André Téchiné

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: André Téchiné

Message par Demi-Lune »

AtCloseRange a écrit :D'ailleurs, si tu l'as vu en DVD et que tu n'en veux plus, je te le rachète.
Ah désolé, c'était une découverte grâce à Ciné Classic.
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Kevin95
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Re: André Téchiné

Message par Kevin95 »

AtCloseRange a écrit :D'ailleurs, si tu l'as vu en DVD et que tu n'en veux plus, je te le rachète.
Tu le trouves facilement à un ou deux euros dans les bacs de DVD d'occaz. A croire que beaucoup partage l'avis de Demi Lune (le miens dors sur ma pile "à voir" donc je flippe un peu).
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Joshua Baskin
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Re: André Téchiné

Message par Joshua Baskin »

J'ai vu les innocents avec Sandrine Bonnaire et Abdelatif Kechiche et je suis passé complétement à coté du film qui m'a ennuyé du début à la fin.
D'une façon générale, je me rends compte que j'ai souvent du mal avec le cinéma de Téchiné qui flirte souvent à l'ennui dans mon cas. J'ai comme la sensation que le film ne démarre jamais, que les enjeux restent très floux avec des personnages qui arrivent et repartent sans trop que l'on sache tout le temps pourquoi.
Le seul qui m'avait relativement plu est Les témoins.
En revanche, Hôtel des Amériques, Les égarés, Les voleurs, Ma saison préférée, la fille du RER, ça me passe complètement au dessus de la tête.

Le genre de réalisateurs dont on se dit qu'ils ne sont pas fait pour nous. C'est d'autant plus frustrant quand en plus les acteurs au casting sont souvent des acteurs que j'apprécie et que la musique est de Philippe Sarde. Tant pis.
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Jeremy Fox
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Re: André Téchiné

Message par Jeremy Fox »

Joshua Baskin a écrit :J'ai vu les innocents avec Sandrine Bonnaire et Abdelatif Kechiche
Je ne savais pas que Kechiche avait commencé sa carrière en tant qu'acteur. Je viens d'aller voir les photos du film et effectivement...

J'aimais au contraire beaucoup le cinéma de Téchiné mais, à l'instar des roseaux sauvages pour lequel je ne tarissais pas d'éloges à sa sortie et qui m'a déçu dernièrement, son univers semble beaucoup moins me toucher désormais. Mais, excepté cet exemple, ça fait un moment que je n'ai pas retenté l'expérience.
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Thaddeus
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Re: André Téchiné

Message par Thaddeus »

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Souvenirs d'en France
Téchiné ne manque pas d’ambition en développant cette chronique bourgeoise sur un laps de temps fort étendu qui englobe les grands évènements français du XXème siècle : le Front Populaire, la guerre, la résistance, la IVème et la Vème République, Mai 68… En lieu et place du réalisme ou de l’épaisseur romanesque, une série de déformations, d’excès, d’anachronismes, d’emphases fonctionnant comme un rappel à l’ordre du spectacle et non de la nature, selon un principe systématique d’ellipse et de métonymie. Mais par son excès d’intellectualisme qui consiste à ruiner le style qu’il prétend dresser contre l’ordre bourgeois, le cinéaste n’échappe pas à la confusion. Sa légèreté paraît arbitraire, donc lourde. Ses signes se dispersent, retournant à la gratuité. Et son film prometteur ne tient pas ses promesses. 3/6

Barocco
Amsterdam, avec ses canaux glauques et ses devantures à néons, fournit un décor original à ce film noir qui respecte les mécanismes du genre et procède par atmosphère interposée. L’argument emprunte à Lang ou Hitchcock : un homme se vend à deux camps ennemis, il est assassiné et son tueur se révèle être son sosie. Le vertige s’accentue quand la compagne de la victime reporte son amour sur la copie de l’être aimé. Le vent, la pluie, les ténèbres humides de la nuit sont autant d’éléments qui assurent l’unité de ce cinéma distancié et expressionniste frisant la sophistication, de ce puzzle fascinatoire et quasi sternbergien où Téchiné multiplie les citations et tente de remplacer chez le spectateur le sentiment du déjà vécu par la sensation du déjà vu. Un exercice un peu opaque mais réussi. 4/6

Les sœurs Brontë
Titre légèrement trompeur, puisque autant qu’à Charlotte, l’aînée rassurante, Emily, la garçonne tourmentée, et Anne, la cadette farouche, c’est à Branwell que s’intéresse le cinéaste, leur frère méconnu, torturé par une passion douloureuse, courant tel un fil rouge sur la lande aux cieux déchirés. Une lame de fond pourrait emporter ce film imparfait mais séduisant, dévoré par les destins pathétiques de ses personnages : Téchiné vise le romantisme incandescent qui embrase l’œuvre des Brontë, et si son évocation biographique ne l’atteint que par intermittences, on ne peut lui enlever une ardeur que les images de Nuytten, parfois à la lisière de l’affectation, expriment avec une force qui ne fait que croître en intensité. Jusqu’à une dernière partie où la mort emporte tout comme des dominos. 4/6

Hôtel des Amériques
Comme il ne cessera de le faire par la suite, le réalisateur s’efforce ici de montrer ce qu’il y a de plus mobile dans nos destins : la mémoire, le désir d’oublier, l’ambiguïté des lieux et des êtres. En liberté surveillée, ses personnages s’inventent une sorte de terrain vague mental, un paysage qui a la douceur d’une petite ville au bord de la mer, et improvisent une valse hésitation où la mélancolie gagne la partie. L’intrigue pourrait être tirée d’un roman de gare mais Téchiné en tire un drame passionnel aux éclats de romantisme fiévreux, et élabore autour du traumatisme amoureux et des fêlures intimes quelques belles variations, en s’appuyant comme à son habitude sur l’investissement de ses acteurs (Dewaere et Deneuve, intenses) pour charger son récit d’une humanité fébrile. 4/6

Rendez-vous
Une jeune provinciale, apprentie comédienne, découvre la capitale de ses rêves d’amour et de théâtre, se laisse guider par son instinct, naviguant à vue et en solitaire. Au fil des rencontres de hasard, elle croise un acteur déchu, rongé par un drame passé, qui s’acharne à la mettre à l’épreuve de sa fascination pour l’échec et revient la hanter comme un mauvais génie, et un homme qui parachève son apprentissage. Se rêvant en Bergman, Téchiné étudie le lien entre la chair de la vie et les fantômes de la scène, se plaît à explorer l’âme de l’artiste à l’instant du plaisir et du danger, celui où il va se donner en spectacle. J’avoue être resté très distant face à ce style assez chargé, à ces personnages déchirés, à ces éclats baroques et oniriques. À revoir cependant, mais en l’état ce sera 3/6.

Le lieu du crime
Un village de province calme, lumineux et étalé, une famille de petits notables mal assortis (le grand-père a l’air d’un paysan, la grand-mère d’une bourgeoise endimanchée), et l’arrivée d’un ange pasolinien qui précipite les désordres et les résurrections. La tentation du romanesque est si forte, chez l’auteur, qu’elle impulse lentement sa timidité et sa réserve. Dans cet étrange polar sentimental, ce cambriolage du cœur, elle va en s’intensifiant : le scénario multiplie les hasards et les événements pour mieux les dramatiser, le calme masque des tempêtes cachées ou à venir, les gens ordinaires recèlent des tourments cachés, quelque chose d’indiscernable qui couve et soudain éclate. La barque psychologique est chargée, un peu lourde de sens, mais le grondement orageux du film vient à bout des réserves. 4/6

Les innocents
La citation finale d’Antigone le confirme : Téchiné a voulu faire une tragédie tourmentée à la Sophocle, où s’affirme son goût pour les êtres meurtris qui compensent leur désarroi par une agitation fiévreuse. Chez la jeune fille portant l’espoir fou d’un dépassement de la haine (lumineuse Sandrine Bonnaire), le garçon perdu et acoquiné avec une milice d’extrême-droite, son frère ennemi Beur (Abdel Kechiche, beau gosse) et le médecin épris de ce dernier, on perçoit toujours une soif d’absolu, une tentation à aller au plus profond du mal et à porter le malheur des autres pour pouvoir renaître. Plages lyriques et chocs brutaux, réalisation volontiers sophistiquée, alliage de pureté et de décadence, d’angélisme et de culpabilité… Autant d’éléments dont la sincérité prémunit des clichés du roman-photo. 4/6

J’embrasse pas
Inlassablement, Téchiné peint des périples, des "résurrections" comme il les qualifie lui-même. Son jeune héros est cette fois un Candide provincial qui tente naïvement sa chance dans la capitale où il va se promener tel un miroir sur le bord du chemin. De galère en illusion perdue, il finira par se prostituer. L’histoire est celle d’une déchéance, un chemin de croix qui se termine par une expiation en deux temps : le viol sordide aux abords d’une voie ferrée, la nuit, et l’engagement dans la Légion, qui entérine l’assèchement affectif et la haine de soi. Film noir et désespéré donc, analysant la logique marchande d’un monde où la tendresse et le sentiment se paient cher, où le corps est réduit à sa valeur d’échange, où il faut être exploiteur pour détourner l’exploitation et jouir de sa propre plus-value. 4/6

Ma saison préférée
Téchiné a ses films d’hiver et ses films d’été. Les premiers sont des rats des villes (turpitudes urbaines), les seconds des rats des champs (un Midi panthéiste). Cette œuvre-ci est pour la première fois un film des quatre saisons entre ville et campagne, où les préoccupations de l’auteur (innocence contre corruption, glaciation sociale contre mouvements du cœur) apparaissent en toute lumière, débarrassées de leurs alibis romanesques. Un frère, une sœur, une mère qui s’en va doucement : tout est dit, ou non dit, de manière fluide, avec une belle justesse de ton dans les mots, les visages, les situations. Le cinéaste montre ce qui d’ordinaire ne regarde personne main arrive à chacun, en continuant de prendre en filature le manque d’amour. Il doit aussi beaucoup à Auteuil, Deneuve et Villalonga. 4/6

Les roseaux sauvages
On pourrait dire de cette chronique de l’adolescence qu’elle est française vingt-quatre images par secondes, par son ancrage géographique (le Sud-Ouest cher à Téchiné), sa situation politico-historique (la guerre d’Algérie et son lot de questions), sa filiation littéraire (Mauriac, Genet, Pagnol) et son héritage cinématographique (Renoir, Truffaut), mais aussi par la prééminence de la parole et le déterminisme des classes sociales. Sans arrogance ni amertume, le cinéaste décrit les ardeurs, les élans, les incertitudes affectives et sexuelles d’une période où les actes et les sentiments apparaissent à la fois véhéments et fragiles. Tous les personnages affirment ici une vérité qui rend l’évocation particulièrement sensible et attachante, à l’image du panoramique final les laissant se perdre dans un avenir indécis. 4/6

Les voleurs
Si, à la simple analyse des configurations dramatiques, les protagonistes représentent des figures types (le père, la loi, le savoir, le sexe, la transgression, la mère, l’innocence…), Téchiné rappelle qu’il n’est pas un froid théoricien : à chacun, il a su rendre sa chair, son ambiguïté, son potentiel de vie et sa somme de doutes. D’une grande matière humaine, son faux film noir agence ainsi des figures de fiction, les mobilise pour construire des existences en une sorte de maïeutique par le récit, et distille des sentiments ambigus dans un monde interlope (le banditisme lyonnais) en cherchant la vérité des moiteurs nocturnes, des solitudes amères et des comportements troubles. En résulte un fiévreux ballet polyphonique et existentiel, irréductible aux préjugés ordinaires et aux règles du cinéma policier. 4/6

Loin
La terre chaude du Maroc inspire Téchiné. Dans la fièvre grouillante et industrieuse de Tanger la cosmopolite, bannie de tout exotisme, se rencontrent l’adolescent devenu adulte des Roseaux Sauvages, une jeune femme impétueuse, fière de son indépendance, et de jeunes démunis engoncés dans la misère, candidats à l’exil français. Frontières visibles et invisibles, pays inaccessibles, langues étrangères : le film voyage à travers désarrois et désirs, rages et frustrations, explore, explique, excuse les tâtonnements affectifs des uns et des autres. Avec cette éthique du regard et cette attention presque sensualiste à la vie intérieure qui le caractérisent, le cinéaste apporte là un autre superbe chapitre, vibrant d’énergie solaire, à sa peinture sociale. En prime, la révélation de Lubna Azabal. 5/6

Les égarés
Juin 1940, la débâcle. Le temps d’un épisode éphémère et utopique, une institutrice veuve et ses enfants nouent, chacun à sa manière, une relation ambiguë avec un mystérieux adolescent qui apparaît tour à tour comme un sauveur et une menace. Des ébats dans l’eau fraîche du lavoir aux ruses de la survie, le cinéaste effeuille le bénin quotidien dans la lumière dorée des étés impeccables, sans pathos, sans excès, presque sans action. Mais tout ce classicisme droit dans ses guêtres échoue à exprimer la tension entre les personnages, leur désir caché car transgressif, et ronronne comme une bonne copie consciencieuse, exempte de défaut majeur mais aussi d’éclat. Huis clos solaire et bucolique qui ne bouscule jamais les balises du label France, le film est d’une modestie qui confine à la banalité. 3/6

Les temps qui changent
Encore Tanger, pour les retrouvailles au goût de cendre, mais pleines d’une tendresse touchante, entre Catherine Deneuve, jouant à toute allure et portée par l’affection visible de son metteur en scène, et Gérard Depardieu, troublant, décalé, comme éclairé de l’intérieur, presque démodé dans son romantisme obstiné. Autour de ce couple le monde s’agite, fluctuant, incertain, l’intégrisme rôde, les cultures s’opposent, les sentiments s’évanouissent à force de méfiance, de lassitude et de lâcheté. Car sur un ton plus mélancolique qu’à l’accoutumée, il est question de choix de vie malheureux, d’opportunités concrétisées ou perdues, et de la possibilité d’une deuxième chance. Les temps changent peut-être, mais le réalisateur continue de donner, à sa façon, des nouvelles du monde. 5/6

Les témoins
Téchiné replonge dans le passé proche. Son talent unique pour restituer l’esprit d’une époque, y insuffler vérité et incandescence, s’est rarement aussi bien épanoui qu’ici. Le début des années 80 y est traité comme le temps de toutes les utopies, d’une insouciance qui emporte tout, à tel point que la naissance du Sida, dont la gravité n’est jamais éludée, semble se fracasser contre une soif de vie inextinguible. Loin du film mortuaire ou pessimiste, la chronique exprime toute l’énergie à déployer pour atteindre l’autre et se défaire de sa solitude, écrire son passage dans le temps et s’accepter soi-même, prendre conscience de sa valeur et tenter de la transmettre à ceux que l’on aime. De très belles questions pour une œuvre solaire, vibrante, superbe, portée par des acteurs formidables. 5/6
Top 10 Année 2007

La fille du RER
D’un fait divers qui a défrayé la chronique, le cinéaste tire une délicate mosaïque à travers laquelle il s’attache à cerner le mystère entourant le comportement de sa jeune héroïne. Sans esquiver la question du pourquoi, il ménage plusieurs hypothèses sinon explicatives, du moins causales. Et comme souvent, la résolution du conflit intérieur se fera en marge de la société, dans un environnement naturel où toutes les inhibitions finiront par tomber. Poids du regard des autres, culpabilité enfouie, déception amoureuse… le film explore ces sujets avec la même vitalité inventive (voir la superbe scène de séduction par tchat sur Internet), le même tact, la même émouvante évidence dans l’approche des personnages, pour dessiner le malaise d’une génération en quête de reconnaissance. 4/6

Quand on a 17 ans
Ce pourrait être un résumé quintessentiel de la méthode Téchiné et de ses thèmes de prédilection, en même temps qu’un exercice accompli de définition d’un style par le sujet. L’étude psycho-initiatique est ici intimement liée à la peinture d’un paysage, au passage des saisons et aux variations du temps, à la dimension géographique d’un cadre dans lequel s’épanouit toute l’acuité d’un regard sensible qui réfléchit la rugosité du quotidien tout en acceptant pleinement la séduction du romanesque. Servi par d’excellents comédiens, et malgré une longueur un peu excessive, le cinéaste apporte ainsi une pierre estimable à son portrait de l’adolescence, cerne le trouble de l’ambigüité sexuelle, le bourgeonnement de l’amour et du désir avec une douceur obstinée, résolument tournée vers la lumière. 4/6


Mon top :

1. Les témoins (2007)
2. Loin (2001)
3. Les temps qui changent (2004)
4. Les roseaux sauvages (1994)
5. Les voleurs (1996)

L’un des réalisateurs les plus essentiels et les plus précieux du cinéma français contemporain. Peintre sensible de personnages, grand portraitiste des époques, capable de capter les mouvements intimes des êtres comme l’évolution de la société, Téchiné pratique un cinéma intense, tour à tour serein et tourmenté, le plus souvent fiévreux, qui me parle de manière assez forte.
Dernière modification par Thaddeus le 4 août 23, 12:09, modifié 5 fois.
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Jeremy Fox
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Re: André Téchiné

Message par Jeremy Fox »

Thaddeus a écrit :
Jeremy Fox a écrit :J'aimais au contraire beaucoup le cinéma de Téchiné mais, à l'instar des roseaux sauvages pour lequel je ne tarissais pas d'éloges à sa sortie et qui m'a déçu dernièrement, son univers semble beaucoup moins me toucher désormais.
Je sais que ce n'est pas tout à fait le sens de ton message, mais je me rends compte que, s'il fallait désigner une période chez cet auteur, ce serait à peu près le contraire pour moi : ses années 2000 sont sans doute celles que je préfère chez lui (à moins que ce soit lié à la découverte sur grand écran).
Effectivement, je ne parlais pas des périodes car je ne connais quasiment rien de sa filmographie à partir des années 2000. Ce sont en fait les mêmes films que j'apprécie moins qu'auparavant mais il faudrait que j'en revoie pour confirmer ou infirmer. Cette conclusion est juste basée sur Les Roseaux sauvages qui était un de mes films français préférés avant de me retrouver tout penaud devant lors de ma dernière vision. Du coup, ton message me fait dire qu'il faudrait que je me décide à regarder ses films plus récents.

Curieux aussi revoir Le Lieu du crime que j'avais beaucoup aimé ainsi et surtout que Hôtel des Amériques pour cause de Dewaere
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AtCloseRange
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Re: André Téchiné

Message par AtCloseRange »

Je reviens une fois de plus à la charge mais j'ai l'impression d'être le seul à voir des points communs troublants entre Les Voleurs et Comme Un Chien Enragé: la scène de vol de voitures ratée avec blessure, le personnage de Laurence Côte qui joue un rôle similaire à celui de Mary Stuart Masterson notamment lors d'une scène avec tous les voleurs où on lui demande de quel droit elle se permet de donner son avis, citation directe du film de Foley. Sans parler du thème global, la famille, les voleurs.
J'ai vraiment le sentiment que l'influence de l'un sur l'autre est évidente. Dites-moi que je n'affabule pas! :mrgreen:

En tout cas, ça explique que le film tienne une bonne place dans mon cœur. J'aime bien Téchiné globalement. Pas vraiment de films que je place très haut mais assez peu qui me laissent froid (même si je rejoins Joshua pour Les Innocents et les Sœurs Brönte m'ont totalement emmerdifié même si c'était très joli).
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Re: André Téchiné

Message par Bogus »

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Ma saison préférée (1993)
Il y a des moments où ce film m'a totalement fait vibrer, de ces oeuvres qui vous touchent intimement, le rapport entre attraction/répulsion à la famille, le temps qui passe, une urgence de vivre, le tout porté par l'immense interprétation du duo Deneuve/Auteuil.
Et puis il y a des personnages secondaires dont on ne saisi pas l'utilité, la fin de vie de la mère qui m'a mis mal à l'aise (ce gros plan sur les difficiles derniers mots Marthe Villalonga notamment) et cette scène que j'ai littéralement détesté avec Deneuve et le type, d'abord à l'hôpital, puis dans le parc :? ...
Dommage car j'en suis finalement sorti frustré et un brin énervé du coup, ayant eu un énorme coup de coeur sur les 3/4 du film.
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Commissaire Juve
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Re: André Téchiné

Message par Commissaire Juve »

Dans ce film, je garderais le trio Deneuve - Auteuil - Villalonga et je virerais tout le reste (qui n'a aucun intérêt). Je l'ai revu il y a trois ans et j'ai détesté ; décristallisation complète.

En fait, je crois que je n'aime aucun Téchiné.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: André Téchiné

Message par Nestor Almendros »

Arte vient de diffuser un excellent documentaire (réalisé par Thierry Klifa) sur le cinéaste, disponible sur le replay. Ca m'a donné une furieuse envie d'acheter le coffret Blu-ray intégrale de Téchiné :D

... ah mince, il n'existe pas :(

J'ai J'embrasse pas sous le coude, on va commencer par ça.
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odelay
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Re: André Téchiné

Message par odelay »

Son dernier film qui sort ce mois ci avec Deneuve et dont le titre m'échappe se fait descendre dans le dernier Première pourtant longtemps défenseur du cinéaste... :|
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Re: André Téchiné

Message par Flol »

L'adieu à la nuit
Ça sent le bon gros bide.
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Re: André Téchiné

Message par joe-ernst »

J'espère tout de même que cela ne sera pas aussi pénible et raté que La fille du RER...
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: André Téchiné

Message par cinéfile »

Le Lieu du Crime constitue une assez bonne surprise.

On retrouve ici les velléités hautement romanesques de Téchiné dans une atmosphère trouble, à l'esthétique soignée. Certains plans sont particulièrement beaux et sophistiqués (à titre d'exemple : une prise de vue à travers une fenêtre trempée par la pluie ou une scène éclairée par la projection d'un "home movie"), le décor s'y invite aussi comme un personnage à part entière (les bords sauvages de la Garonne, magnifiques). Parallèlement à cela, les conventions narratives et psychologiques semblent laissées de côté au profit d'un montage plutôt rapide, aux ruptures brutales, tout comme les émotions des personnages qui jaillissent de manière fiévreuse. Il se dégage une certaine abstraction et un sentiment de décalage crée par l'abondance d'éléments incongrus. Par exemple, le couple des grand-parents semble assez mal assorti. Les ressorts du polar sont saupoudrés de ci de là, certes un peu "pour la forme", mais l’agencement des différentes couches dramatiques aboutit à un véritable suspense dans la dernière demi-heure. Wadeck Stanczak possède une beauté magnétique, dans un rôle plus rugueux que pour Rendez-vous – où Lambert Wilson attirait davantage l'attention –, dommage qu'il n'est pas vraiment continuer au cinéma. Dans la distribution principale, j'ai trouvé l'adolescent assez agaçant par contre.

Un bon polar auteurisant dans l'ensemble.
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odelay
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Re: André Téchiné

Message par odelay »

Je l'avais trouvé très juste l'ado dans le Lieu du crime.
C'est un film que j'ai toujours beaucoup aimé que j'avais découvert à sa sortie, j'avais l'âge de cet ado justement. Je l'ai trouvé en DVD il y a peu pour un prix abordable (c'est rare) et il tient toujours bien le coup. Le scope, la jolie musique de Sarde, le sud ouest, il réussit à créer un bel écrin pour cet histoire qui est plus intéressante en tant qu'étude de caractères que pour son histoire policière.
Le DVD est couplé avec Les Innocents que j'ai découvert pour première fois et qui m'a largement moins convaincu malgré un début prometteur. Le.film s'enlise et devient assez artificiel. Et put*** mais c'est quoi cette perruque de Bonnaire??! :shock: Dès qu'elle a cette coupe, elle est tellement ridicule avec cette tentative foirée de cacher tous ses longs cheveux en dessous, que j'avais du mal à me concentrer sur l'intrigue.
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