Jacques Audiard
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Re: Jacques Audiard
Sur mes lèvres - 2001
Une œuvre immédiatement intrigante par son écriture et très sensuelle dans sa mise en scène constamment inspirée. On s'attache très vite aux personnages joués à la perfection par Emmanuelle Devos (qui reste pour moi l'une des meilleures comédiennes françaises de tous les temps) et Vincent Cassel. La première heure est tellement réussie que la plongée du film dans l'univers du polar déçoit un peu même si ça reste constamment prenant. Il faut dire que le film bénéficie aussi d'une superbe photographie et d'une bande originale magistrale signée Alexandre Desplat. Un scénario très original pour un film qui, même s'il n'atteint pas le niveau et la puissance de De Battre mon cœur s'est arrêté, reste un des grands films français des années 2000.
Une œuvre immédiatement intrigante par son écriture et très sensuelle dans sa mise en scène constamment inspirée. On s'attache très vite aux personnages joués à la perfection par Emmanuelle Devos (qui reste pour moi l'une des meilleures comédiennes françaises de tous les temps) et Vincent Cassel. La première heure est tellement réussie que la plongée du film dans l'univers du polar déçoit un peu même si ça reste constamment prenant. Il faut dire que le film bénéficie aussi d'une superbe photographie et d'une bande originale magistrale signée Alexandre Desplat. Un scénario très original pour un film qui, même s'il n'atteint pas le niveau et la puissance de De Battre mon cœur s'est arrêté, reste un des grands films français des années 2000.
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Re: Jacques Audiard
Je suis étonné de voir à quel point "De battre mon coeur..." est souvent préféré à "Sur mes lèvres", que je considère comme étant le meilleur film de Jacques Audiard.
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Re: Jacques Audiard
Je n'ai aucun souvenir de De battre mon cœur.. alors que j'ai adoré Sur mes lèvres. Il faut dire que j'ai beaucoup de mal avec Romain Duris.Ouf, tonton machin a écrit :Je suis étonné de voir à quel point "De battre mon coeur..." est souvent préféré à "Sur mes lèvres", que je considère comme étant le meilleur film de Jacques Audiard.
Sur mes lèvres bénéficie d'un excellent scénario, idem pour les acteurs.
- Jeremy Fox
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Re: Jacques Audiard
Alors qu'il s'agit d'un de mes acteurs français préférés ; d'où aussi probablement ma légère préférence pour De battre...bronski a écrit : Il faut dire que j'ai beaucoup de mal avec Romain Duris.
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Re: Jacques Audiard
Peut-être aura-ton droit au nouveau film de Jacques Audiard, Erran, pour Cannes 2015 :
http://www.lesinrocks.com/2014/10/08/ci ... -11528730/
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Re: Jacques Audiard
Jacques Audiard évoquant ses relations avec son père Michel et celles, mi-figue mi-raisin de ce dernier avec le monde du cinéma...
Au fait : pas de topic sur Michel Audiard ? ... dont il est aussi question ici avec un hommage rendu par six cinéastes français actuels
(dont un classikien ).
Au fait : pas de topic sur Michel Audiard ? ... dont il est aussi question ici avec un hommage rendu par six cinéastes français actuels
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Re: Jacques Audiard
Ah mais on a tout à fait le droit d'en créer un !Federico a écrit : Au fait : pas de topic sur Michel Audiard ? ... dont il est aussi question ici avec un hommage rendu par six cinéastes français actuels
(dont un classikien ).
Il ne faut pas hésiter à créer des topics pour des personnages qui ne sont ni des acteurs, ni des réalisateurs (lui en était un en plus, mais ce n'est pas ce dont on se rappelle le plus.)
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Re: Jacques Audiard
Tres bon
Sur mes levres
Bon
Un Prophete
Moyen
Regarde les hommes tomber
De rouille et d'os
De battre mon coeur s'est arreté
Mauvais
Dheepan
Plus trop de souvenirs
Un Heros tres discret
à part mon préféré, faudrait que je revois tout le reste, jugement sur une unique vision à chaque fois. En gros, si je reconnais des qualités de mise en scene et d'ecriture à Audiard, je ne suis pas vraiment touché par ses films, je les oublie assez vite
Sur mes levres
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Regarde les hommes tomber
De rouille et d'os
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Plus trop de souvenirs
Un Heros tres discret
à part mon préféré, faudrait que je revois tout le reste, jugement sur une unique vision à chaque fois. En gros, si je reconnais des qualités de mise en scene et d'ecriture à Audiard, je ne suis pas vraiment touché par ses films, je les oublie assez vite
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Re: Jacques Audiard
Je le trouve très bon celui là.Jack Carter a écrit : Plus trop de souvenirs
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Re: Jacques Audiard
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Re: Jacques Audiard
je l'avais aimé, il me semble bien car c'est ce qui m'avait motivé à aller voir le suivant en salles (Sur mes levres), mais plus aucun souvenir du filmRick Blaine a écrit :Je le trouve très bon celui là.Jack Carter a écrit : Plus trop de souvenirs
Un Heros tres discret
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Re: Jacques Audiard
Regarde les hommes tomber
Le premier long métrage d’Audiard impose une vision originale en tordant le cou aux lieux communs du polar traditionnel, et en assortissant d’une ironie grinçante le portrait assez glauque de ses héros en chute libre, marqués par la solitude, la fatigue et le désespoir. C’est une plongée troublante, forte et ambigüe dans un monde d’hommes ; pas un hymne convenu à l’amitié virile, mais la description littéraire (utilisation de cartons, voix off), remarquablement sensible et lucide, d’un réseau de trajectoires brisées et de relations condamnées. Le ton est plus pessimiste que dans tout ce que le réalisateur proposera par la suite, mais il est parcouru par un humour acerbe qui en tempère la violence presque invisible, marqué de notations très contemporaines, et porté par un trio de comédiens très investis. 4/6
Un héros très discret
Plus léger que le précédent mais sans doute aussi plus profond, plus mûr et plus brillant. Audiard trouve dans la période trouble de l’Occupation matière à de formidables variations romanesques sur les motifs de l’ambigüité, de la duperie et de la manipulation. Avec une allégresse communicative, il met en garde contre les vélléités très vivaces de réinventer l’Histoire, illustre la force du témoignage, le caractère presque sacré du propos de celui qui a vécu l’époque. Construit comme une mise en abyme facétieuse, d’une écriture alerte, inventive, ludique, le film s’amuse à brouiller les pistes, virevolte d’une vérité à l’autre, fait l’éloge du jeu et de l’affabulation pour dresser le portrait en creux d’un homme insaisissable, imposteur malicieux à la naïveté presque enfantine. Superbe BO d’Alexandre Desplat. 5/6
Sur mes lèvres
Toujours plus maître de ses moyens, Audiard accouche ici d’un polar sentimental totalement accompli, qui renouvelle le vieux motif du couple maudit de film noir (filou désargenté et femme fatale) en l’inscrivant dans une réalité sociale et contemporaine très marquée. Avec ce récit d’une double métamorphose (elle lui enseigne les bonnes manières et la réflexion, il lui apprend les mauvaises et l’appétit de vivre), il glisse sans esbroufe de la chronique au thriller atmosphérique, avec la même aisance instinctive et l’apport considérable d’un excellent duo d’acteurs. Tendu dans chaque plan, orchestrant un suspense captivant au fil d’une intrigue au cordeau, le film instaure un climat paradoxal de violence âpre et de douceur mêlée, et parvient à détourner les figures du genre tout en les magnifiant. 5/6
De battre mon cœur s’est arrêté
Tom fait un sale métier : magouilles immobilières, expulsions mafieuses de familles mal logées… Il aime son père, aide son père, hait son père, truand dévalué et condamné qui le maintient sous son joug. Sa rencontre avec une jeune Vietnamienne l’ouvre à la tendresse, réveille la musique en lui : l’implacable beauté d’une toccata de Bach soudain les rapproche. Il y a des bouffées de violence, des hauts et des bas, des femmes qui passent, et l’apaisement au bout du chemin tandis que le héros arrache dans la douleur ce qui l’a fait riche pour tenter de conquérir ce qui le fera homme. Audiard élargit encore sa palette en privilégiant une approche intime, vibratile, électrique, rivé à l’intériorité fiévreuse d’un personnage auquel Romain Duris, aventureux et gourmand, apporte une grande intensité. Remarquable. 5/6
Top 10 Année 2005
Un prophète
Deux heures et demie de nitroglycérine, pas un bout de gras, un don inné pour agripper le spectateur dès la première seconde et ne plus le lâcher. Ample et physique, riche et étouffante, cette étude saisissante d’un rapport de servitude et de l’ascension d’un jeune truand malgré lui donne à assister à la naissance d’un gangster, une naissance hantée par la culpabilité, l’instinct de survie, la lutte entre fondements moraux et soif de respectabilité, de pouvoir, d’argent. Le considérable travail de mise en lumière du fonctionnement interne d’une microsociété (rapports de force complexes, regroupements et affrontements communautaires, stratégies individuelles et collectives, principes de domination et de soumission) s’y subordonne à la logique haletante du pur film noir, dans le sillage des maîtres du genre. La réussite est totale. 5/6
Top 10 Année 2009
De rouille et d’os
L’inspiration d’Audiard est noire et tourmentée ; elle aussi traversée d’éclats de délicatesse et de fragments d’humanité brute, traçant une ligne à la fois fébrile et sûre vers la lumière – ici comme avant, le film s’achève sur une (re)naissance. Le couple cabossé de Sur mes Lèvres, la trajectoire rédemptrice de De battre mon cœur… fusionnent en un mélodrame très pur, qui se permet des échappées poétiques (l’orque à travers la vitre) et des audaces inédites (les corps sculpturaux ou meurtris, le regard cru et sexué sur le handicap). Jamais sans doute le cinéaste ne s’était autant ouvert à la fragilité, à l’émotion d’une possibilité amoureuse, sans cesse nourrie par la vérité presque dardennienne du background social, le soin apporté à tous les personnages, et surtout le talent formidable de son duo d’acteurs. 5/6
Dheepan
Il y a quelque chose d’assez réjouissant à voir Audiard refuser la grande forme et le grand sujet pour se pencher, en langue étrangère, sur une très attachante famille fictive de migrants tamouls tentant de se constituer au sein d’un environnement hostile. Si l’on peut s’interroger sur la crédibilité des no-go zones périurbaines telles que le cinéaste choisit de les montrer, rien ne saurait entamer la sensibilité avec laquelle il traduit les doutes, les peurs et les espoirs de ses trois protagonistes, ni l’efficacité dramatique du parcours d’un homme en reconstruction, confronté à la résurgence de sa propre violence. Cette conciliation toujours préservée de tension et de douceur intimiste, cette maîtrise éprouvée des genres et des tons, propres à l’auteur, font de la Palme 2015 une œuvre forte et touchante. 5/6
Les frères Sisters
En se confrontant à la mythologie américaine entre toutes du western, le réalisateur met très brillamment en pratique sa vision d’un cinéma conçu comme un grand artisanat. La facilité à investir les codes du genre en leur insufflant une énergie nouvelle, l’aisance à dégraisser la matière narrative sans verser dans l’épure, la précision d’un récit qui happe de sa main ferme mais coulante, tout témoigne d’un bonheur constamment inspiré et préserve la richesse thématique autant que l’estampille populaire. À l’image de l’or scintillant dans le lit de la rivière, le film est une pépite s’offrant sans coup de force, une épopée intime et initiatique qui, loin de se draper de moralisation, dresse le constat clair de l’impasse de la violence et quête l’avènement de cette civilisation humaniste dont John Ford s’était fait le chantre. 5/6
Top 10 Année 2018
Les Olympiades
Paris XIIIème, ses nouvelles tours, sa population métissée. Et une phrase, "Je baise et je vois après", qui pourrait résumer la trajectoire d’un film où, comme toujours chez Audiard (ce grand sentimental ?), l’amour possible est au bout du chemin. Élégante et sensuelle, stylisée sans chichis ni excès de joliesse, sa caméra épouse les tressautements d’un culbuto balançant sans cesse entre inquiétude et passion, énergie et désarroi, solitude et ferveur. Une véritable liberté des tons et des corps souffle sur cette chronique sentimentale, connectée à son époque sans paraître opportuniste et dressant en coupe, à partir d’une ligne de script, d’un couple, d’une intrigue, le portrait parcellaire mais très juste d’un certain état contemporain. Quant aux trois acteurs, révélations ou confirmation, ils sont plus qu’épatants. 5/6
Mon top :
1. Un prophète (2009)
2. De battre mon cœur s’est arrêté (2005)
3. Sur mes lèvres (2001)
4. De rouille et d’os (2012)
5. Les frères Sisters (2018)
En l’espace de vingt-cinq ans et en moins d’une dizaine de films, Jacques Audiard s’est imposé comme l’un des plus brillants cinéastes français, dont la précision d’approche et la plénitude technique n’égalent que la richesse de traitement de ses sujets. Peu de réalisateurs, chez nous, peuvent se prévaloir d’autant de rigueur, de densité et de maîtrise aujourd’hui.
Le premier long métrage d’Audiard impose une vision originale en tordant le cou aux lieux communs du polar traditionnel, et en assortissant d’une ironie grinçante le portrait assez glauque de ses héros en chute libre, marqués par la solitude, la fatigue et le désespoir. C’est une plongée troublante, forte et ambigüe dans un monde d’hommes ; pas un hymne convenu à l’amitié virile, mais la description littéraire (utilisation de cartons, voix off), remarquablement sensible et lucide, d’un réseau de trajectoires brisées et de relations condamnées. Le ton est plus pessimiste que dans tout ce que le réalisateur proposera par la suite, mais il est parcouru par un humour acerbe qui en tempère la violence presque invisible, marqué de notations très contemporaines, et porté par un trio de comédiens très investis. 4/6
Un héros très discret
Plus léger que le précédent mais sans doute aussi plus profond, plus mûr et plus brillant. Audiard trouve dans la période trouble de l’Occupation matière à de formidables variations romanesques sur les motifs de l’ambigüité, de la duperie et de la manipulation. Avec une allégresse communicative, il met en garde contre les vélléités très vivaces de réinventer l’Histoire, illustre la force du témoignage, le caractère presque sacré du propos de celui qui a vécu l’époque. Construit comme une mise en abyme facétieuse, d’une écriture alerte, inventive, ludique, le film s’amuse à brouiller les pistes, virevolte d’une vérité à l’autre, fait l’éloge du jeu et de l’affabulation pour dresser le portrait en creux d’un homme insaisissable, imposteur malicieux à la naïveté presque enfantine. Superbe BO d’Alexandre Desplat. 5/6
Sur mes lèvres
Toujours plus maître de ses moyens, Audiard accouche ici d’un polar sentimental totalement accompli, qui renouvelle le vieux motif du couple maudit de film noir (filou désargenté et femme fatale) en l’inscrivant dans une réalité sociale et contemporaine très marquée. Avec ce récit d’une double métamorphose (elle lui enseigne les bonnes manières et la réflexion, il lui apprend les mauvaises et l’appétit de vivre), il glisse sans esbroufe de la chronique au thriller atmosphérique, avec la même aisance instinctive et l’apport considérable d’un excellent duo d’acteurs. Tendu dans chaque plan, orchestrant un suspense captivant au fil d’une intrigue au cordeau, le film instaure un climat paradoxal de violence âpre et de douceur mêlée, et parvient à détourner les figures du genre tout en les magnifiant. 5/6
De battre mon cœur s’est arrêté
Tom fait un sale métier : magouilles immobilières, expulsions mafieuses de familles mal logées… Il aime son père, aide son père, hait son père, truand dévalué et condamné qui le maintient sous son joug. Sa rencontre avec une jeune Vietnamienne l’ouvre à la tendresse, réveille la musique en lui : l’implacable beauté d’une toccata de Bach soudain les rapproche. Il y a des bouffées de violence, des hauts et des bas, des femmes qui passent, et l’apaisement au bout du chemin tandis que le héros arrache dans la douleur ce qui l’a fait riche pour tenter de conquérir ce qui le fera homme. Audiard élargit encore sa palette en privilégiant une approche intime, vibratile, électrique, rivé à l’intériorité fiévreuse d’un personnage auquel Romain Duris, aventureux et gourmand, apporte une grande intensité. Remarquable. 5/6
Top 10 Année 2005
Un prophète
Deux heures et demie de nitroglycérine, pas un bout de gras, un don inné pour agripper le spectateur dès la première seconde et ne plus le lâcher. Ample et physique, riche et étouffante, cette étude saisissante d’un rapport de servitude et de l’ascension d’un jeune truand malgré lui donne à assister à la naissance d’un gangster, une naissance hantée par la culpabilité, l’instinct de survie, la lutte entre fondements moraux et soif de respectabilité, de pouvoir, d’argent. Le considérable travail de mise en lumière du fonctionnement interne d’une microsociété (rapports de force complexes, regroupements et affrontements communautaires, stratégies individuelles et collectives, principes de domination et de soumission) s’y subordonne à la logique haletante du pur film noir, dans le sillage des maîtres du genre. La réussite est totale. 5/6
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L’inspiration d’Audiard est noire et tourmentée ; elle aussi traversée d’éclats de délicatesse et de fragments d’humanité brute, traçant une ligne à la fois fébrile et sûre vers la lumière – ici comme avant, le film s’achève sur une (re)naissance. Le couple cabossé de Sur mes Lèvres, la trajectoire rédemptrice de De battre mon cœur… fusionnent en un mélodrame très pur, qui se permet des échappées poétiques (l’orque à travers la vitre) et des audaces inédites (les corps sculpturaux ou meurtris, le regard cru et sexué sur le handicap). Jamais sans doute le cinéaste ne s’était autant ouvert à la fragilité, à l’émotion d’une possibilité amoureuse, sans cesse nourrie par la vérité presque dardennienne du background social, le soin apporté à tous les personnages, et surtout le talent formidable de son duo d’acteurs. 5/6
Dheepan
Il y a quelque chose d’assez réjouissant à voir Audiard refuser la grande forme et le grand sujet pour se pencher, en langue étrangère, sur une très attachante famille fictive de migrants tamouls tentant de se constituer au sein d’un environnement hostile. Si l’on peut s’interroger sur la crédibilité des no-go zones périurbaines telles que le cinéaste choisit de les montrer, rien ne saurait entamer la sensibilité avec laquelle il traduit les doutes, les peurs et les espoirs de ses trois protagonistes, ni l’efficacité dramatique du parcours d’un homme en reconstruction, confronté à la résurgence de sa propre violence. Cette conciliation toujours préservée de tension et de douceur intimiste, cette maîtrise éprouvée des genres et des tons, propres à l’auteur, font de la Palme 2015 une œuvre forte et touchante. 5/6
Les frères Sisters
En se confrontant à la mythologie américaine entre toutes du western, le réalisateur met très brillamment en pratique sa vision d’un cinéma conçu comme un grand artisanat. La facilité à investir les codes du genre en leur insufflant une énergie nouvelle, l’aisance à dégraisser la matière narrative sans verser dans l’épure, la précision d’un récit qui happe de sa main ferme mais coulante, tout témoigne d’un bonheur constamment inspiré et préserve la richesse thématique autant que l’estampille populaire. À l’image de l’or scintillant dans le lit de la rivière, le film est une pépite s’offrant sans coup de force, une épopée intime et initiatique qui, loin de se draper de moralisation, dresse le constat clair de l’impasse de la violence et quête l’avènement de cette civilisation humaniste dont John Ford s’était fait le chantre. 5/6
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Paris XIIIème, ses nouvelles tours, sa population métissée. Et une phrase, "Je baise et je vois après", qui pourrait résumer la trajectoire d’un film où, comme toujours chez Audiard (ce grand sentimental ?), l’amour possible est au bout du chemin. Élégante et sensuelle, stylisée sans chichis ni excès de joliesse, sa caméra épouse les tressautements d’un culbuto balançant sans cesse entre inquiétude et passion, énergie et désarroi, solitude et ferveur. Une véritable liberté des tons et des corps souffle sur cette chronique sentimentale, connectée à son époque sans paraître opportuniste et dressant en coupe, à partir d’une ligne de script, d’un couple, d’une intrigue, le portrait parcellaire mais très juste d’un certain état contemporain. Quant aux trois acteurs, révélations ou confirmation, ils sont plus qu’épatants. 5/6
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1. Un prophète (2009)
2. De battre mon cœur s’est arrêté (2005)
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En l’espace de vingt-cinq ans et en moins d’une dizaine de films, Jacques Audiard s’est imposé comme l’un des plus brillants cinéastes français, dont la précision d’approche et la plénitude technique n’égalent que la richesse de traitement de ses sujets. Peu de réalisateurs, chez nous, peuvent se prévaloir d’autant de rigueur, de densité et de maîtrise aujourd’hui.
Dernière modification par Thaddeus le 3 août 23, 14:00, modifié 6 fois.
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Re: Jacques Audiard
Tu as vraiment une faculté à effacer les défauts évidents d'une œuvre...Thaddeus a écrit :Dheepan
Il y a quelque chose d’assez réjouissant à voir Audiard refuser la grande forme et le grand sujet pour se pencher, en langue étrangère, sur une très attachante famille fictive de migrants tamouls tentant de se constituer au sein d’un environnement hostile. Si l’on peut s’interroger sur la crédibilité des no-go zones périurbaines telles que le cinéaste choisit de les montrer, rien ne saurait entamer la sensibilité avec laquelle il traduit les doutes, les peurs et les espoirs de ses trois protagonistes, ni l’efficacité dramatique du parcours d’un homme en reconstruction, confronté à la résurgence de sa propre violence. Cette conciliation toujours préservée de tension et de douceur intimiste, cette maîtrise éprouvée des genres et des tons, propres à l’auteur, font de la Palme 2015 une œuvre forte et touchante. 5/6
On peut y voir un certain optimisme (le coup du verre à moitié vide) mais bon.
Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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- Thaddeus
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Re: Jacques Audiard
Le film a reçu la Palme d'Or 2015, qui est rappelons-le la plus haute et prestigieuse récompense cinématographique du monde. Ce n'est évidemment pas un argument irréfutable pour prouver que le film est sans défaut, mais cela peut indiquer que, peut-être, éventuellement, d'autres personnes que moi y voient beaucoup plus de qualités que de défauts. Ou, du moins, que l'on peut penser que les deuxièmes pèsent beaucoup moins que les premiers. Je ne nie pas les failles de Dheepan, mais j'y ai pris beaucoup de plaisir et d'émotion - un plaisir et une émotion sans doutes supérieures à sa valeur "objective". ('impression d'avoir eu cette discussion 10.000 fois)
Par ailleurs, oui, je le sais, je le répète, je l'avoue et tu me l'as dit cent fois : je suis généralement (très) bon public. Je considère ça comme une chance.
Par ailleurs, oui, je le sais, je le répète, je l'avoue et tu me l'as dit cent fois : je suis généralement (très) bon public. Je considère ça comme une chance.
- AtCloseRange
- Mémé Lenchon
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Re: Jacques Audiard
Mais c'est quoi l'intérêt dans le cadre d'une discussion sur le cinéma de volontairement minorer/passer sous silence les défauts des films (même lorsqu'on les aime)?
A part entraîner des incompréhensions vu que ça entraîne forcément des réactions?
A part entraîner des incompréhensions vu que ça entraîne forcément des réactions?
Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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