Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez - 1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Rockatansky
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Message par Rockatansky »

Enzo a écrit :
Rockatansky a écrit :Plus que Cannibal Holocaust les auteurs ont été influencés par les Documents interdits de Jean Teddy Filippe.
Tu pourrais en dire un peu plus sur ces Documents interdits ?
Patrick Bateman a écrit :Documents interdits, c'est le titre français de The Last Browcast ?
Je ne pense pas puisqu'il s'agit d'une production française. C'est une série de faux documentaires produits par Arte (anciennement La Sept) où le but est de faire croire que le narrateur a découvert ces documents et qu'ils sont authentiques, bcp de themes diverses sorcellerie, mystere, disparitions, de longueurs variables, certains s'averent proprement effrayants. Une vraie réussite.
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Message par Patrick Bateman »

Ah oui, cela me revient maintenant. Très bonne émission que ces documents interdits.

Concernant The Last Broadcast, il s'agit d'un film antérieur à Blair Witch Project utilisant déjà le principe du "document retrouvé".
This is not an exit.
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Message par Dave Garver »

ni un chef d'oeuvre, encore moins une arnaque. Simplement un produit commercial conçu génialement. L'idée de le mettre en parallèle avec un site web , de mélanger le vrai au faux... Brillant mais cinématographiquement faible.
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Momo la crevette
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Message par Momo la crevette »

Rockatansky a écrit :les auteurs ont été influencés par les Documents interdits de Jean Teddy Filippe.
Patrick Bateman a écrit :Documents interdits, c'est le titre français de The Last Browcast ?
Je ne pense pas puisqu'il s'agit d'une production française.
Je confirme. Jean Teddy Filippe est un réalisateur français avec qui j'ai d'ailleurs déjà travaillé.

Momo
styx a écrit :Je comprends pas grand chose à vos salades, mais vous avez l'air bien sur de vous, donc zetes plus à même hein de parler, de sacrés rigolos que vous faites en fait, merde ça rime lourd là, je vais éditer. mdr
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Demi-Lune
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez, 1999)

Message par Demi-Lune »

Un film sponsorisé par Décathlon. :mrgreen:
"On a pas eu autant les jetons depuis Shining", clame la jaquette. Alléchant. Pourtant, une fois le film découvert (eh oui, je ne l'avais encore jamais vu), force est de convenir qu'en ce qui me concerne, Le projet Blair Witch ne m'a guère flanqué la frousse. Ma petite déception se mesure donc à la hauteur des espérances que promettait la tagline présomptueuse. Pourtant, ce faux film documentaire est loin d'être raté. S'il ne m'a pas fait peur, à l'exception des dix dernières minutes oppressantes qui laissent, à la toute fin, un arrière-goût bizarre dans la bouche, l'entreprise demeure rudement bien menée dans son choix narratif et conceptuel. Le Projet Blair Witch me paraît ainsi particulièrement réussi dans son procédé de tension psychologique, tension constamment renforcée par la "pauvreté" du matériel vidéo qui nous est donné de voir - cette crédibilité, ce réalisme capturé sur l'instant qui rendent tout de même la séance légèrement malaisante : les artifices cinématographiques sont délaissés, seule reste une fascinante et déstabilisante authenticité. Certains rebondissements paraissent gros (le coup du mec qui balance la carte) mais peu importe. L'ensemble sonne vrai, terriblement vrai. Pour paraphraser Josh dans le film, le filtre du réel, que tente de créer Heather avec sa caméra en permanence allumée, paraît bien ténu. L'incontestable lenteur du film se départit ainsi rarement d'une tension aussi indicible que la menace qui pèse sur les trois protagonistes. D'un strict point de vue de mise en scène, l'amateurisme des prises vidéo ne donne pas tellement lieu à des débordements de shaky-camera qui nuisent, à mon sens, à son descendant ibère [REC]. On reste en permanence dans le suggéré (ce qui peut rendre certaines scènes comiques si l'on est d'humeur méchante), l'art allusif des deux réalisateurs débouchant dans cette séquence finale de la maison abandonnée, disséminant indices et éléments troublants mais laissant plus que jamais dans l'obscurité. Bref, je ne savais pas trop quoi penser du film après le générique de fin, mais plus son souvenir mûrit dans ma tête, plus je me dis que les deux cinéastes (que sont-ils devenus ? Ils ont été enlevés par la sorcière ?) ont tout à fait réussi leur pari et ont offert un film qui, à défaut de m'avoir explosé le trouillomètre, me titille quand même pas mal les méninges. Et le plan final enflamme mon imagination. D'ailleurs, comment l'interprétez-vous ?
Dernière modification par Demi-Lune le 18 févr. 11, 17:11, modifié 2 fois.
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Alphonse Tram
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez, 1999)

Message par Alphonse Tram »

Demi-Lune a écrit :Et le plan final enflamme mon imagination. D'ailleurs, comment l'interprétez-vous ?
:D
Excellente remontée (et merci pour tes petits nodules, bien sympas). Vu en salle, je me souviens du bouche à oreille qui a parfaitement fonctionné grâce au nouveau média à la mode à l'époque : internet. Bon, tout ça pour dire que j'avais bien aimé. Ce qui est drôle c'est qu'encore aujourd'hui, dans mon souvenir, à la fin (((Le gars se retourne))) mais en fait en y repensant, ce n'est pas vraiment important. C'est seulement une fin "ouverte", qui conduit donc forcément à des interrogations plus ou moins inquiétantes selon l'état d'esprit qu'on a à ce moment précis.
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Demi-Lune
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez, 1999)

Message par Demi-Lune »

Alphonse Tram a écrit :Ce qui est drôle c'est qu'encore aujourd'hui, dans mon souvenir, à la fin (((Le gars se retourne))) mais en fait en y repensant, ce n'est pas vraiment important.
Justement, en lisant les pages de ce topic, je me suis rendu compte que beaucoup de spectateurs comme toi ont cru voir ça. J'en suis même venu à douter de ce que j'avais vu et je me suis remis la scène en question.
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Et le mec ne se retourne pas. C'est d'ailleurs cette immobilité et le fait que ce soit la dernière chose qu'on voit qui fout les jetons. Mais c'est étrange, j'ai l'impression qu'il ne touche pas le sol, qu'il est pendu. D'ailleurs, sur la fiche du film sur wikipédia, sont recensés des éléments propres à cette fin (la bouteille de bière, la corde de pendu) qui m'avaient un peu échappé sur le coup - et j'ai beau scruter, je ne vois pas ce visage d'homme à la fenêtre que la fiche évoque.
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez, 1999)

Message par kenj »

Demi-Lune a écrit :Et le plan final enflamme mon imagination. D'ailleurs, comment l'interprétez-vous ?
Ouh là, ça fait une éternité! Cela dit, de mémoire:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ce qui se passe à la fin, c'est que le mec se retrouve dans un coin et attend que ça se passe... Mais il attend quoi?
Et bien, souvenez-vous au début du film, on parle d'une sorcière (je crois) qui avait pour rituel de mettre un gosse dans un coin et de tuer l'autre (en l'occurrence ce sera le sort de la fille qui filme). Donc il semble être comme envoûté et ne peut rien faire à part attendre de se faire tuer lui aussi.
La force de cette fin, c'est que les propos tenus par une personne au début -et qu'on ne prenait (forcément) pas au sérieux- se révèlent être véridiques, et il y a une sorte d'accomplissement sous nos yeux d'un "on dit que" totalement horrible. Cette fin m'a glacé les sangs pendant bien longtemps.
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Demi-Lune
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez, 1999)

Message par Demi-Lune »

kenj a écrit :
Demi-Lune a écrit :Et le plan final enflamme mon imagination. D'ailleurs, comment l'interprétez-vous ?
Ouh là, ça fait une éternité! Cela dit, de mémoire:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ce qui se passe à la fin, c'est que le mec se retrouve dans un coin et attend que ça se passe... Mais il attend quoi?
Et bien, souvenez-vous au début du film, on parle d'une sorcière (je crois) qui avait pour rituel de mettre un gosse dans un coin et de tuer l'autre (en l'occurrence ce sera le sort de la fille qui filme). Donc il semble être comme envoûté et ne peut rien faire à part attendre de se faire tuer lui aussi.
La force de cette fin, c'est que les propos tenus par une personne au début -et qu'on ne prenait (forcément) pas au sérieux- se révèlent être véridiques, et il y a une sorte d'accomplissement sous nos yeux d'un "on dit que" totalement horrible. Cette fin m'a glacé les sangs pendant bien longtemps.
Merci pour ton point de vue. :wink: Je le partage d'ailleurs pleinement
Spoiler (cliquez pour afficher)
même si, je l'avoue un peu honteusement, je n'ai pas tout de suite fait le lien entre l'ultime image du type immobile et la vieille légende racontée par les autochtones, à propos de cette "punition" du fou sadique qui assassinait un enfant pendant que l'autre attendait au coin. Les empreintes de petites mains sur les murs sous-entend d'ailleurs que cette maison abandonnée est bien l'antre dans laquelle les meurtres ont eu lieu jadis. Je pense donc que cette lecture est viable, même si, évidemment, la fin demeure suffisamment ouverte pour arracher les cheveux des amateurs désireux de percer les mystères du film (quid des rires d'enfant ? de la sorcière ? des indices pour le moins étrangers reliant Josh à la maison abandonnée ? pourquoi le type reste-t-il immobile ? d'ailleurs, est-on sûr de son identité ? etc).
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez - 1999)

Message par NotBillyTheKid »

J'ai vu le film une vingtaine de fois, je le passe à mes quatrièmes chaque année ou presque (en parallèle au horla)
J'ai vu plein de trucs, vérifié plein d'hypothèses...
Spoiler (cliquez pour afficher)
Plusieurs récits se mêlent : une histoire rationnelle de tueur d'enfants (et pas de sorcière !), reprise par un gars au début (coupable ? et les pêcheurs aussi...), l'histoire de la sorcière (et là, comparez le portail de la vieille folle au départ et les figurines en bois :wink: , la gelée bleue (un dentifrice ou quoi que ce soit dans le genre ?), le truc sanglant dans le tissu (que j'ai comparé aux différentes chemises bleues à carreaux), l'histoire du problème d'orientation à la boussole...
Au final, il n'y a pas une mais plusieurs pistes exploitées. l'essentiel étant de faire douter le spectateur entre diverses explications surnaturelles ou rationnelles, base du fantastique. Et fin ouverte derrière, il n'y a pas de solution. ( s'il y en a une, elle n'est pas unique : la vieille explique les trucs en bois, tel autre évènement est expliqué par une autre piste...) Le seul objectif : faire douter, mélanger tout... Après tout, il n'y a que l'orientation de la boussole qui reste un poil surnaturelle...
Sur wikipedia (du moins quand je l'avais consulté) des pistes sont stupides : ils n'ont pas pigé l'histoire de la prise de son par le caméscope tombé au sol dans la scène finale...
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez - 1999)

Message par Jericho »

les deux cinéastes (que sont-ils devenus ? Ils ont été enlevés par la sorcière ?)
Ils font des petits films de genre avec la boite de production qu'ils ont eux même crée, suite au succès de Blair Witch je suppose !
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez - 1999)

Message par Flol »

Découvert à l'époque en salle, et j'avais complètement marché, pour ma part. Et à en juger par la réaction des spectateurs, j'étais alors loin d'être le seul à avoir bien flippé devant ce "petit" film foutrement efficace...et qui, 11 ans plus tard, continue de prouver à des gens comme Jaume Balaguero et Paco Plaza qu'il est réellement possible de faire flipper le public, en utilisant d'autres ficelles que le grotesque et le grand-guignol.
C'est donc un film que je revoie régulièrement, et qui me met toujours aussi mal à l'aise (la toute fin me reste à chaque fois bien longtemps en tête...:?).
Les 2 auteurs sont aujourd'hui rentrés dans le rang des anonymes, mais ils auront au moins eu le mérite de signer un film qui a marqué l'histoire du cinéma.
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Boubakar
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez - 1999)

Message par Boubakar »

Excepté le plan final, qui est vraiment fippant, je n'ai plus vraiment de souvenirs de ce film, qui a été en outre très parodié (notamment dansScary movie, avec la scène de la confession de la jeune fille face caméra).
D'ailleurs, que vaut sa suite ?
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez - 1999)

Message par Flol »

Boubakar a écrit :D'ailleurs, que vaut sa suite ?
Nulle.
C'est juste un film psychologico-fantastique de plus, sans intérêt, dans lequel tout a déjà été vu auparavant et en mieux. J'en retiens uniquement la performance de Kim Director, une comédienne que je trouve assez...troublante (elle a un visage chelou, mais elle peut être parfois super sexy).
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Thaddeus
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Re: Le projet Blair Witch (D.Myrick - E.Sanchez - 1999)

Message par Thaddeus »

Allez, zou : reprise du topic de Cloverfield, qui est un excellent film mais qui n'arrive pas à la cheville du Projet Blair Witch. :mrgreen:

Duke Red a écrit :Je rejoins Demi-Lune concernant Le Projet Blair Witch - l'impression d'assister presque en direct à un cauchemar surnaturel capté sur film n'a jamais été égalée par les autres found-footages. Je ne l'ai vu qu'une fois, à 15-16 ans avec mon grand frère, seuls la nuit, et je n'en menais pas large quand le générique (bien malaisant lui aussi avec ces sons d'outre-tombe) est apparu. C'est un film qui joue avec brio sur l'imagination du spectateur et le hors-champ.
Gounou a écrit :Perso, je l'ai découvert à vingt ans, en vidéo, et c'est également l'un de mes plus grands souvenirs de "flippe avec rien". Avec ce que j'avais avalé de films d'épouvante avant ça, ce simple constat suffit à en faire une prouesse de mise en scène à mes yeux, que le film ait ou pas une deuxième vie 15 ans plus tard.
Je copie-colle ce que j'ai écrit ailleurs, dans un sujet consacré à mes plus grandes expériences en salle :

12 août 1999. Le cœur de l’été. Depuis quelques semaines, le tout petit film de deux jeunes cinéastes inconnus fait le buzz. Quatre ou cinq personnes dans la salle sont venus voir de quoi il retourne. Dix-sept ans après, j’ai encore du mal à faire comprendre à mes proches l’intensité de la terreur blanche que j’ai éprouvé pendant cette séance, en grande partie parce que la plupart de ceux qui ont vu le film l’on trouvé totalement bidon. S’il fallait définir la notion même d’épreuve au cinéma, épreuve physique et mentale, mais épreuve désirée, souhaitée dans un élan de masochisme complet, voici l’un des premiers exemples que je citerais. Il m’a dressé les cheveux sur la tête, torturé l’échine, totalement paralysé. Son secret réside dans sa puissance de suggestion, entretenue du début à la fin. Tous les films du genre – je dis bien tous, même les chefs-d’œuvre consacrés – délivrent tôt ou tard des décharges d’adrénaline, souscrivent à la visualisation de scènes et d’images choc qui font sursauter et qui, par la retombée même de l’angoisse physiologiquement associée à ce réflexe, soulagent le spectateur. Que l'on pense aux meurtres et à la révélation finale de Psychose, aux jumelles et aux apparitions de Shining, aux effets grand-guignolesques de L'Exorciste... La perversité absolue de ce film est de ne montrer absolument rien, donc de maintenir la peur en éveil, dans l’attente exaspérée de ce qu’il pressent découvrir, dans le recoin de l’image, dans l’ombre, dans le noir de la forêt. Très rares sont les films qui sont parvenus à distiller chez moi un tel malaise, une telle tension, un crescendo aussi insoutenable, un jeu si intense avec les effrois les plus enfouis. Est arrivé un moment dans le film où je priais, en même temps que les personnages, pour qu’un nouveau crépuscule ne tombe pas, car je pensais ne plus pouvoir tenir le choc d’une autre nuit. Lorsqu’à la fin du film les deux héros (le troisième a disparu, en n’entend plus que ses cris de souffrance exhalés par les profondeurs des bois) pénètrent dans une maisonnette en ruines, et que l’on craint que le cauchemar ne soit sur le point de se matérialiser à l’intérieur, derrière un mur, tapi dans une pièce, la tension est à un tel comble que j’en étais caché sous le siège. Au sortir de la salle, les jambes tremblantes, le cœur battant la chamade, j’ai entendu deux spectatrices désabusées se dire qu’elles ont trouvé le film pourri. Ça m’a achevé.

J'ajoute que l'une des forces essentielles du Projet Blair Witch réside dans un principe tout bête mais qu'on a un peu tendance à oublier : l'engagement émotionnel aux côtés des personnages, qui parviennent à nous impliquer totalement et à faire bien comprendre que leur vie ne compte pour du beurre. Cette inexorable descente aux enfers, marquée par une impression de perte et de vertige qui grignote les nerfs jusqu'à l'insoutenable de l'irrationnel (par exemple lorsque, épuisés, à bout de tout, ils se rendent compte après avoir marché toute la journée qu'ils se retrouvent exactement à leur point de départ) reste à ce jour le morceau de pelloche le plus terrifiant que j'ai jamais vu. La fébrilité des lampes torches qui semblent capter un mouvement furtif derrière les troncs d'arbres, la voix étouffée du héros qui se demande en criant ce que c'était que ce bon dieu de truc qu'il vient d'apercevoir du coin de l'oeil en pleine nuit, la peur panique qui s'empare peu à peu des personnages lorsqu'ils se rendent compte qu'ils sont victimes d'une véritable malédiction (le petits fagots découverts au petit matin autour de leur tente, ça chatouille bien l'échine), et puis ce final absolument té-ta-ni-sant dans la bicoque en ruines, en pleine nuit, avec son plâtre lépreux marqué d'empreintes atroces, ses gémissements qui viennent de la pièce d'à côté, cette présence démoniaque que l'on sent physiquement mais que l'on ne voit jamais... Jusqu'à la dernière seconde on ne verra rien. L'imagination fait tout et c'est la pire des ennemies. Pour parvenir à cela à partir des matériaux les plus basiques, en se reposant sur les plus élémentaires des superstitions, il faut un minimum de talent - ou de roublardise, je ne sais pas. Mais ce n'est pas rien. Maintenant, ACR peut venir affirmer que ce film est grotesque et ridicule, je n'en démordrai pas : jamais les peurs archaïques et ancestrales du noir, de la forêt hantée, de la sorcière n'ont été à ce point chauffée à blanc chez moi. Mais il est vrai que ce genre d'expérience repose tellement sur l'immersion du spectateur que c'est quitte ou double. Si l'on ne rentre pas dans le jeu, ça doit sembler raté... j'imagine.
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