Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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monk
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par monk »

Colqhoun a écrit :
Dunn a écrit :Je m'attendais de la part de Scott à un survival digne de "all is lost" ou "seul au monde" mais il faut croire qu'il ait préféré l'approche "feel good movie disco made in nasa-china" où je ne me suis pas inquiété du tout pour le héros !
Comme expliqué à plusieurs reprises par quelques personnes qui ont lu le livre original, Scott a tout simplement suivi l'histoire du bouquin. Il n'a pas choisi une approche, il a suivi ce qui était déjà écrit.
D'aucun pourrait penser que c'est encore pire.
D'abord, tout le monde n'a pas lu le bouquin et juge le film sur ce qu'il est, et pas sur son adaptation. En l'état, n'ayant pas lu le livre, je n'ai pas à penser à la fidélité de son adaptation.
Et donc, si Scott n'a fait que retranscrire à l'image ce qu'il y a dans le bouquin, il n'y a donc pas d'"adaptation", il n'a pas fait sienne l'histoire, il n'y a rien mis de lui même, ce qui est tout à fait regrettable. Il aurait très bien pu adapter le livre sans conserver certains éléments, en y ajoutant d'autres - comme ça se fait parfois, sans forcément trahir l'histoire originale. On aurait peut pu avoir un peu mieux.
Jericho
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Jericho »

Bah il y a bien eu un travail d'adaptation, faut pas dire nawak non plus. Il (le scénariste plutôt) a retiré des choses du bouquin et a changé le final.
Le film respecte le bouquin, dans les évènements, dans le ton et l'ambiance, là est l'essentiel.
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Duke Red
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Duke Red »

Un survival dans l'espace pépère et gentiment creux. Si le ton désinvolte figurait déjà (d'après ce que j'ai compris) dans le livre d'Andy Weir, ça ne garantit pas un film réussi. Aucune tension (un comble), aucun mystère, aucune poésie dans ce croisement entre Seul au monde, Mission to Mars et MacGyver, qui enchaîne les ellipses béantes (3 semaines, 2 mois, 7 mois…) et les éternels passages obligés (l'administrateur de la NASA frileux et pète-sec, le petit génie vaguement autiste, les dialogues du style "Ça va nous prendre 6 semaines" / "Vous en avez 2", les hourras dans la salle de contrôle…).

Heureusement que Matt Damon est un acteur doué et ultra sympathique ; incarné par un autre, son personnage, qui se définit uniquement par sa positive attitude et ne se livre à aucune introspection, aurait pu rapidement virer tête à claques. Les autres acteurs font bien leur job, mais ne peuvent lutter contre la pauvreté de leurs rôles, qui se limitent à de pures fonctions (Kristen Wiig, notamment, ne sert à rien du tout). Seule Mackenzie Davis, en jolie technicienne binoclarde, sort un peu du lot (et m'a donné une raison supplémentaire de me mettre à Halt and catch fire).

Le tout est emballé correctement, mais sans aucun génie, par Ridley Scott. À part quelques beaux plans aériens sur la surface de Mars, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et j'ai bien aimé certaines compos de Gregson-Williams.

Voilà, ça se suit sans problème, même si ça traîne en longueur sur la fin, mais à près de 2h20, je n'ai aucune envie de le revoir.
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Spongebob
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Spongebob »

Duke Red a écrit :Un survival dans l'espace pépère et gentiment creux. Si le ton désinvolte figurait déjà (d'après ce que j'ai compris) dans le livre d'Andy Weir, ça ne garantit pas un film réussi. Aucune tension (un comble), aucun mystère, aucune poésie dans ce croisement entre Seul au monde, Mission to Mars et MacGyver, qui enchaîne les ellipses béantes (3 semaines, 2 mois, 7 mois…) et les éternels passages obligés (l'administrateur de la NASA frileux et pète-sec, le petit génie vaguement autiste, les dialogues du style "Ça va nous prendre 6 semaines" / "Vous en avez 2", les hourras dans la salle de contrôle…).

Heureusement que Matt Damon est un acteur doué et ultra sympathique ; incarné par un autre, son personnage, qui se définit uniquement par sa positive attitude et ne se livre à aucune introspection, aurait pu rapidement virer tête à claques. Les autres acteurs font bien leur job, mais ne peuvent lutter contre la pauvreté de leurs rôles, qui se limitent à de pures fonctions (Kristen Wiig, notamment, ne sert à rien du tout). Seule Mackenzie Davis, en jolie technicienne binoclarde, sort un peu du lot (et m'a donné une raison supplémentaire de me mettre à Halt and catch fire).

Le tout est emballé correctement, mais sans aucun génie, par Ridley Scott. À part quelques beaux plans aériens sur la surface de Mars, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et j'ai bien aimé certaines compos de Gregson-Williams.

Voilà, ça se suit sans problème, même si ça traîne en longueur sur la fin, mais à près de 2h20, je n'ai aucune envie de le revoir.
Je pense exactement comme toi. J'ai du mal à comprendre qu'on s'enthousiasme pour un tel film. Scott cherche clairement à obtenir son Oscar avec ce film et je pense qu'il l'obtiendra. Pour son film le plus creux, ce serait un comble....
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Shin Cyberlapinou »

Spongebob a écrit :Je pense exactement comme toi. J'ai du mal à comprendre qu'on s'enthousiasme pour un tel film. Scott cherche clairement à obtenir son Oscar avec ce film et je pense qu'il l'obtiendra. Pour son film le plus creux, ce serait un comble....
Quoiqu'on pense du film (perso j'ai aimé) je ne vois vraiment pas d'oscar-baiting, pas de grand sujet (à la limite Gods and kings allait plus dans ce sens), pas de biopic, pas de personnage à handicap, au contraire un "petit" film de SF qui assume sa légèreté de ton sans tour de force technique comme Gravity. Ensuite il est tout à fait possible qu'il ait la statuette, mais ce sera plus pour saluer une carrière qu'une oeuvre faisant date. Comme Scorsese sur Les infiltrés...
Jericho
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Jericho »

On aurait pu croire que le vétéran Ridley Scott prenne ce projet un peu à la légère, pris en sandwich entre un péplum épique et une suite parallèle à la franchise Alien. Or ce n'est pas le cas, Seul sur Mars est une réussite, et obtient même une place honorable, au sein de la filmographie de cet excellent cinéaste.
Ce film est l'adaptation d'un ouvrage d'Andy Weir sorti en 2011, qui a rapidement connu un succès d'estime, puis un succès publique. La société de production 20th Century Fox a rapidement acquis les droits pour en faire un film. C'est donc, une poignée d'années plus tard que l'adaptation cinématographique arrive fraichement dans nos salles. Seul sur Mars narre l'incroyable destin de Mark Watney, un astronaute spécialisé en botanique laissé pour mort sur la planète rouge

Ce qu'on peut dire, c'est que le récit pose ses enjeux dès le départ. Pas de tergiversation, au bout d'une poignée de minutes l'astronaute se retrouve littéralement seul sur Mars, et commence à appréhender, régler les premières problématiques qui s'imposent à lui. Malgré l'incongruité de la situation, il ne laisse aucune place à la déprime. On ne le voit pas se morfondre, ni s'apitoyer sur son sort. Logique, j'ai envie de dire, il faut trouver des solutions impérativement. La lutte pour la survie prédomine dans son esprit, c'est non seulement crédible pour la personnalité qu'il incarne: c'est un éternel optimiste qui passe le plus clair de son temps à dédramatiser les choses en balançant quelques vannes bien senties. Mais c'est aussi et surtout crédible pour le métier qu'il exerce. Effectivement, il est censé représenter l'élite de sa compagnie, et par conséquent ce serait hors de propos que de le voir craquer psychologiquement ou bien de lui coller aux basques, des traumas improbables qui reviennent à la surface.

Pour le coup, cette histoire brosse un portrait assez réaliste de ce que pourrait être un astronaute travaillant à la NASA. Et Matt Damon a le talent nécessaire, pour transmettre et partager à travers l'écran, toute la sympathie que l'on peut éprouver à son endroit. On ne souhaite qu'une chose, c'est qu'il s'en sorte, et on sait à l'avance qu'il y arrivera.

Ce long-métrage est une ode à l'intelligence, au courage et à l'ingéniosité. L'auteur du livre, et dans une moindre mesure Drew Goddard (le scénariste chargé de l'adapter en film) ont eu cette pertinence de casser les codes du film de survie et du film catastrophe. Une part non négligeable des poncifs de ces deux genres sont balayés, et par conséquent on se retrouve face à une oeuvre originale dans le ton employé, mais aussi dénuée de passages obligés bien lourdingues. Par moments, il arrive qu'on retrouve ou qu'on aperçoive certains tics vu ailleurs, cependant c'est vite évacué. Certains spectateurs critiqueront cet aspect, reprochant à l'histoire de ne pas être assez grave, profonde ou émouvante sur le papier. Alors que c'est un contrepied évident et assumé, un parti pris en somme. Par contre, je dois admettre, que vers la fin, j'ai trouvé le temps un peu long, il y a des passages redondants voire peu passionnants à suivre. Heureusement que le climax (la scène du sauvetage) est bien fichu, il rattrape quelques errements. Je me suis même surpris à être ému lors de cette séquence.

Visuellement parlant, c'est propre en terme d'effets spéciaux et très pro en matière de mise en scène. Néanmoins, ça se voit que le tournage s'est déroulé rapidement, limite à la hâte. Et donc, je regrette que le cinéaste ne varie pas tant que ça ses plans. On retrouve surtout cet écueil quand Mark Watney est contraint de passer son temps dans le rover. Pour le reste, on a droit à de magnifiques paysages sur Mars. Avec des panoramas bluffants, on s'y croirait.
J'ajouterai un mot sur l'aspect musical, c'est le grand retour du compositeur britannique Harry Gregson-Williams. Il livre une bande originale de qualité, ça fait longtemps qu'il n'avait, à mon sens, pas été aussi inspiré sur tout un album. Il est cependant regrettable, que son travail soit "en concurrence" avec la playlist du commandant Melissa Lewis. La musique disco, ce n'est pas trop ma tasse de thé, même si je comprends très bien que cela participe au décalage imposé au sein de l'histoire.

En conclusion, je dirai que Seul sur Mars est un bon divertissement, fabriqué pour plaire au plus grand nombre (ce qui n'est pas infamant, bien au contraire). Cependant, je ne me suis pas senti impliqué tout le long et les thématiques ne sont guère passionnantes. A défaut de susciter de l'enthousiasme chez moi, j'ai été diverti (et un tantinet attendri) par ce long-métrage. Ce qui est somme toute convenable comme ressenti.
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hellrick
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par hellrick »

C'était très sympa...

Pour info le film était suivi d'un débat par deux spécialistes des missions spatiales sur Mars qui nous ont expliqué qu'en fait RIEN de ce qu'on voit dans le film n'est réaliste ni possible (même pas la culture des patates)

Mais bon comme ils disent "c'est pas grave, c'est ainsi, c'est Hollywood' :D
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Jericho
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Jericho »

Rien du tout en effet:

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Le Ciné Joker
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Le Ciné Joker »

Revu, (place gratuite, j'étais tenté :mrgreen: ).

Rétrospectivement, le film a pas mal de qualités et évite certains pièges intelligemment (ça a déjà en partie été très bien expliqué par beaucoup sur le topic)

En fait j'ai trouvé que le film propose une dialectique intéressante entre le rapport distancié à son personnage et le choix de ton. Le film refuse l'empathie, en ne montrant le personnage que sous l'œil de son journal de bord, ce qui ne correspond en réalité qu'à l'image narcissique qu'il veut renvoyer de lui au spectateur, comme s'il se mentait ; à noter d'ailleurs que la caméra de Ridley Scott EST l'écran auquel parle Matt Damon ce qui renforce l'idée de mise en abyme. Il n'y a d'ailleurs pas un seul plan de Matt Damon dans son abris sans un écran dans le cadre. Le travail assez froid sur l'image du film grâce à une photo grisâtre (celle de wolski, un gars assez fade je trouve) renforce une distance par rapport au personnage en épurant beaucoup trop l'atmosphère (ce n'est pas un film intimiste quoi ). Ce qui est intéressant c'est que malgré tout, un lien se crée avec le personnage (on le ressent sincèrement au moment où il frôle la mort). Et ce lien vient du choix de ton : un ton cynique qui se fout du sérieux et de la mort. Le film cherche à créer une sympathie plus qu'une empathie vis à vis du personnage, ce qui marche naturellement. Le cynisme du jeu de Matt Damon le rend tout de suite sympathique. Matt Damon est un personnage humain qui se met en scène, comme tout être humain cynique, ne cherchant plus un sens dans la vie mais simplement la survie et le côté magnifique de la découverte de l'inconnu. Ce qui est subtil dans le film, c'est que l'émotion est bien présente mais retenue. C'est assez nouveau je trouve dans le film de science fiction qui traite de sujets graves voire existentiels (pour le coup le sujet grave du film ici, c'est la survie). Le film passe au final par toutes les palettes d'émotions sans passer par le procédé de l'empathie, ce qui est un travail de cinéma intéressant je trouve. Malgré la distanciation, le réalisateur a un regard sur son personnage tout en faisant attendre la tension et en jouant avec quand elle arrive, tout en s'en moquant (très bien dit dans le premier message de Colqhoun) en sachant la doser quand il le souhaite avec panache (scène finale dans l'espace). Dans ses intentions, le film est maitrisé et dosé au niveau de l'action scénaristique. Un film narratif classique capable de varier les registres. Seul sur Mars n'est pas un drame mais un blockbuster hollywoodien qui retourne le sérieux du genre contre lui-même sans le renier formellement (il simule le réalisme (validé par la communauté scientifique il me semble) et sait créer de l'émotion sérieuse quand il le faut), ce qui en soi renouvelle la science fiction sans la révolutionner. Le film peut se résumer dans la phrase de Matt Damon quand il dit "dans ta face Neil Armstrong" : il se moque de celui qui a dit : "un petit pas pour l'homme, un grand pour l'humanité" parce que tout ce qui intéresse Damon c'est sa survie égoïste décomplexée et sympa, pas la quête existentielle (très bien analysé par un article des inrocks). En clair ce n'est pas un film qui cherche la vérité de l'humanité ou la morale ni même la vertu, c'est un film explicitement et volontairement immoral et cynique qui rend le monde dérisoire en cherchant "Le Beau" au sens platonique : la beauté et le goût de l'inconnu.

Niveau mise en scène c'est assez fonctionnel (il a juste envie de déballer son récit sans chercher à travailler les symboliques des images et abandonne certains gimmicks très personnels) mais dans le fond, techniquement très bien troussé finalement. Filmer Mars relevait du défi (on ne sait toujours pas à quoi ressemble réellement la planète en soi) et il s'en est très bien sorti je trouve. Filmer des panoramas terrestres est de base assez dur, et en plus les adapter pour en faire le paysage d'une autre planète n'est pas facile. Il a ici décidé de filmer un désert terrestre plutôt en hauteur, mais en gardant une certaine mesure dans ses plans larges, (pour le coup pas dans ses plongées totales, en plans aériens, magnifiques). Grâce au effets numériques, (dans ses plans larges) un travail sur les proportions des rochers les rendent énormes et grâce un usage très intelligent des très larges focales, Scott arrive très bien à mettre le personnage en rapport avec l'environnement avec lequel il va devoir composer. Les images sonnent très justes, la reconstitution de la planète est assez bluffante, elle renvoie vraiment l'image d'un paysage terrestre jamais vu, d'autant que l'usage de filtres n'est pas excessif, ce qui confère au tout un vrai réalisme. Il y a aussi un usage très expert du son et des effets sonores au moment des scènes de tension (une spécialité de Scott depuis toujours), notamment celle où Damon rencontre des problèmes avec la pression de son abris. Le son de la pression devient à ce moment un personnage en soi, assaillant et menaçant le personnage autant que le spectateur. Usage intelligent aussi de la lumière et des décors au moments de certaines scènes, aidés par un montage dynamique (effectué surement par Scott lui même devant ses tas d'écran de ses tas de caméras présentes sur le plateau) conférant une efficacité visuelle à ses séquences. Une 3D immersive bien foutue et maitrisée aussi (le film n'a pas bénéficié d'un traitement post-3D).

Au final, un bon divertissement maitrisé, techniquement bien troussé, sans vrai défaut formel (l’absence de suspens est un choix assumé, comme expliqué par Colqhoun), de la science fiction originale mais un Ridley Scott moyen (absence de thèmes et réflexions fétiches notamment la peur du futur, et abandon de ses ambitions visuelles et philosophiques démesurées, qui malgré ses derniers films un peu bancals lui allait plutôt bien je trouve).
"Mieux vaut partir du cliché plutôt que d'y arriver" Alfred Hitchcock

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Demi-Lune
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Demi-Lune »

J'ai détesté Gravity, j'ai détesté Interstellar, alors oui, cent fois oui, même si ça en laisse certains interdits qu'on puisse s'enthousiasmer, je n'ai pas boudé mon plaisir face à ce divertissement suprêmement emballé qui ne pète pas plus haut que son cul et qui se permet pourtant d'offrir quelque chose de résolument atypique voire iconoclaste (vous en connaissez beaucoup, vous, des comédies de hard SF ? je suis curieux.).
L'accueil tiédasse et désinvolte que le forum lui réserve dans l'ensemble m'attriste et tend à me confirmer que je ne suis définitivement plus en phase avec mon temps en matière de blockbusters. Car en Seul sur Mars, dont je me fous pas mal qu'il ne soit pas le film que son pitch pouvait laisser croire, j'ai momentanément retrouvé le plaisir de ce qui me faisait vibrer dans le cinéma de divertissement des années 80, le plaisir de l'évasion et de l'aventure humaine, de raconter une bonne histoire et de l'émerveillement face à l'ingéniosité des défis lancés au héros (et des réponses qu'il apporte), le plaisir de la suspension d'incrédulité, le plaisir de sentir complètement impliqué à ses côtés parce que son sort nous importe (du genre où tu trépignes sur ton siège parce que le héros en chie et les punchlines claquent - "ceci est officiellement le titre le moins disco de la collection du commandant Lewis"), le plaisir de voir un héros non pas caractérisé à coups de traumas à la con mais porté par son courage et son humour, le plaisir de voir un film qui transpire l'amour du cinéma sans que ce soit de l'étalage de nouveau riche. Car oui, Scott se sort les doigts du cul en ressuscitant sa mise en scène (momifiée dans le précédent Exodus dans du cinéma-peinture numérique) à l'aide d'un gros recours à des caméras portées (le truc totalement inattendu pour un cinéaste aussi maniaque du cadre que lui), ou de figures de style absentes de sa grammaire comme les travellings circulaires ou les accélérés dans le plan. Il a toujours l'art de te sortir le plan ultra léché qui te cloue le cul mais son implication excède le simple formalisme. Pour un film qui se cantonne quasi exclusivement à des habitacles ou à des bureaux, et pour un cinéaste régulièrement vilipendé pour se reposer sur ses lauriers, qu'il me soit permis de trouver remarquable qu'une telle vitalité, dans la forme et dans le ton, puisse s'imposer. Son cinéma revit, frétille de malice (jamais je n'aurais cru qu'il puisse faire un film aussi décalé - le choix de la chanson sur le générique de fin m'a achevé), se joue des invraisemblances du script et des clichés du "film de NASA". Et puis, même si c'est le minimum à attendre d'un film de Ridley Scott, putain, qu'est-ce que ça a de la gueule. Là encore, je n'ai pas souvenir d'un film de SF sérieux récent aussi enluminé dans la direction artistique. La maniaquerie du détail est incroyable. Tous les équipements et les décors sentent le vécu, ils ne font pas toc ou livrés de la veille, comme si c'était la R&D de la NASA qui avait filé tout le matos expérimental.
Alors bien sûr, il ne s'agit pas d'en faire non plus un grand film. Le film a ses défaillances : ses allers-retours Terre/Mars, ses seconds rôles de NASA inutiles, l'équipage de l'Hermès qui n'a trop le temps d'exister (Chastainomane, je suis forcément un peu frustré), certains gags moins inspirés. Mais rien à foutre. Ça n'entache pas la réussite de l'ensemble. Du montage dans l'espace sur fond de Starman de David Bowie au plan circulaire où Kate Mara et son amoureux s'entre-regardent, l'une depuis la station, l'autre dehors depuis l'espace, du générique de fin où le nom des acteurs est intégré à des petites scènes qui poursuivent l'histoire, aux confessions vidéo de Matt Damon (irréprochable) qui se bouche les narines avec des boules Quiès parce que le caca de Kate Mara pue trop, Ridley Scott refuse de se faire enterrer et vous salue bien. Meilleur divertissement depuis des années.
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par AtCloseRange »

Donc grande année finalement? :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Thaddeus »

Totalement d'accord avec Demi-Lune, presque à la virgule près. Presque, car je n'ai pas détesté Gravity ou Interstellar, et parce que même le peu de temps accordé à l'équipage de l'Hermès ne l'empêche pas d'exister pleinement à mes yeux. Le moment où Chastain agrippe Damon au terme du récit m'a fait monter les larmes aux yeux : pour dire à quel point j'étais pleinement impliqué dans l'aventure.
Demi-Lune a écrit :le plaisir de voir un héros non pas caractérisé à coups de traumas à la con mais porté par son courage et son humour
Quel bonheur, ça. Vous espériez voir la famille ou les proches de Matt Damon, transis d'angoisse sur Terre ? Bah vous ne les verrez pas une seule seconde, on ne saura strictement rien de sa vie privée. Pas besoin de ça pour générer l'émotion et l'empathie. Une raison (parmi tant d'autres) pour lesquelles j'ai adoré le film.
Jericho
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Jericho »

Oui voilà c'est pas du film hollywoodien formaté à la Apollo 13 et consorts...
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harry
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par harry »

Jericho a écrit :Oui voilà c'est pas du film hollywoodien formaté à la Apollo 13 et consorts...
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Jericho
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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Message par Jericho »

Contre argumente harry, ce sera plus efficace que tes enfantillages.
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