Ettore Scola (1931-2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Alexandre Angel »

ed a écrit :C'est un beau texte, souvent juste, mais intégrer Scola et pas Germi (pour lequel l'essentiel des généralités que tu énonces demeurent vrai, d'ailleurs) parmi les maîtres de la comédie italienne, c'est à mes yeux de l'ordre de la grande injustice.
Il y a aussi le fait que Scola, sans que cela ne soit désobligeant envers les autres mousquetaires qui avaient tous leur personnalité et leur talent spécifiques, cultivait farouchement une différence au sein du club qui en faisait une sorte de satellite, si proche mais aussi si loin des autres, courtisant une forme d'étrangeté rompant avec le prosaïsme de Risi, Monicelli et consorts.. Ettore Scola aimait les paysages mentaux, l'imaginaire, les configurations variées et abordées comme autant de paris à relever. D'où sa propension à "enfermer" ses histoires dans des lieux uniques, théâtralisant ses dispositifs comme pouvait aimer le faire Alain Resnais, ou même Robert Altman : La Terrasse, Le Bal, Une Journée particulière ou La plus belle soirée de ma vie répondent à cette description. Sans que cela ne minimise, encore une fois, le talent de ses confrères, il était celui qui donnait le plus l'impression de "faire du cinéma", féru de mouvements d'appareil inventifs, caressants, racés.. Mais surtout, chacun de ses films sonnait comme une expérience unique, interdisant la redite, nous emmenant ailleurs à chaque fois. Je crois que c'est ce que je retiendrais le plus d'Ettore Scola.
Et puis , il y avait chez lui un sens du spectacle assez affirmé. Pas ostentatoire, mais aiguisé, comme dans Une journée particulière, lorsque les immeubles dégorgent leurs chemise brunes, qui se rendent, fanfaronnant, à la grande messe de tous les fascismes. C'est de la pure mise en scène, tout cela !
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Strum »

Alexandre Angel a écrit :Sans que cela ne minimise, encore une fois, le talent de ses confrères, il était celui qui donnait le plus l'impression de "faire du cinéma", féru de mouvements d'appareil inventifs, caressants, racés.. Mais surtout, chacun de ses films sonnait comme une expérience unique, interdisant la redite, nous emmenant ailleurs à chaque fois. Je crois que c'est ce que je retiendrais le plus d'Ettore Scola.
Même si je vois ce que tu veux dire, j'ai un avis différent. Je n'ai vu aucun Scola qui m'ait donné la gamme d'émotions d'Une Vie difficile de Risi par exemple - qui est un film remarquablement mis en scène. Et si l'on quitte le registre de la comédie italienne (aucun des films de Scola que tu cites n'en est une) alors de même aucun Scola ne m'a ému autant que L'Incompris de Comencini. En termes de mise en scène pure, je suis loin de penser que la maitrise de Scola était supérieure à celles des trois autres larrons.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Strum »

Rick Blaine a écrit :Ce n'est pas le même ton. Dans le registre de la comédie "pure" (même s'il y a toujours un vrai fond dans les comédies italiennes), le Germi est presque inégalable. J'ai rarement autant ri que devant ce film.
Oui, c'est ce que je me suis laissé dire. Ce que j'aime dans les Risi, c'est d'abord leur ton mélancolique.
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Alexandre Angel
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Strum a écrit :Même si je vois ce que tu veux dire, j'ai un avis différent. Je n'ai vu aucun Scola qui m'ait donné la gamme d'émotions d'Une Vie difficile de Risi par exemple - qui est un film remarquablement mis en scène. Et si l'on quitte le registre de la comédie italienne (aucun des films de Scola que tu cites n'en est une) alors de même aucun Scola ne m'a ému autant que L'Incompris de Comencini. En termes de mise en scène pure, je suis loin de penser que la maitrise de Scola était supérieure à celles des trois autres larrons.
Je n'ai pas l'impression que nous soyons en désaccord. J'essaie de décrire ce que je ressens d'atypique chez Scola, qui le différencie des copains sans qu'il les surpasse pour autant.
Ils sont tous passionnants, tentent des choses gonflées (Le Grand Embouteillage pour Comencini, Ames perdues pour Risi), excellent dans divers registres, de gammes d'émotion. Mais Scola fait entendre des notes venues d'ailleurs dans sa partition.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Message par Strum »

Alexandre Angel a écrit :Je n'ai pas l'impression que nous soyons en désaccord. J'essaie de décrire ce que je ressens d'atypique chez Scola, qui le différencie des copains sans qu'il les surpasse pour autant.
Ils sont tous passionnants, tentent des choses gonflées (Le Grand Embouteillage pour Comencini, Ames perdues pour Risi), excellent dans divers registres, de gammes d'émotion. Mais Scola fait entendre des notes venues d'ailleurs dans sa partition.
Et tu fais bien de le décrire. Pris dans son ensemble, le cinéma de Scola, qui est le cadet de la famille venu tardivement au genre en tant que réalisateur après en avoir été scénariste, appartient moins naturellement au genre que celui des autres et en sort même complètement dans la deuxième partie de sa carrière. Ce n'est pas un hasard si son chef-d'oeuvre est Une journée particulière et pas une comédie italienne. C'était ta formulation ("donnait plus l'impression de faire du cinéma" que les autres) qui m'avait fait réagir.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Watkinssien »

Et encore, on peut en discuter. Pour moi, son chef-d'oeuvre est Nous nous sommes tant aimés, film d'une ampleur et d'une intimité encore plus fortes. Mais bon, j'adore Una Giornata Particolare, qui me bouleverse à chaque fois, donc je peux largement comprendre qu'on puisse le considérer comme tel.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par AtCloseRange »

Strum a écrit :
Alexandre Angel a écrit :Sans que cela ne minimise, encore une fois, le talent de ses confrères, il était celui qui donnait le plus l'impression de "faire du cinéma", féru de mouvements d'appareil inventifs, caressants, racés.. Mais surtout, chacun de ses films sonnait comme une expérience unique, interdisant la redite, nous emmenant ailleurs à chaque fois. Je crois que c'est ce que je retiendrais le plus d'Ettore Scola.
Même si je vois ce que tu veux dire, j'ai un avis différent. Je n'ai vu aucun Scola qui m'ait donné la gamme d'émotions d'Une Vie difficile de Risi par exemple - qui est un film remarquablement mis en scène. Et si l'on quitte le registre de la comédie italienne (aucun des films de Scola que tu cites n'en est une) alors de même aucun Scola ne m'a ému autant que L'Incompris de Comencini. En termes de mise en scène pure, je suis loin de penser que la maitrise de Scola était supérieure à celles des trois autres larrons.
J'ai finalement vu trop peu de Scola (4 ou 5) mais je le trouve également un ton en-dessous du reste des grands maîtres du cinéma italien qu'on cite généralement.
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Message par bruce randylan »

Parlons femmes (Se permettete parliamo di donne - 1964)

Petit cycle Scola à l'Action Christine en hommage à son décès récent, l'occasion de découvrir son premier film.

Il s'agit d'un film à sketch découpé en 9 segments où Vittorio Gassman joue le rôle clé masculin à chaque fois.
Pas un chef d'oeuvre mais ce film ne possède aucune partie faible ou ratée, ce qui est toujours un bon point Tout est bon niveau sans pour autant se hisser au niveau des références du genre. Dans l'ensemble le concept repose à chaque fois sur un idée plus ou forts et plus ou moins bien exploitée mais rarement transcendé.

Par exemple celui où Gassman retrouve un ami du collège car mariée à la prostituée qu'il vient de s'offrir est à la fois excellent et frustrant car il ne dépasse jamais son concept du client mal à l'aise devant un ami tout à fait conscient du métier de son épouse. Reste qu'on s'y amuse quand même beaucoup, ce qui reste le principal. :)

On croisera donc une femme qui se sacrifie en s'offrant à l'homme qu'elle craint de vouloir assassiner son mari (le seul où la réalisation se permet quelques audaces), un employé farceur et déluré dans la rue mais fourbu et éreinté dès qu'il franchit le seuil de sa maison, un frère timide qui va voir l'homme qui "déshonnoré" sa sœur et en profite pour suivre les conseils du Don Juan, un prisonnier qui bénéficie d'un permission de deux jours pour aller voir sa mère agonisante (mais manigancée par sa mère qui a une autre idée en tête)...

Le dernier est aussi l'un des meilleurs (et des plus longs) où un séducteur est constamment refroidi par sa maîtresse qui trouve à chaque fois une excuse pour changer d'endroits et donc retarder leur passage à l'acte.
Les situations s'enchaînent avec une belle mécanique jusqu'à une chute très drôle et réjouissante.

Sympathique pour un premier film mais pas mémorable pour autant. La prise de risque est minime et se repose sur son comédien en grand forme il faut dire.

Le film a été restauré récemment en 2K par le CNC mais je vois mal les "éditions cinématographiques" (qui ont toujours les droits) en faire un blu-ray :?
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par ed »

J'aime beaucoup ce film, parmi les plus homogènes en effet dans le registre, très couru à l'époque, du film à sketchs courts (type Les Monstres)
Le premier m'a assez épaté, tant il évoque le western spaghetti, alors qu'en 1964, le film en est encore à ses balbutiements (et la chute, quoique prévisible, est irrésistible).
Le sketch du prisonnier qui revient chez lui fait partie de mes préférés : les 5 dernières minutes (le voisin qui regarde par la fenêtre, le prisonnier qui repart, la visite au parloir, la berceuse avec son codétenu) sont absolument géniales.
Aucun sketch ne m'a paru vraiment faiblard, et même s'ils se limitent parfois à une unique idée, celle-ci est excellente (le type qui attend les prostituées pour rentrer chez lui :lol: ).
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par bruce randylan »

ed a écrit :le type qui attend les prostituées pour rentrer chez lui :lol: .
Très bon celui-là :mrgreen:

Le prisonnier, il lui manque un petit truc pour en faire un morceau anthologique mais je sais pas vraiment quoi. Peut-être une durée un peu plus longue car j'ai trouvé que la berceuse finale était un peu précipitée. Mais l'idée est excellente entre tendresse et cynisme.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Kevin95 »

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CHE STRANO CHIAMARSI FEDERICO (Ettore Scola, 2013) découverte

Hommage d'Ettore Scora à son grand frère spirituel et mentor Federico Fellini. Ni un documentaire ronflant sur la vie du maestro ni un film de fiction du genre "j'y étais" mais un souvenir filmé, entre reconstitution d'une jeunesse et jeux narratifs avec des extraits de films. Le témoignage est touchant car on sent bien que derrière la marque Fellini, Scola aime à se rappeler de sa jeunesse de dessinateur au sein du journal Marc'Aurelio et des débuts de ce qu'on appellera rétrospectivement "la comédie à l'italienne" avec l'évocation d'anciens camarades du canard comme Steno (réalisateur) ou encore le duo Age-Scarpelli (véritable aigle à deux têtes des scripts du cinéma transalpin des années 60-70). Se rappeler aussi que l'ami Federico était un être qui lui était chère, avec ou sans film. Avec c'est mieux et Scola revient sur le gout du mensonge de son ainé, son amour de Rome, la difficulté de le faire tourner même en coup de vent dans C'eravamo tanto amati et leur acteur/ami commun Mastroianni. Non sans malice, le cadet distingue l'iconisation de l'acteur chez Fellini et son aspect grotesque lorsqu'il tourne chez lui (avec match retour dans La Nuit de Varennes puisque Fellini ne l'a pas pris pour son Casanova). Si je voulais être cruel, je préciserai que la première partie est de loin la meilleure (la jeunesse en noir et blanc) car rarement évoquée et superbement photographiée quand la deuxième partie, joue avec l’esthétique fellinienne avec maladresse (l'image numérique et le budget modeste donne une texture télévisuelle aux séquences). Si je voulais être sinistre, je parlerais d'un dernier coup de marteau sur le tombeau de l'age d'or du cinéma italien et pour le coup, je ne peux que l'être, sinistre, car il s'agit ici du dernier film de Scola. La fête est finie, on range les chaises, on éteint les lumières et on se rappelle des grands maitres. Fellini ? Pourquoi pas. L'hommage se termine comme 99,999 % des docu sur le réalisateur, c'est à dire avec la musique d'Otto e mezzo. C'est joli, gentil mais un crève cœur quand on pense que toutes les icônes de ce cinéma sont parties.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Max Schreck »

Juste pour partager la frustration au moment d'enfin découvrir Splendor, de réaliser que le DVD Gaumont à la demande ne propose que la VF. Alors oui, les Italiens sont pas toujours subtils en postsynchronisation, mais je n'ai vraiment aucune envie de m'imposer en 2017 du Mastroianni et du Troisi doublés.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Jeremy Fox »

Max Schreck a écrit :Juste pour partager la frustration au moment d'enfin découvrir Splendor, de réaliser que le DVD Gaumont à la demande ne propose que la VF. Alors oui, les Italiens sont pas toujours subtils en postsynchronisation, mais je n'ai vraiment aucune envie de m'imposer en 2017 du Mastroianni et du Troisi doublés.

Ah oui là ce n'est pas cool du tout :|
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Kevin95 »

Les Gaumont découverte proposent rarement la VO pour les co-productions italiennes. Il faut parfois attendre la (re)sortie dans une édition dite "normale" (c'est le cas pour Splendor), même si une ressortie BR ne garantit pas forcément la présence d'une version italienne (exemple Minnesota Clay).
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)

Message par Max Schreck »

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La Nuit de Varennes, 1982
C'était l'époque des ambitieuses coprods européennes en costume de la Gaumont de Toscan Du Plantier. Et si on a bien ici un casting à première vue hétéroclite, il s'avère pleinement justifié puisque la nationalité des acteurs correspond précisément à celle des personnages qu'ils incarnent. Ça donne à cette plongée dans le passé une saveur assez authentique, d'autant plus qu'on est bercé par des dialogues et une langue pleins d'esprit et de politesse de gens bien élevés. Entre Mastroianni en Casanova formidablement touchant et écrasé sous le poids de son habit et de sa nostalgie, Hanna Shygulla que j'aurais rarement vu aussi joliment filmée, Harvey Keitel en philosophe progressiste, en passant par un Jean-Louis Barrault incroyable de vitalité, c'est un régal de passer du temps au milieu de cette troupe. Il faudra juste passer sur une mise en place un poil longue où on est un peu perdu, en quête d'un point de vue, mais une fois que ça démarre, le voyage est étonnamment agréable.

Le film est en fait une longue promenade, un road movie au rythme forcément tranquille d'une diligence. J'ignorais totalement le traitement choisi par Scola et son coscénariste Sergio Amidei pour raconter la fuite de Louis XVI, et j'ai adoré le principe de n'aborder finalement la Grande Histoire que par la marge, en décalant très légèrement le point de vue pour ne pas montrer le protagoniste royal mais plutôt s'intéresser à ceux qui le suivent (soit le même principe qu'Une journée particulière). C'est l'occasion d'assister à des discussions passionnantes et étonnamment apaisées sur les idéaux de la Révolution, de commentaires non dénus de pertinence sur ce monde en train de changer, loin de Paris, des clichés et d'une vison surdramatisée de l'événement. On est avant la Terreur, à un moment où il n'est pas encore question de mettre à bas la Monarchie. Pas du tout écrasé par les gros moyens dont il dispose (vastes et convaincants décors extérieurs, figurants et costumes), Scola se montre toujours super précis dans sa mise en scène, s'offrant même quelques libertés de style avec des petits apartés qui viennent interrompre le récit. Et j'ai beaucoup apprécié la musique symphonique d'Armando Trovajoli, qui intervient régulièrement pour colorer les images d'une tonalité doucement mélancolique.
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