais pas revu et c’est toujours le même film dévastateur et inoubliable. Clairement ce que je mets tout en haut dans la filmo de Fuller.

Dans sa chronique du film pour Arte, Olivier Père avance à raison que s'il avait eu une meilleure exposition à sa sortie, ce film se serait implanté dans l'imaginaire collectif au même titre que les grands films d'horreur de l'époque. Car il y a ce côté dégraissé, implacable et vertigineux qui captive et glace l'échine en même temps, et assure la modernité par-delà les générations. Le film est caractéristique de cette époque où le drame le plus déchirant savait se nicher dans le cinéma de genre : tout se joue dès ces premières notes lentes et tristes d'Ennio Morricone, on sait intérieurement qu'on va assister à quelque chose qui va nous poursuivre, nous hanter. J'ai l'impression que Fuller s'était vraiment transcendé sur ce projet, pourtant de petite échelle, parce qu'aucun de ses films que j'ai pu voir n'effleure l’abîme métaphysique qui est à l’œuvre dans Dressé pour tuer, cette foi dans le vertige que peut entrouvrir le cinéma. C'est un peu la conjonction astrale entre ce que permet le grand cinéma américain de cette époque et un vétéran sublimé qui se met au diapason (on pense parfois à la pure virtuosité de De Palma, chose troublante lorsqu'on sait que le chien jouera deux ans plus tard dans Body double et que le barbu entamera une collaboration avec Morricone peu de temps après). La triste fin de carrière de Fuller confirmera qu'il avait tout donné avec ce film, mais qu'importe : avoir accouché de quelque chose d'aussi fort, d'aussi bouleversant, d'aussi obsédant, ce n'est pas donné à tout le monde. On pardonnera volontiers quelques scories pour tous ces moments où le cinéma n'est plus que simple illustration, mais un électrochoc qui nous emmène vers quelque chose d'indicible. Toutes ces scènes où le chien est filmé comme une véritable personne, toutes ces scènes de déconditionnement, cette fin, ce travelling circulaire, ce plan à la grue en plongée...

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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par Père Jules »

Top 5 de la filmo du grand Sam incontestablement.
Et cette fin, d'une tragique implacabilité !
Tu fais plaisir ;)
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Alexandre Angel
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par Alexandre Angel »

Demi-Lune a écrit : (on pense parfois à la pure virtuosité de De Palma, chose troublante lorsqu'on sait que le chien jouera deux ans plus tard dans Body double et que le barbu entamera une collaboration avec Morricone peu de temps après)
C'est vrai et je n'y avais jamais pensé avant de le revoir l'autre soir....et je ne savais pas pour Body Double.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Carlito Brigante
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par Carlito Brigante »

Alexandre Angel a écrit :
Demi-Lune a écrit : (on pense parfois à la pure virtuosité de De Palma, chose troublante lorsqu'on sait que le chien jouera deux ans plus tard dans Body double et que le barbu entamera une collaboration avec Morricone peu de temps après)
C'est vrai et je n'y avais jamais pensé avant de le revoir l'autre soir....et je ne savais pas pour Body Double.
Susan Dworkin revient dessus dans Double De Palma (le livre intégré à l'édition Ultra Collector de Body Double). Si mes souvenirs sont bons De Palma n'a créé le 'rôle' du chien dans son film que parce qu'il avait été impressionné par White Dog et voulait travailler avec les-dits chiens (car oui il y en a plus d'un pour jouer le rôle).
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Alexandre Angel
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par Alexandre Angel »

Merci pour les éclairages. Maintenant que j'y pense et si je reprends les termes suivants de Demi-Lune :
Demi-Lune a écrit :Le film est caractéristique de cette époque où le drame le plus déchirant savait se nicher dans le cinéma de genre : tout se joue dès ces premières notes lentes et tristes d'Ennio Morricone, on sait intérieurement qu'on va assister à quelque chose qui va nous poursuivre, nous hanter.
j'en trouve des échos dans Casualties of War (Outrages, 1989), de De Palma.
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par mannhunter »

Carlito Brigante a écrit :
Alexandre Angel a écrit : C'est vrai et je n'y avais jamais pensé avant de le revoir l'autre soir....et je ne savais pas pour Body Double.
Susan Dworkin revient dessus dans Double De Palma (le livre intégré à l'édition Ultra Collector de Body Double). Si mes souvenirs sont bons De Palma n'a créé le 'rôle' du chien dans son film que parce qu'il avait été impressionné par White Dog et voulait travailler avec les-dits chiens (car oui il y en a plus d'un pour jouer le rôle).
Le film de Fuller fait partie des "plaisirs coupables" de De Palma...:

http://www.filmcomment.com/article/guil ... -de-palma/

White Dog (1982) has some incredible tracking shots, especially when they’re in the cage and the camera goes all the way around them. I saw that dog—and dogs in movies don’t normally scare me—but this dog is terrifying. I was so impressed with that dog that I used it in Body Double.
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Alexandre Angel
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par Alexandre Angel »

Image Lorsque Samuel Fuller et Curtis Hanson adaptent en 1981 Chien Blanc, de Romain Gary, quelques 11 ans après la parution de ce récit parfaitement autobiographique, ils en font un thriller tragico-horrifique et ils ont bien raison. On imagine mal Fuller se casser la fiole à essayer de trouver des sosies du romancier français et de sa compagne Jean Seberg. Car Chien Blanc est un roman français, des pieds à la tête, avec ce je-ne-sais-quoi d'apatride qui caractérise un auteur qui rappelle avec un détachement faussement candide et réellement cinglant qu'il est tartare du côté "pogromeur" de son père et juif du côté "pogromé" de sa mère. Chien Blanc est un livre sensationnel. Et gonflé car Romain Gary négocie avec insolence (ce qui m'avait complètement déconcerté lorsque je l'ai lu très jeune) la cohabitation de l'essai autobiographique, de l'étude sociétale décapante avec le roman animalier aux réminiscences très "Jack London". Gary, désabusé mais indécrottablement militant (on ne se refait pas), livre un témoignage capital sur l'invraisemblable climat de violence, de haine, de suspicion, de confusion idéologique qui submerge l'Amérique de la fin des sixties. Il faut lire ce moment où l'auteur et Jean Seberg apprennent dans un taxi, par la radio, l'assassinat de Martin Luther King. Le conducteur est noir, mutique, mais il demande à Gary trois fois de suite de lui redire l'adresse où il doit se rendre. Gary est une langue de pute redoutable : il dézingue autant les bobos ricains avides de bonne conscience (Marlon Brando!!) que les activistes noirs complètement cintrés qui prônent l'engagement de recrues noires dans la guerre du Viêt-Nam. Non pas pour combattre les Viets dont ils n'ont rien à foutre, mais pour s'entrainer à la guérilla, rentrer au pays et renverser les Blancs. Et bien entendu, il y a les autres, ceux du Sud, qui, de père en fils, reconduisent la tradition du dressage des chiens à bouffer du Noir. Car Chien Blanc, tout comme White Dog, traitent du plus terrible sujet qui soit : la folie animale. Qu'y a-t-il de plus effrayant que de se dire qu'un animal subit tellement la folie des hommes qu'il peut en générer une bien à lui?
Ce chien fou, Fuller le filme comme Gary l'écrit. Comme une grosse nappe blanche striées de crocs (Gary compare le chien en furie à un Picasso, les yeux d'un côté, la gueule de l'autre).
Fuller, en (très) bon cinéaste qu'il est, n'a pas le temps de faire de la littérature (en gros, il a 1h30). Il doit concentrer ses efforts sur l'atmosphère, la vérité des lieux. Ainsi, le film nous fait visualiser le Beverly Hills que décrit Gary avec ses villas surplombantes et ses "garrigues" pentues. Lorsque le chien déboule sur le palier de Kristy McNichol, c'est celui de Romain Gary que nous visualisons et lorsque nous nous trouvons dans l'enceinte animalière de Carruthers, nous reconnaissons celle du roman. A part cela, peu de rapports profonds entre les deux œuvres, si ce n'est une intense communauté d'idées qui claironne "l'amour des chiens et la haine de la chiennerie".
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Re: Dressé pour tuer (Samuel Fuller - 1982)

Message par mannhunter »

Présentation à la Cinémathèque par Samantha Fuller:

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