L'intrus (Clarence Brown - 1949)
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- Jeremy Fox
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L'intrus (Clarence Brown - 1949)
Je viens de le revoir à l'instant et le mieux est que je replace ici ce que j'avais mis pour ma sélection TV car mon souvenir était intact et j'ai trouvé une nouvelle fois ce film magnifique, digne et sobre. Rien à jeter dans cette oeuvre d'une simplicité et d'une intelligence qui lui font honneur :
Dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, un blanc a été assassiné et on ne tarde pas à accuser Lucas dont le principal tort est d’être…noir ! Clarence Brown, ‘yes-man’ pour la MGM, n’a pas eu une carrière mirobolante. Mais pourtant quelques pépites jalonnent son parcours comme ses magnifiques films familiaux que sont Le grand national et Jody et le faon ainsi que cette adaptation très réussie de Faulkner sur le racisme. Co-écrit par le grand écrivain lui-même qui a toujours avoué beaucoup aimer ce film, Intruder in the dust pourrait être le sommet de la filmographie du réalisateur. Digne, sobre, simple, généreux et efficace, un pamphlet qui évite toute lourdeur et démagogie. Un drame méconnu qui mérite toute votre attention.
L'avez vous vu ?
Dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, un blanc a été assassiné et on ne tarde pas à accuser Lucas dont le principal tort est d’être…noir ! Clarence Brown, ‘yes-man’ pour la MGM, n’a pas eu une carrière mirobolante. Mais pourtant quelques pépites jalonnent son parcours comme ses magnifiques films familiaux que sont Le grand national et Jody et le faon ainsi que cette adaptation très réussie de Faulkner sur le racisme. Co-écrit par le grand écrivain lui-même qui a toujours avoué beaucoup aimer ce film, Intruder in the dust pourrait être le sommet de la filmographie du réalisateur. Digne, sobre, simple, généreux et efficace, un pamphlet qui évite toute lourdeur et démagogie. Un drame méconnu qui mérite toute votre attention.
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Re: L'intrus (Clarence Brown)
oui, je l'ai vu hier soir et j'avoue que ça m'a pluJeremy Fox a écrit :Je viens de le revoir à l'instant et le mieux est que je replace ici ce que j'avais mis pour ma sélection TV car mon souvenir était intact et j'ai trouvé une nouvelle fois ce film magnifique, digne et sobre. Rien à jeter dans cette oeuvre d'une simplicité et d'une intelligence qui lui font honneur :
Dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, un blanc a été assassiné et on ne tarde pas à accuser Lucas dont le principal tort est d’être…noir ! Clarence Brown, ‘yes-man’ pour la MGM, n’a pas eu une carrière mirobolante. Mais pourtant quelques pépites jalonnent son parcours comme ses magnifiques films familiaux que sont Le grand national et Jody et le faon ainsi que cette adaptation très réussie de Faulkner sur le racisme. Co-écrit par le grand écrivain lui-même qui a toujours avoué beaucoup aimer ce film, Intruder in the dust pourrait être le sommet de la filmographie du réalisateur. Digne, sobre, simple, généreux et efficace, un pamphlet qui évite toute lourdeur et démagogie. Un drame méconnu qui mérite toute votre attention.
L'avez vous vu ?
De là à dire que c'est le sommet du realisateur, je n'en sais rien, c'est seulement le second film que je vois de ce realisateur
L'interpretation est admirable, et le fait que les acteurs soient peu ou pas connus apporte au film un ton realiste et juste, je trouve
- Jeremy Fox
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en effet,cet acteur a la mine poupin ne fit pas une grande carrière et disparut progrèssivement de l'ecran,je ne garde que de lui un souvenir imperrissable du soldat"york" dans rio grande,vala jamesJeremy Fox a écrit :Claude Jarman Jr n'a malheureusement pas dans mes souvenirs une grande carrière car les 2 autres films dont je me rappelle avec lui sont The Yearling et Rio Grande dans lequel il jouait le fils de John Wayne et Maureen O'Hara.
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
- Joshua Baskin
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Je l'ai vu ce soir et je suis un peu décu. Peut-être qu'au vu du sujet, je m'attendais à un Furie N°2....
Ma plus grosse déception vient de la moitié du film, là ou à lieu cette sorte d'investigation pour retrouver le coupable; je me suis presque ennuyé, trouvant le tout assez mou. C'est dommage car pourtant, la première demie heure est excellente, tout comme la fin d'ailleurs.
J'ai par contre été vraiment ému par Juano Fernandez (est ce bien son nom, j'ai un doute ?) qui campe un petit fils d'esclave avec la plus grande sobriété.
6/10
Ma plus grosse déception vient de la moitié du film, là ou à lieu cette sorte d'investigation pour retrouver le coupable; je me suis presque ennuyé, trouvant le tout assez mou. C'est dommage car pourtant, la première demie heure est excellente, tout comme la fin d'ailleurs.
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Tu t'attendais à un film plus virulent alors qu'il s'agit d'un film remarquablement sobre, peut-être trop pour un tel sujet, c'est ça ? moi c'est au contraire ce qui m'a beaucoup pluJoshua Baskin a écrit :Je l'ai vu ce soir et je suis un peu décu. Peut-être qu'au vu du sujet, je m'attendais à un Furie N°2....
Ma plus grosse déception vient de la moitié du film, là ou à lieu cette sorte d'investigation pour retrouver le coupable; je me suis presque ennuyé, trouvant le tout assez mou. C'est dommage car pourtant, la première demie heure est excellente, tout comme la fin d'ailleurs.
J'ai par contre été vraiment ému par Juano Fernandez (est ce bien son nom, j'ai un doute ?) qui campe un petit fils d'esclave avec la plus grande sobriété.
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J'avoue même maintenant prendre plus de plaisir au traitement de Clarence Brown (proche de Faulkner) qu'à celui de Fritz Lang pour un sujet similaire. Moins immédiatement prenant mais finalement bien plus attachant je trouve
- Joshua Baskin
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Oui c'est tout à fait ça. En lisant le sujet du film, j'ai instinctivement pensé à Furie. Je me suis dit qu'en faisant d'un personnage noir, le bouc émissaire, la charge allait être au moins aussi forte et finalement, le traitement est beaucoup plus doux.Jeremy Fox a écrit : Tu t'attendais à un film plus virulent alors qu'il s'agit d'un film remarquablement sobre, peut-être trop pour un tel sujet, c'est ça ? moi c'est au contraire ce qui m'a beaucoup plu
J'avoue même maintenant prendre plus de plaisir au traitement de Clarence Brown (proche de Faulkner) qu'à celui de Fritz Lang pour un sujet similaire. Moins immédiatement prenant mais finalement bien plus attachant je trouve
Je ne sais pas si je retiendrai l'intrus comme étant plus attachant que Furie, mais je suis d'accord avec toi pour dire que les personnages en eux mêmes sont certainements plus attachants que le personnage incarné par Spencer Tracy dans le film de Lang.
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La première fois, j'en ai pensé la même chose que toi car moi aussi je m'attendais à un film coup de poingJoshua Baskin a écrit :Oui c'est tout à fait ça. En lisant le sujet du film, j'ai instinctivement pensé à Furie. Je me suis dit qu'en faisant d'un personnage noir, le bouc émissaire, la charge allait être au moins aussi forte et finalement, le traitement est beaucoup plus doux.Jeremy Fox a écrit : Tu t'attendais à un film plus virulent alors qu'il s'agit d'un film remarquablement sobre, peut-être trop pour un tel sujet, c'est ça ? moi c'est au contraire ce qui m'a beaucoup plu
J'avoue même maintenant prendre plus de plaisir au traitement de Clarence Brown (proche de Faulkner) qu'à celui de Fritz Lang pour un sujet similaire. Moins immédiatement prenant mais finalement bien plus attachant je trouve
Je ne sais pas si je retiendrai l'intrus comme étant plus attachant que Furie, mais je suis d'accord avec toi pour dire que les personnages en eux mêmes sont certainements plus attachants que le personnage incarné par Spencer Tracy dans le film de Lang.
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Pour ma part, je l'ai trouvé assez fidèle à l'esprit de Faulkner.
L'intrigue est peut être un peu molle, comparée à "Furie", mais je ne pense pas que le propos de l'histoire soit de donner une vision coup de poing.
Elle est proche de l'esprit de Faulkner en ce sens qu'elle assume des moments de latence mais qui contiennent une puissance dramatique glaçante : le rassemblement ordinaire et quasi festif de la population en vue du lynchage; la violation de la tombe; le fratricide...
Je trouve que l'acteur Juano Hernandez est très convainquant en Lucas Beauchamp. C'est un des personnages clé de l'Oeuvre de Faulkner qui revient dans plusieurs de ses romans et nouvelles.
Le personnage gagne une dimension supplémentaire quand on sait que son attitude digne et quasi d'égal à égal vis à vis des Blancs s'explique par le fait qu'il est le petit-fils de Carothers Mc Caslin (grand propriétaire terrien Blanc et fondateur de "dynastie") et d'une esclave Noire.
L'intrigue est peut être un peu molle, comparée à "Furie", mais je ne pense pas que le propos de l'histoire soit de donner une vision coup de poing.
Elle est proche de l'esprit de Faulkner en ce sens qu'elle assume des moments de latence mais qui contiennent une puissance dramatique glaçante : le rassemblement ordinaire et quasi festif de la population en vue du lynchage; la violation de la tombe; le fratricide...
Je trouve que l'acteur Juano Hernandez est très convainquant en Lucas Beauchamp. C'est un des personnages clé de l'Oeuvre de Faulkner qui revient dans plusieurs de ses romans et nouvelles.
Le personnage gagne une dimension supplémentaire quand on sait que son attitude digne et quasi d'égal à égal vis à vis des Blancs s'explique par le fait qu'il est le petit-fils de Carothers Mc Caslin (grand propriétaire terrien Blanc et fondateur de "dynastie") et d'une esclave Noire.
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Re: L'intrus (Clarence Brown, 1949)
Intruder in the Dust (L'Intrus, 1949) de Clarence Brown avec Juano Hernandez, Claude Jarman Jr., David Brian et Elizabeth Patterson
Dans une petite ville du Mississippi, Lucas Beauchamp (J. Hernandez), un fermier noir, a été arrêté pour le meurtre d'un blanc. Toute la population se rassemble autour de la prison pour organiser son lynchage. Mais, le jeune Chick Mallison (C. Jarman Jr.) va trouver Lucas avec son oncle avocat John Stevens (D. Brian). Il part la nuit pour déterrer le cadavre du mort et récupérer la balle qui l'a tué...
Avec cet Intruder in the Dust, Clarence Brown rappelle à ceux qui l'aurait oublié qu'il est bien plus qu'un simple 'studio director'. Embauché à la MGM en 1926, il est le réalisateur des stars maisons telles que Garbo et Crawford. Mais, en 1949, avec l'arrivée de Dory Schary comme producteur, les films MGM deviennent progressivement plus sensibles aux problèmes raciaux et sociaux de l'Amérique. Clarence Brown produit et réalise un plaidoyer anti-raciste sur un scénario de William Faulkner qui tranche avec ses films de pure divertissement. Le film est entièrement tourné à Oxford (Mississippi) la ville où habite William Faulkner. Il y a un désir d'authenticité et de sobriété remarquable à tous les niveaux dans ce film. Tout d'abord, il y a le personnage central Lucas Beauchamp, interprété avec dignité et charisme par le portoricain Juano Hernandez. Le cinéma américain de l'époque ne nous a pas habitué à voir un homme noir qui montre une telle fierté dans l'adversité. Alors qu'il est amené menottes aux poignets jusqu'à la prison devant une immense foule d'hommes blancs, il conserve sa dignité et toise du regard cette foule hostile. Il secoue même la poussière de son chapeau tombé à terre avant de la remettre. Vêtu comme un gentleman farmer, Il s'avance ignorant les regards haineux. Il possède une propriété et cultive sa propre terre et n'a pas l'intention de se laisser humilier. Cependant, il sait que ses chances de prouver son innocence sont faible. Aux yeux de la population, il est noir et forcément coupable. C'est sans compter le jeune Mallison (un Claude Jarman Jr. à l'air de petit oiseau effrayé) qui va tout faire pour l'aider. Les rapports en Mallison et Beauchamp sont d'ailleurs teintés d'une ambiguité étonnante. Il a rencontré Lucas après être tombé dans un trou d'eau gelé et celui-ci lui a offert l'hospitalité. Il a refusé toute aumône après ce beau geste. On sent un mélange de crainte et de gratitude chez cet adolescent blanc, élevé dans une famille du cru. Il va partir dans une expédition dangereuse la nuit tombée en compagnie du fils noir d'une domestique et d'une vieille dame excentrique Miss Habersham, jouée par la vétérante Elizabeth Patterson. Partis pour déterrer le cadavre de la victime, ils trouvent une tombe vide. A partir de ce moment-là, son oncle avocat commence à croire à l'innocence de Lucas. Ce bled perdu du Mississippi est rempli de personnages illettrés et racistes qui tueraient père et mère pour de l'argent. Le vieux Ned Gowrie (Porter Hall) est manchot, mais il a un pistolet caché dans sa chemise qu'il reboutonne systématiquement après l'avoir rangé. Il est le père du mort, lui aussi à la recherche du meurtrier. Tout ce petit monde nous replonge dans cette Amérique du sud profond qui vit encore comme au siècle dernier. Clarence Brown choisit une sobriété totale dans ce récit, sans jamais chercher d'effets de manche. Mais, les images en disent plus qu'un long discours. Il suffit de voir la cohue des voitures qui convergent vers la ville dans l'attente du lynchage qui apportera un 'divertissement' bienvenu, comme une sorte de fête foraine. La vieille Miss Habersham réussira à empêcher le lynchage de Lucas en se plantant devant la prison avec son tricot. Les forcenés reculent face à sa détermination. Brown évite toute sensiblerie ou sermon. Il montre simplement la couardise de ces 'justiciers'. Lucas sera finalement innocenté. Et il tiendra encore à payer son avocat, même une somme symbolique, pour conserver sa dignité d'homme. Il faut ajouter un mot sur la très belle photo noir et blanc de Robert Surtees, que l'on associe pas forcément au cinéma de Brown, mais qui se révèle un excellent collaborateur. Voilà un très grand film de Brown qui prédate de plus de treize années To Kill a Mockingbird et qui est, à mon avis, bien supérieur au film de Mulligan, par son propos et sa mise en scène.
Le film est maintenant disponible dans une copie restaurée de toute beauté chez Warner Archive. Attention, l'accent traînant du sud n'est pas toujours facile à comprendre. Mais, le film mérite qu'on fasse un effort.