Marco Bellocchio
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Marco Bellocchio
SALTO NEL VUOTO (Marco Bellocchio, 1980) Découverte
Le cinéma de Marco Bellocchio a quelque chose de glacé, de distant. Avec un point de départ comme celui de Salto nel vuoto (la folie, thème récurant chez l'auteur) il était évident qu'on serait en plein dedans. Étonnant et dommage cette obsession du cinéaste à tenir à distance ces personnages et les émotions qui en découlent comme si dans ce cinéma italien post-Antonioni, intelligence du point de vue et asséchement du style allaient de paire. Salto nel vuoto est donc un film exigeant, beau parfois, frustrant aussi. L'essence du film tient sur les épaules de ce couple, de ce frère et de cette sœur interprétés avec ferveur par les deux comédiens (même doublés en italien, Michel Piccoli transpire le génie et Anouk Aimée la vulnérabilité). L'ironie étant que l'humanité qui se dégage de leurs interprétations ne semble pas voulue par le cinéaste. Bellocchio ne cesse de glisser dans son film des éléments perturbateurs, un Michele Placido crypté, des séquences fantastiques maladroites visant à atténuer un semblant de lyrisme romantique qu'il juge « vulgaire ». Problème, dans cette démarche, le trouble se trouve aussi atténué. Exercice intriguant, Salto nel vuoto est une œuvre âpre mais que l'on ne peut mépriser. Rien à dire en revanche sur le sublime plan séquence final. 7,5/10
Le cinéma de Marco Bellocchio a quelque chose de glacé, de distant. Avec un point de départ comme celui de Salto nel vuoto (la folie, thème récurant chez l'auteur) il était évident qu'on serait en plein dedans. Étonnant et dommage cette obsession du cinéaste à tenir à distance ces personnages et les émotions qui en découlent comme si dans ce cinéma italien post-Antonioni, intelligence du point de vue et asséchement du style allaient de paire. Salto nel vuoto est donc un film exigeant, beau parfois, frustrant aussi. L'essence du film tient sur les épaules de ce couple, de ce frère et de cette sœur interprétés avec ferveur par les deux comédiens (même doublés en italien, Michel Piccoli transpire le génie et Anouk Aimée la vulnérabilité). L'ironie étant que l'humanité qui se dégage de leurs interprétations ne semble pas voulue par le cinéaste. Bellocchio ne cesse de glisser dans son film des éléments perturbateurs, un Michele Placido crypté, des séquences fantastiques maladroites visant à atténuer un semblant de lyrisme romantique qu'il juge « vulgaire ». Problème, dans cette démarche, le trouble se trouve aussi atténué. Exercice intriguant, Salto nel vuoto est une œuvre âpre mais que l'on ne peut mépriser. Rien à dire en revanche sur le sublime plan séquence final. 7,5/10
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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- Bronco Boulet
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Re: Marco Bellocchio
Ça m'était complètement passé par-dessus la tête, ce film. Souvenir d'une violente purge qui ne racontait rien. 

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Re: Marco Bellocchio
Celui-là est pas mal


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Re: Marco Bellocchio
Je ne connais que Les Poings dans les poches, vu il y a 10 ans, dont j'ai peu de souvenirs mais qui m'avait laissé une forte impression.

inédit en DVD
Il est dispo en Vod mais ça semble de la VO pur (non ?)
http://pluzzvad.francetv.fr/videos/les- ... _8270.html
edit: si "Le diable au corps" dont j'ai plutot un bon souvenir. Dommage qu'on ait parlé de ce film que pour une scène dont il aurait pu se passer.

inédit en DVD

http://pluzzvad.francetv.fr/videos/les- ... _8270.html
edit: si "Le diable au corps" dont j'ai plutot un bon souvenir. Dommage qu'on ait parlé de ce film que pour une scène dont il aurait pu se passer.
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Re: Marco Bellocchio

(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)
Les poings dans les poches
Matricide, fratricide, parfum d’inceste, tabous mis à sac en autodafé païen… Le premier long-métrage de Bellocchio a fait l’effet d’une bombe dans une nation ne prévoyant pas ou ne voulant pas imaginer le processus de dissolution et de violence qui la menace. C’est un jeu de massacre vénéneux qui pilonne trois fondements de la société italienne : l’Église est ridiculisée, la patrie jetée à terre avec le drapeau tricolore, la famille nourrie de haines recuites, d’histoires d’argent et de rapports troubles. Le réalisateur ne préserve rien ni personne, surtout pas son héros adolescent pris d’un mal de vivre, d’un goût du blasphème, d’un instinct de destruction névrotiques, justicier malade car trop lucide, naturellement dément à force de logique. Un huis-clos étouffant et un authentique film d’horreur domestique. 5/6
Viol en première page
Sur un script de dénonciation socio-politique à la Rosi, limpide mais le serrant un peu aux entournures, le cinéaste raconte comment un fait divers sordide est utilisé par la presse conservatrice pour fabriquer un coupable gauchiste afin de canaliser l’opinion en période électorale. Il en va du film comme de la cuisine familiale : il est sain, goûteux, parfois savoureux, mais sans génie. L’application y tient lieu d’inspiration, on y enfonce des portes qui ne restent fermées qu’à ceux qui se refusent délibérément à les voir ouvertes, et si tout est dit (intérieur minable du concierge opposé à la splendeur de la seigneuriale demeure du magnat journalistique, survivance des attitudes surannées au sein de la morale la plus libre, persistance de l’emprise de la religion), rien ne sonne faux et rien ne sonne neuf. 4/6
Le diable au corps
Sur le papier, on perçoit assez bien les intentions du cinéaste (se servir du roman de Radiguet pour fustiger l’Italie du post-terrorisme et sa morale petite-bourgeoise) ainsi que certains thèmes familiers (un univers clos, asilaire, dont l’ordre est établi par une famille toute puissante et dont l’unique contestation révolutionnaire serait le sexe). Mais l’exécution cumule les poncifs du drame psychologique au rabais, troquant la fièvre et le trouble par un plaquage hystéro-freudien sans ambigüité et une lourdeur d’illustration qui en fait un cousin ennuyeux de 37°2 le Matin, sorti – détail révélateur – la même année. Ici la folie se résume à une série de clichés artificiels, la passion est froide, filmée sans lyrisme ni inspiration, et la lecture sociale trop superficielle pour susciter autre chose que le désintérêt. 2/6
Le prince de Hombourg
Clairs-obscurs sculptés par les torches et les chandelles, remarquable jeu du net et du flou, contre-jours aveuglants qui engloutissent soudain les corps : il fallait à Bellocchio cet art de l’image pour insuffler la vie nécessaire à sa lecture toute cérébrale de la pièce de Kleist, dont le minimalisme baroque recherche une théâtralité pleinement assumée. L’inconscient travaille ici en pleine lumière pré-analytique, et la brillance de cet univers renvoie à un mode clos sur lui-même, cristal d’hallucination qui confine à la claustrophobie, comme si le cinéaste parvenait à montrer en même temps l’attrait et le danger de cet enfermement dans l’imaginaire. La vie est un songe, semble affirmer le réalisateur, et le cinéma a pour tâche de le figurer. Ce qu’illustre la conclusion, assez magnifique mais très ambigüe. 4/6
Le sourire de ma mère
C’est à travers les yeux d’un héros rétif et perplexe que Bellocchio mène cette singulière enquête, quasi policière, au cœur des instances vaticanes, durant laquelle la réalité s’estompe au profit de son envers fantomatique. On y croise un vieux comte antimonarchiste qui provoque un duel lors d’une scène à l’anachronisme délirant, une beauté blonde irréelle n’existant peut-être pas ailleurs qu’en songe, et toute une famille liguée avec l’épiscopat dans un sombre complot. À travers ce monochrome étouffant, ce ballet d’ombres et de secrets, le cinéaste stigmatise l’obscurantisme et les relations occultes entre pouvoir et religion, rend aux manœuvres politiques leur visage le plus cynique, et affirme un agnosticisme radical qui trouve sa pleine expression dans le sourire ironique du génial Sergio Castellito. 4/6
Buongiorno, notte
D’un des événements les plus traumatisants de l’histoire italienne contemporaine, Bellocchio tire une méditation complexe et captivante sur l’engagement et ses compromissions, le libre arbitre et la conscience individuelle, qui évite tous les pièges inhérents à son sujet au profit d’une approche presque fantasmatique et qui charrie les rêves brisés d’une utopie se fracassant aux contingences de la réalité. À travers un beau portrait de femme, héroïne ambivalente en proie au doute et à la remise en question de ses idéaux, le cinéaste radiographie l’état moral et les aliénations d’un pays en pleine période de crise politique, et use tout à la fois des armes du thriller en huis-clos et de l’investigation socio-psychologique en passant sans arrêt de l’ombre à la lumière, de l’immobilité carcérale au mouvement. 4/6
Vincere
Dès les premières secondes, la puissance opératique et l’ampleur de la mise en images, en phase avec la musique wagnérienne de Carlo Crivelli, prennent à la gorge – jusqu’au chavirant regard-caméra final, le film tiendra cette intensité. Portée par un souffle fiévreux, l’œuvre fait bouillonner les flots d’un lyrisme total, pleinement en phase avec son sujet : Bellocchio donne à ressentir la folie exaltée d’un pays hypnotisé et galvanisé par Mussolini, la propagation d’un fascisme broyant les individus dans une course effrénée vers le pouvoir, dans sa dimension la plus abstraite, la plus mythologique. Mélodrame flamboyant sur les oubliés de l’Histoire, où l’analyse est vectrice d’une révolte permanente, ce grand film creuse la question du religieux et du politique, de la corruption et de l’inconscient, avec la même inspiration baroque et hallucinée. 5/6
Top 10 Année 2009
La belle endormie
S’il freine la pompe formelle qui nourrissait les eaux du précédent film, Bellocchio n’en ose pas moins une structure chorale qui s’abreuve d’une demi-douzaine de lignes individuelles pour confronter les questions de la conscience, du choix et de la liberté au consentement de la fin de vie. Le refus de reconstituer l’affaire Eluana Englaro de front est louable mais, dans son éparpillement, le récit perd en autorité, peinant à approfondir avec une égale réussite les différents fragments de la mosaïque. Reste la vigueur d’une analyse psycho-sociétale qui décèle avec lucidité le somnambulisme collectif, la belle unité romanesque de l’ensemble, et le plaisir de voir certains segments abattre leurs cartes lorsque l’on s’y attend le moins (ainsi des jolis échanges finaux entre la toxicomane et le médecin). 4/6
Fais de beaux rêves
Au centre du drame : la figure éminemment bellocchienne de la mère, dont la mort entourée d’un halo de non-dit familial plombera la vie sociale et amoureuse du fils orphelin qui l’adorait. On croirait le film sorti du cinéma psycho-freudien des années soixante-dix tant il s’empare bravement de tout cet attirail traumatique sans jamais chercher à biaiser la transparence de ses implications. Mais le cinéaste est plus subtil que les écueils de son sujet, et il le prouve en ordonnant une mosaïque de souvenirs hantés, de rêveries sombres, de doutes et de peurs parfois à la lisière de l’étrangeté fantasmatique. Il tient surtout avec fluidité et rigueur les rênes d’un récit enveloppant où se dessine patiemment, par les effets conjugués de l’introspection et de l’amour salvateur, la possibilité d’une délivrance. 4/6
Le traître
Parce qu’il sait que le film de mafia est un genre déjà très exploré, le réalisateur n’en active les lieux communs (fêtes explosives, fuites dans l’urgence, tensions paranoïaques) que pour mieux les neutraliser. Et c’est à nouveau comme l’éternelle mauvaise conscience de son pays qu’il convoque des évènements parmi les plus traumatisants de l’histoire italienne contemporaine (l’attentat contre le juge Falcone, le scandale Andreotti…). Son ambition consiste à déplacer le spectacle de la réalité vers une arène (celle du tribunal, véritable panier de crabes) où la parole est contrainte de soutenir le regard, et où la nécessité du combat éthique s’affirme sans emphase ni héroïsation. Reste que l’entreprise, peu disposée à tailler dans ses morceaux les plus gras, peine à atteindre le lyrisme et le tragique qu’elle courtise. 4/6
Mon top :
1. Vincere (2009)
2. Les poings dans les poches (1965)
3. Le sourire de ma mère (2002)
4. Buongiorno, notte (2003)
5. Fais de beaux rêves (2016)
Quelques films souvent passionnants, complexes et riches chacun à leur manière, quelques œuvres d’une profonde cohérence qui s’interrogent sur l’identité et l’histoire italiennes, ouvrent des perspectives tout à la fois éthiques, politiques, existentielles, et qui laissent percevoir un talent singulier : Bellocchio est sans doute bel et bien le grand cinéaste que l’on dit.
Last edited by Thaddeus on 29 Nov 19, 11:21, edited 8 times in total.
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Re: Marco Bellocchio
J'allais justement évoquer Vincere. Une très belle découverte en salle. Le type de film qui devrait plaire à Demi-Lune 

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Re: Marco Bellocchio
Je ne sais même pas pourquoi j'ai espéré...Thaddeus wrote:Il me semble qu'il l'a vu et qu'il ne l'a pas aimé.
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Re: Marco Bellocchio
C'est pas mal, mais effectivement pas de quoi s'en relever la nuit.Thaddeus wrote:Il me semble qu'il l'a vu et qu'il ne l'a pas aimé.

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Re: Marco Bellocchio
Chef d'oeuvre
Vincere
Tres bons
La Chine est proche
Le Prince de Hombourg
Bon
Biongorno,notte
Les Poings dans les poches
Moyen
La Nourrice
Bof
Les Yeux, la bouche
Fous à delier
Je n'aime pas
Henri IV
Le Saut dans le vide
Vu aussi Viol en premiere page, mais aucun souvenir.
Vincere
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Re: Marco Bellocchio
Je n'ai encore rien vu de ce cinéaste hormis son segment du pénible film à sketch La Contestation (Amore e Rabbia). Je note Vincere pour commencer.
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Re: Marco Bellocchio
C'est hard mais je comprends ce rejet. J'ai moi-même une relation disons hésitante avec son cinéma. Même les célébrés I pugni in tasca et Vincere, m'ont laissé sur le trottoir bien que formellement impressionnants. A chaque (re)découverte, j'y vais à reculons (les seuls qui me font de l’œil sont Sbatti il mostro in prima pagina et Marcia trionfale en raison principalement de leurs castings).Demi-Lune wrote:Ça m'était complètement passé par-dessus la tête, ce film. Souvenir d'une violente purge qui ne racontait rien.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Marco Bellocchio
J'ai vu il y a quelques semaines Viol en première page / Sbatti il mostro in prima pagina (DVD italien de piètre qualité). Film à charge contre les journaux politiques de droite. Scénario solide de Sergio Donati qui devait en assurer la réalisation. Gian Maria Volonte est machiavélique et cynique à souhait. Mais la réalisation manque de punch. On est loin des grands films politiques de Elio Petri ou de Francesco Rosi.
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Re: Marco Bellocchio
La rétro (intégrale) a commencé depuis quelques jours à la cinémathèque.
J'en profite pour remettre un précédent avis découvert en septembre
Sans être aussi violent que le rejet du saut dans le vide, je dois avouer que ces deux titres n'ont pas provoqué autre chose qu'un profond ennui, parfois teinté d'agacement.
En gros, je vois des trucs bouger à l'écran, il y a des sons qui viennent jusqu'à mes oreilles et c'est à peu près tout.
Je ne vois pas vraiment ce que ça raconte, je ne comprends pas les personnages et surtout je n'ai pas envie de les comprendre. A chaque nouvelle séquence, j'ai le sentiment que ce sont plus les mêmes protagonistes tant leurs comportements n'ont aucune cohérence ou logique. On dirait des bipolaires instables dont l'humeur changent en quelques secondes. Surtout les yeux, la bouche dont je me suis senti immédiatement extérieur. Comme le film fait beaucoup de références aux poings dans les poches (que je vois mercredi), je me dis qu'une partie de ma perplexité pourrait s'estomper après sa découverte... Encore faudrait-il avoir envie...
Le diable au corps est peu moins abstraits dans sa narration et sa psychologie mais demeure malgré tout démonstratif, artificiel et dénué de tout naturel en refusant la moindre explication ou justification.
Je trouve aussi également que la réalisation de ces deux films assez faibles et répétitives avec une surexploitation des gros plans rapidement lassant et une absence cruelle de rythme (d'autant que l'absence d'enjeu n'aide pas).
Après, chaque film a quelques moments réussis. L'ouverture du diable au corps est, pour le coup, excellente malgré un découpage qui n'est pas à la hauteur de la multiplication des points de vues et des jeux de regard. Le plan-séquence où Maruschka Detmers apparaît nue sur le divan du psy est bien géré.
Sur Les yeux, la bouche se sont les 5-10 dernières minutes qui permettent de sauver le film avec deux ultimes séquences touchantes ("le fantôme" du frère et la séquence sous la douche). Mais ça reste très maigre au moment du bilan.
J'en profite pour remettre un précédent avis découvert en septembre
Ce soir, j'en ai tenté deux (au hasard du calendrier) : Le Diable au corps (1985) et Les yeux, la bouche (1982)bruce randylan wrote:Buongiorno, notte (Marco Bellocchio - 2003)
Première vraie rencontre avec Bellocchio après avoir tenté le saut dans le vide il y a une quinzaine d'année (stoppé au bout de 30 minutes). Là, c'est beaucoup plus intéressant avec cette évocation du kidnapping et de l'assassinat de l'homme politique Aldo Moro par les brigades rouges.
C'est en majeur partie un huit clos dans l'appartement où est retenu captif l'otage avec un parti pris assez réussi de reproduire l'effet d'enfermement sur la manière de filmer les personnages : beaucoup de gros plans en longues focales pour effacer l'arrière plan (ou le premier). Ca créé rapidement une sorte de climat de claustrophobie psychologique où le personnage central, la femme ayant louée l'appartement, commence a douter de la pertinence de leur action. Il y a d'ailleurs une utilisation vraiment adroite des images d'archives comme si elles représentaient un imaginaire mentale et symbolique. C'est assez troublant d'ailleurs quand l'héroïne songe aux exécutions des communistes par les fascistes alors que leur otage vient d'être déclarer coupable et condamné à mort.
C'est aussi une manière assez subtile pour Bellocchio de prendre parti sans verser dans la prise de position tranchée. Ce sont avant tout les dilemmes moraux qui motivent sa narration. C'est une qualité mais aussi un peu la limite du projet qui choisi l'enfermement plutôt que d'avoir une vision plus large et complexe d'une période noire pour l'Italie.
Ca me motive en tout cas pas mal pour découvrir plus en détail le réalisateur avec la rétrospective qui arrivera le trimestre prochain à la cinémathèque.![]()
Sans être aussi violent que le rejet du saut dans le vide, je dois avouer que ces deux titres n'ont pas provoqué autre chose qu'un profond ennui, parfois teinté d'agacement.
En gros, je vois des trucs bouger à l'écran, il y a des sons qui viennent jusqu'à mes oreilles et c'est à peu près tout.

Je ne vois pas vraiment ce que ça raconte, je ne comprends pas les personnages et surtout je n'ai pas envie de les comprendre. A chaque nouvelle séquence, j'ai le sentiment que ce sont plus les mêmes protagonistes tant leurs comportements n'ont aucune cohérence ou logique. On dirait des bipolaires instables dont l'humeur changent en quelques secondes. Surtout les yeux, la bouche dont je me suis senti immédiatement extérieur. Comme le film fait beaucoup de références aux poings dans les poches (que je vois mercredi), je me dis qu'une partie de ma perplexité pourrait s'estomper après sa découverte... Encore faudrait-il avoir envie...
Le diable au corps est peu moins abstraits dans sa narration et sa psychologie mais demeure malgré tout démonstratif, artificiel et dénué de tout naturel en refusant la moindre explication ou justification.
Je trouve aussi également que la réalisation de ces deux films assez faibles et répétitives avec une surexploitation des gros plans rapidement lassant et une absence cruelle de rythme (d'autant que l'absence d'enjeu n'aide pas).
Après, chaque film a quelques moments réussis. L'ouverture du diable au corps est, pour le coup, excellente malgré un découpage qui n'est pas à la hauteur de la multiplication des points de vues et des jeux de regard. Le plan-séquence où Maruschka Detmers apparaît nue sur le divan du psy est bien géré.
Sur Les yeux, la bouche se sont les 5-10 dernières minutes qui permettent de sauver le film avec deux ultimes séquences touchantes ("le fantôme" du frère et la séquence sous la douche). Mais ça reste très maigre au moment du bilan.
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Re: Marco Bellocchio
Bon, merci de me confirmer dans ma non-envie d'aller voir quelques trucs dans cette rétrospective.bruce randylan wrote:Ce soir, j'en ai tenté deux (au hasard du calendrier) : Le Diable au corps (1985) et Les yeux, la bouche (1982)
Sans être aussi violent que le rejet du saut dans le vide, je dois avouer que ces deux titres n'ont pas provoqué autre chose qu'un profond ennui, parfois teinté d'agacement.
Il n'y avait guère qu'Henri IV, le roi fou qui m'intéressait a priori (à cause de Mastroianni et Claudia Cardinale), mais ses programmations ne coïncident pas avec mes disponibilités.
Par contre, n'hésite pas à découvrir Les poings dans les poches. C'est son premier film et franchement, de ce que j'ai vu par la suite, je crois qu'il n'a pas fait mieux.