L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Thaddeus
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L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Thaddeus »

Joe Wilson a écrit :L'Intendant Sansho

Chef d'oeuvre absolu, et cela faisait déjà quelques temps qu'un film ne m'avait pas aussi profondément remué.
Si le film est d'une beauté formelle sublime (quel sens du cadrage), j'ai surtout été saisi par la dignité humaine bouleversante qui s'en dégage. Le récit est d'une dureté implacable, la souffrance exprimée d'une intensité rare, mais Mizoguchi laisse toujours vibrer une étincelle de vie, d'une douceur inconsolable. Ce sont les préceptes du père qui transmet des valeurs à son fils, ou la complainte de la mère qui, éperdument, recherche ses enfants disparus.
J'ai ressenti à la fois une distance retenue révélatrice d'une rigueur morale impressionnante (en ce sens, L'Intendant Sansho s'écarte du mélodrame tant la vision de Mizoguchi sur le destin des êtres est sombre et sans concessions) et une sensibilité extraordinaire et écorchée qui donnent toutes deux une puissance rare au film, le rendant aussi très éprouvant.
Alligator a écrit :Sanshô dayû (L'intendant Sansho) (Kenji Mizoguchi, 1954) :

Déception. Après l'admirable Rue de la honte, je découvre un Mizoguchi à fort belle allure. Les plans sont magnifiques. Les paysages, les lumières sont même certainement beaucoup plus féériques que ceux de l'urbaine Rue de la honte.

Non, ce qui retient tristement mon attention c'est le jeu des comédiens que je jugerais volontiers moyen, dans les aigus, avec un effort constant pour aiguiser les comportements, un jeu saillant plus qu'ampoulé ou déclamatoire.

Ce que je jugerais encore plus volontiers méchamment c'est un élément qu'on retrouve déjà dans la rue de la honte, cette insistance chez Mizoguchi pour la prononciation du malheur. Une sollicitation un peu trop fatigante à la longue quand le message est déjà passé, le scénario en remet une couche et me lasse : arrivé à l'heure de jeu, j'ai senti les premières crampes me lacérer les muscles oculaires, notamment quand la mère commence à devenir folle au sommet de la falaise, les cheveux au vent mauvais de l'ile de Sado (elle porte bien son nom). On le savait déjà mais elle chante encore sa souffrance pendant que je continue de taire la mienne. Certes la tragédie familiale à laquelle on nous invite participe d'un jeu dramatique avec ses conventions émotionnelles et tout et tout, certes, n'empêche, ça finit par m'emmerder.

N'empêche encore que le film contient son lot de jolis/forts moments. Je retiendrais cette fois avec bonheur un véritable petit bijou de mise en scène, celle de l'enlèvement : un montage de maître, un jeu efficace, des cadrages et des plans hallucinants. Une scène somptueuse!
Anorya a écrit :L'intendant Sansho.
(attention je donne quelques spoilers)

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Ce jour là, j'étais parti pour me voir un film de Bunuel à la bibliothèque de ma fac (ouverte jusqu' a fin juillet) mais le lecteur dvd refusa d'accepter "Cet obscur objet du désir". Alors je me souviens qu'une poignée de Mizoguchi m'intéressaient et je jetai mon dévolu sur "L'intendant Sansho" justement. A la lecture de quelques notes et à la vision du film, je dois révéler si ça n'a pas encore été dit que Mizoguchi n'aime pas trop les enfants. L'histoire de base dont son scénariste Yoshidata Yoda s'inspire avait pour "héros" des enfants. Le réalisateur et son scénariste règlent le problème en faisant subtilement passer le temps au sein du film et faisant évoluer les enfants enfermés dans le camp de l'ignoble intendant Sansho comme esclaves en adolescents voire pré-adultes qui ont su garder leur âme d'enfant.

C'est donc un film moins sur la condition féminine chère à son réalisateur mais plus sur l'oppression comme base de la société à travers le portrait de Zuchio et sa soeur Anju que dresse Mizoguchi, ce qui ne l'empêche pas de livrer une fois de plus des portraits de femmes beaux à faire pleurer tant dans leur description sans faille que dans la pureté de leur actes et la noblesse de leurs sentiments. En témoigne LA scène magistrale du film où Anju choisit de faire diversion pour permettre à son frère de s'enfuir puis s'en va mettre inéluctablement fin à ses jours avec un calme et une résignation qui tiennent aux quelques notes d'une chanson d'enfance enseignée par leur mère. Une mère qu'on retrouvera à l'ultime fin du film dans une étreinte qui là aussi, fera fondre le plus endurci et cynique des spectateur (lequel ne regarderait pas vraiment du Mizoguchi je pense). Une fois de plus, le réalisateur Japonais livre un chef d'oeuvre. ;)
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Thaddeus
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

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De la piété à l’humanisme


L'œuvre de Kenji Mizoguchi est difficile à aborder et L'Intendant Sansho n'échappe pas à la règle. Tout ici, par l'effort conjugué de l'intelligence la plus vaste et de la sensibilité la plus profonde, concourt à la simplicité. Non pas la simplicité de l'ignorance, mais celle qui découle de la connaissance totale. C'est donc sur la manifestation de cette connaissance qu'il faut tenter de s’accrocher, c'est-à-dire sur la mise en scène. A contrario de La Vie d'O-Haru, Femme Galante ou des Contes de la Lune Vague après la Pluie, qui enchevêtraient plusieurs thèmes d'égale importance (amour, mort, liens familiaux, prostitution...), ce film-ci laisse guider linéairement sa narration par un thème central (la famille, qu’elle soit unie, désunie, perdue, retrouvée), et tous les autres courants (la condition des esclaves, des prostituées, des politiciens "dissidents") lui sont subordonnés. Son histoire se résume en un seul mot : mélodrame. Dans le Japon féodal du XIème siècle, un gouverneur de province révolté par les injustices des castes supérieures envers les paysans prend le parti de ces derniers. Cela lui vaut d'être destitué et exilé. Sa femme, son fils et sa fille partent le rejoindre six ans après. En cours de route, ils seront enlevés et vendus à l’encan comme esclaves : la mère en tant que courtisane dans une île, les enfants chez le terrible Sansho. Dix années s'écoulent. Le fils est devenu l'aide le plus féroce de l'intendant. Mais les reproches de sa sœur et des souvenirs d'enfance provoquent un retour sur lui-même. Il s'évade de cet enfer, se fait reconnaître par le premier ministre, est élevé à la dignité de légat, supprime l'esclavage, arrête son ancien maître et, cette mission accomplie, démissionne. Il retrouvera finalement sa mère infirme, mais sa sœur et son père sont morts. Est-ce un poème religieux sur la réincarnation des âmes, la dure nécessité du passage terrestre et l'unique chance de salut qui se trouve dans la conquête de soi ? Est-ce un film profondément humaniste, quasiment athée, glorifiant celui ou celle qui ose affronter l'ordre divin ? Ou bien une méditation philosophique sur la vie en tant qu’aventure cruelle et riche de tourments, que l’on traverse comme un songe et dont le sens nous échappe ? En vérité toutes ces interprétations coexistent.


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La manière dont Mizoguchi attaque un plan, sa façon de le tenir tel une note, pour sa seule valeur qualitative, est exaltante. Son art est quasiment d’ordre musical, jusqu’à sa tonalité grise, sa matité lumineuse éclairant l’image de l’intérieur, son sens inné de l’équilibre dans la composition : surfaces planes et lignes d’eau, glissements vocaux et visuels, poétique des espaces et des intervalles… Un plan, c'est, soudain mis à nu, révélé et jugé, le coup d'œil de l’artiste, sa prise de possession du monde. Plus celle-ci est aiguë et précise, lucide et clairvoyante, plus elle s'approche de l'essentiel : le mystère, qui ne peut naître que de la contemplation du soleil et de la vérité percée à jour jusqu'au tréfonds d'elle-même. Une branche d’arbuste brisée est instrument proustien du souvenir, des appels filés dans la nuit n’en finissent plus de résonner, et le fantastique apparaît en filigrane tout contre la cloison du concret. L’enjeu principal de la mise en scène réside dans une perception aiguë des choses qui révèle la simultanéité de deux ordres. D'une part, la réalité matérielle des apparences, l'univers physique des corps obéissant aux lois coercitives et brutales de l'existence. D'autre part, le monde tout aussi tangible de la vie intérieure, celui de la rêverie assoiffée de liberté, et peut-être, plus profondément encore, le monde des âmes. Tout le film va consister alors dans le conflit entre ces deux principes, pour aboutir à leur réconciliation. Un lent panoramique, au dernier plan de L'Intendant Sansho, embrasse dans une même harmonie panthéiste homme et nature. Cet antagonisme purement visuel se répercute sur l’architecture du scénario. Il faut que les personnages quittent le monde de beauté qui est révélé, au début, par une série d'évocations du passé, pour tomber à l'état d'esclaves. Auparavant, ils vivent une scène où la fragilité de cet univers sera vécue intensément et laissera en eux la trace de l'ineffable : celle où la famille cherche refuge près du lac. Mais, dès l'arrivée chez l'intendant, l'image se fait plus sèche, la dureté du réel semble l'emporter sur la part de l’imagination : prééminence de la terre et de la boue, rapports de force violents rendus par un décadrage (un tendon sectionné), joue d’un vieillard que la proximité des flammes dévore, hurlement d’une femme marquée au fer rouge. Cependant le rêve resurgit toujours, par un chant, un geste, une situation qui évoquent son souvenir. Et puis il y a le temps qui court, de mois en saisons, de saisons en années, et qui pourtant apparaît immobile, comme s’il n’était lui aussi qu’une illusion. De cette Orestie élégiaque célébrant les amours d’un frère et d’une sœur, de ce voyage périlleux de l’ombre à l’ombre, ne subsiste alors que le sillon furtif de la larme lourde glissant d’un visage, le bref scintillement d’une goutte de rosée ornant un pétale de chrysanthème d’automne.

Aller et retour incessant entre le présent et le passé, et d'un bout à l'autre du Japon, l’œuvre raconte l’itinéraire privilégié que ne cessera d'emprunter Mizoguchi à la fin de sa vie : celui d’un "militant" ayant retenu la quintessence de son expérience pour atteindre à une plénitude qui est loin d'être seulement esthétique (et pourtant les images enivrantes abondent : Tamaki et son immense chapeau parmi les herbes hautes, le chemin orné d'arbres majestueux et décharnés, le champ de susuki en fleurs remué par le vent…). Aucun compromis sentimentaliste ne vient entacher la pureté d'une expression dont le didactisme est éprouvé par la lucidité sociale et par le style. Car le film est aussi, très évidemment, un hymne à la bonté humaine, contre l'exploitation de l'homme par l'homme, fidèle en cela aux antécédents "marxistes" du cinéaste. L'abolition de l'esclavage n'est pas un vain mot dans un pays qui émerge à peine de la féodalité et du militarisme et qui croit encore aux vertus nouvelles de la démocratie occidentale. Zushio devient un emblème de nouvel humanisme, et son attitude répond à un passage de pouvoirs du Japon contemporain, des militaires tout-puissants aux héritiers d'une tolérance encore fragile et timorée. Même Morozane, figure de l’autorité officielle, ne manque pas de désigner les "samouraïs arrogants" qui ont eu raison des tentatives libérales du père de Zushio. Lutte entre le Bien et le Mal, L'Intendant Sansho n'est pas pour autant un film manichéen où tout serait bon "à gauche" et mauvais "à droite". Le réalisateur y exprime son intérêt pour le rôle de l'économie dans une histoire où la puissance de l'argent est considérable et se heurte sans cesse aux élans du cœur. Esclavagiste de choc, Sansho s'attire la faveur du ministre des Finances, un rapace parmi les rapaces, en monnayant la marchandise humaine selon son gré.


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Or, qu'oppose Mizoguchi à ce système inhumain, sinon précisément l'humanité ? Il a toujours été attentif au sort de la dignité : O-Haru la conservera jusqu'au bout de sa déchéance, et les amants de Chikamatsu seront crucifiés pour avoir placé leurs sentiments avant les codes absolutistes d'une société qu’ils avaient voulu ignorer. Ici, Zushio retrouve son sens de la miséricorde grâce à Anju, en cassant ces branches qui avaient déjà été brisées une première fois pour construire l'abri du voyage avec leur mère. Le parallélisme du temps engendre la réconciliation et la notion de magnanimité qui parcourt le film sans mièvrerie. En vérité, à aucun moment Mizoguchi ne met réellement en cause la logique féodale, sinon pour en stigmatiser les aspects les plus négatifs : la vengeance du protagoniste contre Sansho obéit d'ailleurs plus à la piété filiale qu’à un vrai sentiment de lutte des classes, et c'est au système revalorisé par sa réhabilitation et sa nomination au poste de gouverneur qu'il doit de mener à bien sa mission, en obéissant à l’enseignement de son père : "Sois dur pour toi-même, généreux envers les autres." Et encore : "Un homme fermé à la pitié n'est plus un être humain." Ce qui compte est la valeur de la transmission, et d’arriver soi-même à la voie de la maturité. Zushio poursuit sa recherche de justice en tournant la manifestation de son amour vers sa mère, dont le sort n'est pas plus heureux que celui de ses enfants. Cette quête culmine dans la poignante séquence finale où s’accomplit leur réunion : modèle parfait, aboutissement logique du mélodrame — et non du feuilleton comme pourrait le laisser croire une série de coups de théâtre qui sont en réalité de formidables coups de cinéma. Une silhouette à peine distinguée au fond du champ s’avère être la gentille prêtresse métamorphosée en sorcière ; la mère disparue revient sous les traits d’une prostituée ; le fils indigne dans la tunique d’un bonze bienveillant ; le gouverneur omnipotent devient un mendiant... Les poncifs n’en sont plus dès lors que, détournés par le talent de l’artiste, ils cessent d’appartenir à la logique superficielle d’un genre.

Une fois de plus et malgré les apparences, Mizoguchi dépeint les souffrances de la femme japonaise, prête à tous les sacrifices pour le frère ou le mari, y compris celui de sa vie. Formulation magnifique avec la mort d’Anju, vestale du temple sacré de la mémoire, qui marche lentement parmi les arbres de la forêt tandis que sa silhouette gracile s'enfonce dans une brume qui se révèle être un lac, et semble se dissoudre en son élément premier : l’eau, la substance même de l'âme, le lieu d’une réunion mystique. Elle s’immerge lentement sous la surface apaisante de l’étang, dont les ondes mouvantes et concentriques apparaissent comme les différents cercles du paradis bouddhique. Par ce plan d'une extrême simplicité, le film rejoint le processus de profondes rêveries poétiques. La scène, après celle de la "réminiscence" des roseaux tranchés pour l’abri, consacre aussi la fusion entre Namiji, le substitut de la mère à qui Anju passe le flambeau, et Tamaki, la vraie mère. Zushio est reconnu par le premier ministre grâce au talisman hérité de son père puis nommé gouverneur en mémoire de Masauji qui, mort entre-temps, est réhabilité. Ce faisant la mise en scène retrouve l’ampleur et la luminosité de la première partie, à nouveau bercée par la vision de l’eau, présente lorsque Zushio se recueille sur la tombe de son père, puis sur celle de sa sœur, et bien sûr lorsqu’il retrouve sa mère. Parallèlement le jeune homme poursuit le parcours initiatique qui le conduira à la sagesse, au mépris de la puissance et de la richesse. L’intendant est expulsé et les esclaves libres brûlent son domaine ; cet "écart" se solde pour Zushio par la destitution et le bannissement, à l’exemple de Masauji (auquel il ressemble étonnamment lorsque sur son cheval il reçoit la bénédiction de la foule). Le suspense déçu de la maison de passe est une ultime épreuve que le cinéaste inflige jusqu’au bout : l’ancienne Dame a été, dit-on, emportée par un raz-de-marée, et à peine l’évoque-t-on que le bruit des vagues est de retour. Le pêcheur solitaire, sur la grève déserte jonchée d’algues, continue en paix son travail. Tamaki, fantomatique, estropiée, aveugle, est enfin rejointe. Elle chante sa chanson, signe de reconnaissance, expression d'un sentiment et d'une communication avec l'être cher. Son écho cent fois répété ("Zushio… Anju…") s’accompagne d’un fondu-enchaîné qui relie les différentes étapes du temps et du parcours, avec toujours le rappel d'un geste symbolique qui suscite le flashback et son corollaire, le passage au présent. L’Intendant Sansho est donc la plainte vibrante d'un cinéaste qui dépeint et exalte les vertus de la compassion, sous toutes ses formes, du don de soi à la révolte, de la générosité à l'application d'un idéal. Il n’évite la noirceur extrême que par la décantation liturgique d’une forme dont les beautés lustrales d’églogue virgilienne le disputent aux vains supplices de l’enfer dantesque. Tout est beau, tout est noble dans ce film à la fois si éloigné et si proche de nous. Il serait inconvenant de parler d’exotisme : la misère a partout le même visage. Seule la condition de l’homme intéresse l’auteur, sa place dans l’univers, ses efforts pour se réconcilier avec sa destinée. C’est finalement un cri de tendresse et d’espoir qui s’élève de cette œuvre tissée de chagrins et de cauchemars. Incontestablement l’un des plus beaux sommets du cinéma japonais.


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Alexandre Angel
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Alexandre Angel »

Merci Thaddeus pour ce qui précède..
Chaque drame de Mizoguchi décline, à sa manière, une idée du poignant. Celle que L'Intendant Sanshô me fait retenir touche à l'évocation, qui reste inattendue dans le cadre du drame historique à costumes, d'une tragédie concentrationnaire. Autrement dit, parce qu'il n'a pas à se coltiner l'obstacle de l'irreprésentable, L'Intendant Sanshô est peut-être le plus beau film qui soit sur l'univers concentrationnaire, comme rupture traumatisante avec la vie d'avant. Celle que Primo Levi peinait à croire qu'elle avait existée quelques jours seulement après son arrivée à Auschwitz. L'Intendant Sanshô est "accessoirement" un grand film sur la nostalgie de la vie. La qualité particulière de l'émotion que le film dégage vient de cette universalité...et de sa propension à l'exprimer sublimement.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Watkinssien »

Les grandes forces dramatiques du film fusionnent en une harmonie remarquable. Tout a déjà été bien dit. Maintenant il faut le revoir, vite. :)
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Jeremy Fox »

L'une de mes plus grosses tristesses en tant que cinéphile : n'avoir jamais encore vraiment accroché au cinéma de Mizoguchi, pas plus à ce classique d'ailleurs. Seul bon souvenir : La Rue de la honte. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot et à la première occasion je retenterais le coup.
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Watkinssien »

Jeremy Fox a écrit :L'une de mes plus grosses tristesses en tant que cinéphile : n'avoir jamais encore vraiment accroché au cinéma de Mizoguchi, pas plus à ce classique d'ailleurs. Seul bon souvenir : La Rue de la honte. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot et à la première occasion je retenterais le coup.

Mizoguchi-Michael Mann, même combat... :twisted:
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Jeremy Fox »

Watkinssien a écrit :
Jeremy Fox a écrit :L'une de mes plus grosses tristesses en tant que cinéphile : n'avoir jamais encore vraiment accroché au cinéma de Mizoguchi, pas plus à ce classique d'ailleurs. Seul bon souvenir : La Rue de la honte. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot et à la première occasion je retenterais le coup.

Mizoguchi-Michael Mann, même combat... :twisted:

J'en connais qui ont vécu la même expérience avec Pialat :fiou: :mrgreen:
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Alexandre Angel
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :L'une de mes plus grosses tristesses en tant que cinéphile : n'avoir jamais encore vraiment accroché au cinéma de Mizoguchi, pas plus à ce classique d'ailleurs. Seul bon souvenir : La Rue de la honte. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot et à la première occasion je retenterais le coup.
Je reconnais moins accrocher aux évocations historiques genre 47 Ronins ou Héros sacrilège, trop tributaires de codes qui m'échappent. Mais les drames plus intimes, plus empathiques ou commisératifs : alors là, je crie grâce..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Watkinssien »

Jeremy Fox a écrit :
Watkinssien a écrit :

Mizoguchi-Michael Mann, même combat... :twisted:

J'en connais qui ont vécu la même expérience avec Pialat :fiou: :mrgreen:
A la différence, c'est que je déteste le cinéma de Pialat, ça ne me rend pas "triste" de ne pas aimer ses films en général. Tout en respectant les admirateurs, cela va de soi. :)
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Jeremy Fox »

C'est donc encore pire que ce que je pensais. :twisted: :wink:

Désolé pour le HS
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Demi-Lune
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Demi-Lune »

Il va vraiment falloir que je me mette à Mizoguchi un de ces quatre...
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Strum »

Ah oui, les grands Mizoguchi (Les contes de la lune vague après la pluie, Les Amants Sacrifiés, L'Intendant Sancho, Miss Oyu) figurent parmi les Everests du cinéma. Les réalisateurs cités plus haut (Pialat, Michael Mann) ne boxent pas dans la même catégorie.
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Jeremy Fox
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Jeremy Fox »

Strum a écrit :Ah oui, les grands Mizoguchi (Les contes de la lune vague après la pluie, Les Amants Sacrifiés, L'Intendant Sancho, Miss Oyu) figurent parmi les Everests du cinéma. Les réalisateurs cités plus haut (Pialat, Michael Mann) ne boxent pas dans la même catégorie.
Ah. :|

Attention à ce genre d'affirmations qui ne veulent strictement rien dire d'autant que comparer ces cinéastes aussi différents...
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Demi-Lune
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Demi-Lune »

Strum a écrit :Ah oui, les grands Mizoguchi (Les contes de la lune vague après la pluie, Les Amants Sacrifiés, L'Intendant Sancho, Miss Oyu) figurent parmi les Everests du cinéma. Les réalisateurs cités plus haut (Pialat, Michael Mann) ne boxent pas dans la même catégorie.
A vrai dire, si je me tiens à l'écart du cinéma de Mizoguchi, c'est parce qu'une intuition me porte à croire que ça ne va pas m'emporter.
Je suis un peu dans la même configuration vis-à-vis d'Ozu.
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Alexandre Angel
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Re: L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi - 1954)

Message par Alexandre Angel »

Demi-Lune a écrit :
Strum a écrit :Ah oui, les grands Mizoguchi (Les contes de la lune vague après la pluie, Les Amants Sacrifiés, L'Intendant Sancho, Miss Oyu) figurent parmi les Everests du cinéma. Les réalisateurs cités plus haut (Pialat, Michael Mann) ne boxent pas dans la même catégorie.
A vrai dire, si je me tiens à l'écart du cinéma de Mizoguchi, c'est parce qu'une intuition me porte à croire que ça ne va pas m'emporter.
Je suis un peu dans la même configuration vis-à-vis d'Ozu.
De toutes façons, puisque tu cites les deux plus grands cinéastes japonais à mon sens, s'il y en a un qui pourrait t'emporter, ce serait Mizoguchi qui pouvait s'adonner au déchainement émotionnel via des travellings soudains accompagnés d'emballement de koto (sauf erreur, le nom de cet instrument traditionnel si moderne dans ses sonorités). Ozu n'est pas fait pour emporter : il se déguste sereinement, hypnotiquement. Il ne t'emportera pas mais éventuellement te rendra addictif. Wait and see :wink:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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