Sam Peckinpah (1925-1984)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Geoffrey Carter
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Geoffrey Carter »

Il n'y a pas grand-chose à sauver de ce triste naufrage regorgeant de fausses bonnes idées, si ce n’est la cinégénie du visage de Maureen O’Hara qui illumine le film à plusieurs reprises, ou encore la très belle photographie de William H. Clothier qui utilise avec un talent certain les paysages naturels de l’Arizona. Et si nous faisions comme le réalisateur, qui aimait à dire que Ride the High Country marquait ses véritables débuts au cinéma ?
Je dois avouer que j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour ce film :oops:
On ne peut nier évidemment les défauts que tu as évoqués mais je trouve que le résultat est loin d'être aussi catastrophique que cela.
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Jeremy Fox
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Jeremy Fox »

Geoffrey Carter a écrit :
Il n'y a pas grand-chose à sauver de ce triste naufrage regorgeant de fausses bonnes idées, si ce n’est la cinégénie du visage de Maureen O’Hara qui illumine le film à plusieurs reprises, ou encore la très belle photographie de William H. Clothier qui utilise avec un talent certain les paysages naturels de l’Arizona. Et si nous faisions comme le réalisateur, qui aimait à dire que Ride the High Country marquait ses véritables débuts au cinéma ?
Je dois avouer que j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour ce film :oops:
On ne peut nier évidemment les défauts que tu as évoqués mais je trouve que le résultat est loin d'être aussi catastrophique que cela.
Mes collègues de la rédac iront dans ton sens ; j'ai déjà subi leurs foudres :mrgreen:
bruce randylan
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par bruce randylan »

Découvert hier 3 épisodes de la série télé Zane Grey theater (1959-1960), 3ème série sur laquelle Peckinpah travaille en tant que réalisateur.

Trouble at tres cruces (1959)
Un cowboy reçoit une lettre de son oncle qui l'invite chez lui pour essayer une nouvelle winchester possédant une plus grande puissance et une bien meilleure précision grâce à sa lunette de visée. Une fois arrivée dans son village, il apprend qu'il a été assassiné.
Un très bon épisode que Peckinpah a écrit seul ; ce qui se sent au travers d'un romantisme pudique (le femme lisant la lettre de l'oncle et dont la voix se brise comprenant que l'homme qu'elle aime va devoir partir) et du personnage du méchant campé par Neville Brand, un politique corrompu qui refuse la violence gratuite et qui calcule chaque acte et conséquence ("on ne tue pas par plaisir... seulement par profit" dit-il avant d'abattre son bras droit en vue d'apaiser une population haineuse). Un portrait étonnement complexe et ambigu, loin du manichéisme, qui fait pour beaucoup dans la réussite de ce téléfilm où on retrouve déjà Brian Keith.
Visuellement, c'est pas mal du tout avec une volonté de tourner en extérieur autant que possible. Et on retrouve déjà une certaine fascination pour la violence puisqu'on y voit un gros plan sur un impact de balle avec gerbe de sang... Ce qui ne devait pas être courant en 1960 à la télé !

Lonesome road (1959) est d'une qualité équivalente avec son portrait d'Edmond O'Brien, shérif qui a sombré dans la paranoïa après avoir éradiqué les criminels de sa ville et qui voit chaque étranger comme un rival voulant tester sa rapidité au tir.
Dès petits airs de la cible humaine d'Henry King mais qui serait un peu son versant négatif avec ce personnage trouble et tout en nuance, à la fois pathétique et terrifiant et qui forme un duo surprenant avec Rita Lynn dans rôle féminin lui aussi plus riche qu'à l'accoutumée.
Peckinpah (qui co-écrit le scénario) exploite avec intelligence un tournage en studio pour réduire l'action au maximum à un simple bar. Il peut ainsi installer une grande tension qui montera jusqu'à l'explosion final stupéfiante et d'une incroyable dureté.
Excellente gestion de l'espace de surcroit.

Miss Jenny (1960) est en revanche plus dispensable. Un jeune homme qui a trop longtemps vécu seul dans les montagnes décide d'épouser une femme mariée. Il fait tout pour provoquer le mari en duel.
La tension du précédent a bien mal à s'installer, la faute à une interprétation plus problématique (surtout le plus jeune acteur), des personnages moins construits, un scénario pas vraiment crédible (Peckinpah est là aussi co-auteur) et une mise en scène qui ne parvient pas à faire oublier un décor quasi unique qui sent trop le studio. Dommage, les quelques extérieurs qui ouvraient le studio étaient autrement plus soignés tel Vera Lines au bord du lac.
Celà dit, le film se déroule en grande partie de nuit et la copie vidéo projetée était à ce titre particulièrement sombre et peu définie.

A noter que pour ce dernier épisode, la présentation de Dick Powell a été coupée (elle était très sympathique pour les deux premiers)
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Thaddeus
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Thaddeus »

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Coups de feu dans la Sierra
Dès ce deuxième film, Peckinpah pose les jalons essentiels de ce qu’il ne cessera de chanter dans les westerns suivants. L’ultime chevauchée de deux shérifs anachroniques y sonne le glas de la mythologique classique, l’interminable agonie de l’homme de l’Ouest, révélant la fin d’une époque légendaire qui cède le pas à l’ère industrielle et aux frontières définies. Filmée dans des teintes automnales, dépouillée de faux pittoresque malgré la présence d’éléments caractéristiques du genre, cette œuvre triste et nostalgique dévoile une singulière sensibilité romantique, et révèle la vieillesse désenchantée de deux héros qui ne reconnaissent plus le monde qui les entoure. Le final, scellant in extremis une amitié retrouvée, au-delà des trahisons passagères, est particulièrement beau. 5/6

Major Dundee
Nordiste brutal, militaire dans l’âme, désobéissant pour la plus grande gloire de l’uniforme et la sienne propre, Dundee domine avec ses forces et ses faiblesses et détruit tout, car il est venu apporter le glaive. Le film n’est pas un message mais une histoire racontée par cet homme. Hélas, s’il a pour circonstance atténuante de s’être fait charcuter par ses producteurs, s’il se déroule et développe ses enjeux avec une efficacité éprouvée, il manque d’assez loin les ambitions qu’il affiche tant dans sa portée politique que dans sa dimension humaine. Peckinpah avait sans doute en tête une fresque brutale et démythificatrice sur la naissance sanglante d’un pays, mais les concessions flagrantes à la logique commerciale l’ont réduite à une œuvre pâle et boiteuse, à peine plus distrayante qu’un western de série. 3/6

La horde sauvage
Ce film me semble autrement plus riche et accompli. Ici il n’y a pas de héros immaculés, pas de supériorité morale : juste des hommes cupides agissant par intérêt, et une brutalité qui n’épargne ni les femmes ni les enfants. Peckinpah s’attaque véritablement à la vision mythologique de l’Ouest et à son exaltation romantique, à travers la quête intimiste de héros vieillissants, en décalage affectif et économique avec le siècle qui s’annonce, perdus dans leurs illusions mais tâchant malgré tout de trouver un sens à leur vie. Épique et méditatif, c’est une sorte de chant nostalgique et funèbre en forme de dernier baroud, ramassé dans une esthétique de soleil et de poussière, de sang et de boue, et dont la stylisation de l’action et de la violence demeure, aujourd’hui encore, saisissante. 5/6
Top 10 Année 1969

Un nommé Cable Hogue
Rarement Peckinpah aura porté une telle tendresse à ses personnages. Offrant un contre-pied salutaire à la fureur nihiliste et désespérée de son inspiration habituelle, ce film méconnu décline quelque chose comme une nouvelle version des Mouches de Sartre, avec une pincée de Keystone cops. Brave et sympathique prospecteur ayant trouvé tardivement sa fortune, Cable Hogue sirote son bonheur au milieu du désert, reçoit les visites de la ville comme autant de spectres du passé, partage l’amour d’une jolie prostituée, se lie avec un prédicateur lubrique mais pas mauvais bougre, fraternise enfin avec un ennemi en qui il se reconnaît. Le western naturaliste, gorgé de truculence et d’ironie, revêt ainsi les couleurs d’un lamento humoristique dont la grandeur se nourrit d’humilité et de sensibilité. 5/6

Chiens de paille
Étape sans doute assez emblématique dans la longue interrogation du cinéma américain sur la violence, ses origines, ses manifestations. Instaurant une tension constante qui ne cesse de grimper jusqu’au déchaînement cathartique final, Peckinpah adopte le point de vue clinique d’un anthropologue sur les pulsions sauvages tapies en chaque individu, y compris le plus civilisé. L’étude in vitro des effets de l’impératif territorial cher à Robert Ardrey dispense un trouble froide et dérangeant, malheureusement flinguée presque intégralement par une scène de viol dégueulasse où l’héroïne finit par trouver son plaisir. Car en bon miso-macho, Sam nous rappelle cette vérité : les femmes sont toutes des salopes en puissance qui n’aiment rien tant que se soumettre et se faire prendre de force. Impardonnable. 3/6

Junior Bonner
Sans changer d’optique ni de thématique, le réalisateur ponctuellement apaisé arrache son héros à l’attraction nostalgique du passé et à la contemplation complice de la mort. Traînant la patte de prime en prime, de bain de foule en bain de foule, son Jr Bonner est une rodeoman errant, de bref passage dans sa famille, qui affirme tranquillement sa victoire sur le conformisme et l’argent. Avec le talent rare qui consiste à voir les choses à hauteur d’homme, Peckinpah relit à sa manière les Misfits de Huston en en troquant l’amertume par un jeu nonchalant de discrétion et de mutisme. La force et la subtilité des liens qui unissent les personnages, la chaleur humaine, la bonté, l’humour qui émanent de cette chronique de l’intégrité contribuent à en faire l’un des ses films les plus beaux et émouvants. 5/6

Guet-apens
La société urbaine américaine en ce début des années 70 est celle d’une mobilité extrême, ses institutions et ses lieux de vie (pénitenciers, bars, usines) gangrenés par le règne de la force et l’argent. La corruption est présente à tous les échelons, l’État de droit absent : sur ce constat désabusé Peckinpah met en scène un périple nerveux parsemé de déflagrations brutales, dont les héros réagissent comme s’ils remettaient tout en cause à tout bout de champ. Le couple lui-même, malmené, fragile, en proie une violence interne et à la suspicion permanente, devra littéralement être enseveli sous les détritus pour retrouver une solidité nouvelle. Voilà où se situe l’amère beauté de ce polar mené tambour battant, qui bafoue allègrement la morale traditionnelle du film noir. Dans le genre, c’est du costaud. 5/6

Pat Garrett et Billy le kid
L’auteur retrouve la veine et l’inspiration de La Horde Sauvage pour un nouveau western crépusculaire qui accentue la tonalité mélancolique de son propos. Il ne s’intéresse ici ni à l’aménagement ni au défrichement du territoire, mais à la démolition du passé, de l’amitié et du champ libre de l’Ouest, à la mort violente d’une façon de vivre devenue anachronique – ce faisant, il met comme un point final à l’histoire du genre. L’odyssée de ses deux héros, légendes confrontées à l’inexorabilité de leur destin et à l’achèvement d’une époque, s’inscrit dans une forme de flamboyance presque éteinte, synchrone avec leurs états d’âme d’êtres comme consumés par la proximité de la mort et la conscience désespérée de leur finitude. La bande originale de Dylan parachève ce film beau comme un requiem. 5/6
Top 10 Année 1973

Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia
Dans le paysage cramé d’un Mexique dépotoir, Peckinpah pousse jusqu’au bout du dégoût sa conception d’un monde en décomposition, gangrené par la prolifération corruptrice et destructrice des pires franges de l’idéologie américaine. Plus violent et nihiliste que jamais, son cinéma se fait ici le reflet d’un pays de plus en plus exécré, vis-à-vis duquel il règle ses comptes dans le sarcasme et la dérision. La balade romantique se transforme vite en une quête macabre, sordide, paranoïaque, ponctuée de péripéties tragiques et de surprises sanglantes, qui met le spectateur dans une position constamment dérangeante. Furieux, délirant, volontairement sale et déglingué, le polar prend, pour son looser pitoyable de héros, les allures d’une véritable descente aux enfers. Efficace mais un peu trop radical pour moi. 4/6

Tueur d’élite
C’est un Pechinpah fourbu, épuisé par ses luttes avec la production et miné par ses aspirations suicidaires, qui est aux manettes de ce suspense d’espionnage exécuté avec une étonnante indifférence. Sorti la même année que Les Trois Jours du Condor, qui dénonçait de manière autrement plus vigoureuse et convaincante les agissements des services de renseignement américains, le film souffre d’un sens narratif émoussé et n’offre qu’une poignée de fragments inspirés, même s’il prolonge la problématique chère à l’auteur : le lent rétablissement, à force de volonté, d’un homme blessé dans un combat douteux, le jeu ambigu de la trahison et de la loyauté, la paranoïa d’un pays agressé de l’extérieur, la fascination pour la technique et les armes à feu, cette dernière amenant à un ninja fight final digne d’une série Z. 3/6

Croix de fer
C’est un peu la transposition des barouds suicidaires des hordes sauvages sur le front russe pendant la Seconde guerre mondiale, en plus d’être l’un des plus virulents pamphlets antimilitaristes jamais réalisés. Un groupe de soldats y évolue dans un univers en totale décomposition, véritable antichambre de l’enfer ; le conflit est montré jusqu’à l’écœurement dans toute sa hideuse réalité, dénué de tout héroïsme, de toute justification morale. Accumulant les effets et les outrances, Peckinpah autopsie ainsi à sa manière le phénomène guerrier : un fusil à la main ou une balle entre les deux yeux, sans religion ni système philosophique, les hommes ne sont que des victimes humbles et velléitaires. Voilà comment l’âpreté nihiliste de l’auteur confère à cette odyssée une amertume noire et cynique. 4/6

Le convoi
On peut faire avec Peckinpah le tour de l’Ouest de quatre-vingts manières, en suivant le rythme de la route. Au volant de son quinze tonnes, Duck a l’arrogance du roi détrôné et l’assurance de Billy le Kid : sans racines ni territoire, libre comme le vent. Mais sa sagesse d’anarchiste qui ne veut pas d’emmerdes se voit contrariée par un flic aux méthodes fascistes s’étant juré de le coffrer. Leur course-poursuite, menée tambour battant, décontractée comme une comédie pittoresque, réserve toujours une place au clin d’œil, à la complicité du spectateur, même quand elle développe une réflexion musclée sur la collusion politique des pouvoirs. Et le film, joyeux, roboratif, de s’interdire toute nostalgie, tout pathétique complaisant, tout folklore du loser pour exprimer pleinement sa verve, sa fraîcheur et son énergie. 5/6

Osterman weekend
Derrière son bazar électronique, ses consoles vidéo et ses écrans de télévision, un agent secret mène le jeu. La vie perdue de son épouse en exige d’autres : celles d’un journaliste et de ses amis travestis en démons, le temps d’une manipulation. La morale de l’histoire est claire quand bien même le film joue sur l’écart entre la rectitude du projet (la vengeance) et la sinuosité du dispositif mis en place pour y parvenir : le pouvoir aussi fort soit-il ne peut résister à la volonté d’engloutissement d’un individu. Par sa nudité théorique, le dernier film de l’auteur évoque celui de Lang, Le Testament du Docteur Mabuse. Mais les possibilités de la matière, pas plus que le recours à un casting royal, ne rattrapent totalement les errances d’un scénario invraisemblable ni la facture flirtant parfois avec le dénuement. 4/6


Mon top :

1. La horde sauvage (1969)
2. Pat Garrett et Billy le kid (1973)
3. Junior Bonner (1972)
4. Coups de feu dans la Sierra (1962)
5. Un nommé Cable Hogue (1970)

Cinéaste du pathétique, de la dégradation, de l’entropie et de l’autodestruction, dont la hargne sauvage et désespérée s’est exprimée en autant de lamentos consacrant l’irréversible déclin du classicisme, Peckinpah est sans conteste un réalisateur important de son époque. Il arrive que son nihilisme exacerbé freine mon enthousiasme, mais lorsqu’il ne se livre pas à ces penchants excessifs son cinéma atteint une indéniable grandeur.
Dernière modification par Thaddeus le 28 juil. 19, 23:14, modifié 9 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Jeremy Fox »

Ton tiercé est également le mien, même si dans le désordre :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Jeremy Fox »

D'ailleurs, à l'exception de Guet Apens et Croix de fer, tes conclusions sur chacun de ses films reflètent assez bien mes avis aussi. Un mal aimé que j'aime beaucoup parmi ceux que tu n'as pas vu est Tueur d'élite qui fut une très belle surprise.
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Grimmy »

D'accord avec tout ce qui viens d'être dit. J'ai un peu du mal avec "les chiens de paille", grand classique qui ne m'a jamais bien emballé. Et pas bien aimé non plus "Junior Bonner". Mes préférés restant "Pat Garrett" (son chef d'œuvre) et "Guet-apens". J'aime à peu près tout le reste chez Peckinpah jusqu'à "Croix de fer"...Après, heu "Tueur d'élite" est fun pour son côté 70 et la présence de James Caan et Robert Duvall mais sinon bof, "Osterman week end" est d'un ennui terrible et je n'ai jamais vu "le convoi" (et j'ai pas bien envie !)
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par O'Malley »

Thaddeus a écrit : Chiens de paille
Peckinpah adopte le point de vue clinique d’un anthropologue sur les pulsions sauvages tapies en chaque individu, y compris le plus civilisé. L’étude in vitro des effets de l’impératif territorial cher à Robert Ardrey dispense un trouble froide et dérangeant, malheureusement flinguée presque intégralement par une scène de viol impardonnable où l’héroïne finit par trouver son plaisir. Car en bon miso-macho, Sam nous rappelle cette belle vérité : les femmes sont toutes des salopes en puissance qui n’aiment rien tant que se soumettre et se faire prendre de force. Dégueulasse. 3/6
Pourtant, il me semble que cette séquence n'est au final pas plus choquante que la conduite de la petite amie d'Angel dans La horde sauvage, la rencontre de Isela Vega avec les deux motards dans Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia ou le personnage joué par Sally Struthers dans Guet-Apens. Le propos est plus explicite, la scène très malaisante mais l'idée est exactement la même et il me semble que si on doit rejeter en partie Les chiens de paille pour ça, il faut encore plus le faire pour les autres titres...

Et puis même si je suis d'accord pour dire que le propos de Peckinpah sur la femme peut paraître très contestable, il n'en dit pas pour autant, dans Les chiens de paille que c'est une salope, à moins de considérer que toute femme qui aime se soumettre et être prise de force soit une salope (mais on est là plus dans une appréciation subjective du spectateur). Et puis je pense que le traitement du personnage de Susan George est plus complexe de ça.

Il me semble, d'ailleurs, que si Peckinpah a une vision méprisante de la femme, elle apparaitrait plus dans Guet-Apens (via le personnage de Sally Struthers) ou dans La horde sauvage que dans justement Les chiens de paille où il fait plus preuve de distanciation.

sinon, hallucinante la programmation des films TV de Peckinpah à la Cinémathèque et qui en plus s'avère être passionnants...dommage d'être si loin de la capitale pour ne pas en profiter. Si ça pouvait donner des idées aux éditeurs (Wild Side? Carlotta?) pour les bonus d'éventuelles éditions de Blu-Ray de film de Peckinpah.
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Kevin95
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Kevin95 »

Un recut made in Blow Up, vraiment bien foutu.
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par tindersticks »

Kevin95 a écrit :Un recut made in Blow Up, vraiment bien foutu.
Spoiler (cliquez pour afficher)
:D
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Federico »

Le montage image est excellent, le montage son extrêmement pénible (atroce sensation de lire une vidéo avec le son d'une autre en surimpression)... :|
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par gnome »

Federico a écrit :Le montage image est excellent, le montage son extrêmement pénible (atroce sensation de lire une vidéo avec le son d'une autre en surimpression)... :|
J'ai eu la même impression. J'ai même vérifié qu'une autre application ou fenêtre n'était pas ouverte en même temps.
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Roy Neary
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Roy Neary »

Je ne suis pas du tout d'accord avec la supposée vision misogyne et méprisante envers les femmes de Peckinpah défendue sur ce topic dans ces derniers messages.

A mon sens, Peckinpah montre à quel point les femmes (dans les univers extrêmement virils qu'il dépeint dans ses films) seront toujours les victimes plus ou moins violentes de la domination masculine. Les hommes, toujours décrits comme des machos mus par une pulsion de mort et guidés par une propension à l'autodestruction, brutalisent souvent les femmes pour exprimer avec lâcheté leur incapacité à s'accomplir dans une société régie par des rapports de force qui les poussent à faire surgir leurs plus bas instincts.
Dans ce contexte, les femmes ne sont pas dupes et tentent de se protéger par le meilleur moyen qui est à leur disposition : leur capacité de séduction, plus ou moins assumée, voire la possibilité de monnayer leur corps via une sorte de "contrat social" qui les préserve plus ou moins d'une trop forte oppression (cf. les personnages de prostituées). Hélas, cette attitude se retourne très souvent contre elles car la violence innée des hommes et leur complexe de domination se trouvent a contrario nourris par cette triste défense. La Hildy de Cable Hogue, très au courant de la nature profonde des hommes, parvient, elle, à ses fins (se protéger, lutter d'égal à égal avec les hommes) ; mais il faut dire qu'il s'agit du film le plus lumineux, tendre et "positif" de Peckinpah.
Ainsi, j'oserai même dire que Peckinpah prend la défense de femmes au sein d'une société machiste et patriarcale où elles n'ont pas d'autre perspective que d'être assujetties aux désidératas et aux injonctions brutales des hommes. Alors Peckinpah plutôt féministe ? Pourquoi pas !
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bruce randylan
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par bruce randylan »

C'est assez mon point de vue aussi.
D'ailleurs Croix de fer, il y a une séquence qui me stupéfie à chaque fois ; celle où Steiner abandonne sans état d'âme un de ses hommes face à un groupe de femmes qui viennent de perdre l'une d'elle, violée et assassinée par ce dernier.
Dernière modification par bruce randylan le 13 sept. 15, 13:39, modifié 1 fois.
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Re: Sam Peckinpah (1925-1984)

Message par Jeremy Fox »

Entièrement d'accord aussi avec Ronny.
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