A partir du moment où l'on accepte de ne pas rire et de voir un film expliquant la mélancolie aux gamins de 10 ans, Inside Out est particulièrement efficace.
A partir de là, le film est un truc hardcore à mort où tout donne de plus en plus envie de se pendre (jusqu'à ce qu'on se dise que bon, faut pas déconner non plus, hein, t'as 11 ans, t'as juste déménagé, tu devrais survivre, hein) jusqu'au final un chouïa tire-larmes mais qui a fonctionné à fond les ballons dans ma salle (où on entendait littéralement tout le monde renifler, de la gamine de 6 ans à ma gauche que ma copine à ma droite, et moi même évidemment).
Il y a quelque chose de très triste dans ces souvenirs joyeux qui deviennent profondément tristes, ces personnages amusants complètement oubliés et qui finissent par disparaître progressivement, jusqu'à ce qu'on explique que finalement, la tristesse DOIT parfois gagner pour continuer d'avancer.
Comment ? En oubliant, en passant à autre chose, en tournant la page. Ce qui fait notre personnalité à un instant T peut disparaître complètement en faveur d'autres éléments, parfois plus nuancés, parfois simplement différents, mais pas toujours pour des raisons très justifiées.
Il y a quelque chose là dedans qui m'a rappelé la fuite en avant d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Au-delà du concept des petites voix personnifiant les émotions, j'ai surtout vu dans Inside Out quelque chose de très direct sur les souvenirs. Et c'est un sujet qui m'a toujours touché.
Je suis persuadé que beaucoup de gosses (et pas que) ont eu énormément de mal avec la scène où Bing Bong se sacrifie définitivement pour que Joie ressorte du rebut à souvenir. Et il y a aussi la scène où Riley se présente devant sa nouvelle classe. C'est à chaque fois extrêmement brutal et jusqu'au boutiste. Quand je dis que c'est hardcore, c'est de cela dont je parle : jamais le film ne coupe, ne passe à autre chose, ne nous permet d'échapper à cela. Non, c'est systématiquement plein cadre, de A à Z, et rien, absolument rien, ne nous détournera de ces moments extrêmement bruts.
On disait que Toy Story 3 et ses 5 étapes du deuil, c'était balèze. Je pense que Inside Out reprend ce chemin. En tout cas, je n'ai pas pu ne pas penser à la séquence d'acceptation de la mort dans l'incinérateur dans la scène de sortie des rebuts.
D'un point de vue plus général, d'ailleurs, je pense que le film aura bien du mal à parler aux jeunes et plus jeunes de ce côté là. Les fréquents silences de mort dans ma salle ne font que me conforter dans cette idée.
Problème cependant : un scénario en pilote automatique à mort avec des rebondissements téléphonés à fond (oh mon dieu, qui l'eut cru Lustucru, les îles disparaissent les unes après les autres
) et de trop rares moments vraiment drôles (mais pour le coup, chaque fois qu'on passe chez les petites voix d'en face, c'est hilarant; et puis il y a le running gag du chewing gum
).
8-8.5/10