Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
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Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
Belle redécouverte cet après midi de ce premier film de Robert Redford, qui fait partie de cette collection d'oeuvres ayant obtenu l'oscar du meilleur film et qui sont aujourd'hui quelque peu oubliées. Certe ce n'est pas le meilleur film de l'auteur, car il ne va pas complètement au delà de certains schémas, mais ça reste d'une grande justesse.
On retrouve ici les démarches psychanalytiques qui se retrouveront encore à l'oeuvre dans "The Horse Whisperer" et "Bagger Vance" et d'une certaine manière "Et au milieu coule une rivière", tout comme la figure de la fratrie brisée, et de la souffrance derrière l'apparence du "tout pour plaire". On peut porter à l'ironie ce tableau très premier degrès d'une famille WASP soignée par un psy juif (d'ailleurs le plan du repas de famille a plus ou moins été détourné par Sam mendes dans "American Beauty"), ce n'est pas effectivement ce qui peut à priori apparaitre comme forcément un cinéma de l'audace ou de la transgression... Et là déjà l'accusation d'académisme pour son auteur.
Il n'empèche que déjà Redford est quelqu'un qui adapte le ryhtme de ses films aux états d'âmes de ses personnages pour nous les faire ressentir à fleur de peau au delà de leur apparente banalité. Canons de pachebel, décors automnals déroulés sur un ton élégiaque, profond attachement aux échanges sourds entre les personnes, les non dits, c'est déjà un cinéma qui laisse parler au mieux la mélodie des intériorités. Et là, ça devient tellement universel que la seule conclusion c'est bel et bien que nous somme tous qu'on le veuille ou non des "Ordinary people"... On a parfois comparé ce film a du Sautet US, c'est vrai, mais il y a une dimension presque proustienne déjà à l'oeuvre qui rend l'ensemble finalement moins socialement marqué.
J'ai mis l'affiche française car sa "Tag" exprime pour une fois au mieux le film. Je me rends compte aussi que "Good Will Hunting" a été pas mal influençé par cette oeuvre...
On retrouve ici les démarches psychanalytiques qui se retrouveront encore à l'oeuvre dans "The Horse Whisperer" et "Bagger Vance" et d'une certaine manière "Et au milieu coule une rivière", tout comme la figure de la fratrie brisée, et de la souffrance derrière l'apparence du "tout pour plaire". On peut porter à l'ironie ce tableau très premier degrès d'une famille WASP soignée par un psy juif (d'ailleurs le plan du repas de famille a plus ou moins été détourné par Sam mendes dans "American Beauty"), ce n'est pas effectivement ce qui peut à priori apparaitre comme forcément un cinéma de l'audace ou de la transgression... Et là déjà l'accusation d'académisme pour son auteur.
Il n'empèche que déjà Redford est quelqu'un qui adapte le ryhtme de ses films aux états d'âmes de ses personnages pour nous les faire ressentir à fleur de peau au delà de leur apparente banalité. Canons de pachebel, décors automnals déroulés sur un ton élégiaque, profond attachement aux échanges sourds entre les personnes, les non dits, c'est déjà un cinéma qui laisse parler au mieux la mélodie des intériorités. Et là, ça devient tellement universel que la seule conclusion c'est bel et bien que nous somme tous qu'on le veuille ou non des "Ordinary people"... On a parfois comparé ce film a du Sautet US, c'est vrai, mais il y a une dimension presque proustienne déjà à l'oeuvre qui rend l'ensemble finalement moins socialement marqué.
J'ai mis l'affiche française car sa "Tag" exprime pour une fois au mieux le film. Je me rends compte aussi que "Good Will Hunting" a été pas mal influençé par cette oeuvre...
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il a dépouillé "Raging Bull" je crois... je pense surtout que ça montre que le sujet devait avoir un certain retentissement aux USA à cette époque là.Roy Neary a écrit :Message particulièrement intéressant de ma part :
Un très beau film qui n'aurait, en revanche, jamais du remporter l'Oscar du Meilleur Réalisateur cette année-là ! Faut quand même pas pousser :
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Re: Ordinary People (Des gens comme les autres)
Il faut avoir un œil aiguisé de lecteur du forum pour dénicher cette petite perle, proposée de temps en temps par certains forumeurs avisés.
Sur le sujet casse-gueule de la psychanalyse, Robert Redford décrit par petites touches le quotidien d'une famille frappée d'un malheur.
Pas de psychologie de supermarché, pas d’esbroufe, pas de traits grossiers (pour bien expliquer...), mais un ensemble de petites scènes signifiantes qui misent bout à bout finissent par montrer comment une famille se relève ou pas d'une tragédie.
Une sorte d'antithèse aux blockbusters.
Sur le sujet casse-gueule de la psychanalyse, Robert Redford décrit par petites touches le quotidien d'une famille frappée d'un malheur.
Pas de psychologie de supermarché, pas d’esbroufe, pas de traits grossiers (pour bien expliquer...), mais un ensemble de petites scènes signifiantes qui misent bout à bout finissent par montrer comment une famille se relève ou pas d'une tragédie.
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Re: Ordinary People (Des gens comme les autres)
il n'est pas dans mon top 100 mais il pourrait.homerwell a écrit :Il faut avoir un œil aiguisé de lecteur du forum pour dénicher cette petite perle, proposée de temps en temps par certains forumeurs avisés.
Sur le sujet casse-gueule de la psychanalyse, Robert Redford décrit par petites touches le quotidien d'une famille frappée d'un malheur.
Pas de psychologie de supermarché, pas d’esbroufe, pas de traits grossiers (pour bien expliquer...), mais un ensemble de petites scènes signifiantes qui misent bout à bout finissent par montrer comment une famille se relève ou pas d'une tragédie.
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Le modèle de Will Hunting.
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https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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Re: Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
Très juste. On pourrait y voir la version fin 70's de La Fureur de Vivre aussi, qui actualise brillamment le sujet archi rebattu des relations parents-enfants. Il s'agit d'un très beau film, en effet, et pour une première réalisation c'est une sorte de coup de maître. Redford nous aide à le connaître un peu mieux, à entrer chez lui par effraction pour y découvrir "des gens comme les autres". Il n'y a pas de méchants dans cette histoire, juste des êtres qui se débattent comme ils peuvent avec leurs démons et leurs douleurs. Certaines personnes gardent en elles tout ce qu'elles ressentent, sauvent la face et rendent alors toute communication impossible, parce qu'elles sont complètement bloquées de l'intérieur. D'autres au contraire extériorisent, parfois maladroitement, et mettent à jour des conflits longtemps tus ou ignorés. Le cinéaste parle de tout cela avec un tact, une compréhension, une attention sans défaut. Il raconte l'histoire d'un lent retour à la vie, d'une difficile rencontre avec la réalité, qui renvoie chaque spectateur à une partie de son vécu. C'est une oeuvre dépouillée des vieux clichés qui paralysent nombre de films américains sur l'éclatement des rituels familiaux, une étude psychologique d'une grande finesse qui se lance dans la quête sereine d'une réconciliation ultime. Il y parvient, fort d'images pudiques, d'un ton chaleureux, d'une interprétation remarquable.AtCloseRange a écrit :Le modèle de Will Hunting.
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Re: Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
Je n'ai pas vu Will Hunting, je viens de me rendre compte qu'il s'agit d'un film de Gus Van Sant, donc commande dvd à venir.
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Re: Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
Il forme un bon dytique avec A la rencontre de Forrester.homerwell a écrit :Je n'ai pas vu Will Hunting, je viens de me rendre compte qu'il s'agit d'un film de Gus Van Sant, donc commande dvd à venir.
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Re: Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
spoiler
Je pense que ce que Redford souligne dans son film, c'est le poids des conventions sociales, et l'obsession du paraître. C'est la mère qui focalise tous ces travers et elle est incapable de les surpasser, jusqu'à perdre son couple et la relation avec son fils.
Ce qui est intelligent de la part de Redford, c'est d'en avoir aussi fait un personnage touché par le deuil d'un enfant, donc vraiment excusable, et une femme amoureuse de son homme (mais ce deuxième argument fait parti des conventions à respecter en société...)
Je pense que ce que Redford souligne dans son film, c'est le poids des conventions sociales, et l'obsession du paraître. C'est la mère qui focalise tous ces travers et elle est incapable de les surpasser, jusqu'à perdre son couple et la relation avec son fils.
Ce qui est intelligent de la part de Redford, c'est d'en avoir aussi fait un personnage touché par le deuil d'un enfant, donc vraiment excusable, et une femme amoureuse de son homme (mais ce deuxième argument fait parti des conventions à respecter en société...)
- Thaddeus
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Re: Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
C'est évident. Elle est celle par qui la cellule familiale reste comme paralysée, par qui le dépassement du trauma et le travail du deuil restent, sinon impossibles, du moins compromis. Et la force du film est, comme tu le dis, d'en faire une victime au même titre que son époux et son fils.homerwell a écrit :spoiler
Je pense que ce que Redford souligne dans son film, c'est le poids des conventions sociales, et l'obsession du paraître. C'est la mère qui focalise tous ces travers et elle est incapable de les surpasser, jusqu'à perdre son couple et la relation avec son fils.
Voilà le petit commentaire que j'avais laissé lorsque je l'avais découvert :
Le premier essai de Redford réalisateur a-t-il volé ses Oscars ? Certainement au regard de ses immenses concurrents ; nullement si l’on juge de la maturité et de l’acuité psychologique avec laquelle il explore les blessures secrètes d’une famille apparemment sans histoire. Par petites touches, il dresse le portrait subtil de cette bourgeoisie WASP qui n’a jamais cessé d’empreindre le système de valeurs américain : être performant, rester maître de soi, parvenir à sauver les apparences lorsque tout s’effrite derrière les façades aseptisées. Miné par la culpabilité et l’engourdissement affectif, l’adolescent trouvera dans la bienveillance du psy et l’amour désemparé du père le moyen de vaincre son mal de vivre, qu’entretiennent la distance glaciale et le ressentiment inconscient de sa mère. Un très beau film. 5/6
- Karras
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Re: Des gens comme les autres (Robert Redford - 1980)
Film assurement touchant avec une analyse psychanalytique rondement menée et un Donald Sutherland très juste. Je ne sais pas s'il méritait son oscar du meilleur film par rapport à ses concurrents ( en face il y avait Elephant Man, Raging Bull, Tess et Nashville Lady ) mais c'est une belle découverte (7,5/10).
Premier rôle aussi pour la Lady Cora de Downton Abbey, Elizabeth McGovern :
Premier rôle aussi pour la Lady Cora de Downton Abbey, Elizabeth McGovern :