De belles découvertes ce mois ci:
1 Stromboli, terra di dio
Rarement un film n'aura été autant décrié et adulé. On connaît les raisons pour lesquelles ce film a été sabordé aux USA et a attisé les haines en Italie. Après sa vision je comprends pourquoi Eric Rohmer l'a porté au pinacle et en a fait un film phare pour le cinéma à venir. La beauté des paysages en contrepoint de celle d'Ingrid Bergman, les scènes documentaires de pêche au thon, la transfiguration de l'actrice sur les pentes du volcan sont des monuments du cinéma au même titre que celles qui émaillent L'aurore de Murnau. Un seul regret c'est de ne pas avoir vu ce film plus tôt.
2 Les anges du péché
Une vision très janséniste de la foi incarnée par les deux personnages principaux, Anne-Marie et Thérèse. On trouve dans ce premier long métrage de Bresson toutes les qualités picturales de ce grand réalisateur mais ce qui dénote de l'ensemble de son œuvre (à part les dames du bois de Boulogne) ce sont la présence d'acteurs professionnels et des dialogues abondants. On ne s'en plaindra pas. Renée Faure réalise une performance remarquable et semble habitée par son personnage d'élue qui doit sauver l'âme de Thérèse. Les dialogues sont d'une qualité rare, ce qui n'est pas étonnant quand on sait qu'ils sont écrits par Jean Giraudoux.
[center]3 La dame sans camélia[/center][/color]
Plongée dans le monde de cinecittà où tout n'est qu'affairisme et désillusions. Lucia Bosè illumine l'écran de sa beauté et de sa sensibilité. Pietro Germi en producteur cupide le remplit de sa truculence. Mise en scène précise avec une belle photographie et un scénario bien construit. Un film très sombre qui annonce les grandes oeuvres d'Antonioni avec des thèmes comme l'incommunicabilité, la solitude et le désespoir.
4 Une certaine rencontre
Ce film m'était totalement inconnu et ce fut une belle surprise. Celà commence presque comme un drame, avec une scène très forte d'avortement clandestin, mais rapidement le film tourne vers la comédie sociétale puis romantique pour finir par une scène comique très réussie. Robert Mulligan, connu pour ses comédies dramatiques sentimentales (un été 42, un été en Louisianne), dirige avec beaucoup de tact les deux acteurs principaux, surtout Steve McQueen excellent dans un rôle inhabituel où il perd son assurance face à cette jeune femme moderne qu'est la belle et espiègle Natalie Wood. Ajoutez une très belle photographie de Milton Krasner et la musique d'Elmer Bernstein, on obtient un film très agréable à regarder.
[center]5 Le génie du mal[/center][/color]
Richard Fleischer reprend l'histoire de Leopold et Loeb qui avaient défrayé la chronique dans les années 20 à Chicago pour avoir assassiné un jeune garçon par jeu en se considérant au dessus des lois au nom de leur intelligence supérieure. Contrairement à Hitchcock qui avait adapté la pièce de théâtre de Patrich Hamilton inspirée par ce fait divers dans La corde, Fleischer serre au plus près la réalité en adaptant le roman de Meyer Levin et en s'intéressant surtout à la psychologie des deux assassins incarnés superbement par Dean Stockwell et Bradford Dillman qui n'ont rien à envier au duo John Dall - Farley Granger. La fin du film est dominée par la plaidoirie d'Orson Welles très convaincant en opposant de la peine de mort. Beaux cadrages et belle photographie en N&B qui exploitent parfaitement le format cinémascope.