Les Westerns 2ème partie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kiemavel
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Re: The Vanquished

Message par kiemavel »

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La ville sous le joug - The Vanquished (1953)
Réalisation : Edward Ludwig / Production : William H. Pine et William C. Thomas (Distribution : Paramount) / Scénario : Lewis R. Foster, Winston Miller et Frank L. Moss / Photographie : Lionel Lindon / Musique : Lucien Cailliet

John Payne (Rockwell 'Rock' Grayson), Jan Sterling (Rose Slater), Coleen Gray (Jane Colfax), Lyle Bettger (Roger Hale), Willard Parker (le capitaine Kirby), Roy Gordon (le docteur Colfax), Charles Evans ( Le général Hildebrandt) et John Dierkes (le général Morris)

Peu après la fin de la guerre de sécession, Rockwell Grayson, d'une grande famille du sud, revient chez lui à Galeston après des années d'absence à cause de la guerre puis de sa captivité dans une prison de l'Union. Il retrouve sa ville soumise à l'autorité de Roger Hale, un habitant de Galeston nommé administrateur civil par les vainqueurs et considéré comme un traitre par la plus grande partie de la population d'autant plus qu'il fait régner l'ordre par la terreur et qu'il est réputé détourner à son profit les impôts collectés. Grayson est accueilli à bras ouvert par les habitants sauf que contrairement à ce que la population attend, l'ancien notable puis ancien héros de la guerre déclare le plus vouloir combattre et que le sud doit accepter la défaite et aller de l'avant. Grayson va plus loin, il entre au service de Hale et devient le collecteur d'impôts du secteur, provoquant l'écoeurement chez les notables de la ville, y compris dans la famille de sa fiancée Jane qu'il a retrouvé après des années de séparation. Celle ci désapprouve l'attitude de Grayson tout en le défendant, l'aimant trop pour se résoudre à perdre totalement confiance en l'homme dont elle est éprise depuis l'adolescence. Cependant, Jane s'aperçoit que Grayson se rapproche de Rose Slater, la petite amie de Roger Hale…
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Voilà un western presque exclusivement urbain et presque sans action en dehors des 20 dernières minutes au cours desquelles on a bien quelques cavalcades et quelques coups de feu mais même dans ce long épilogue, l'aspect le plus intéressant ce ne sont pas les séquences d'action même si au moins une séquence pourra amuser. Les évènements se précipitent à partir du moment où l'inspecteur général des armées, le général Hildebrandt arrive sans s'être fait annoncé à Galeston pour contrôler les agissements de Hale, obligeant ce dernier à passer à l'action afin de se débarrasser des gêneurs : celui qui veut mettre le nez dans les comptes et celui qui le renseignait, et si possible en faisant coup double. À partir de là, entre le complot fomenté par les uns ; les trahisons des autres ou le retour dans le jeu de Jane (interprétée par une Coleen Gray qui est sous-utilisée jusque là par rapport aux autres têtes d'affiche), les évènements qui se succèdent entrainent une suite ininterrompue de retournements de situation assez plaisants. C'est qu'en dehors du personnage lisse et sans ambiguité de Jane ; de celui de Hale, l'arriviste sans scrupules ; les deux autres principaux personnages naviguent non pas dans un entre deux mais cultivent l'ambiguité et ce sont ces 4 personnages : cet arriviste ; ce faux traitre et leurs compagnes respectives qui présentent un peu d'intérêt dans ce western.
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Un peu du contexte (qui est cependant secondaire tant il ne faut rien prendre au sérieux dans cette petite entreprise). Ce film est l'un des nombreux westerns qui aura montré la période de l'après guerre de sécession dans le Sud ; et du point de vue du sud. Attention…on est dans un show qui était aussi un business et on ne veut se fâcher avec personne. On ne fait l'inventaire de rien… On nous montre simplement des gens se réunir dans les tavernes et exprimer leur rancœur ou leur sentiment d'humiliation suite à la défaite et en raison de l'occupation de la région par des troupes nordistes. Mais si on parle un peu de revanche et si quelques uns appellent à la résistance, c'est vite expédié pour présenter l'atmosphère qui règne en ville mais d'une part, on ne verra jamais aucune action engagée par de super résistants sudistes avec ou sans cagoules :wink: et dans l'autre camp, on ne voit absolument pas d'exactions commises par les vainqueurs…ou alors indirectement. Car ce n'est pas à un grand rouquin de Boston que les habitants de Galeston doivent leur malheur mais à un brave gars du pays puisque leur tyran, l'administrateur nommé par les autorités nordistes, c'est un natif de la ville, Roger Hale.
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Le portrait de cette crapule en habit est assez réjouissant, surtout que son interprète est l'excellent Lyle Bettger, l'un des mieux sapés des méchants de western. Il est excellent en arriviste sans scrupules, parti de rien et qui veut se goinfrer maintenant qu'il a pris une bonne place. Le personnage est posé dès la première séquence à Galeston. Hale, qui fait régner l'ordre par la terreur, ordonnant la pendaison des habitants de la ville et de sa périphérie qui refusent de se soumettre, assiste à une pendaison avec sa compagne Rosie Slater (Jan Sterling) qui commente de manière ironique le nouveau pouvoir de Hale en répondant à sa place à une question posée à son compagnon : "Lorsque vous avez grandi parmi ces citoyens, j'imagine qu'il est pénible pour vous de leur infliger ce traitement ?". Elle répond, sourire ironique aux lèvres : " Non, au contraire, il est heureux d'avoir plein pouvoir sur des gens qui autrefois ne lui auraient pas adressé la parole". Elle sait de quoi elle parle puisqu'elle même vient du même milieu modeste. La fille d'une lingère est elle aussi une arriviste cupide. L'ancienne pauvre jubile de son nouveau pouvoir, fière de recevoir Rockwell Grayson dans la vaste et luxueuse demeure qu'elle et son compagnon se sont appropriés et qui fut la demeure familiale des Grayson. Jan Sterling est formidable dans ce rôle où elle fait étalage d'une réjouissante arrogance de nouveau riche, ne dissimulant rien de son sentiment de revanche, elle qui a grandi en regardant de loin les riches familles aristocratiques du sud (et puis, je dis ça en passant mais dans le couple, c'est elle qui porte la culotte car il s'avère qu'elle est en réalité bien pire que ce pauvre Roger Hale qui n'est que son instrument).

L'ancienne cousette a quelques excuses car sa nouvelle arrogance n'est pas pire que celle des vieilles familles du sud dont on a un aperçu à travers la famille de Jane car le docteur Colfax (Roy Gordon) et son entourage sont assez ridicules (et je ne suis pas si sûr que c'était volontaire). Jane est en permanence en désaccord avec sa famille qui a rejeté Grayson depuis qu'il semble travailler pour le camp ennemi. Elle même, malgré des doutes ne va pas totalement perdre confiance en son fiancé…Coleen Gray est comme je l'ai dit plus haut sous utilisée dans un rôle assez insipide d'amoureuse qui passe malgré tout par des moments de doute et de colère vis à vis de Rock Grayson mais on la voit trop peu à part dans un final dans lequel elle fait son retour "dans la bagarre" (une séquence où la "gentille" Jane perd son sang froid et terrorise la "méchante" Rose est assez amusante…). Enfin je termine avec John Payne. Je le trouve en dessous de ses 3 principaux partenaires. Il n'en est qu'en partie responsable. La séquence d'ouverture où on nous montre Grayson, tout juste libéré de prison, face à un général nordiste devant lequel il rend compte des exactions commises par Hale, fait que d'emblée -même si ce n'est pas absolument formulé- on est prévenu que Grayson fait un travail d'infiltration et donc son personnage perd d'emblée ce qu'il aurait pu avoir d'ambiguité et ne peux pas être un de ces héros antipathiques que l'on s'est parfois plu à aimer. John Payne a tout de même quelques bonnes scènes avec les filles. Les scènes de romance avec Coleen Gray (le retour sur un lieu important de leur enfance) et celles avec Jan Sterling, romance également mais plus ou moins feinte et calculée ou l'un et l'autre cherchent à se rouler dans la farine…faute de mieux. DVD gravé (VF)

Coleen :
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Ensuite, j'ai voulu vérifier une hypothèse : Coleen Gray peut-elle paraitre laide ?

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dépitée et déçue pas plus
Jan :
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Supfiction
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Re: The Vanquished

Message par Supfiction »

Un bon petit western comme je les aime même si les codes du genre sont assez peu présents il est vrai, l'essentiel de l'action se passant dans de beaux salons en ville plutôt que dans la boue ou le désert, colt à la main. La réalisation est plutôt convenue mais le scénario est bien ficelé, je trouve.
Avant d'incarner Ike Clanton aux côtés de John Ireland/Johnny Ringo à O.K. Corral, Lyle Bettger était donc déjà un beau salaud et mérite amplement sa place au Basterds Hall of fame.
Il tient ici le rôle récurrent du médiocre qui profite de la guerre et de l'après-guerre pour prendre sa revanche contre les anciens puissants. Il y avait un peu le même dans Autant en emporte le vent (Jonas Wilkerson), dans Nord et Sud, et bien d'autres Thenardiers en tous genres.

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kiemavel a écrit :j'ai voulu vérifier une hypothèse : Coleen Gray peut-elle paraitre laide ?
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dépitée et déçue pas plus
La réponse est Non. Adorable. Elle a un petit air de Joan Fontaine dans ce film d'ailleurs. Ou de Veronica Lake en plus douce.

J'oubliais Jan Sterling. Beaucoup moins jolie mais parfaite dans un rôle de garce (elle aurait fait une actrice idéale de feuilletons en J.R. féminin). Elle jouait déjà je crois un sale rôle de femme vénale dans Le gouffre aux chimères.
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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Ce samedi, en lieu et place de la chronique d'un western, voici un imposant dossier signé Franck Viale sur le western et l'Histoire... ou les histoires.
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Re: Law and Order

Message par kiemavel »

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Law and Order de Edward L. Cahn (1932)
Produit par Carl Laemmle Jr. (Universal) / Scénario : Tom Reed et Richard Schayer - Adaptation et dialogue : John Huston d'après un roman de W.R. Burnett / Photographie : Jackson Rose / Montage : Philip Cahn

Avec Walter Huston (Frame 'Saint' Johnson), Harry Carey (Ed Brandt), Russell Hopton (Luther Johnson), Raymond Hatton (Deadwood), Ralph Ince (Poe Northrup), Russell Simpson (le juge Williams), Andy Devine (Johnny Kinsman)
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Accompagné de son frère Luther et de ses amis Brandt et Deadwood, Frame 'Saint' Johnson arrive à Tomstone dans l'espoir de trouver enfin une ville calme et tranquille où s'installer. Aussitôt arrivés, les 4 amis ne peuvent que constater le chaos qui règne dans une ville contrôlée par les frères Northrup avec l'appui du shérif local. N'en pouvant plus des meurtres commis impunément, un comité de citoyens dirigé par le juge Williams essaye d'embaucher Johnson afin qu'il nettoie la ville. Bien que réticent à reprendre l'étoile de Marshall, l'homme qui avait la réputation d'avoir pacifié plus d'une ville du Kansas, finit par accepter le poste…
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Bien que les personnages du roman Saint Johnson de W.R. Burnett puis ceux de l'adaptation cinématographique ne portent pas les noms des personnages "historiques", c'est bien la première version parlante du fameux Règlement de comptes à OK Corral qui est racontée ici. Walter Huston interprète le Wyatt Earp qui n'en porte pas le nom : Frame 'Saint' Johnson, accompagné de son frère Luther (Russell Hopton), d'un acolyte nommé Deadwood (Raymond Hatton) et d'un personnage qui est inspiré par Doc Holliday appelé Ed Brandt (Harry Carey). Le conflit qui va les opposer aux frères Clanton, ici appelé Northrup et à leurs complices, notamment le shérif de Tombstone, trouvera son épilogue lors d'un règlement de comptes qui n'a peut-être jamais été aussi spectaculairement mis en scène. Au delà de ce final extraordinaire, je précise tout de suite que ce western est devenu l'un de mes préfèrés des années 30, sinon mon préféré…

Il serait absurde de déplorer : le Technicolor, les décors soignés, la psychologie complexe des personnages, les seconds rôles pittoresques, les romances obligées, les belles partitions, etc, etc…c'est à dire tout ce qui est "arrivé "au genre par la suite ; ou bien, en ce qui concerne les petits arrangements avec l'histoire, il serait tout aussi absurde de regretter les recréations fantaisistes qu'aura produit Hollywood pour tenter de rajouter du brillant à ce qui avaient été en réalité probablement moins glorieux dans la construction américaine, le plus souvent pour le bien de spectateurs satisfaits du spectacle proposé. Mais si j'admire encore davantage, par exemple, La poursuite infernale qui est censé raconter les mêmes évènements, je trouve regrettable que le western américain n'ai pas plus souvent tenté de décrire avec cette austérité là l'ouest des temps héroïques. Car même si aucun film ne peut prétendre recréer absolument fidèlement l'atmosphère du vieil ouest, on a l'impression de se retrouver ici face à une reconstitution crédible de ce à quoi cette époque a pu ressembler. Dans ce western, la seule concession au spectacle provient de l'humour qui a été injecté par le jeune John Huston mais pour le reste, ce western est d'une grande austérité et d'une grande pureté : les décors minimalistes, gris et tristes sinon crasseux ; le refus de l'héroïsme ; l'absence de femmes et donc de romances (mais il semble que ça n'était pas prévu puisque c'est en raison de modifications apportées au code de censure lors de la production du film que toutes les scènes impliquant l'actrice Lois Wilson ont été coupées avant la sortie), etc…
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J'ai très vite été stupéfait de découvrir ce dont était capable au tout début de sa carrière Edward L. Cahn, le futur réalisateur d'innombrables nanards souvent épouvantablement bâclés (1). C'est après enquête que j'ai découvert que notre homme avait fait ses classes pendant plusieurs années auprès de cinéastes prestigieux, montant des films de Lewis Milestone, Paul Leni (L'homme qui rit) et 2 films de Paul Fejos. On peut sans douter déceler des traces de cet apprentissage dans les longues séquences peu découpées montrant les images du quotidien de l'ouest. Dans ces séquences "calmes", la caméra suit les personnages avec une certaine fluidité et beaucoup de douceur, par exemple dans les scènes filmées dans les chambres d'hôtel fréquentées par Frame Johnson et ses amis. Ce style contraste avec la dureté du milieu que nous montre le cinéaste car même si les scènes d'action sont rares, leur violence sèche et brutale s'apparente à celle que l'on pouvait voir dans les films de gangsters de la même époque (on pense aux "Robinson" ou aux "Cagney" des années 30). Les rares fusillades sont filmées extrêmement simplement mais avec beaucoup d'efficacité. Cahn décortique la mécanique du duel par ses montages secs et précis et en choisissant soigneusement ses angles en fonction des axes de tirs mais il filme simplement, sans fioritures et au plus près des personnages. Il les filme comme ils sont car dans cet ouest là, on ne tergiverse pas ; on ne s'intimide pas par la parole ou du regard. Les hommes font face à des situations qui mettent leur vie en danger et ils y font face froidement et avec efficacité.

Car on meurt de toutes les façons à Tombstone. Au bar, on peut être abattu dans le dos avec la bénédiction du shérif mais on peut aussi y mourir bêtement, tué accidentellement par l'assistant maladroit d'un shérif ou par un ami aviné. Les citadins ou ceux qui visitent la ville pour s'y amuser ne sont pas mieux servis car ils ne sont pas que les spectateurs impuissants de la violence des autres, tels ces citadins et ces cow-boys rigolards qui se rendent en ville pour assister narquois à la lutte entre les deux clans. Cela dit, la violence et notamment les duels sont rares dans ce film où l'on peut compter les scènes d'action car c'est plutôt une tension croissante que l'on ressent. Elle monte progressivement jusqu'à l'extraordinaire point culminant du célèbre règlement de comptes qui se termine dans les écuries de la ville. Dans cette longue séquence, la violence explose littéralement dans ce qui est peut-être la plus spectaculaire restitution de l'affrontement entre les deux clans. Cahn filme au coeur de la mêlée et cassant le rythme d'un film d'une grande fluidité jusque là en dehors des rares séquences violentes, l'ancien monteur se met à découper énormément ses plans, insérant entre les plans courts focalisés sur l'affrontement entre les adversaires, des points de vue subjectifs ou des plans très courts saisissants la terreur des chevaux parqués dans la grange ; tout ceci filmé dans une sorte de brouillard provoqué par les coups de feu. Du grand art !
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Dans ce film dur et âpre, les seuls moments de respiration proviennent de l'humour, souvent pince sans rire, surement amené par le jeune John Huston (25 ans), co-scénariste et auteur de l'adaptation et des dialogues. Bertrand Tavernier le regrettait (et d'autres semble t'il avec lui). On croit percevoir d'emblée une volonté sarcastique à travers certains dialogues aux doubles sens possibles ou en raison de quelques personnages grotesques (parmi les notables et membres du conseil de la ville de Tombstone, dans une séquence on voit deux jumeaux ridicules, sorte de Dupont et Dupond du far-ouest). Mais cette impression est surtout confirmée par deux séquences bien distinctes dans lesquelles l'humour perce encore davantage. Un cow-boy simplet (interprété par un tout jeune Andy Devine) qui avait tué accidentellement un de ses amis vient d'être condamné à mort. L'homme est tellement désespéré que pour accélérer les évènements, on sollicite Frame Johnson et celui ci avec le plus grand sérieux demande au jeune homme de se reprendre, de se comporter en homme, avant de tenter de le réconforter en lui disant qu'il sera le tout premier homme à être pendu légalement à Tombstone, à l'issu d'un vrai jugement, ce dont il devrait être fier. Le simplet finit par être convaincu et c'est fièrement qu'il monte sur la plate-forme où il est pendu ! L'autre personnage un peu maltraité est celui interprété par Harry Carey. On peut surement le prendre au sérieux mais ce personnage bas-du-front, toujours prêt à défourailler (même si son arme à lui, c'est le fusil) est au moins d'une scène amusante. Alors que notre homme est toujours prêt à en découdre (mais il est en permanence arrêté par Johnson), la seule fois où il a l'occasion de passer à l'action, il se déballonne. Alors qu'un édit interdisant le port d'armes à Tombstone est placardé en ville, Harry Carey et son acolyte vont faire leur première inspection en ville pour vérifier si la consigne est respectée et pour saisir les armes des récalcitrants. On voit alors Carey stopper son ami qui s'apprêtait à fouiller quelques membres du clan des Northrup (alors que juste avant, on les avait vu en train de dissimuler des armes) et il laisse donc passer ses pires ennemis sans les fouiller…pour aussitôt après aller jusqu'à fouiller le sac à main d'une "lady" et lui prendre son petit pistolet.

Un mot (obligatoire) sur l'interprétation de Walter Huston. On perçoit qu'on en était qu'au début du parlant à quelques mimiques ou rictus mais mis à part cette minuscule réserve, il est fantastique et "compose" peut-être le meilleur Wyatt Earp de l'histoire, surtout si on attend d'un acteur qu'on ne le voit pas jouer. Cette interprétation sobre (qui n'eut pas l'air de plaire suffisamment à Oscar) est "contredite" dans un final post règlement de comptes dans lequel Huston est spectaculairement prodigieux (2). Mais le reste du temps, le rôle n'est jamais caractérisé pour donner de bonnes scènes à la star. Son Marshall n'est pas un sur-homme, même pas un héros. Cet homme au regard d'acier, rude et froid est même encore beaucoup plus rustique que le type ordinaire -mais soigné :wink: - qu'interprétera pourtant sobrement Fonda dans le film de John Ford. Et la différence n'est pas seulement du au sentimentalisme du metteur en scène. Son Wyatt Earp était un homme auquel on pourrait encore s'identifier alors que je ne crois pas qu'on puisse s'identifier à Huston mais on est en droit ou en devoir de l'admirer. Je ne vois qu'un autre acteur qui aurait pu jouer ce Marshall et rivaliser dans ce registre là, c'est Gary Cooper. En 1 mot comme en 100 : indispensable…
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(1) Je connais surtout ses films noirs et apparentés mais j'ai beau pourtant beaucoup aimer le genre, même les plus réputés sont bâclés.

(2) Quelques précisions, mais en spoiler
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Le festival Walter Huston démarre en fait juste avant le règlement de comptes. Désespéré par la mort d'un premier proche, 'Saint' Johnson sort de chez lui alors que la nuit est déjà tombée et, hurlant comme un dément, il annonce aux passants terrorisés qu'il va nettoyer la ville. Cela vient après son lâchage par le conseil de la ville, présidé par le personnage interprété par Russel Simpson, qui estime que Johnson est allé trop loin dans sa volonté de faire respecter la loi et l'ordre. Après le règlement de comptes, c'est au grand soulagement de la population à la fois heureuse de voir la ville pacifiée mais surtout soulagée de voir partir l'intransigeant Marshall, qu'il quitte la ville sous les regards pétrifiés des habitants de Tombstone. Ce départ est filmé magistralement par Edward L. Cahn. Tandis que l'on entend le tintement des cloches de l'église, le metteur en scène cadre en contre-plongée 'Saint' Johnson, seul survivant de son clan. Dressé sur son cheval -une façon de montrer la supériorité morale de Johnson (ou au moins son sentiment à ce sujet) et son isolement face à la population- il rend son étoile avant d'annoncer son intention de poursuivre son oeuvre de pacificateur tant qu'il y aura des villes à nettoyer…
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Dans la série : mieux vaut tard...

Je vois que tu as bien aimé mais moi aussi finalement...C'est un petit western plaisant qui tient le coup surtout grâce aux personnages et à leurs interprètes. L'arrière plan historique et l'atmosphère de époque qui ont beaucoup été montrés dans le western sont bâclés. Lyle Bettger est un équivalent sudiste des carpetbaggers, l'un de ces types qui profitèrent du chaos pour tenter de s'enrichir et/ou pour faire une carrière politique…(et parfois les deux vont de paire ; si, si...) mais le personnage reste très schématique. Je me moque de la "vérité" historique mais il peut être utile de poser davantage une atmosphère. L'intrigue ? bof …Je maintiens qu'il aurait été plus malin de ne pas montrer d'emblée que Payne était un jaune. C'est peut-être en raison de son statut de tête d'affiche que les initiateurs du film n'en ont pas fait un sournois. D'ailleurs, même si l'on sait qu'il n'est pas réellement un allié du potentat local, on ne le voit jamais dans actes compromettants ou c'est juste suggéré par les quelques scènettes où on le voit "rançonner" les paysans, les exproprier, etc… Du reste, pour moi le personnage le plus intéressant c'est celui interprété par Jan Sterling. C'est par elle que passe le mieux l'aspect "revanche sociale" mais si elle est très bien, il y a aussi des petits ratés de ce coté là car son personnage est plus amusant qu'autre chose, surtout dans le final où entre deux trahisons, elle montre tout de même qu'elle serait prête à changer par amour mais manque de chance, ça tombe sur le personnage interprété par Payne qui ne pense qu'a se servir d'elle :wink: . Bilan : plaisant mais mineur.
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Re: Law and Order

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit : il est fantastique et "compose" peut-être le meilleur Wyatt Earp de l'histoire
Le meilleur Wyatt Earp c'est Kevin Costner, mec!

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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par homerwell »

Hop hop hop, et Henry Fonda, c'est du poulet !
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Re: Law and Order

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :
kiemavel a écrit : il est fantastique et "compose" peut-être le meilleur Wyatt Earp de l'histoire
Le meilleur Wyatt Earp c'est Kevin Costner, mec!

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...mais tu as vu Law and Order ou bien c'est une déclaration d'amour de principe ? :twisted: :wink:
homerwell a écrit :Hop hop hop, et Henry Fonda, c'est du poulet !
C'est mon acteur préféré mais à choisir, entre son Wyatt joli coeur et le rugueux Walter Huston, je garderais ce dernier...
Dernière modification par kiemavel le 15 déc. 15, 00:02, modifié 1 fois.
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Kevin95
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Kevin95 »

Oh non, ne me parlez pas du Kasdan... un supplice ce film ! :o
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Law and Order

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :...mais tu as vu Law and Order ou bien c'est une déclaration d'amour de principe ? :twisted: :wink:
De principe. Je ne l'ai pas vu non, j'ai même cru que tu parlais de Walter Pidgeon..

Dans les Wyatt Earp, j'ai en tête Henry Fonda, Burt Lancaster, James Garner, Kurt Russell et Joel McCrea (même s'il s'appelait Michel :lol: ). Malgré toute l'admiration que j'ai pour Henry Fonda et Burt Lancaster, je crois qu'ils incarnaient davantage le sherif éternel que le vrai Wyatt. Ce qui ne fait pas objectivement de Wyatt Earp un film supérieur.
Kevin95 a écrit :Oh non, ne me parlez pas du Kasdan... un supplice ce film ! :o
Je ne suis certes pas objectif. Le début est lourdeau je l'admets (en dépit de la présence de Gene Hackman) mais la fin me semble tout à fait honorable tant au niveau de la mise en scène que des acteurs : Costner bien sûr mais aussi surement le meilleur Doc Holiday incarné par Dennis Quaid.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Je n'ai pas revu le Kasdan depuis la sortie ciné alors je ne me prononcerais pas…

Quant au meilleur Wyatt Earp, puisque tu parles de shérifs de western, éternels ...et (je lis entre les lignes) plus ou moins interchangeables- et bien le Wyatt Earp de Walter Huston me semble plus authentique que les stars qui ont incarné le personnage après lui. Sur ce seul critère là, ça n'en fait pas le meilleur Earp…mais comme le film lui même est dans cet esprit là, ce film fut pour le western ma plus belle découverte de l'année. Jack Carter l'a intégré dans sa liste des découvertes Naphtas de cette année…C'est d'ailleurs comme ça que j'ai découvert que cette rareté avait été projeté au festival Lumière, sélectionné par Martin Scorsese ! Donc tu vois, y'a pas que moi qui le dit que c'est bien :wink:
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Re: The Last Command

Message par kiemavel »

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Quand le clairon sonnera - The Last Command (1955)
En 1830, le Texas, tout en faisant partie de la république du Mexique, est occupé par de nombreux colons américains qui s'y sont établis sur des terres concédées par le gouvernement mexicain. Mais les tensions sont vives entre ces colons et les autorités du pays. De passage à Anahuac, l'ex colonel Jim Bowie, qui avait combattu au coté du général Santa Anna, le président du Mexique, est sollicité par des colons pour obtenir la libération de l'avocat William Travis, leur porte parole qui avait été arrêté peu auparavant. Profitant de ses bonnes relations avec les administrateurs mexicains, Jim Bowie obtient la libération de l'avocat qui aussitôt libéré tente de convaincre les colons de créer une milice et de lutter contre le pouvoir despotique de Santa Anna. Bowie, voulant rester neutre et d'abord prudent concernant l'indépendance du Texas, s'attire la méfiance des plus virulents des colons, d'autant plus que sa femme est mexicaine et qu'il est devenu un riche propriétaire terrien du pays…
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Un clairon chasse l'autre ; après Les clairons sonnent la charge (2 pages en arrière), Quand le clairon sonnera…et après Little Big Horn, une autre obsession américaine : Alamo. Si Attaque à l'aube que j'ai aussi présenté quelques pages en arrière dans ce sujet était centré sur la personnalité de Sam Houston, ce film de Frank Lloyd -qui restera son dernier- l'était sur Jim Bowie. Le film de Lloyd n'est pas plus fidèle à l'histoire que de coutume -notamment en ce qui concerne l'origine de la révolte texane et ses raisons profondes- mais il est cependant moins manichéen que le film réalisé par John Wayne quelques années plus tard. Cela tient à la personnalité et au passé de Jim Bowie…tels qu'ils sont présentés ici.
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Bowie est en effet présenté comme un citoyen mexicain, Installé depuis longtemps dans ce pays, marié à la fille du vice-gouverneur de sa province et c'est aussi un ami personnel du général Santa-Anna (J. Carrol Naish), une amitié remontant à l'époque où ils avaient combattu ensemble pour l'indépendance du Mexique. Cette idée était intéressante car le personnage qui va, au moins pour un temps refuser de prendre parti, va ensuite profiter de cette neutralité et de ses bonnes relations avec les ennemis pour tenter de jouer les médiateurs. Avant cela, ses attaches mexicaines vont le mettre en difficulté vis à vis des plus radicaux des colons, surtout l'avocat William Travis (Richard Carlson) et le propriétaire terrien Mike Radin (Ernest Borgnine), qui exhortent les habitants de San Antonio à la révolte et veulent créer une milice…Évidemment le point culminant de ces divergences sera un duel au couteau (avec Borgnine).
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C'est qu'on le soupçonne de défendre ceux qui sont perçus comme des occupants alors que Bowie ne plaide que pour la prudence en partie en raison de la personnalité de Santa-Anna, qu'il connait parfaitement, et de la puissance de son armée mais il n'est pas écouté et il va alors être tenté de se tenir à l'écart du conflit d'autant plus qu'il connaitra un drame personnel suite à la disparition de sa famille dans une épidémie. Mais il est cependant bien souvent un des acteurs des nombreuses discussions politiques qui se tiennent pendant une bonne heure (ce qui nous donne l'occasion de croiser les grands acteurs historiques du conflit). D'abord réticent, Bowie va adhérer progressivement à la cause des Texans et va exposer leur position à son ami le général Santa Anna. C'est donc l'autre idée intéressante découlant de la première. Car l'adversaire n'est pas ici un méchant impersonnel ordonnant le massacre de glorieux texans se battant à 1 contre 100 mais un homme qui exprime à plusieurs reprises sa position.
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Cette volonté de montrer un ennemi humain est parfois un peu tarabiscotée car les dialogues entre Santa Anna (très bien interprété par J. Carrol Naish) et Bowie ne sont pas tout à fait à la hauteur de la situation. On en reste aux exigences de la fonction qui oblige à taper d'autant plus fort qu'on est menacé. En gros, c'est l'intransigeance des deux côtés qui conduit à la guerre...et c'est d'ailleurs un général mexicain subalterne qui fait définitivement éclater le conflit. Je crois qu'il est inutile de raconter la dernière partie du film…Tout le monde a vu Alamo. C'est pareil … en un peu moins spectaculaire. Le prestigieux vétéran Frank Lloyd, sorti de sa retraite de 10 ans l'année précédente pour réaliser Terreur à Shanghaï, aurait été aidé par William Witney pour cette longue partie finale (faut pas vieillir...)
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Un mot sur les interprètes. Sterling Hayden est en mode "bougon" mais paupières ouvertes et très bien inspiré. Il écrabouille Richard Carlson et finit donc par prendre la tête de la révolte et l'autre intelligemment se range derrière lui sans que Jim Bowie n'ai besoin de montrer son gros couteau. Ernest Borgnine, ce n'est pas le genre à se laisser impressionner (même si, couteau en main justement, il se prend une raclée) . C'est le petit taureau courageux toujours fiable au combat….mais faut pas lui demander de causer politique. Arthur Hunnicut (Davy Crockett) ne fait pas trop penser à un ancien membre du congrès et d'autre part la ressemblance avec Wayne est frappante :o (puisque la référence du rôle, c'est le Duke)…en revanche, il ressemblait au vrai Crockett. S'il se fait remarquer pour le coté rustique du personnage et pour ses réparties assez drôles, il casse quand même un peu l'ambiance…mais on a le droit d'aimer ça. Parmi les défenseurs d'Alamo on reconnait aussi : John Russell (le Lt. Dickinson), Slim Pickens, Jim Davis, Roy Roberts...Ils reçoivent le soutien d'un employé du seigneur : Russell Simpson (en pasteur ; re :o ). Avant le siège proprement dit, on avait aussi aperçu Stephen Austin (Otto Kruger) et dans l'épilogue, on découvre pour la seule et unique fois Sam Houston (Hugh Sanders) qui annonce la chute d'Alamo et jure que les Texans prendront leur revanche…Et c'est d'ailleurs cette revanche que l'on voit dans la partie finale de Attaque à l'aube (The First Texan) de Byron Haskin (1956).
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Par contre, le triangle amoureux : Jim Bowie ; Consuello de Quesada, fille d'un "indépendantiste" d'origine mexicaine et Jeb Lacey (le jeune Ben Cooper) est totalement inintéressant et semble totalement plaqué à l'histoire et les scénaristes n'ont su qu'en faire. Dans les + , je rajoute la superbe musique qu'on doit à Max Steiner et la chanson "Jim Bowie '' interprétée par Gordon MacRae. Pas indispensable mais intéressant pour le point de vue original sur Alamo. DVD gravé (vost)

Avec Sterling Hayden (Jim Bowie), Anna Maria Alberghetti (Consuelo de Quesada), Richard Carlson (William B. Travis), Arthur Hunnicutt (Davy Crockett), Ernest Borgnine (Mike Radin), J. Carrol Naish (le général Antonio Lopez de Santa Ana), Ben Cooper (Jeb Lacey), John Russell (Lt. Dickinson), Virginia Grey (Mme Dickinson), Jim Davis (Ben Evans), Eduard Franz (Lorenzo de Quesada), Otto Kruger (Stephen F. Austin), Russell Simpson (le pasteur), Slim Pickens (Abe), Hugh Sanders (Sam Houston)

La bataille :
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Dernière modification par kiemavel le 24 déc. 15, 16:25, modifié 2 fois.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

C'est le plus gros budget de la petite Republic pictures, un bon souvenir, vu à sa sortie . Pas de dvd français, mais un dvd espagnol 4/3, de médiocre qualité, en castillan, pas de VO, titre : La ultima orden.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :C'est le plus gros budget de la petite Republic pictures, un bon souvenir, vu à sa sortie . Pas de dvd français, mais un dvd espagnol 4/3, de médiocre qualité, en castillan, pas de VO, titre : La ultima orden.
Pour le plus gros budget de Republic, oui, mais encore insuffisant puisque tu dois savoir que c'était un projet de John Wayne (et de James Edward Grant, pour l'écriture il me semble) et même s'il existe plusieurs versions expliquant pourquoi le projet a capoté (entrainant son départ du studio) la plus plausible semble être le refus de Herbert Yates de lui accorder le budget qu'il estimait nécessaire. Je n'ai pas voulu retracer les vicissitudes du pré-tournage...

Republic avait déjà tourné "son" Alamo en 1939 : Man of Conquest avec également un bon petit casting. Tu connais ? (pas vu)

Je suis un peu surpris que tu ai gardé un bon souvenir de ce film car pour un ado j'imaginais que celui là aurait pu paraitre barbant car pendant plus d'une heure, on cause beaucoup, principalement de politique…T'étais (déjà ?) syndiqué à l'époque ? :o :arrow:

À suivre, 2 ou 3 Audie Murphy
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Showdown

Message par kiemavel »

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Le collier de fer - Showdown (1963)
Réalisation : R.G. Springsteen / Production : Gordon Kay (Universal) / Scénario : Ric Hardman / Photographie : Ellis W. Carter / Musique : Hans Salter

Avec Audie Murphy (Chris Foster), Kathleen Crowley (Estelle), Charles Drake (Bert Pickett), Harold Stone (Lavalle), Skip Homeier (Caslon), L.Q. Jones (Foray), Strother Martin (Charlie)
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Deux cow-boys, Chris Foster et Bert Pickett, arrivent en ville pour toucher leur paye. Bert fait part à son ami de son intention d'envoyer une partie de l'argent à sa petite amie Estelle qu'il a délaissé depuis des mois, des bonnes intentions suscitant le scepticisme de Chris qui semble avoir déjà entendu Bert faire ces belles promesses. Et de fait, Bert se saoule, joue sa paye à une table de poker, perd et provoque une bagarre à laquelle se mêle Chris et les deux hommes se retrouvent enchainés à un poteau sur la place de la petite ville en compagnie de Lavalle et ses hommes, des pilleurs de banque capturés le jour même. Profitant de l'obscurité, les voleurs préparent leur évasion. Au petit matin, se servant du poteau comme d'un bélier, ils défoncent la porte de la banque, puis avec les armes trouvées sur place ils abattent ceux qui s'interposent avant d'emporter le contenu du coffre. Profitant du chaos, à l'insu de Chris, Bert se saisit de 12 000 $ en bons au porteur oubliés par les voleurs, puis les deux hommes prennent la fuite de leur coté. Ils sont vite capturés par la bande et lorsque Lavalle apprend qu'une partie du butin leur avait échappé, il envoie Bert échanger les bons contre des dollars, retenant Chris en otage et menaçant de le supprimer si Bert ne revient pas...
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Entre 1945 et 1967, R.G. Springsteen aura réalisé plus de 100 westerns et celui ci doit être le meilleur que j'ai vu. Bon, en même temps, j'en connais 6 ou 7 mais plus sérieusement celui ci me semble au moins un des meilleurs westerns qu'Audie Murphy aura tourné au cours des années 60. J'expédie très vite la bonne petite idée de faire de la localité où débute l'action, une ville sans doute trop pauvre pour s'offrir une prison en dur et donc, faute de mieux, on y attache au cou de ceux qui enfreignent la loi des colliers de fer reliés par des chaines à un poteau de bois dressé sur la place de la ville. Un procédé assez barbare qui ressemble au pilori du moyen-âge mais ce n'est qu'anecdotique dans un film présentant plus d'une originalité. Je passe très vite sur les petits défauts du scénario car les motivations censées expliquer certains actes sont discutables mais pas non plus invraisemblables : la fuite de Chris et Bert après leur évasion forcée ; puis l'attitude du pourtant terrible Lavalle qui fait peut-être un peu trop facilement confiance à des inconnus et même à ses complices ; surtout que le procédé se répète, Bert et Chris échangeant leurs rôles puisqu'ils vont être chacun à leur tour libres mais assignés d'une mission dont la réussite conditionne la survie du compagnon gardé en otage. De toute façon, ce qu'en fait le scénariste est trop intéressant pour pinailler sur quelques petites interrogations sans doute superflues.
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Les personnages : Chris, le plus jeune des cow-boys, est la droiture même et il traine son ami Bert comme on traine un boulet. On sent d'emblée une certaine lassitude chez Chris mais lui même ne sait sans aucun doute pas à quel point Bert peut être faible, lâche et égoïste car il n'est pas seulement le brave type pas très malin et un peu faible capable de dilapider la paye de plusieurs mois à une table de poker et à ne pas savoir s'arrêter dès qu'une bouteille de whisky est débouchée. Même trahi une première fois par Bert, Chris lui restera loyal et il tentera à tous prix de sauver la vie de son ami. Le véritable révélateur de la personnalité de Bert, ce sera Estelle, son ancienne petite amie devenue danseuse et hôtesse d'un saloon (volontairement, je ne dis rien de son entrée dans l'histoire). La jeune femme se montre d'une autre manière aussi terrible que Lavalle tant elle est agressive et pleine de rancoeur ; le scénariste s'arrangeant -mais dans la logique du personnage- pour construire une fausse image d'Estelle afin que l'on l'on soit vis à vis d'elle comme l'est Audie Murphy qui est à priori du coté de son ami Bert et qui veut malgré tout avoir foi en lui. Chris va en tout cas avoir presque autant de problèmes avec Estelle qu'avec Lavalle et ses complices car la jeune femme ne manque pas de ressources. Je développe un peu mais en envoyant des coups d'avertisseur : "possibles spoilers" : C'est donc par Estelle que l'on apprend la réalité de la noirceur de Bert qui n'apparait qu'au fur et à mesure du récit ; ceci permettant de comprendre tout aussi progressivement l'attitude de la jeune femme bien décidée à jouer sa carte personnelle sans se soucier du sort réservé à Bert. Si les péripéties sont nombreuses, les deux principales conclusions sont attendues : le rapprochement entre Chris et Estelle … et la tentative de rachat tardive de Bert…
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Un mot sur les comédiens…On peut sans doute discuter des qualités de la méconnue Kathleen Crowley (que j'ai bien aimé malgré une confession un peu pleunicharde) mais Audie Murphy, Charles Drake et les 4 hors-la-loi sont remarquables. Harold J. Stone (Lavalle), surtout un acteur de télévision, compose un chef de bande réellement inquiétant et ses laconiques complices campés par L.Q. Jones, Skip Homeier et Henry Wills (en indien) sont au niveau. Si Harold J. Stone passe à l'action surtout dans le final, ce sont d'ailleurs plutôt ses complices qui sont successivement impliqués dans les meilleures séquences d'action de Showdown. En terme de mise en scène, je ne me souviens d'ailleurs pas avoir vu Springsteen réussir de meilleures séquences que celles montrant la poursuite de Chris, qui ne portant pas d'armes, est traqué successivement par Chaca (Henry Wills), Caslon (Homeier) puis Foray (L.Q. Jones) avec pour le premier, une poursuite à cheval suivie d'une embuscade ; pour le second, une attaque dans la pénombre et pour le dernier, un duel autour d'un point d'eau ; toutes ces séquences étant extrêmement bien réglées.

Aussi sinistre que ces personnages, sont les superbes décors naturels de la région de Lone Pine qui ont toutefois été maintes fois mieux mis en valeur mais le noir et blanc (quoiqu'en pensait semble t'il Audie Murphy qui failli ne pas prendre part au film quand il apprit que le film ne se ferait pas en couleurs) convient assez bien à ce film sombre, minéral et poussiéreux. Au rayon "petit attraits périphériques", je signale la bonne musique de Hans Salter et la présence fugitive de Strother Martin qui campe un ivrogne attaché au fameux poteau et qui est victime d'une balle perdue. DVD gravé (VF). Sidonis/Calysta, qui a pourtant accès au catalogue Universal et en a beaucoup publié, semble avoir des difficultés pour obtenir les droits sur celui là et n'a pas communiqué sur les raisons de ce blocage. Dommage car c'est un des derniers bons Murphy restant à éditer.
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Dernière modification par kiemavel le 30 déc. 15, 17:48, modifié 1 fois.
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