J'adore le côté "J'y suis déjà allé, j'ai déjà eu plein de prix, place aux jeunes maintenant." Ah merci beaucoup pour eux. Cependant, ces jeunes auraient été rassurés d'être en compétition face à Parking, ils étaient sûr d'avoir le Prix.odelay a écrit :"On n'est pas allé à Cannes car le film n'était pas prêt".
Oui oui oui....
Jacques Demy (1931-1990)
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Il ne l'est toujours pasodelay a écrit :"On n'est pas allé à Cannes car le film n'était pas prêt".
Oui oui oui....
Blague à part, je le pense vraiment de bonne foi (Demy, pas Chapier, hein). C'est un film fait avec une candeur totale et je pense qu'il a fait le film qu'il voulait.
C'est juste de l'aveuglement, un décalage total avec une nouvelle époque.
Meilleur topic de l'univers
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Il avait le choix, dit-il, entre un "chanteur qui sache jouer ou un acteur qui chache chanter", et il a choisi un acteur qui ne sait même pas jouer.
Si Demy n'avait pas été le candide naïf et un peu simplet qu'on connaît, choisir Francis Huster aurait pu être pris pour un bras d'honneur au chanteur de "Let's Dance" (pour qui le rôle avait été écrit et qui a foutu un vent magistral en ne donnant aucune réponse à Demy), style "Regarde, j'ai choisi ce mec qui vaut mieux que toi".
Si Demy n'avait pas été le candide naïf et un peu simplet qu'on connaît, choisir Francis Huster aurait pu être pris pour un bras d'honneur au chanteur de "Let's Dance" (pour qui le rôle avait été écrit et qui a foutu un vent magistral en ne donnant aucune réponse à Demy), style "Regarde, j'ai choisi ce mec qui vaut mieux que toi".
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
A tord ou à raison, Parking est désormais sur Nanarland : http://www.nanarland.com/Chroniques/chr ... rking.html
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Je pense que même les ultra-mega-fans hardcore de Demy ne doivent pas y voir autre chose qu'un nanar. Donc, à raison (et non à tort, même si on se tord de rire devant ce truc).Carlito Brigante a écrit :A tord ou à raison, Parking est désormais sur Nanarland : http://www.nanarland.com/Chroniques/chr ... rking.html
Par contre, leur chronique n'est pas terrible pour le coup. C'est que c'est un gros morceau, ce Parking. Il mériterait un dossier complet.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
En même temps, le film parle de lui-même. Difficile d'ajouter quelque chose à la beauté de l'objet sans faire de l'illustration ou de la paraphrase.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Le film est évidemment incroyable, pas la peine de revenir là-dessus, quoi que ?
Mais il y a un truc que j'ai noté et que je n'ai lu nulle part mais qui me fait toujours rire, c'est que les concerts sont censés se dérouler à Bercy mais que les intérieurs ont été clairement tournés au Zénith.
Mais il y a un truc que j'ai noté et que je n'ai lu nulle part mais qui me fait toujours rire, c'est que les concerts sont censés se dérouler à Bercy mais que les intérieurs ont été clairement tournés au Zénith.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Lola
Les rues de Nantes, l’après-midi passée au Katorza, la déambulation dans le passage Pommeraye… Autant d’épisodes d’une ronde enchantée et douce-amère faite de coïncidences, de rencontres fortuites et de fausses reconnaissances, dont la liberté poétique, la photographie libre et aérienne de Coutard, les artifices du romanesque font tressauter les notes de l’imaginaire. Rien n’est plus minutieusement concerté que cet entrelacs narratif, et pourtant l’omniprésence de l’auteur-dieu qui mélange les destins de ses créatures au mépris de toute probabilité édifie une structure arbitraire ne donnant d’autre impression que celle de la nécessité. Autour de trois personnages féminins qui n’en forment qu’un seul, Demy compose un gracieux conte de fées, entièrement régi par la quête du bonheur et la fidélité en amour. 5/6
Top 10 Année 1961
La baie des anges
Lola était un film à plans superposés, en volutes, où tout se faisait écho. Celui-ci voudrait avoir la courbe harmonieuse d’un rivage, et se consacre à l’instant même. En suivant l’inéluctable spirale d’un couple consumé par l’enfer du jeu, Demy dit avoir voulu analyser le vice chez deux êtres passionnés. La roulette du hasard manifeste dès lors une logique destructrice où l’homme et la femme s’efforcent de sauver leur libre arbitre. On peut s’interroger sur la cohérence de la pirouette finale, qui accorde une valeur un peu forcée aux vertus salvatrices de l’amour, mais la rigueur sèche de son déroulé, l’épure paradoxalement habitée d’une mise en scène figurant le visage de l’obsession, de la dépendance et de la honte refoulée qu’elle suscite chez ceux qui en souffrent, font tout le prix de cette fable moraliste. 4/6
Les parapluies de Cherbourg
Sans doute un temps d’adaptation est-il nécessaire pour accepter le mode tout chanté auquel se tient le film de bout en bout. Une fois la convention admise, il faut bien convenir que cette histoire, qui est un peu la plus triste du monde, parvient à rendre les mouvements du cœur, la cruauté du destin, le déchirement des séparations et des vies manquées, les manifestations de la raison et de l’oubli à travers toute une poétique des voix, des objets et des décors – les rouges laqués, les mauves mélancoliques, les bleus brillants, les oranges vifs et le vert absinthe qui fait mentir l’espoir pour mieux faire vibrer l’absence. Jusqu’à ce que la blancheur neigeuse glace l’échec de l’amour et apparente la dernière image à l’un de ces globes de verre d’où pleuvent des flocons pailletés. Dure loi du mélodrame. 4/6
Les demoiselles de Rochefort
Un conte de noël dans l’éclat du plein été, un déjeuner de soleil, un feu de joie, le pendant heureux et euphorisant du film précédent. Demy approfondit ses recherches sophistiquées sur les formes et les mouvements, l’harmonie des décors et des costumes, le jeu de hasards et de coïncidences amoureuses à l’œuvre dans Lola. Superbe hommage à la comédie musicale hollywoodienne, l’œuvre, spectaculaire et colorée, provoque une petite extase rétinienne, tel un carrousel scintillant de chansons joyeuses, de numéros chantés et dansés, dont l’épanouissement du bonheur n’est jamais loin d’une certaine amertume existentielle. L’auteur y porte sa philosophie du couple fait l’un pour l’autre à son point de perfection, en un récit savamment entrecroisé qui conçoit la recherche du grand amour en art de vivre. 5/6
Top 10 Année 1967
Model shop
Qui l’eût cru ? : pour son seul film américain, Demy parvient à inscrire ses motifs au sein des problématiques du Nouvel Hollywood, qui lui sont pourtant totalement étrangères. En trente six heures d’une déambulation sans consistance narrative, il esquisse le parcours d’un jeune velléitaire vers l’impératif du choix et la prise de conscience, capte l’esprit d’une époque contestataire usée par l’enlisement vietnamien, et dépeint Los Angeles d’un œil d’esthète, avec ses pylônes pétroliers pompant le pétrole dans un ronron permanent, ses rues bordées de palmiers, de façades luxueuses et de boutiques à néons. Fausse suite un peu amère de Lola, cette variation sur la peur de vivre ou d’aimer conjugue le raffinement chromatique à la désillusion d’un propos gagné par la mélancolie. Belle réussite. 5/6
Top 10 Année 1969
Peau d'âne
Le cinéaste adapte le conte de Perrault et l’amène à son univers tout en traitant de front les thèmes centraux de l’inceste et du complexe d’Électre. Inspiré par l’esthétique des illustrations de livres enfantins et par le merveilleux fabriqué cher à Cocteau, le film nécessite un saut de foi assez conséquent, et se divise en deux parties très inégales. La première invente un onirisme pictural relevant du pop art et du déluge psychédélique, avec la fée Delphine en cerise capricieuse et maligne sur le gâteau. La seconde, hélas nettement plus longue, emprunte des sentiers plus banals et s’égare dans une mièvrerie bien tarte autour de l’éternelle quête du prince charmant. Au final, un tour de mannequin bien réglé mais assez frustrant, qui dispense quelques bonheurs épars au milieu de menus plaisirs de roitelet. 3/6
Une chambre en ville
Demy retrouve la ville de Lola et le principe de la tragédie musicale entièrement chantée pour une nouvelle passion malheureuse sur fond de violence des rues, filmée dans des couleurs plus crues qu’autrefois. Comme dans tout mélo qui se respecte, les convulsions sociales ne prennent pas en compte les destins particuliers, et la fatalité a raison des amants sous les yeux d’une baronne désabusée. Quant à la mise en scène, elle laisse éclater derrière un sujet d’opéra la morbidité en germe dans l’œuvre antérieure de l’auteur, une noirceur glauque qui tue dans l’œuf la moindre ébauche de sentimentalisme. On reste partagé entre l’admiration sincère pour la radicalité de la démarche et une vraie perplexité devant ce film inégal, parfois un peu ridicule, parfois plutôt touchant dans ce qu’il cherche à créer. 3/6
Trois places pour le 26
Il n’y a que Demy pour peindre les murs d’un appartement en bleu nuit ou faire manger de la confiture de roses à ses héroïnes. En retraçant la vie d’Yves Montand à travers le principe classique de la fabrication d’un show, du spectacle mis en abyme, le réalisateur se place dans la lignée d’un Minnelli. Pas tant à cause des numéros dansés, semblant droit sortis de Tous en Scène, que de cette humanité provocante, parfois ambigüe (l’enjeu incestueux est dédramatisé comme une broutille) qui s’affiche et se mêle à la légèreté traditionnelle de la comédie musicale. Bercé d’amour heureux, de sérénité romantique, de couleurs acidulées, son dernier long-métrage travaille sur l’artifice pour atteindre le vrai par l’accumulation du faux, joue avec la convention pour se jouer d’elle. Et Mathilda May y crève l’écran. 4/6
Mon top :
1. Les demoiselles de Rochefort (1967)
2. Lola (1961)
3. Model shop (1969)
4. La baie des anges (1963)
5. Les parapluies de Cherbourg (1964)
Il y a dans l’ambition de Jacques Demy quelque chose qui appartient en propre au romantisme : faire du cinéma un spectacle total en tenant compte de la spécificité de l’art que Hugo appelait "un point d’optique", et affirmer ainsi que l’écran n’est pas la reproduction de la réalité mais sa transformation en illusion dramatique. Ce créateur sans véritable équivalent dans le vivier que constitua l’émergence de la Nouvelle Vague a su construire un univers tendre et cruel, à l’écart de toutes les modes, où chaque film éclaire les autres en même temps qu’il se nourrit d’eux, et dont la joliesse, l’élégance et la grâce éthérée masquent mal la gravité profonde.
Les rues de Nantes, l’après-midi passée au Katorza, la déambulation dans le passage Pommeraye… Autant d’épisodes d’une ronde enchantée et douce-amère faite de coïncidences, de rencontres fortuites et de fausses reconnaissances, dont la liberté poétique, la photographie libre et aérienne de Coutard, les artifices du romanesque font tressauter les notes de l’imaginaire. Rien n’est plus minutieusement concerté que cet entrelacs narratif, et pourtant l’omniprésence de l’auteur-dieu qui mélange les destins de ses créatures au mépris de toute probabilité édifie une structure arbitraire ne donnant d’autre impression que celle de la nécessité. Autour de trois personnages féminins qui n’en forment qu’un seul, Demy compose un gracieux conte de fées, entièrement régi par la quête du bonheur et la fidélité en amour. 5/6
Top 10 Année 1961
La baie des anges
Lola était un film à plans superposés, en volutes, où tout se faisait écho. Celui-ci voudrait avoir la courbe harmonieuse d’un rivage, et se consacre à l’instant même. En suivant l’inéluctable spirale d’un couple consumé par l’enfer du jeu, Demy dit avoir voulu analyser le vice chez deux êtres passionnés. La roulette du hasard manifeste dès lors une logique destructrice où l’homme et la femme s’efforcent de sauver leur libre arbitre. On peut s’interroger sur la cohérence de la pirouette finale, qui accorde une valeur un peu forcée aux vertus salvatrices de l’amour, mais la rigueur sèche de son déroulé, l’épure paradoxalement habitée d’une mise en scène figurant le visage de l’obsession, de la dépendance et de la honte refoulée qu’elle suscite chez ceux qui en souffrent, font tout le prix de cette fable moraliste. 4/6
Les parapluies de Cherbourg
Sans doute un temps d’adaptation est-il nécessaire pour accepter le mode tout chanté auquel se tient le film de bout en bout. Une fois la convention admise, il faut bien convenir que cette histoire, qui est un peu la plus triste du monde, parvient à rendre les mouvements du cœur, la cruauté du destin, le déchirement des séparations et des vies manquées, les manifestations de la raison et de l’oubli à travers toute une poétique des voix, des objets et des décors – les rouges laqués, les mauves mélancoliques, les bleus brillants, les oranges vifs et le vert absinthe qui fait mentir l’espoir pour mieux faire vibrer l’absence. Jusqu’à ce que la blancheur neigeuse glace l’échec de l’amour et apparente la dernière image à l’un de ces globes de verre d’où pleuvent des flocons pailletés. Dure loi du mélodrame. 4/6
Les demoiselles de Rochefort
Un conte de noël dans l’éclat du plein été, un déjeuner de soleil, un feu de joie, le pendant heureux et euphorisant du film précédent. Demy approfondit ses recherches sophistiquées sur les formes et les mouvements, l’harmonie des décors et des costumes, le jeu de hasards et de coïncidences amoureuses à l’œuvre dans Lola. Superbe hommage à la comédie musicale hollywoodienne, l’œuvre, spectaculaire et colorée, provoque une petite extase rétinienne, tel un carrousel scintillant de chansons joyeuses, de numéros chantés et dansés, dont l’épanouissement du bonheur n’est jamais loin d’une certaine amertume existentielle. L’auteur y porte sa philosophie du couple fait l’un pour l’autre à son point de perfection, en un récit savamment entrecroisé qui conçoit la recherche du grand amour en art de vivre. 5/6
Top 10 Année 1967
Model shop
Qui l’eût cru ? : pour son seul film américain, Demy parvient à inscrire ses motifs au sein des problématiques du Nouvel Hollywood, qui lui sont pourtant totalement étrangères. En trente six heures d’une déambulation sans consistance narrative, il esquisse le parcours d’un jeune velléitaire vers l’impératif du choix et la prise de conscience, capte l’esprit d’une époque contestataire usée par l’enlisement vietnamien, et dépeint Los Angeles d’un œil d’esthète, avec ses pylônes pétroliers pompant le pétrole dans un ronron permanent, ses rues bordées de palmiers, de façades luxueuses et de boutiques à néons. Fausse suite un peu amère de Lola, cette variation sur la peur de vivre ou d’aimer conjugue le raffinement chromatique à la désillusion d’un propos gagné par la mélancolie. Belle réussite. 5/6
Top 10 Année 1969
Peau d'âne
Le cinéaste adapte le conte de Perrault et l’amène à son univers tout en traitant de front les thèmes centraux de l’inceste et du complexe d’Électre. Inspiré par l’esthétique des illustrations de livres enfantins et par le merveilleux fabriqué cher à Cocteau, le film nécessite un saut de foi assez conséquent, et se divise en deux parties très inégales. La première invente un onirisme pictural relevant du pop art et du déluge psychédélique, avec la fée Delphine en cerise capricieuse et maligne sur le gâteau. La seconde, hélas nettement plus longue, emprunte des sentiers plus banals et s’égare dans une mièvrerie bien tarte autour de l’éternelle quête du prince charmant. Au final, un tour de mannequin bien réglé mais assez frustrant, qui dispense quelques bonheurs épars au milieu de menus plaisirs de roitelet. 3/6
Une chambre en ville
Demy retrouve la ville de Lola et le principe de la tragédie musicale entièrement chantée pour une nouvelle passion malheureuse sur fond de violence des rues, filmée dans des couleurs plus crues qu’autrefois. Comme dans tout mélo qui se respecte, les convulsions sociales ne prennent pas en compte les destins particuliers, et la fatalité a raison des amants sous les yeux d’une baronne désabusée. Quant à la mise en scène, elle laisse éclater derrière un sujet d’opéra la morbidité en germe dans l’œuvre antérieure de l’auteur, une noirceur glauque qui tue dans l’œuf la moindre ébauche de sentimentalisme. On reste partagé entre l’admiration sincère pour la radicalité de la démarche et une vraie perplexité devant ce film inégal, parfois un peu ridicule, parfois plutôt touchant dans ce qu’il cherche à créer. 3/6
Trois places pour le 26
Il n’y a que Demy pour peindre les murs d’un appartement en bleu nuit ou faire manger de la confiture de roses à ses héroïnes. En retraçant la vie d’Yves Montand à travers le principe classique de la fabrication d’un show, du spectacle mis en abyme, le réalisateur se place dans la lignée d’un Minnelli. Pas tant à cause des numéros dansés, semblant droit sortis de Tous en Scène, que de cette humanité provocante, parfois ambigüe (l’enjeu incestueux est dédramatisé comme une broutille) qui s’affiche et se mêle à la légèreté traditionnelle de la comédie musicale. Bercé d’amour heureux, de sérénité romantique, de couleurs acidulées, son dernier long-métrage travaille sur l’artifice pour atteindre le vrai par l’accumulation du faux, joue avec la convention pour se jouer d’elle. Et Mathilda May y crève l’écran. 4/6
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1. Les demoiselles de Rochefort (1967)
2. Lola (1961)
3. Model shop (1969)
4. La baie des anges (1963)
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Il y a dans l’ambition de Jacques Demy quelque chose qui appartient en propre au romantisme : faire du cinéma un spectacle total en tenant compte de la spécificité de l’art que Hugo appelait "un point d’optique", et affirmer ainsi que l’écran n’est pas la reproduction de la réalité mais sa transformation en illusion dramatique. Ce créateur sans véritable équivalent dans le vivier que constitua l’émergence de la Nouvelle Vague a su construire un univers tendre et cruel, à l’écart de toutes les modes, où chaque film éclaire les autres en même temps qu’il se nourrit d’eux, et dont la joliesse, l’élégance et la grâce éthérée masquent mal la gravité profonde.
Dernière modification par Thaddeus le 7 août 20, 21:33, modifié 8 fois.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
C'est anecdotique, sorti de Paris, ça, non ? C'est peut-être pour ça que tu ne l'as lu nulle part.Joshua Baskin a écrit :Mais il y a un truc que j'ai noté et que je n'ai lu nulle part mais qui me fait toujours rire, c'est que les concerts sont censés se dérouler à Bercy mais que les intérieurs ont été clairement tournés au Zénith.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Fais donc. Je trouve ce Parking tellement invraisemblable qu'il en est fascinant !Thaddeus a écrit :Moi je n'ai pas vu ce fameux Parking, mais les inénarrables sons de cloche que j'en entends depuis toujours (et surtout sur ce forum) me feraient presque saliver.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Vu la semaine dernière. C'est effectivement très mauvais (j'ai dû me repasser l'Orphée de Cocteau pour me laver les yeux, derrière), mais la naïveté de l'ensemble fait que tout ça reste bon enfant... (bon, c'est vrai que Huster... hem... euh... non).Thaddeus a écrit :Moi je n'ai pas vu ce fameux Parking, mais les inénarrables sons de cloche que j'en entends depuis toujours (et surtout sur ce forum) me feraient presque saliver.
Je suis plus indulgent que la plupart ici, peut-être parce que, précisément, je ne suis du tout client des autres classiques "en chanté" certifiés de Demy (hormis Peau d'Âne... Mais Les Parapluies..., je ne peux pas).
Dans la foulée, très belle surprise que La Naissance du jour, téléfilm que Demy a fait en 1980 (je crois)... Et j'ai une affection particulière pour Lady Oscar et Le Joueur de flûte aussi.
En fait, ce Parking (surtout à cause de la présence de Huster justement) ressemble plus à un mauvais Lelouch, je trouve !
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Non mais le problème n°1 avant Huster et le scénario, c'est le niveau des chansons. Elles sont ridicules et très mauvaises. Et donc quand Huster est en concert, on ne peut pas croire une seconde aux foules en délires. La Bruelmania arriva peu de temps après avec des textes et musique quand même beaucoup moins cruches et plus rebelle attitude.Amarcord a écrit :Vu la semaine dernière. C'est effectivement très mauvais (j'ai dû me repasser l'Orphée de Cocteau pour me laver les yeux, derrière), mais la naïveté de l'ensemble fait que tout ça reste bon enfant... (bon, c'est vrai que Huster... hem... euh... non).Thaddeus a écrit :Moi je n'ai pas vu ce fameux Parking, mais les inénarrables sons de cloche que j'en entends depuis toujours (et surtout sur ce forum) me feraient presque saliver.
Je suis plus indulgent que la plupart ici, peut-être parce que, précisément, je ne suis du tout client des autres classiques "en chanté" certifiés de Demy (hormis Peau d'Âne... Mais Les Parapluies..., je ne peux pas).
Dans la foulée, très belle surprise que La Naissance du jour, téléfilm que Demy a fait en 1980 (je crois)... Et j'ai une affection particulière pour Lady Oscar et Le Joueur de flûte aussi.
En fait, ce Parking (surtout à cause de la présence de Huster justement) ressemble plus à un mauvais Lelouch, je trouve !
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
J'ai très vite évacué la question des chansons : dans les Demy "en chanté", je les trouve déjà généralement mauvaises... Au moins, dans Parking, les personnages parlent et les chansons qu'on entend sont justifiées par le métier du protagoniste... Après, que ce que chante le personnage chanteur est ridicule, je suis d'accord, bien sûr... Mais à la rigueur, comme on est chez Demy (donc dans un univers fondamentalement artificiel, pour ne pas dire factice), ça ne me choque pas plus que ça.Supfiction a écrit :Non mais le problème n°1 avant Huster et le scénario, c'est le niveau des chansons. Elles sont ridicules et très mauvaises. Et donc quand Huster est en concert, on ne peut pas croire une seconde aux foules en délires. La Bruelmania arriva peu de temps après avec des textes et musique quand même beaucoup moins cruches et plus rebelle attitude.
Tout ça est bien dommage, parce que l'idée de départ (transposer le mythe d'Orphée dans le monde moderne) avait potentiellement de sérieuses chances de donner quelque chose de fabuleux.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
Certainement...Amarcord a écrit :C'est anecdotique, sorti de Paris, ça, non ? C'est peut-être pour ça que tu ne l'as lu nulle part.Joshua Baskin a écrit :Mais il y a un truc que j'ai noté et que je n'ai lu nulle part mais qui me fait toujours rire, c'est que les concerts sont censés se dérouler à Bercy mais que les intérieurs ont été clairement tournés au Zénith.
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Re: Jacques Demy (1931-1990)
C'est clair, de la daube.Amarcord a écrit :J'ai très vite évacué la question des chansons : dans les Demy "en chanté", je les trouve déjà généralement mauvaises...Supfiction a écrit :Non mais le problème n°1 avant Huster et le scénario, c'est le niveau des chansons. Elles sont ridicules et très mauvaises. Et donc quand Huster est en concert, on ne peut pas croire une seconde aux foules en délires. La Bruelmania arriva peu de temps après avec des textes et musique quand même beaucoup moins cruches et plus rebelle attitude.
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