Qu'il me soit permis d'apporter une voix discordante face la bienveillance qui entoure la sortie du nouveau Tsui Hark.
En effet, j'avoue avoir du mal à considérer cette Bataille de la montagne du Tigre autrement que comme un échec.
Sur le papier, faire un simili Quand les aigles attaquent côté chinois, ça crée de suite un capital sympathie. Un commando, une forteresse imprenable dans la montagne, un agent infiltré, des méchants surarmés, une carte au trésor... le menu est copieux, et on est curieux de voir comment un réalisateur au style aussi étourdissant que foutraque va emballer tout ça.
Eh ben, c'est bien là que le bât blesse : il l'emballe en toute, toute petite forme. Ça a beau être conçu comme une grosse épopée (2h30) d'aventures pseudo-historiques, presque comme une BD, ce film de commando est faible, chiant et défaillant de partout.
Personnages dont on se branle complètement ou qu'on espère même secrètement voir périr au plus vite (même le vilain, son iconisation ne prend pas : le gars a la tronche combo entre le pif de Rossy De Palma et les quelques cheveux sur le caillou en pétard de Heihachi Mishima dans Tekken), scénario aux abonnés absents, CGI dégueulasses... tout ça encore, on aurait pu se dire que ce n'est généralement pas le fort de Tsui Hark et que le bonhomme sait passer outre grâce à son inventivité formelle. Mais la mise en scène de ce film est d'une platitude assez déconcertante. Pour un cinéaste aussi cinétique, ça ne décolle jamais, c'est lourd... (minimisé par la critique sous la caution de "l'assagissement"). Franchement il y a beaucoup plus de Tsui Hark, de rage, de folie et de génie de gestion de l'espace et de montage dans les dix dernières minutes d'un film boiteux mais 100% Hark comme L'enfer des armes, que dans les 2h30 de ce DTV friqué. Quant aux idées stylistiques, elles se résumeront à des bullet-time embarrassants de laideur. Beau WTF avec le tigre.
Et lorsqu'au-delà de l'aspect pur popcorn inoffensif, la vocation finale de l'entreprise semble être de glorifier l'indestructible Armée populaire de libération par-delà les âges, qui fait front comme un seul homme avec le sourire (scène ridicule de la tablée contemporaine), on a comme un goût amer en bouche.
J'ajoute qu'il s'agit de ma pire séance ciné ever en termes sonores. Je ne sais pas si ça vient spécialement du mk2 Bibliothèque (Mad Max c'était pareil), mais je ne comprends tout simplement pas comment le public peut supporter un tel ramdam. J'ai dû me boucher les oreilles la plupart du temps. Un supplice.
