Ettore Scola (1931-2016)
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Le master diffusé hier est le master HD réalisé par René Château dans l'optique de la diffusion sur Arte de début 2015. Vous m'apprenez que le film devrait être en sépia, et c'est bien le cas sur le Criterion supervisé par Scola et Tovoli. Bref, l'ami René a, encore, fait n'importe quoi.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Sur le DVD René Chateau (vérifié à l'instant), le film est bien en sépia...Cinzano a écrit :Ça ne m'a pas plu non plus, tellement ce sépia fait sens.
C'est la version sépia qu'avait diffusée le Cinéma de minuit en juin 2008, et d'après les captures qu'on trouve sur le web, cette colorimétrie est également respectée sur le Blu-ray Criterion sorti en octobre 2015. Je ne sais pas d'où provient la version de ce soir (mais signalons que le film était suivi de la mention "Une sélection René Chateau"...).
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Vu également en rattrapage (Arte propose les films en replay+7 desormais alors que ce n'était pas le cas auparavant, je ne sais pas à quoi est dû ce changement). En enlèvant le contexte historique fort, le film fait beaucoup penser au Sur la route de Madison de Eastwood. Il serait étonnant que Meryl Streep n'ai pas vu le film.Alexandre Angel a écrit :Je suis en train de revoir Une Journée particulière sur Arte
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Une Journée Particulière, c'est vraiment le chef-d'oeuvre de Scola. Un film magnifique.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Oui, il y a des sortes de liens secrets entre certains films. j'aime bien ça..Supfiction a écrit :En enlèvant le contexte historique fort, le film fait beaucoup penser au Sur la route de Madison de Eastwood. Il serait étonnant que Meryl Streep n'ai pas vu le film.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Je dirais qu'il y a une parenté entre les deux personnages féminins, mais entre les deux films, cela me parait moins évident.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
La comparaison a son charme mais aussi ses limites, on est d'accord. (surtout en sépia )Strum a écrit :Je dirais qu'il y a une parenté entre les deux personnages féminins, mais entre les deux films, cela me parait moins évident
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
J'ai improvisé un petit texte à l'occasion de la mort de Scola que j'ai posté sur mon blog. Je finis par y parler davantage de la comédie italienne au sens large et moins de Scola lui-même, mais au cas où cela pourrait intéresser je le reproduis ici :
Ettore Scola est mort le 19 janvier 2016 après une vie bien remplie. Des quatre maîtres de la comédie italienne (les trois autres étant Dino Risi, Mario Monicelli et Luigi Comencini), il fut non seulement le plus jeune (il avait 15 ans de moins que les autres), mais aussi celui dont l'oeuvre (plus réduite) appartenait le moins au genre de la comédie italienne. Son chef-d'oeuvre, le magnifique Une Journée Particulière (Mastroianni et Sophia Loren y sont prodigieux) est un drame historique, et son film le plus marquant, Nous nous sommes tant aimés, qui reflétait à travers une chronique de la vie d'un groupe d'amis les désillusions de Scola sur l'évolution de la société italienne, n'appartient qu'indirectement au genre. Quant à sa comédie italienne la plus célèbre, Affreux, Sales et Méchants, elle ne se hisse pas au niveau des pépites de la comédie italienne. Enfin, tous ses derniers films ont partie liée avec l'Histoire (d'Italie ou de France) qu'ils interrogent avec mélancolie. Scola sonnait la fin de la partie.
Scola fut d'abord caricaturiste de presse (il évoqua ses débuts en 2013 dans Qu'il est étrange de s'appeler Federico, le très beau documentaire qu'il consacra à son ami Fellini). Cela seul augurait de la suite et rappelle que ce que l'on a appelé "comédie italienne" consistait à caricaturer la réalité sous la forme d'une satire ayant pour ambition de dénoncer les compromis et les injustices de la vie réelle. La comédie italienne prolongeait ainsi le néo-réalisme d'après-guerre (elle n'est pas apparue "en réaction" à lui) en lui adjoignant un esprit caustique venu de plus loin, de la comedia dell'arte italienne et de son goût de la farce et des personnages typés (toutes proportions gardées, cette évolution n'était pas sans rappeler celle que l'on aperçoit dans certaines nouvelles de Maupassant particulièrement caustiques qui prolongeaient dans la satire le réalisme de Flaubert - une nouvelle comme En famille, avec cette mère que l'on croit morte, ce qui déclenche toute une série d'actions tragico-comiques autour de son héritage, et qui ressuscite ensuite à l'effroi de tous, ressemble ainsi à un premier traitement de comédie italienne).
Les quatre mousquetaires de la comédie italienne étaient engagés à gauche, selon la formule consacrée, et Monicelli et Scola étaient des communistes déclarés membres du parti communiste. Leurs films rendaient compte de leurs désillusions et peut-être d'une certaine rancoeur quant à l'évolution de la société italienne dans les années 1960 et 1970, dans le sillage des intellectuels de l'époque dénonçant la société de consommation. A défaut de grand soir, on pouvait bien rire du spectacle donné par la société, en se gaussant des opportunistes de tous poils, du machisme du mâle italien, des donneurs de leçons et des contempteurs de la pauvreté, sans oublier de s'inquiéter de possibles dérives fascistes, tout le monde (un principe sain) en prenant pour son grade. Le monde devenait une grande scène de théâtre. C'était au spectateur de tirer la leçon du spectacle qui lui était ainsi donné, sans mode d'emploi ni morale explicite (à rebours du Goldoni moraliste des Rustres), et de conclure que ces caricatures d'italien n'étaient pas étrangères à certains travers qu'il pouvait observer autour de lui ; mais aussi sans doute aux siens. Les personnages typés et récurrents étaient fort logiquement incarnés par les mêmes acteurs, Alberto Sordi, Vittorio Gassmann, Ugo Tognazzi et Nino Manfredi faisant assaut de talent pour donner au genre d'inoubliables visages. La comédie italienne finit par s'approcher dans les années 1970 d'un humour noir particulièrement corrosif et excessif où il n'y avait plus grand monde à sauver (Le Grand Embouteillage et L'Argent de la vieille de Comencini, Affreux, Sales et Méchants de Scola, Les Nouveaux Monstres de Risi, Monicelli et Scola). On pourrait écrire que l'excès était consubstantiel au genre, mais je crois au contraire qu'il mourut de ses propres excès. Et c'est plutôt en accueillant la sensibilité particulière de chacun des cinéastes qui firent sa réputation, sensibilité qui transcendait le genre et lui conférait diverses facettes, que la comédie italienne a atteint ses sommets (la mélancolie et la lucidité de Risi dont témoignent les superbes Une Vie Difficile et Le Fanfaron mais aussi Au nom du peuple italien ; l'empathie inquiète de Comencini pour ses personnages, qui transperce dans La Grande Pagaille et ses films sur l'enfance qui l'éloignèrent du genre ; l'attrait de Monicelli pour les communautés qui s'affirme dans ces odes à l'amitié que sont La Grande Guerre et Mes Chers Amis ; le goût de comprendre comment on en était arrivé là que révèlent les chroniques historiques d'Ettore Scola).
Ettore Scola est mort le 19 janvier 2016 après une vie bien remplie. Des quatre maîtres de la comédie italienne (les trois autres étant Dino Risi, Mario Monicelli et Luigi Comencini), il fut non seulement le plus jeune (il avait 15 ans de moins que les autres), mais aussi celui dont l'oeuvre (plus réduite) appartenait le moins au genre de la comédie italienne. Son chef-d'oeuvre, le magnifique Une Journée Particulière (Mastroianni et Sophia Loren y sont prodigieux) est un drame historique, et son film le plus marquant, Nous nous sommes tant aimés, qui reflétait à travers une chronique de la vie d'un groupe d'amis les désillusions de Scola sur l'évolution de la société italienne, n'appartient qu'indirectement au genre. Quant à sa comédie italienne la plus célèbre, Affreux, Sales et Méchants, elle ne se hisse pas au niveau des pépites de la comédie italienne. Enfin, tous ses derniers films ont partie liée avec l'Histoire (d'Italie ou de France) qu'ils interrogent avec mélancolie. Scola sonnait la fin de la partie.
Scola fut d'abord caricaturiste de presse (il évoqua ses débuts en 2013 dans Qu'il est étrange de s'appeler Federico, le très beau documentaire qu'il consacra à son ami Fellini). Cela seul augurait de la suite et rappelle que ce que l'on a appelé "comédie italienne" consistait à caricaturer la réalité sous la forme d'une satire ayant pour ambition de dénoncer les compromis et les injustices de la vie réelle. La comédie italienne prolongeait ainsi le néo-réalisme d'après-guerre (elle n'est pas apparue "en réaction" à lui) en lui adjoignant un esprit caustique venu de plus loin, de la comedia dell'arte italienne et de son goût de la farce et des personnages typés (toutes proportions gardées, cette évolution n'était pas sans rappeler celle que l'on aperçoit dans certaines nouvelles de Maupassant particulièrement caustiques qui prolongeaient dans la satire le réalisme de Flaubert - une nouvelle comme En famille, avec cette mère que l'on croit morte, ce qui déclenche toute une série d'actions tragico-comiques autour de son héritage, et qui ressuscite ensuite à l'effroi de tous, ressemble ainsi à un premier traitement de comédie italienne).
Les quatre mousquetaires de la comédie italienne étaient engagés à gauche, selon la formule consacrée, et Monicelli et Scola étaient des communistes déclarés membres du parti communiste. Leurs films rendaient compte de leurs désillusions et peut-être d'une certaine rancoeur quant à l'évolution de la société italienne dans les années 1960 et 1970, dans le sillage des intellectuels de l'époque dénonçant la société de consommation. A défaut de grand soir, on pouvait bien rire du spectacle donné par la société, en se gaussant des opportunistes de tous poils, du machisme du mâle italien, des donneurs de leçons et des contempteurs de la pauvreté, sans oublier de s'inquiéter de possibles dérives fascistes, tout le monde (un principe sain) en prenant pour son grade. Le monde devenait une grande scène de théâtre. C'était au spectateur de tirer la leçon du spectacle qui lui était ainsi donné, sans mode d'emploi ni morale explicite (à rebours du Goldoni moraliste des Rustres), et de conclure que ces caricatures d'italien n'étaient pas étrangères à certains travers qu'il pouvait observer autour de lui ; mais aussi sans doute aux siens. Les personnages typés et récurrents étaient fort logiquement incarnés par les mêmes acteurs, Alberto Sordi, Vittorio Gassmann, Ugo Tognazzi et Nino Manfredi faisant assaut de talent pour donner au genre d'inoubliables visages. La comédie italienne finit par s'approcher dans les années 1970 d'un humour noir particulièrement corrosif et excessif où il n'y avait plus grand monde à sauver (Le Grand Embouteillage et L'Argent de la vieille de Comencini, Affreux, Sales et Méchants de Scola, Les Nouveaux Monstres de Risi, Monicelli et Scola). On pourrait écrire que l'excès était consubstantiel au genre, mais je crois au contraire qu'il mourut de ses propres excès. Et c'est plutôt en accueillant la sensibilité particulière de chacun des cinéastes qui firent sa réputation, sensibilité qui transcendait le genre et lui conférait diverses facettes, que la comédie italienne a atteint ses sommets (la mélancolie et la lucidité de Risi dont témoignent les superbes Une Vie Difficile et Le Fanfaron mais aussi Au nom du peuple italien ; l'empathie inquiète de Comencini pour ses personnages, qui transperce dans La Grande Pagaille et ses films sur l'enfance qui l'éloignèrent du genre ; l'attrait de Monicelli pour les communautés qui s'affirme dans ces odes à l'amitié que sont La Grande Guerre et Mes Chers Amis ; le goût de comprendre comment on en était arrivé là que révèlent les chroniques historiques d'Ettore Scola).
Dernière modification par Strum le 27 janv. 16, 18:52, modifié 2 fois.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
C'est un beau texte, souvent juste, mais intégrer Scola et pas Germi (pour lequel l'essentiel des généralités que tu énonces demeurent vrai, d'ailleurs) parmi les maîtres de la comédie italienne, c'est à mes yeux de l'ordre de la grande injustice.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Ah, c'est possible. Je n'ai vu aucun film de Germi à vrai dire ... c'est la rançon des textes improvisés et de mes lacunes cinématographiques. Je note les films de Germi dans ma liste de films à voir.ed a écrit :C'est un beau texte, souvent juste, mais intégrer Scola et pas Germi (pour lequel l'essentiel des généralités que tu énonces demeurent vrai, d'ailleurs) parmi les maîtres de la comédie italienne, c'est à mes yeux de l'ordre de la grande injustice.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Tu ne devrais pas être déçu ; une de mes plus belles découvertes de ces dernières années que le cinéma de Germi.Strum a écrit :Ah, c'est possible. Je n'ai vu aucun film de Germi à vrai dire ... c'est la rançon des textes improvisés et de mes lacunes cinématographiques. Je note les films de Germi dans ma liste de films à voir.ed a écrit :C'est un beau texte, souvent juste, mais intégrer Scola et pas Germi (pour lequel l'essentiel des généralités que tu énonces demeurent vrai, d'ailleurs) parmi les maîtres de la comédie italienne, c'est à mes yeux de l'ordre de la grande injustice.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
J'ai Divorce à l'italienne chez moi. Je commencerai donc par celui-ci.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Ma comédie italienne préférée, probablement.Strum a écrit :J'ai Divorce à l'italienne chez moi. Je commencerai donc par celui-ci.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Parfait, ce sera donc une bonne introduction à Germi, même si je serais surpris que le film vienne détroner Une Vie difficile de Risi qui est ma comédie italienne préférée. Mais il ne faut jamais dire jamais.ed a écrit :Ma comédie italienne préférée, probablement.
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Re: Ettore Scola (1931 - 2016)
Ce n'est pas le même ton. Dans le registre de la comédie "pure" (même s'il y a toujours un vrai fond dans les comédies italiennes), le Germi est presque inégalable. J'ai rarement autant ri que devant ce film.Strum a écrit :Parfait, ce sera donc une bonne introduction à Germi, même si je serais surpris que le film vienne détroner Une Vie difficile de Risi qui est ma comédie italienne préférée. Mais il ne faut jamais dire jamais.ed a écrit :Ma comédie italienne préférée, probablement.