Entre les murs : 8.5/10
L'emploi du temps : 8/10
Ressources humaines : 7.5/10
Retour à Ithaque : 7.5/10
Vers le Sud : 7/10
Foxfire : 7/10
Retour à Ithaque - 2014
Eddy, Aldo, Amadeo, Rafa et Tania, cinq amis d'enfance cubains, la cinquantaine, se retrouvent en 2014 à la Havane pour une soirée sur le toit de l'immeuble où vivent Aldo, sa mère et son fils. Amadeo vient de rentrer d'Espagne après être parti de son pays natal voici une quinzaine d'années et c'est la première fois depuis qu'ils sont réunis tous les cinq. C'est l'occasion de se remémorer les souvenirs, bons ou mauvais de cette "période spéciale" qui ne fut pas une partie de plaisir pour le peuple cubain. Des rancœurs refont surface, des non-dits et des secrets éclatent au grand jour, des vérités blessantes sont jetées en pleine figure et chacun fait le bilan peu glorieux de sa vie. Ca pourrait virer au psychodrame, ça le fait d'ailleurs parfois, mais c'est surtout un film pétri d'humanité et souvent bouleversant. Chacun peut se révéler tour à tour haïssable et profondément humain et au bout de 90 minutes on s'est non seulement attaché à ces protagonistes mais on a l'impression de bien les connaitre. C'est évidemment grâce d'une part à une direction d'acteurs impeccable, à une mise en scène entièrement centrée sur ses protagonistes et bien sûr à des comédiens tous remarquables (mention spéciale pour moi à Jorge Perugorria). Un huis-clos tour à tour étouffant et touchant en même temps qu'une radiographie lucide et sans concessions de la société cubaine de ces 30 dernières années.
J'avais aussi écrit ces brefs avis :
Ressources humaines - 1999
Frank, 22 ans, étudiant parisien, revient à la maison familiale à l’occasion d’un stage qu’il doit effectuer dans l’usine où travaille son père depuis 30 ans en tant qu’ouvrier soudeur. L’étudiant est affecté aux services des ressources humaines alors que les négociations sur les réductions du temps de travail sont à peine entamées. Le nouveau ‘cravaté’ va être alors confronté de plein pied avec la réalité du monde du travail et vite s’apercevoir que dans la pratique, les grandes idées théoriques apprises à l’école sont difficile à mettre en place. Le jeune arriviste, au contact de son père et de ses découvertes sur le terrain va finir par s’humaniser...
A la lecture du résumé, on pouvait soit s’attendre à un film engagé chaussé de gros sabots du genre de ceux que réalisait Yves Boisset dans les 70’s et 80’s soit à un film austère et didactique. Il n’en est évidemment rien, Laurent Cantet, pour son premier long métrage, préférant les regards aux discours et le sentiment à la dialectique, englobant le tout dans une vérité documentaire et un réalisme tout droit hérités du cinéma de Maurice Pialat, les scènes familiales étant tout aussi justes que les scènes se déroulant à l’usine. On croit et on s’attache rapidement aux personnages parfaitement campés par des non professionnels si ce n’est Jalil Lespert méritant lui aussi tous les éloges. Cette histoire d’opposition syndicats/patronat pour les 35 heures est également une histoire de confrontation intergénérationnelle entre le père et le fils. Cantet nous parle de la difficulté à trouver sa place et surtout sa dignité au sein du monde ‘déshumanisé’ du travail à ce tournant du siècle. César amplement mérité de la meilleure première œuvre, Laurent Cantet saura ne pas se laisser enfermer dans ce cinéma social et frappera encore plus fort dès son deuxième film avec l’immense L’Emploi du temps. Il aura eu aussi le mérite de tirer derrière lui tout un courant francophone générant d’autres grandes réussites sur le monde du travail comme Violence des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout ou La Raison du plus faible de Lucas Belvaux même si ce n’est pas le sujet principal de ce dernier film. Une très grande réussite.
Entre les murs - 2008
Au moins la quatrième vision de ce film dont je ne me lasse pas et qui me fait vibrer à chaque fois ; la parfaite alchimie entre fiction et documentaire, des adolescents qui jouent leur rôle à la perfection et un François Begaudeau que je trouve extrêmement attachant (à tel point que je suis en totale empathie avec son personnage et que ça me fait vibrer tout du long). Mise en scène au diapason, d'une belle vitalité et utilisant paradoxalement fabuleusement bien le format large alors que la plupart des plans sont rapprochés, pour ce chef-d’œuvre du cinéma français (comme l'étaient déjà la plupart de ses films précédents). Une des Palmes d'or qui me tient le plus à cœur !